dimanche 24 mai 2020

Karin Redinger ♫♪♪


Ce sont les doigts de fée d’un jeune Capitaine qui tapaient encore aujourd’hui les souvenirs de ce voyage à Paris. Le portable brûlant réchauffait le bois de la goélette, les cordes sentaient encore cette attache et les images de cette jeune femme au visage si doux.

L’été avait donné rendez-vous à l’amour et passé quelques jours sur un canal faisant de l’accostage d’agrément vers la capitale. Aléa de croisière ralliant ce grand jour vers son mari, Karin avait intercepté l’œil galant de ce jeune homme au tricorne, capturant son attention comme on appâte un chasseur de trésor.

Il l’avait rejoint pour un prétexte futile dans sa cabine, une concoction de café  local fait spécialement pars le chef de bord, et ils avaient pu savourer plusieurs jours de goûteurs enfantine, sans autre souci que de s’aimer abondamment.

Une grande étape vers une autre vie qui les séparerait pour toujours. Karin penchait sa tête comme pour se caresser, frissonnant de son effronterie d’enterrement de vie de jeune fille. Son regard coquin profitait une dernière fois de ces moments, les gravant pour toujours et se promettant d’envoyer des fleurs à ce jeune Capitaine au sabre vaillant, et à la barbe si douce…

Karin Redinger ♥... 

Jack Rackham

Photo : Catherine Deneuve.
 

Jolies jeunes mariées
Lune de miel à peine commencée

Méfiez-vous des voyageurs
Voyez Karin Redinger


Karin Redinger
J'ai reçu votre lettre à fleurs
Vous devez être endormie
Rêveuse de choses qui sont loin
De moi peut-être alors c'est pas bien

Karin Redinger
Y' a un morceau caché d' mon cœur
Qui est resté quelque part
Sur un bateau vapeur
Vous étiez mariée depuis deux heures
Vous laissiez le vent
Montrer vos jambes en douceur
Et vous m'aviez remarqué
Parmi les voyageurs

Karin Redinger
Arrêtez d' m'envoyer des fleurs
J'ai une femme à Paris
Et vous un gentil mari
Cessons-là cette musicale comédie
Votre lune de miel au fil de l'eau
Vous veniez 1' matin très tôt et vive l'amour en bateau
Endormi le petit mari sur 1' Mississippi
Vous étiez quand même un peu gonflée
De m'apporter mon café

Karin Redinger
Veuillez oublier ce steamer
Cette petite plaisanterie
M'a fait pleurer dans mon lit
Heureusement pas trop longtemps ah ah

Karin Redinger
Ne venez pas voir le Sacré-Cœur

Laissez Paris tranquille
Vous êtes dangereuse dans cette ville
Un Français c'est souvent sentimental
Vous laissiez le vent montrer vos jambes en douceur
Et vous m'aviez remarqué parmi les voyageurs

Karin Redinger
Arrêtez d' m'envoyer des fleurs
Dix jours en bateau fou
Souvenirs rendez-vous
C'est fini love from me to you

Karin Redinger
Y' a déjà quelqu'un dans mon cœur
Cette petite plaisanterie m'a fait pleurer dans mon lit
Cessons-là cette musicale comédie (ter)
Joke

(Laurent Voulzy)

samedi 16 mai 2020

Mademoiselle Boulangère


Le Ding-dong de la clochette du magasin annonçait à chaque fois la visite d’un nouveau client et malgré la fin du confinement obligatoire des dernières semaines, la clientèle respectait le périmètre de sécurité en attendant que le précédent visiteur soit sorti pour rentrer à son tour.

La boulangerie avait servi de point d’ancrage de la vie d’avant, comme le lien entre les voisins du quartier et même les « étrangers » venaient de loin, dans la mesure du kilomètre autorisé, qui avait pris de la longueur.  

Une belle femme brune derrière le comptoir servait avec un sourire qu’on devinait, les baguettes et les viennoiseries à longueur des heures d’ouvertures autorisées, arborant un masque qui ajoutait à son mystère et qui laissait tout deviner. La chaleur des fours dans la pièce d’à-côté la faisait transpirer et la robe décolletée sous la moiteur qu’elle portait, laissait voir quelque peau et commissures à la sensualité évidente.

Quelquefois, elle faisait glisser un moment sur son cou le bec blanc qui la défigurait et le temps d’un souffle pour elle et son visiteur, elle regardait le plafond d’un œil malicieux et la main sur la hanche, laissant voir à son interlocuteur les formes et les méandres de sa féminité.

« Je ne sais pas pourquoi il n’y a que des hommes qui viennent me voir. La recette de ma pâte à pain, peut-être. » Souriant en le disant, comme si elle connaissait le secret de son succès, accentuant alors son accent italien à qui elle prêtait sa séduction.

Elle se tournait alors, remettant son masque, vers les étagères et pliant une de ses jambes comme elle savait le faire, se laissait voir comme un magazine pour le plus grand plaisir de ses clients habituels…

Ding-Dong, Ding-Dong ♫♪♪


Ses mains étaient fines et blanches, avec de grands doigts élancés, saupoudrés de farine. Elle s’appelait Francine ou Blanche mais tout le monde l’appelait Mademoiselle Boulangère…


Jack Rackham

(Photo : Sophia Loren ♥)

jeudi 7 mai 2020

Angie


Ses grands yeux écartés reluquaient vers moi avec l’étonnement d’un crapaud curieux. Son doux visage parsemé de grains de beauté sauvage questionnait mon cœur et mon âme mais sa bouche me rappelait ses doux baisers.

Je posais quelques mèches blondes d’une perruque volée le long de ses épaules et ça lui allait drôlement bien, un peu comme l’amante du Capitaine en tenue du dimanche, à la peau sucrée et parsemée de raisins secs goûteux.

Je prends ses hanches dans mes mains puis descend le long de ses cuisses. Elle frissonne de plaisir, son duvet est sensible et la rondeur de son ventre raconte des souvenirs.

Je fredonne quelques notes, quelques mots et ça fait une chanson. Sa chanson…
Angie ♫♪♪♪♪


  
Jack Rackham ♥ 


Angie, Angie
When will those dark clouds all disappear
Angie, Angie
Where will it lead us from here
With no lovin' in our souls
And no money in our coats
You can't say we're satisfied
Angie, Angie
You can't say we never tried
Angie, you're beautiful
But ain't it time we say goodbye
Angie, I still love you
Remember all those nights we cried
All the dreams were held so close
Seemed to all go up in smoke
Let me whisper in your ear
Angie, Angie
Where will it lead us from here
Oh, Angie, don't you wish
Oh your kisses still taste sweet
I hate that sadness in your eyes
But Angie
Angie
Ain't it time we said goodbye
With no lovin' in our

By The Rolling Stones