vendredi 26 janvier 2024

Regain again


 Ils sont là presque pliés en deux, priant pour la prospérité de leur semence, pour la protection de leur récolte à venir contre le gel et tous les éléments qui pourraient contrarier leur dessein. Celui du Bon Dieu aussi, à travers ses serviteurs. Ils savent pourtant que l’entreprise est périlleuse, que chaque année et saison demande bonne chance et hasard du temps. Les oiseaux aussi, les voleurs de récolte, les passants, tout peut réduire à néant ce tavail de Titan.

Ils se sont rencontrés par hasard, unissant un jour leur regard et leurs efforts. Ils se croyaient seuls au monde à vivre leur vie et leurs soucis. L’Amour était là pourtant, prêt à surgir de la terre et de leur sang. Cela rappelle une belle histoire, une de celles qu’il y a dans les films. Ceux aux images incertaines qui datent de la nuit des temps…

« Il était une fois un petit village, un de ceux dont on aurait pu oublier le nom. La vie s’y était réduite à sa plus simple expression, ne laissant entre ses ruines que trois spécimens de l’humanité : Un vieux forgeron, une mamée veuve et un chasseur.

Le forgeron, déjà à la retraite, devait bien se résoudre à rejoindre la maison de son fils et sa belle-fille, n’étant plus capable de rester seul et de s’occuper de lui-même. Le chasseur l’aide à porter sa dernière charrue, mais la mamée se met en colère, et va dans la plaine se mettre en quête d’une femme pour le chasseur, encore jeune et gaillard. Elle s’imagine que si le chasseur prend une femme, le village pourra repartir et renaitre de ses cendres…

Un peu plus loin dans la campagne environnante, un rémouleur itinérant discute avec un garde-champêtre au sujet d’une fille de troupe de théâtre, abandonnée par son amoureux et patron, et livrée par son chagrin à une bande de charbonniers sans scrupule. Imaginant le pire, le rémouleur la prend en charge, faisant d’elle néanmoins son larbin jusqu’à rejoindre les abords du petit village, guidés un peu par la magie de la vieille mamée, opiniâtre. Le chasseur est là qui se baigne...Les deux commencent à se plaire et la fille décide de fausser compagnie au rémouleur manipulateur.

Cachée chez le chasseur, la fille rêve alors d’une autre vie où elle retrouverait du respect, pendant que le nouvel amoureux s’en va emprunter du grain et une charrue, pour essayer de cultiver la terre de son village. Il ramène aussi deux grosses miches de bon pain à sa nouvelle bien-aimée, lui arrachant des larmes et symbolisant aussi par le pain, l’idée d’une protection divine.

Mais l’eau fraîche et le pain ne font pas tout et après avoir produit les premiers sacs de grains vendus bon prix au grand marché du coin, et éjecté de leur vie le rémouleur cupide et stupide, les deux amoureux reprennent ensemble le cours de leur nouvelle vie dans ce village renaissant, se préparant même à accueillir un nouveau venu. C’est la vie qui continue… "

 ♥

Jack Rackham.

*

Illustrant parfaitement l’utilité de la vie paysanne, et donnant écho aux manifestations actuelles contestant les taxes et obligations de normes empêchant la prospérité de la vie agricole française, REGAIN (Pagnol d’après Giono, 1937) est un des plus beaux films du Cinéma français sur le sujet.

Couv : L’Angelus, de J.F. Millet.


Vidéo : Regain (1937 Pagnol) fin du film, sans les dialogues.

samedi 20 janvier 2024

Le Sourire de Julia Simon

 


Perché tout en haut du grand mât de ma goélette, j’œillette de ma lorgnette au plus loin vers des monts enneigés où se pratiquent des sports inattendus, tels que le ski de fond ou le curling, voire même le lancer du camembert à la fourchette vers de grandes patinoires interminables. Il existe aussi d’autres sports tout aussi surprenants pratiqués par des champions ou des championnes, dont l’un est une spécialité olympique française : Le Biathlon.

Presque balayé de mon perchoir par un grand vent glacial, je réajustais mon tricorne et mon œilleton pour assister alors de visu à l’avènement d’une moussaillonne plantée sur skis et tirant sur cible faisant mouche, remportant le plus beau des trophées possibles pour les pratiquants des plaines et collines glacées, intitulé « gros Globe de Cristal du biathlon! ». Authentique !

La sacripande avait surfé toute l’année sportive avec sa carabine pour marquer le plus de points possibles pour emporter la mise et le titre, rejoignant au palmarès les plus grandes moussaillonnes de la spécialité.

Etant encore vivantes, les Magdalena Forsberg, Neuner, Mäkäräinen, Tora Berger, Dorothéa Wierer ou Marte Olsbu Roeiseland ne s’étaient pas retournées dans leurs tombes mais pas loin.

La petite Julia Simon, puisque c’est son nom, ouvrait grands ses yeux clairs ne les croyants même pas, mais le beau trophée était planté là devant elle, clignant aux crépitements des flashes des photographes. Sa peau avait l’air douce et son sourire suave, et sa voix chaleureuse donnait envie de l’inviter sur le pont du navire pour partager le verre de l’amitié.

« Et même plus ! » avait lancé Bosco sous le coup de l’émotion.

« Je parlais d’une partie de cartes, rajouta-t-il, ou d’une promenade sur le pont. Pas de partager une tarte aux fraises, sauf si bien sûr... »

Jack Rackham ^^

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La française Julia Simon a été sacrée meilleure biathlète mondiale 2023, pour avoir remporté le gros Globe de Cristal de la discipline, remportant aussi les petits globes de la Poursuite et de la Mass-start. Née en 1996, sa progression est régulière et qui sait si elle ne va pas en engranger plein d’autres, bien entourée de ses copines Justine, Lou, Sophie, Gilonne et Jeanne…