mercredi 24 juillet 2013

En route vers l'Inconnu

Le silence de la nuit a recouvert nos pas et nos bruits, et quelques regards jetés vers Bosco, suffisent à nos échanges pour hisser la voile ou avertir la vigie. Pas un bruit qui ne sorte de nos gorges, l’équipage est concentré devant la tâche à accomplir, sortir de ce port sans prêter attention à quiconque et tel le chat de gouttières tâtonnant en silence les ardoises craquantes, rejoindre l’horizon pour ne plus y revenir…

Les gestes sont utiles et le doigté précis, nul ne doit connaitre existence de nos desseins, l’île du Crâne est tranquille et dort d’un sommeil profond. Les images paisibles des années passées reviennent, comme l’arrivée en ces rives tranquilles, les souvenirs vécus, les rires des moussaillonnes et toutes les anecdotes. Viennent aussi mon passé, comme portant mon tricorne, la maison de la veuve Sanders, l’école de Longfellows et tous mes capitaines…

Je m’approche du bastingage, le cœur lourd quand je respire. Les eaux sont calmes, et le Poseidon avance doucement vers un nouveau destin. Je caresse la joue de Katia, qui ondule sa tête. Ses rides sourient aux miennes et nous nous comprenons, comme le bon tour que nous jouons à nos amis déjà perdus.

S’enfonçant dans la nuit claire, la goélette nous transporte dans un autre monde pour toujours. Nous allons trouver un autre port, d’autres rives et d’autres trésors…

Katia m’arrache un sourire et je pense à son vélo jadis,

et son coup de pédale qui avaient conquis mon cœur.

« Mon île, c’est toi ! » Dis-je à mon amie.

« Toi, tu es toujours mon trésor… » Souriant de ses dents blanches, sous le soleil levant…


FIN




Premier texte Rackham Le Rouge "L'île au Trésor" :

vendredi 19 juillet 2013

Alice et les Métamorphoses Imaginaires

Le lapin blanc s’était arrêté de courir plusieurs fois, faisant mine d’attendre la belle chevelure de son amie. Sa montre énorme balançait sans qu’il puisse la saisir vraiment, échappant à ses pattes comme si un savon malin se jouait de lui.

« Je suis en retard ! » Clamait-il, s’excusant et s’en foutant à la fois. Ses membres glissaient sur de la mousse des bois, donnant du chaloupé et du vertige à sa course, venant cogner à une racine qui l’envoya valdinguer dans un terrier plongeant où le temps n’existait plus. Regardant derrière, voir si le sentier courrait toujours même après son passage, Alice suivit la trajectoire du lapin en même temps…

Les quatre fers en l’air et arrivée au bout de son voyage en apesanteur, Alice aperçût à peine son compagnon s’enfuir vers d’autres aventures très importantes et très pressé en tous cas. Assise sur une robe en soie, elle jeta en l’air des pétales à café à peine mûris par une saison d’été indien, et des flèches se fichèrent bien dans le palais des glaces qui proposaient plusieurs parfums à une ou deux boules. Pistache-Cyclamen, ou Banane-Sparadrap avaient toutes ses faveurs !

Des rayons de soleil filtraient jusqu’au sol par des carreaux vitreux, et elle souffla l’air du temps pour refroidir sa tasse sous le regard des autres tasses qui jonchaient sur le sol.

« Impossible, c’est une théière. On y peut rien… »



Quelqu’un a-t’il une cafetière ? Dit le lapin blanc. C'est pour une amie...

Photo : Rodney Smith.

dimanche 14 juillet 2013

Sainte Thérèse du Campus


Une jeune professeur venait d’être promue au Campus du collège de Cancun, et je m’en souviens comme si c’était hier…Pincée et toute pimpante, elle avait l’enthousiasme et la passion habituelles chez les nouvelles arrivantes, et on sentait bien qu’elle n’avait qu’un seul but : Nous enseigner le français, tel qu’on le parlait et l’écrivait sur toutes les routes maritimes francophones !

Il n’y avait qu’une classe, ce qui facilitait les transferts d’élèves entre deux récrés et nous faisait perdre moins de temps pour nos jeux. Pourtant la curiosité aidant et le charisme de la belle Madame Thérèse nous faisait oublier les sonneries et le directeur venait parfois nous chercher pour interrompre nos rêveries. A vrai dire, il y avait un petit secret à notre assiduité et on peut le révéler aujourd’hui…

A l’époque il n’y a avait pas de cache aux bureaux et notre professeur avait semblé oublier ce petit détail. Thérèse avait pris des habitudes, dont elle nous régalait à son insu et nous en faisait profiter :


Elle croisait et décroisait ses jambes, à la « basique insetinque » et nos grands yeux écarquillés imaginaient mille chose dans la pénombre de ce dessous de bureau, qu’elle portait ou pas une culotte, que le sexe des filles et des garçons c’était pas pareil, qu’un chat habitait sous le bureau, parfois velu ou d’autre lisse comme le plat de la main…

Au long des années où mademoiselle Thérèse nous accueillit dans sa classe, nous apprîmes bien plus que le français et les règles élémentaires de l’orthographe, et nous lui avons été longtemps reconnaissants de ces enseignements souterrains et secrets, gardant pour toujours un esprit ouvert, non misogyne, et éveillé aux choses de la vie naturelle et de l’érotisme aussi. 

Je ne sais pas ce qu’elle est devenue et c’est par discrétion et respect que j’ai changé son prénom. Pourtant, quelque chose me dit qu’elle n’était pas si innocente et si elle veut bien aujourd’hui me le dire, qu’elle fasse juste un signe sur ce blog…^^

Jack Rackham

mercredi 10 juillet 2013

Racame et Orfénique jouent au Docteur


L’été s’épaississant en brumes de chaleur, le ballotis du hamac nous berce dans les souvenirs et les méandres de nos âmes d’enfants. Justement, je voyage en pensée vers mes jeunes années où je n’étais point Capitaine et encore moins pirate. La douceur du climat vient frapper mon visage qui retrouve ses tâches de rousseur et son sourire mutin.

Je me souviens…

Orfénique est là, tirant sur une paille vers une abondance de limonade bien fraîche, puis s’attaque à une grosse glace deux parfums-fraise et pistache- qu’elle pourlèche en des postures et grimaces dont je tairais les noms, préfigurant ses qualités connues de tous, mixant avec espièglerie philosophies du Kâma-Sûtra et de  l’hédonisme.

- Racame, j’ai mal au ventre, j’ai du manger trop de glace…suis malaaade !

Sept ans, c’est l’âge où le mot « Ventre » fait encore de l’effet…

- Attend, je vais t’ausculter avec le stéthoscope, on va bien voir !

Orfénique souriait, stéthoscope devait correspondre à ses mots secrets à elle. Relevant sa jupe, je mettais le métal froid sur son nombril, en tirant la langue pour mieux me concentrer.

- Et regarde pas mon zizi, sinon je crie !
- Lààà…Vas-y tousse.
- Teheu-teu. Tu crois que c’est grave, Racame ?
- J’ai bien l’impression. Il faudrait manger deux sauterelles, sinon je crains le pire. A moins que…
- A moins que ?
- Un bisou sur la bouche pourrait faire aussi…sans fermer les yeux !
- Sans fermer les yeux…Beurk !!

Mais les amis continuent leurs jeux, et Racame fait toujours tout pour sauver son amie Orfénique. Sortant son stéthoscope magique ou son sabre selon les dangers encourus. Les microbes se marrent de voir les tourtereaux s’inventer des maladies pour mieux passer des moments ensemble qu’ils n’oublieront jamais…

Jack Rackham

lundi 8 juillet 2013

Kesta Ta ?




La petite avait le pied haut et rentrant un peu vivement dans les cabinets du Poséidon, je l’avais surprise. Je me baissais au premier tournoiement de boxe française mais j’oubliais le retour et mon tricorne alla valdinguer dans le fenestron, cassant un carreau.

Me voyant par terre, elle se mit en garde et son œil noir en disait long sur ses intentions. Ses poings serrés semblaient surtout la protéger d’elle-même et je pensais qu’elle avait peur…

Elle refit le tournoiement fatal et je m’aperçus qu’elle avait une jupe courte sans rien dessous et qu’on pouvait voir son intimité, comme la fleur de son amour propre. J’esquissais un sourire pour l’amadouer mais elle reprit de plus belle sa garde, me lançant à pleine face :

« Kesta Ta ? »


Photo = Monica Bellucci.

jeudi 4 juillet 2013

Les Vieilles Pies


Un voyage en mer qui avait mal tourné, une chaloupe jetée face au vent qui s’était retournée, et une île presque flottante dont j’avais attrapé un courant par miracle…

Epuisé par l’effort, je m’endormais sur le sable. Le vent caressait ma nudité et je sentais les feuilles mouillantes qui frôlaient mon ardeur. Je me réveillais soudainement pour regarder aux alentours mais personne sur le rivage. Mes habits avaient réellement pris la tangente entre deux vagues mais ça me rappelait des vacances dans un camp de naturistes des Caraïbes, et j’attendais la donzelle en cueillant quelques baies ou fruits rouges sauvages.

Un « Youhou » coupa ma cueillette improvisée et les bras pleins de fruits, j’osais un signe du regard comme essayant de communiquer à l’ancienne. Mon sabre essayait de m’aider et fit signe à son tour. Deux belles s’approchèrent de moi et je remarquais leurs années tapantes tout en ayant un beau regard, de ceux qui sollicitent pour toutes sortes de jeux et de passe-temps. C’était bien le service d’accueil que j’attendais, et me disais que le hasard des vents m’avait poussé vers le bon chemin…

Je ne sentis pas la noix de coco qui vint heurter ma tête, et me réveillais pour la seconde fois mais cette fois attaché entre trois palmiers, sous les yeux de  trois donzelles qui m’avaient savamment  encordé pour bien voir mes atours sans que je n’ai de mouvements incontrôlés par elles.

La troisième, quoi que gironde et jolie, était de la même cuvée et je me disais qu’elles avaient du être oubliées sur cette île depuis longtemps. Chacune semblait attablée autour de mon corps érectile et excité comme jamais. Je voyais leurs langues et leurs seins passer pas loin de moi, mais pas de contact ou même de frôlement, c’était comme le jeu de la  goutte d’eau, une envie lancinante jamais assouvie et une idée fixe qui n’arrivait jamais à se conclure…

Pire, elles se pelotaient entre elles et leurs langues s’entrecroisaient dans leurs salives, ce qui me rendait encore plus fou…


Des jours entiers passèrent à ces jeux qui avaient fait monter ma frustration à son extrême. J’en étais même à penser à la Veuve Sanders ou Madame Willoughby, tout le monde qu’importe mais qu’on assouvisse mon envie de sexe qui  avait atteint son point culminant. Elles continuaient à jouer avec moi en s’accroupissant et me montrant ouvertement ce à quoi je n’aurais jamais droit.

Un beau jour que je dormais encore d’épuisement nerveux, elles me détachèrent et  s’enfuirent à tout jamais, regardant une dernière fois ces croupes galopantes que j’avais tant désirées. Pourtant, j’entendis un bruissement de feuilles et arrivant devant moi, encore dans un état second, une belle femme en tenue d’exploratrice s’adressa à moi :

« Bonjour ! Je m’appelle Yaëlle et je me suis égarée sur cette île, je suis vraiment content de vous voir ! »


« Moi aussi… » Songeais-je, un petit sourire en coin et l’œil ébouriffé…


FIN

Ce texte est dédié à Yaëlle, ma chère amie blogueuse dont voici le lien du blog
http://lianeyaelle.blogspot.fr/


samedi 29 juin 2013

La Mentaliste


Son œil de velours et son teint de pêche semblent fait pour son chapeau qui tombe comme par enchantement sur son univers fait de mystère et de science humaine à la fois.


Son regard périphérique capte le moindre écart ou le détail différent qui attire son attention immédiatement. Cet homme qui marche dans le parc accélère le pas que Cora lui emboîte. Il se retourne un peu, sentant la filature, et reprend son pas de plus belle comme entamant une course imaginaire.

Puis soudain il ralentit, comme s’il sentait une main sur son épaule, qui l’obligeait à prendre son temps, à s’arrêter presque…Il se retourne et voit cette femme belle et étrange, attiré irrésistiblement et déjà sous le charme. Elle s’approche doucement et s’arrête devant lui, déjà conquis, et son chapeau le frôle comme une demande  intime.

Elle le caresse doucement et il a envie de l’embrasser. Sa bouche est douce et quand elle l’ouvre, des mots égrenés et clairs en sortent comme des baisers.

- Vous ne devriez pas aller voir votre amie. Un orage passera entre vous et je crains le pire. Un accident est si vite arrivé et on le regrette souvent.
- Vous avez raison. J’allais faire une bêtise, vous êtes arrivée à temps…

Elle le regarde fixement et lui propose de venir chez elle. Il ne pense même pas à refuser et même en fait un grand plaisir, imaginant l’impossible.

- Un café, volontiers. Euh…

Elle lui prend le bras et le guide vers l’aventure. Sa maison n’est pas loin et elle lui susurre quelques mots qui le rassurent. Et l’excitent à la fois. Il a oublié sa venue dans le parc et tout le reste. Cette Cora, comment sait-il son nom, l’a envouté et il a envie de se laisser faire. Après tout…



Cora a un don. Celui de comprendre les choses et les gens. Parfois, elle arrive à temps pour éviter le pire ou d’autres fois, elle guide les gens plus dociles vers des destins moins tragiques. Il lui arrive aussi de faire un bout de chemin avec ces personnes qu’elle rencontre. Partageant le meilleur, l’indicible, et même le défendu.

C’est une Mentaliste…

vendredi 21 juin 2013

Paris à Minuit

Inez était vraiment une petite salope avec son air aguicheur, ses mains sur les hanches et son petit cul qui rebondissait aux visages des passants. Elle cachait son air de fouine derrière ses cheveux blonds qui semblaient toujours propres, et avançait à pas de géant vers le petit hôtel discret que Paul avait réservé pour l’après-midi.

Il était devenu son amant depuis l’université et ses cours particuliers d’histoires de l’art quoique sexuels, avaient la tournure du défendu qui l’excitait, et son air de tout savoir avait un effet particulièrement érotique surtout quand ils expérimentaient de nouvelles positions qui tournaient autour d’un thème unique cher à Paul : La soumission.

La levrette et ses variations lui tenaient à cœur, et pendant qu’il tenait ses fesses,  en caressant et lorgnant sur son désir secret, il aimait lui parler de l’art, et même de Gil et ses idées saugrenues sur la création artistique. Le va-et-vient continuait pendant ce temps, donnant une tournure hautement perverse, si vous voyez le tableau…

- L’art moderne a déclenché la critique d’art, qui lui a renvoyé l’ascenseur, donnant du grain à moudre à la machine à café. Picasso l’a bien montré dans ses « Demoiselles d’Avignon » inventant le concept pour la cause…Déclama-t-il.

Paul en profitait pour accélérer le mouvement, caressant monts et vallées de la belle Inez qui n’en pouvait plus. Il changeait alors son fusil de visée et donnant un coup sec en guise de ponctuation, aimait à poser une  question au plus fort de la jouissance d’Inez, cassée en deux sur le lit qui entendait un « Qu’est-ce que tu en penses ?» destructeur.

Un petit sourire au bec, Paul exultait…

Pendant ce temps, Gil baladait vers Montmartre et se foutait éperdument qu’Inez bade ce petit professeur  sans personnalité qui répétait l’histoire artistique du monde comme un vieux marc de café jeté avec le filtre. Il se sentait une grandeur d’âme à faire pâlir le grand Geronimo et se foutait bien que ce Paul tourne autour de sa future femme. Les douze coups de minuit retentirent quand un taxi ancien prit le tournant pavé pour venir se garer devant lui en pillant sec, l’un des passagers lançant un « Vous montez ? »

*

Déclinaison autour du thème du film de Woody Allen « Minuit à Paris », avec Owen Wilson, Rachel Mc Adams,  Michael Sheen, Marion Cotillard et tant d’autres. Un succès de l’année 2011, qui couronne l’œuvre de l’auteur de « Annie Hall ». A voir Absolument !

https://www.youtube.com/watch?v=u1yenq3G5ss

mardi 18 juin 2013

L’œilleton du Diable

Le magicien était assis sagement  à attendre son tour dans le cabinet du Dr. Lucius. Tournant la tête de temps en temps pour regarder la pendule et estimer son temps restant en fonction des autres patients, il raclait sa gorge à intervalles régulier en espaçant pour ne pas déranger.

Sur l’autre banc, juste en face, une belle blonde aux allures farouches faisait de même en tournant ses yeux comme des billes dans un jeu. Ses jambes se croisaient et se décroisaient avec pudeur extrême, ne laissant pas un timbre poste s’immiscer entre ses deux cuisses se frôlant. George, car c’était le prénom de notre ami, fit un geste de ses deux doigts de la main droite, sourit et reprit tel un métronome ses aller-retour oculaires.

Ce fut au tour du magicien de passer sa visite et il ne fut pas étonné quand Lucius lui demanda d’ôter son pantalon. Ce qu’il fit sans pudeur, songeant au petit tour qu’il était en train de jouer à la blonde Aurélie qui attendait encore dans la salle d’à-côté. Le docteur palpait et tâtait George un peu partout, et il en fut quitte pour quelques fortifiants dont il reçut prescription sur une belle ordonnance manuscrite par Lucius lui-même.

Aurélie s’était approchée irrésistiblement de la porte pour contempler ce magicien qui était fort bel homme. Juste un petit coup d’œil qui ne ferait du mal à personne, songea-t-elle. La salle était vide et personne n’en saurait rien. Elle visa bien par l’œilleton et tira la langue pour mieux voir…

Que ne fut pas sa surprise quand elle aperçut ce magicien retirant ses habits et dévoilant son intimité. Elle écarquilla ses yeux encore plus grands quand elle vit la taille de l’engin qui dépassait  tout ce qu’elle avait pu voir ou imaginer. Elle imaginait d’ailleurs d’autres situations où elle aurait pu…Mais elle entendit le docteur prendre congé de son patient et s’enfuit aussitôt, honteuse d’avoir eu de telles pensées et que son médecin puisse les deviner !

Derrière un buisson, elle attendit néanmoins la sortie de George qui ne fut surpris de rien, et prit la jeune fille en compassion. Aurélie semblait  avoir été captivée par notre ami et pour rien au monde, il n’aurait désenchanté une belle jeune  fille de ses désirs cachés et qu’il serait bien à même s’assouvir, moyennant quelques autres sortilèges de Magicien…


…Mais ça, c’est une autre histoire !


jeudi 30 mai 2013

Les Délices de Chloë

Notre jeune amie avait décidé d’inviter notre équipage à un festin de rois qu’elle préparerait elle-même de ses petits doigts. Les fées de la gastronomie s’étaient penchées sur son berceau assurément car ce fut des mets d‘exquises compositions, aux saveurs de gourmet, et aux goûts les plus fins qu’elle concocta. Je l’aidais un peu de mes humbles moyens de Capitaine, poussant le pot de miel ou caressant quelques rondelles.de fruits…

Chloë avait mis son plus beau porte-jarretelles pour l’occasion car ce n’était pas tous les jours qu’elle partagerait la farine avec un pirate de ma trempe. Elle malaxa la pâte à pain avec une belle ardeur, qui fit s’envoler la poussière blanche comme des traînées de poudre et je remuais ses belles miches en rythme avec son popotin.

Elle décora de raisins secs des plateaux de semoules garnies de rognons frits, qu’elle goûta avec délice  et  lécha sur toute la  longueur le plus beau des tricornes qui levait comme un doigt au ciel , prenant son temps et revenant sur les ballottines en grappe qui grossissaient au fur et à mesure qu’ils allaient et venaient dans son gosier. J’étais aux anges, levant les yeux et le reste vers le paradis de mon plaisir, ébahi par une telle profondeur d’esprit.

S’asseyant sur ma gratitude, je connus le fond de son âme et ses pensées, qu’elle ressassait encore et encore pour mieux  jouir de son corps et jouer du pipeau de son Capitaine. La retournant sur son ego, je fis des ronds de langues sous ses aisselles, hérissant son duvet de presque pucelle puis écarta ses fesses en dessert pour mieux plonger mon nez de marin dans la fente étoilée de ses festins…

Bosco qui avait tout suivi s’approcha pour donner un coup de main aimable à la donzelle, et agrémenter de son cru le plateau de légumes.  Une belle asperge juteuse vint sous le nez de Chloë qu’elle suça avec vigueur, jouant des orbites et coupant ses élans de temps en temps par des « J’adore ça ! » venant comme un cri du fin fond de son cœur.  

Les fruits de mer complétèrent les ébats de Chloë, en une fourchette anglaise de Bosco qui la fit monter au ciel comme pour dire bonjour aux mouettes de passage, léchant ses doigts comme des gourmandises. Entendant du bruit sur le pont des soupirs, les marins s’agglutinèrent sur le buffet que leur offrait la fille et donnèrent de leurs corps pour goûter tous les plats qu’elle avait amoureusement préparés pour eux. 



Les délices de Chloë…quel délice ! ♥

*
J'invite les amis d'ici, Bizak en tête, et tous les râleurs de l'autre fois, à écrire une historiette de ce cru où se mêlerait aventure maritime et coquine...A vos plumes et à publier sur vos blogs respectifs!



dimanche 26 mai 2013

Chloë à nu

Chloë avait remarqué le jeu de l’homme à l’œil borgne qui zieutait dans sa direction. Son regard la pénétrait comme une mauvaise langue dont elle ne comprenant pas le sens. Pourtant, une irrésistible envie de se montrer nue la prit et elle ouvrit grand la fenêtre pour mieux lui montrer ce qu’il n’aurait jamais.

Ses seins et sa touffe avaient fait leurs preuves et nombre d’hommes, et quelques femmes, avaient succombé à leur désir.  Le Capitaine la regardait et cela l’excitait. Elle imaginait des scènes crues où elle était soumise et dominée. Mais son éducation reprenait vite le dessus et se grattant sous le menton, elle faisait comme une moue de regrets qui donnaient à penser qu’elle réfléchissait à quelques stratagèmes.

L’homme des mers s’approcha de la fenêtre puis sauta d’un bond dans la pièce. Il se plaça face contre Chloë sans rien dire puis se baissa pour mieux la renifler et frôler son pubis touffu. Sa langue était douce et elle sourit intérieurement  si on peut dire. Elle sentit les doigts tâter ses fesses et qui couraient plus loin pour chercher dieu sait quoi.


Elle comprit qu’elle céderait finalement à tout ce qu’il voudrait et se relâcha pour se livrer entièrement à son pourfendeur des mers, qui goûtait à présent à tout ce dont il avait rêvé de Chloë…

vendredi 17 mai 2013

La Maison du Pirate


Je monte la main au ciel pour mieux voir le coucher du ciel, même si  je suis ébloui par le soleil et que seules mes grimaces font illusion.

Le spectacle est pourtant magnifique et je me dis que j’ai de la chance d’être l’unique propriétaire de ce tableau vivant, et les pas dans le sable prouvent que j’ai raison.

Les palmiers semblent appeler des cohortes de touristes mais seules les mouettes rasantes font office de visiteuses.

Je m’ennuie un peu depuis un moment mais j’ouvre mon portable et me connecte pour héler en virtuel une belle moussaillonne.

Des colonnes de donzelles captent mon SOS et je prépare déjà dîner et baldaquin pour partager galipettes et festin.

Je me souviens de Katia chevauchant son bicycle et me montrant le chemin du bonheur. Qui sait si c’est elle qui viendra, destin…

Je me suis endormi et fait des rêves de fou. Mon tricorne est ébouriffé et je cherche Katia des yeux, prêt à la manger en entier, pour la seconde fois. Et pas que…

Je me lève d’un bond…J’aperçois Bosco qui mange du raisin et me regarde d’un drôle d’air. Je regarde en l’air faisant mine de rien.

- Faut pas vous en promettre, patron, côté parts de tarte aux fraises, vous avez de l’avance !

Je rougis, mais j’aperçois Katia derrière lui, riant comme si elle avait fait une blague.

- Arrête Bosco, il va croire que…Toujours le sabre du Capitaine, Jack. J’ai bien cru que tu m’avais oubliée…
- Jamais ! La regardant droit dans les yeux…
- Tu es toujours mon « île au trésor », tu sais !


Je la regardais encore et encore et des flots de souvenirs me remontaient jusque dans le cœur, soulevant mon tricorne de quelques sanglots perdus. Nos corps se mélangèrent une fois encore et cette maison du bonheur se referma sur nous comme un livre sans fin, seulement sous les rires des mouettes allant et venant sous le soleil couchant.


FIN

*
Petit clin d’œil à ce premier récit de Rackham Le Rouge : L’île au Trésor.

mercredi 1 mai 2013

Enregistrer saoul


La pratique de l’informatique n’est pas si ardue pour un Capitaine. Même un qui tape entre ses cordes des textes pour un public plutôt féminin qui aime les pirates…

J’ai découvert plein de mots nouveaux ou appellations nouvelles, liés à des fonctions mystérieuses. « Copier puis coller » m’ont ouvert la voie étrange de la duplication, puis la légitimité d’un « Bureau »m’a décomplexé quand à la création de dossiers secrets que je pouvais ranger où je voulais, en passant par plusieurs chemins d’accès et même en prenant un raccourci…^^

Pourtant, le plus étrange est celui qui me sert pour conserver mes fichiers les plus précieux, comme des parchemins qui me mènent à des trésors. Alors, je me ressers un verre car je dois garder un précieux document, et je suis rigoureusement la procédure, toujours la même.

« Enregistrer saoul ».

C’est écrit…


(Hipch !)

lundi 29 avril 2013

Une Bonne chienne


J’ai fait un rêve fou, l’autre jour dans mon hamac…

 Je caressais son pelage ras et quand sa langue venait chatouiller la paume de ma main, c’était bon ! Je lui lançais au loin une balle de toutes mes forces et malgré vents et marées, elle revenait sans cesse sur le ponton, s’ébrouant en guise de tambour, puis posait l’objet essoré tout autant, comme un cadeau de roi. Sa gueule posée sur le tapis, telle une peau de bête immobile, ses yeux roulaient de droite et de gauche, pour surveiller les environs. Et quelquefois, glissant dans ma main sous ma tête quelques sucres, elle venait laper les friandises, marchant sur moi telle une carpette mais avec le bonheur dans le yeux, comme une amie de jeu confuse, léchant mon visage et heureux de me prodiguer sa bave à volonté…Je suis gâté moi, pensais-je, et je lui faisais des grosses chatouilles pour la remercier de ses présents plein d’amitié et d’amour !

C’était vraiment fou !



J’ai fait un autre rêve…



...Mais non, j'déconne ! ^^


mercredi 24 avril 2013

L'Interview poétique d'Orfeenix, par Jack le Pirate


Après avoir abordé l’écriture en général à propos du film « Ecrire pour Exister » avec Hilary Swank incarnant un professeur, j’ai eu l’idée d’en faire autant sur la Poésie avec notre amie Orfeenix, enseignante elle aussi, et remarquable écrivain de poèmes en vers, dont elle nous gratifie chaque semaine sur son blog. Je l’ai donc interrogée sur la Poésie mais aussi sur la vie, les choses et tout le reste, car tout est lié entre l’Artiste et l’œuvre.

La Poésie, ça évoque quoi pour toi ? Le mythe d’Orphée, qui charme les animaux, tire l’être de la bestialité et de la barbarie ; celui qui parle la langue des Dieux et va du paradis aux enfers ; ce langage qui traduit l’invisible en le transcrivant grâce à la musique.

Evidemment, la Poésie existe en prose et en vers. C’est quoi la différence ? Exprimer des choses différentes ?  Le vers est la réunion de deux arts, la musique et la parole, Orphée et Emphion (Sic) et il enrichit la prose d’une part de suggestion. C’est un peu la différence entre érotisme et pornographie.

Les vers, les rimes, les strophes, explique-nous un peu tout ça…  Non, je ne ferais pas de cours de prosodie, je dirais juste qu’à seize ans je lisais tellement de poèmes que je devais me museler pour ne pas parler en alexandrins ! Ce que tu énumères est comme une langue maternelle avec ses idiomes et son accent. C’est presque trop cartésien et inexplicable à la fois.

Tes auteurs préférés dans chaque genre ?  Je ne me lasserai jamais de Baudelaire, en vers et en prose.

Tu écris de la Poésie depuis quand ?  Le premier, j’avais quinze ans, mais il était vraiment pourri, une caricature de Ronsard ! Il a fini à la poubelle, sa place évidente. Celui dont je suis encore satisfaite date de 1982, c’était un an plus tard.

Tu as un vrai besoin d’écrire ou c’est juste comme ça ?  Les deux. Parfois, c’est comme un accouchement avec des contractions terribles et il faut que ça sorte ; parfois je me dis, tiens, dix jours se sont écoulés, si j’écrivais ? Mais je dois avouer que c’est toujours la larme à l’œil et un verre de vin à la main.

Le rapport entre le fil de ta vie et ton écriture ?  J’ai arrêté d’écrire en entrant au couvent et j’ai eu une telle douleur révoltée de ne pas réussir à être une sainte que j’ai cessé toute lecture de poème pendant des années pour faire l’expérience de la médiocrité, je voulais être normale…Cela doit correspondre à mes dix années de mariage. C’est divorcée que j’ai vite compris que je tenais un formidable instrument de séduction.

Tu t’intéresses à d’autres arts ? Lesquels ?  Tous, vraiment tous ! Chaque art me baise et me pénètre…La peinture et la musique, ma trinité avec la poésie, mais aussi la photographie, le cinéma et l’architecture dans laquelle on entre, la sculpture que l’on peut toucher. J’aime les sens, tous les sens.

Sur ton blog, tu allies la peinture, à ta Poésie, mais aussi à la chanson ou des vidéos. C’est étudié pour, tu fais comment ?  C’est ma trinité. Je commence par la déesse poésie, je poursuis avec sa fille la peinture en cherchant dans toute ma collection de préraphaélites majoritairement ce qui s’accordera le mieux, et je finis avec l’esprit saint, la musique, surtout psyché ou classique.

Tu lis beaucoup en général ?  C’est une honte, non. J’ai lu un livre par jour de douze à vingt sept ans, et puis j’ai eu envie de vivre ces aventures de papier.

Tes livres ou auteurs préférés ?   Shakespeare et Camus, j’adore les fausses tragédies.

Finalement, il y a cohérence entre tes goûts musicaux, esthétiques et littéraires ? Ce serait quoi l’idéal d’un ensemble réussi ?  Mon idéal est baroque, il me faut de l’intense, et du vibrant, et la petite touche de mauvais goût qui menace l’équilibre.

C’est l’Art qui te fait avancer dans la vie ou c’est de la déco ?  Je ne suis pas sûre d’avancer dans la vie, mais ce qui me fait tenir presque debout c’est l’espoir de voir un Fra Angelico au bout du chemin.

Ou alors c’est l’Amour le plus important ?  J’aime l’amour sous toutes ses formes et ses aspects les plus méconnus, il est le moteur de l’art, avec la haine, sa sœur jumelle.

L’enseignement et l’écriture, de quelle manière as-tu pu les relier ?  Je crois que c’est Annie Ernaux qui écrivait « Ce que j’aimais c’étaient les mots » je ne peux pas mieux dire, les enseigner, les écrire, je vis de mes mots, des siens, des leurs, je suis amoureuse du verbe.

Enseigner, c’est une vocation ?  C’est la mienne. A dix-huit ans, j’ai choisi les lettres, à vingt j’étais dominicaine enseignante et partout où j’ai pu trouver un gosse paumé devant ses devoirs, je me suis assise à côté ! (Je me vante un peu là, non ? C’est super narcissique ton truc !)

C’est d’être utile pour éveiller tes jeunes et de leur apprendre des mécaniques pour avancer et réfléchir qui te motive chaque jour pour aller au Collège ?  Non. Sans fausse modestie, je ne me suis jamais sentie utile. Ce qui me motive c’est de voir leur sourire, ce sont les réflexions spontanées qui jaillissent, c’est de partager un moment de plaisir en étudiant ce que j’aime le plus.

Ton acteur, ton actrice, ton film préféré ?  Mon film préféré c’est la vie, bien sûr mais si je devais lâcher un nom sans tergiverser pour sauver ma peau, ce serait « Les Lumières de la Ville » pour les larmes, le cœur et le rire à la fois.                                                                                                                                J’aime tous les acteurs sauf dans la vraie vie.

Ta chanson ?  As time goes by…

Tu ressens cette ferveur autour de toi de la part des blogueurs et blogueuses ? Ca fait quel effet d’être une vedette ?  Tu plaisantes ? Ce que j’aime sur mon blog c’est la qualité des personnes mais à part une poignée d’irréductibles, tout le monde s’en fout de la petite Orfée ! 

Merci Orfeenix !  Merci mon capitaine, je n’ai pas oublié comme tu m’as défendue, protégée et encouragée depuis le début. C’est à toi  et toi seul que je réponds car je me demande bien qui ça pourrait intéresser ! En revanche, tu vas me faire le plaisir de répondre au même questionnaire en remplaçant la poésie par le dessin, et toc !


Promis belle moussaillonne !

Pour compléter cette interview, le lien vers le blog de la belle Orfeenix : Galatéerato, http://galaterato.blogspot.fr/2013/04/autoportrait-attention-fragile.html  


copiez et mettez l’adresse dans votre barre d’adresse si ça ne fonctionne pas, et le tour est joué 

lundi 22 avril 2013

Ecrire pour Exister


C’est un beau titre, je trouve. Le titre d’un film avec Hilary Swank, l’histoire vraie d’un jeune professeur d’anglais qui choisit d’enseigner à Long Beach après les émeutes raciales de Los Angeles de 1992. Une classe multiraciale qu’elle arrivera à faire cohabiter et à passionner grâce à la lecture, aboutissant à l’écriture d’un journal commun.

Quittant pour une fois mon costume de Capitaine et mon tricorne pour enfiler (pas de sourire les filles) celui du débatteur de fond, du chroniqueur ou du penseur, je pose la question :

 Ecrire pour exister ? Pas sûr que cette définition corresponde à tout le monde, chacun pratiquant à sa manière la littérature et même certains ne s’y intéressant que pour la lire. Ou Ecrire C’est exister ? Je vais prendre mon exemple, comme ça vous n’aurez pas l’impression qu’on vous regarde…

J’ai toujours écrit même si je ne puis dire que j’écris depuis toujours. Ecrire était devenu une évidence quand est venue la maturité, physique mais surtout morale. J’ai tout de suite eu envie d’écrire des choses importantes, mais surtout des romans policiers. Et à travers ces romans, surtout celui que j’avais commencé, je voulais parler des gens que je connaissais et des femmes que j’aimais. Ou que j’avais aimé, tout en pensant à celles que j’aimerais. Je voulais aussi parler des choses que je connaissais, telle l’astrologie ou la criminologie, même si c’est plus dur de parler de football ou de sport n’importe quand.

J’avais donc ciblé des sujets et des intentions, ce qui était déjà pas mal, mais aussi des méthodes pour écrire. Car j’avais compris que la prise de notes et le choix des ellipses étaient essentiels dans l’écriture. Raconter des choses tout en suggérant celles qu’on ne raconte pas…

Il s’agit bien sûr d’écrire de la prose, car la poésie c’est autre chose. J’inviterais ici un jour notre amie Orfeenix à s’expliquer sur les rouages mystérieux de cet art majeur mais méconnu.

Ecrire pour exister, certainement pas. Il s’agissait là pour un professeur d’enseigner à des jeunes un exercice de discipline de la mémoire, auxquels ils ont répondu avec panache, donnant naissance à un vrai livre…Je vous invite à regarder ce film de Richard LaGravenese sorti en 2007, avec Hilary Swank et Patrick Dempsey (titre original : Freedom Writers) et racontant leur histoire.

« Ecrire pour exister ». Et vous qu’en pensez-vous ?




samedi 20 avril 2013

La Vie d'Artiste


Je suis en apnée, comme un sous-marin visant le pied d’un palmier sous la mer mais freinant dans le sable pour éviter la collision. J’écris depuis un moment, tapant en levant le nez juste pour respirer quelques notes mais replonger pour éviter que les yeux s’habituent à la lumière. Je colle une phrase comme un sparadrap entre mes idées et je maudis le ciel chaque fois que je frappe à côté, laissant une lettre en point virgule, et merde.

J’attaque la montée finale et j’exalte mon héros qui vole vers la gloire, sous un soleil couchant propre aux grands destins. Bon, on est dans l’espace et seules les étoiles l’éclairent, filant vers des aventures imaginaires…

Je souffle devant mon clavier et une tasse de café, je crois que j’ai fini. J’ai un sourire intérieur qui me balafre l’esprit et j’imagine mille moments de gloire, interviews et droits d’auteur, vite oubliés par un « Chéri, puisque tu as fini, tu peux me descendre les poubelles ? T’es un amour. » rédempteur.

J’écoute un vieux Léo Ferré qui me prend de mélancolie. « Cette fameuse fin du mois depuis qu’on est toi et moi » me remonte pas le moral, ni même la suite de la chanson. Je regarde encore vers mon ordi avant de sortir et je rêve un peu, comme si le temps s’était arrêté depuis l’autre jour, et que j’étais de retour.

J’ai fini…


*

Quelques mots sur ce moment de la fin d’une œuvre réalisée par un artiste, où on ressent des sentiments contradictoires, entre exaltation pure et doute intense. La vérité est sans doute entre les deux. Quoi que…
Une chanson de Léo Ferré sur ce sujet, une des plus belles car la vérité est cruelle : Si les artistes gagnaient bien leur vite, auraient-ils envie de refaire le monde ? 



jeudi 11 avril 2013

Kif Kif Bourricot


Un Capitaine a souvent plusieurs facettes qu’il affiche en certaines occasions et là, l’occasion m’est donné d’en dévoiler une pour illustrer un de ces mots qui m’a chatouillé les oreilles durant mon enfance. Le monde est petit au pays de Camus et des merguez, du ciel bleu d’Azur et des zlabias…

Je suis donc né en Algérie, à Oran exactement, et j’ai donc gardé l’amour des mots aux résonances arabes, mystérieuses et rigolotes parfois. Quelques mots retinrent mon attention d’enfant à jamais, et presque ex-aequo avec « Nardine O Mouk » (un gros mot que je n’oserais traduire ici) ou « Ramdullah », que mon tonton Eugène aimait dire après chaque éructation (ce qui était fréquent), ce fut naturellement que l’expression "Kif Kif Bourricot » arriva en tête de liste.

Non pas qu’il s’agisse ici d’animal aux grandes oreilles ou question d’intelligence humaine, mais de dire d’une autre manière « Du pareil au même »,  « C’est tout comme » ou même « C’est la même chose », Kif voulant dire « Pareil » à l’origine.

Kif-kif Bourricot, donc !

*
Un petit article pour fêter les 4 ans de ce blog, né le 11 avril 2009. Trop de travail pour l’instant pour reprendre des publications plus fréquentes, je voulais néanmoins marquer le coup ! ;) Vous pouvez aussi « marquer le coup » en laissant un petit commentaire, « Kif-kif Bourricot » !!

mardi 12 mars 2013

Les Âmes soeurs


J’avais rencontré Lydia dans un drugstore du coin de ma rue où je venais chercher les dernières nouveautés de bandes dessinées, en roman graphique, ou quelques classiques en DVD que j’avais commandé le mois précédent.

On échangea quelques mots devant un Hugo Pratt en lutrin et on se plut tout de suite. Son sourire d’ange se fendit encore plus quand on se surprit à préférer un grand Woody Allen de 2011 « Minuit à Paris », et je l’invitais illico à prendre un verre chez moi pour lui montrer ma collection d’estampes.

La montée d’escalier vers mon appartement ne fut qu’un florilège de coïncidences culturelles liant nos intellects, nos préférences convergeant avec trouble vers tous nos auteurs favoris dans de nombreux domaines. Nous fêtâmes comme une évidence ces rapprochements vers d’autres plus intimes, où nos animalités rejoignirent dans la jouissance parfaite la quasi-totalité de nos goûts.

Ceci nous donna envie de les partager plus encore et rapidement nous regroupâmes nos vies et nos collections en une osmose parfaite, comme notre amour. Ce fut un havre de bonheur partagé et le champ commun de notre bon goût, connaissant comme une apogée telle l’apnée de nos esprits en ébullition.

Une fois pourtant, une divergence sur un auteur du XIXème siècle, nous sentîmes les affres de la trahison et de la mésentente. Mais la réconciliation horizontale qui s’ensuivit fut telle, qu’on eut l’impression d’un orgasme au zénith et permanent. Ce qui provoqua un priapisme que je prenais comme un cadeau de dieu et la preuve vivante d’un amour éternel pour Lydia.

Mais ceci présageait d’autres discordes, certes légères-une opposition Ford/Hitchcock au sujet d’un plan- mais comme l’annonce d’un déclin qui n’était point américain et qui empira. Je retournais parfois seul à mon drugstore au coin de la rue que je fréquentais jadis et c’est là que je rencontrais Ester.


Je remarquais la dernière nouveauté en comics entre ses doigts comme le signe du destin, et je fus charmé par un sourire que je reconnaissais bien…



Jack Rackham.


Photo : Meryl Streep et Jeremy Irons, dans La Maîtresse du Ldt Français.

mercredi 6 mars 2013

Les Yeux de sa Mère

Exceptionnellement, et pour la première fois, une annonce de sortie de film...Non pas que j'aime faire la promotion d'une chose que je n'ai pas vu, mais le titre qui coïncidait avec un évènement dont je voulais faire l'écho ici :


Bon Anniversaire, Maman ! ♥





En hommage, une belle chanson d'Arno,  pour tous les fils :





mercredi 27 février 2013

Like Casablanca


Le costume de Rick m’allait comme un gant même si j’avais du abandonner mon tricorne, Ilsa Lund avait pris les traits de Rita, et Bosco allait nous entonner une sérénade endiablée à la Dooley Wilson intitulée « Trinidad »...

Le bar de la goélette calée dans le port foisonnait de clientèle étrangère et je m’affairais à quelques courriers diplomatiques sur l’insistance du Capitaine de la police locale Peugeot. Le képi et la moustache lui allait bien, ce qui ajoutait à son côté dandy, et en faisait un compagnon de comptoir fort apprécié. La ville étant occupée depuis la 2ème guerre des Caraïbes, il y avait besoin d’une milice pour y faire régner un semblant ordre, espionnage et marché noir oblige. J’entendis alors Bosco qui reprenait cette chanson me rappelant…Mon sang ne fit qu’un tour et je me précipitais vers la salle commune, jurant de lui donner un bon coup de semonce.

J’arrivais sur lui tel l’ouragan et lui demandait quel mouche l’avait piqué pour chanter « Trinidad ». Son signe de tête m’invita à prolonger mon regard vers la table voisine et je fus saisi par la vision d’une personne que je pensais ne jamais revoir : Rita.

Un tourbillon de souvenirs m’envahit et je fus comme drogué de la revoir. Son sourire, ses yeux, son charme naturel, tout me rappelait  Trinidad et notre aventure. Le moment fut court car au même moment arrivèrent le Capitaine Peugeot et le mari de Rita, un certain Roberto  Alcazar. Il répondit simultanément à mon bonjour alors que je ne pouvais quitter des yeux Rita. On discutait de choses et d’autre mais ce ne fut qu’un brouhaha qui me montait aux oreilles. Les images de notre romance revenaient comme des litanies et j’avais oublié ma rancœur et ma colère après son départ que j’avais pris pour une trahison…

Je gardais ma contenance mais mes doigts se remémoraient à nouveau le corps de Rita, sa peau, et son regard me disait la même chose. Pourtant je regardais cet Alcazar et fronçais à nouveau, tel un écolier.

Les trois se levèrent et on se dit au revoir. Rita était là me regardant de ses yeux habituels et sa bouche me prodiguant quelques mots agréables de retrouvailles, elle me frôla comme au temps ancien de nos amours. Son mari derrière lui ne semblait rien voir de nos connivences ou alors il connaissait trop bien sa femme.

Rita me prodigua un dernier sourire puis fila devant moi, suivit des deux hommes et d’une trace de son parfum. Quelque chose me disait que j’allais la revoir bientôt. Je m’assis, comme ayant retrouvé plus que des souvenirs et commandais un double whisky.

« Mais vous ne buvez plus, patron ! » M'interpella Bosco.

« Je sais bien Bosco, je sais bien… » Répondis-je, un petit sourire aux lèvres…


*




CASABLANCA est un film américain de 1942, réalisé par Michaël Curtiz. Avec Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid, Claude Rains, Peter Lorre…La chanson As Time Goes By est de Herman Hupfeld, interprétée par Dooley Wilson.



                                            

                                       

lundi 18 février 2013

Tub



Je la dévorais de mes lèvres, goûtant la flore environnante et les pigments marins comme des sucs au miel. Pourtant elle ne broncha pas, ce que je pris pour une invitation à aller plus loin…

Ma langue s’immisça dans une forêt d’algues brunes puis tourna à gauche, puis à droite, puis à nouveau à gauche. Elle sembla réagir un peu et écarta ses jambes un peu plus.

Ma barbe se mélangea avec d’autres pilosités du cru et j’ôtais mon tricorne qui bloquait mon avancée vers des mondes inconnus des pirates !

N’ayant plus d’air, je remontais d’un coup à la surface et éclaboussait Sandra et mon orgueil. « T’es pas marrant, Jack. Juste au moment où je commençais à m’amuser un peu… »

Ah, les femmes !

 TAG à toutes et tous  : Salle de bain, piscine, jeux d'eau en tous genres, racontez-moi une anecdote marquante dans un de ces lieux d'eau où on aime jouer...

mercredi 13 février 2013

La Nuit Américaine


C’est l’appellation pour un procédé cinématographique faisant passer via un filtre, le jour pour la nuit et la traduction américaine .

François Truffaut avait réalisé son premier long métrage en 1959, les 400 Coups, et son plus beau film était incontestablement celui qui rendait hommage à son métier de réalisateur : La Nuit Américaine, sorti en 1973. Un Oscar du meilleur film étranger avait marqué d’une pierre blanche son passage sur la planète Cinéma et récompensé son amour pour le 7ème Art.

Celui-ci était motivé par son goût des femmes et de les filmer, malgré une ignorance évidente du sujet au vu des histoires qu’il racontait, comme dans Baisers Volés ou les autres films où il mettait en scène Antoine Doinel, préfiguration de lui-même interprétée par Jean-Pierre Léaud.

Sa dernière compagne fut Fanny Ardant, héroïne de son dernier film « Vivement Dimanche » en 1983, qu’il quitta en 1984 pour sa dernière demeure.

*

Georges Delerue est l’auteur de Day for Night, musique illustrant les images de cette « Nuit américaine ».



jeudi 7 février 2013

Tadzio



L’été vénitien n’avait pas encore rendu son dernier soupir quand je profitais des ultimes jours de vacances pour déambuler dans les dédales de la vieille ville, à la recherche d’aventure ou alors de marchands de glace aux parfums inconnus.

Quand j’errais les mains dans les poches, vêtu de mon costume du dimanche et la mèche blonde flottant au vent, une sorte de transformation s’opérait en moi, tel le loup garou qui faisait basculer la dent de lait en croc carnassier assoiffé de sang ! Ma virilité en bandoulière m’avait attiré en une sombre cave, pour trouver ce que ma curiosité et mon envie attendait depuis longtemps : Une femme.

Se laissant prendre à mon apparence nouvelle d’homme accompli, j’en éprouvais un désir de conquête immédiat et je reluquais sa mèche rebelle de rouquine endiablée, sa croupe de femme campée sur des jambes galbées qui avaient l’habitude de se cramponner à un homme, pour mieux éprouver sa féminité. Sa voix était douce et elle me susurra : « Tu cherches la même chose que moi, un amour éternel  et éphémère à la fois. »

Elle avait raison. Nos corps s’emboîtèrent comme par magie et j’aimais qu’elle m’appartienne telle une putain sans vergogne. Sa peau était dure comme étaient douces ses lèvres, et entre ses cuisses j’étais encastré comme un dans un canoë-kayak, pagayant sans se servir des mains pendant qu’elle plongeait ses yeux tout au fond des miens. Toute retournée, je voyais son dos zébré d’une mèche rousse m’accrochant par son plaisir que je lui donnais du mieux que je pus.

Sentant le sortilège bientôt s’interrompre, je remontais mon pantalon de jeune homme et retrouvait la surface du soleil, laissant derrière moi la courtisane remplie de mon amour et ma jeunesse…


*
Mort à Venise est un film italien  de 1971, réalisé par Luschino Visconti d’après une nouvelle de Thomas Mann. Dirk Bogarde et Silvana Mangano y jouent les rôles principaux, Björn Andresen interprétant celui de Tadzio.



samedi 2 février 2013

Brazil


« J’avais quitté les Caraïbes pour un autre monde, perdu de l’autre côté des Amériques, échangeant mon costume de Capitaine pour celui d’un aide comptable. Une mouche avait changé mon destin en plongeant dans les rouleaux d’une machine à écrire, m’entraînant dans son suicide pour m’aider à trouver la femme de ma vie.

Je n’aimais pas trop cette ambiance de bureaux fourmillant aux airs de Casablanca nous entonnant une Marseillaise. Cherchant Ingrid Bergman que je ne trouvais point, j’étais propulsé dans un tourbillon de plombiers chauffagistes et de formulaires 27 B-6 qui me conduisaient direct sur une chaise électrique de dentiste, où sans l’intervention de Harry Tuttle je périssais illico… »

Je levais le nez au ciel pour continuer mon texte sur mon film préféré mais un sourire se dessina entre mes dents, me remémorant les meilleures scènes comme si je venais de les revoir : Attaque de l’appartement de Buttle pour lui signifier son arrestation et Madame Buttle signant avec application le formulaire approprié, le lever de Sam Lowry revenant du ciel comme un ange et son petit déjeuner en accéléré finissant par un toast récalcitrant, sous-sol grouillant de paperassiers bardés de consoles grossies par des loupes géantes, déjeuner avec  la mère de Sam curieusement coiffée d’un soulier retourné et must de la restauration, des repas aux ronds de purée colorés pour des menus variés…

Un film préféré est comme un meilleur ami qui évoluerait au fil de son âge et du nôtre. On le redécouvre à chaque visionnage mais jamais la scène attendue ou comme on le croyait. Au bout de plusieurs années, on remarque encore un détail oublié ou carrément ignoré, et c’est reparti comme aux plus jours de sa jeunesse…

Et vous, quel est votre film préféré ? 



jeudi 24 janvier 2013

Une Bonne Pipe


Le peintre avait travaillé avec ardeur, le tableau paraissant fini si vite que le modèle semblait perdu, désarçonné, haut perché sur son tabouret qui semblait le chatouiller tant il se trémoussait en regardant vers la fenêtre.

Le temps était au sec et promettait une belle après-midi qui ensoleillerait l’atelier. Pourtant l’artiste avait presque fini son œuvre et se demandait ce qu’il ferait ensuite. L’odeur de térébenthine embaumait la pièce avec délice et pénétrait chaque interstice de bois comme une amie.

L’ombrelle posée sur le radiateur se payait une glace à la vanille et la fille s’impatientait du temps de latence assez long qu’avait pris l’artiste. Elle pensait à quelque chose comme un thé ou une friandise et elle lui posa une question, franche, directe.

La fumée commençait à se répandre comme une insinuation et le peintre  demanda :

« Ce que je voudrais ? »


vendredi 11 janvier 2013

Un Peu d'Amour de Chloë



Je vous en mets combien ?

Je ne sais pas moi. Une tranche ou deux.

Ca dépend. Vous voulez en faire quoi ?

Je voulais en faire un tableau…

Quoi ? Ca va pas la tête, vous. Ca tourne pas rond chez vous !

Alors ? Je fais ce que je veux, c’est mon amour.

Comme vous voulez, c’est monsieur qui choisit. Alors ?

Une tranche.

Faudrait savoir…

Deux alors.

On n’est pas arrivé…

C’est vous aussi…Une, deux, sais plus moi.

Moi, à votre place…

Ah non, c’est moi qui choisit.
Une tranche. Comme ça au moins, ce sera pas symétrique…

Bon…

Qu’est-ce que vous faites ?

Bin, je vais trancher ?

Alors, on dit trancher, il tranche…

Chloë, relève-toi.

Pas trop tôt, je commençais à rouiller…

Quelle idée aussi, s’étaler comme ça devant les gens…

Faudrait savoir. Se coucher c’est rarement à la verticale.

Je me comprenais…

Le monsieur n’a pas compris non plus.

Oh, j’ai vu pour les tranches…

Tu voulais quoi ?

Un peu d’Amour…



samedi 5 janvier 2013

Les Révoltés du Bounty


Le Lieutenant Fletcher Christian prit le fouet et recommença ses sommations. Il ne pouvait laisser le Capitaine Bligh agir à nouveau de la sorte sous peine de voir son autorité fraîchement établie de voler en éclats.

Le fouet claqua à nouveau et un soubresaut vint cabrer Bligh pour la seconde fois.  D’un revers de manche, il s’essuya un peu de sang et releva le menton qu’il avait en galoche.  Sa mine renfrognée, ses dents serrées et son œil mauvais, tout rappelait le Capitaine Bligh qu’il avait été et qu’il serait encore.

Christian proposa d’ouvrir le coffre avant que les officiers rappliquent et un sourire entendu partagea la complicité qu’il avait avec Mitchell. Les deux hommes se souvenaient d’aventures lointaines et ils en riaient encore. Bligh toussa pour attirer l’attention vers lui mais une manchette décochée en revers mis fin à l’épisode.

Mitchell ouvrit le coffre et aperçut le précieux butin. Christian souriait de toutes ses dents, et se résolut à croquer dedans...

« C’est vraiment les meilleurs ! »



*

Les Révoltés du Bounty est un film de 1962, de Lewis Milestone, où Marlon Brando et Trevor Howard jouent dans les rôles principaux.
Ce film rappelle le nom d’une barre de chocolat glacé J



mercredi 2 janvier 2013

L’Égal de Tarantino


La chevelure brune posée sur son épaule ajoutait à son sourire suave. Un air détaché, qu’elle tenait d’un cousin gangster, n’attendait que la lueur d’une  quenotte naissante.

Elle se laissa aller contre le piano, contre lequel elle se tenait, et partit un long moment. Le rêve était doux et il y flottait un air de revenez-y. Une pensée de gâteau au miel lui parvint jusqu’’aux narines et elle trouva ça exquis. Elle essaya d’oublier le Caballero derrière elle mais rien n’y pu.

Un long moment s’écoula jusqu’au signal et elle pu enfin se décider. Sa fesse tremblota pour montrer qu’elle était prête et elle esquissa un hochement approbateur…


(Extrait)


   Quentin Tarantino et Vanessa Ferlito...