dimanche 24 mars 2024

Un Colosse qui rôde

 


Allongée dans un grand lit de draps mauves surplombé de baldaquins éparpillés aux motifs identiques néanmoins,  je me prélassais les yeux fermés bercée encore des belles histoires d’hommes et de Dieux racontées par mon bel ami pirate, le sieur Jack Rackham. Le sacripant avait éveillé en moi des désirs inconnus, voire inassouvis, provoquant des tremblements et des gestes compulsifs dans tout mon corps.

Je fermais plus fort les yeux encore pour ressusciter en moi cette histoire de géant extraordinaire, m’imaginant en sa présence et m’autorisant les choses les plus folles…

Cette statue avait été érigée en hommage à Hélios, Dieu du Soleil, suite à un siège de Rhodes par  les légions de Démétrius 1er, vers 305 avant JC. Plantée devant la ville d’une hauteur de plus de 30 mètres, elle symbolisait la résistance des Rhodiens incitant tout envahisseur à ne pas recommencer. Le bronze avait été coulé vers 292 avant JC, initié par Charles de Lindos, ingénieur bâtisseur.


Emoustillée par ce colosse impressionnant, il me prit l’envie de lancer un sortilège pour agrémenter un peu la soirée de ma condition de sorcière et femme mature célibataire.

J’avais la peau encore douce, les seins bien galbés et tout ce qu’il fallait pour séduire un grand bellâtre planté là depuis longtemps et désirant de la compagnie. Mes doigts glissèrent alors de mes pâtes d’oie pleines de charme aux feuilles magiques de mon grimoire. Un grand éclair blanc zébra le ciel puis le sol sembla vibrer, comme animé d’un nouvel arrivant de plusieurs tonnes…

Je sortis me rendre compte par moi-même du maléfice accompli puis je vis la statue géante plantée au dessus de moi, dont le pagne ne recouvrait pas vraiment les attributs.

Je dus lui faire de l’effet, car il me rappela soudain un vieil ami pompier doté d’une belle lance à incendie. Ni une, ni deux, d’un claquement de doigts je modifiais le sortilège pour rendre le loustic à mes humaines proportions puis je me lançais à l’assaut de la sixième merveille du monde, prêt à combler toute l’étendue et la profondeur de ma féminité…


Pour Jack Rackham, Claudia l’ensorceleuse ♥

Ci-joint, affiche du film de Sergio Léone (1961) Le Colosse de Rhodes.



mardi 27 février 2024

Le Plan du Trésor

Quelquefois, entre deux rêveries ou autres douceurs littéraires ou culinaires, je reviens à mes premières amours, celles où ma prime jeunesse côtoyait les murs de la Veuve Sanders. S’y trouvaient aussi ses nièces dont l’inoubliable Katia, au coup de pédale aérodynamique et puissant, qui avait laissé une image indélébile dans ma mémoire.

Fermant les yeux, je revoyais comme dans un film (le cinématographe sera inventé un siècle plus tard mais je me comprends) ces cavalcades à vélo à travers l’île du Crâne, menant à cette cabane secrète où nous jouions à toutes sortes de jeux. Les fesses encore marquées par son porte-bagage, je frottais mes yeux éblouis aussi par sa croupe en action puis nous commencions à nous amuser.

Cette fois-là, je m’étais déguisé au point de devenir méconnaissable, portant binocles et perruque frisée, me faisant une moustache au noir de bouchon, enfilant une veste de costume avec un faux-col de soirée. J’enfilais pour finir un grand short rayé avec chaussures noires cirées et guêtres, avant d’entamer un gros travail de peinture, reproduisant la carte au trésor de Barbe-noire le pirate, une vieille connaissance dont je lisais les aventures dans la presse. 

Une fois la peinture sèche, nous pouvions jouer :

Je commençais à la peloter aux endroits indiqués par le plan, arrivant par la mer puis creusant en divers endroits, fausses pistes et pièges compris. C’était bon de jouer avec Katia, sensible et frissonnant pour un rien. Elle se prêtait au jeu comme une poupée vivante, la touchant ça et là pour finir par la découverte du Trésor, moment où je creusais de mes doigts le bouquet final !

Epuisée par le jeu mais heureuse, elle finissait toujours par dire :

La prochaine fois, c’est toi qui feras le Trésor !

 

Mais bien sûr, chère Katia, je serais toujours ton trésor…


Jack Rackham

PS : Si quelqu’un veut jouer à l’Île au Trésor…hum ? ^^

LÎle au Trésor - texte original


vendredi 26 janvier 2024

Regain again


 Ils sont là presque pliés en deux, priant pour la prospérité de leur semence, pour la protection de leur récolte à venir contre le gel et tous les éléments qui pourraient contrarier leur dessein. Celui du Bon Dieu aussi, à travers ses serviteurs. Ils savent pourtant que l’entreprise est périlleuse, que chaque année et saison demande bonne chance et hasard du temps. Les oiseaux aussi, les voleurs de récolte, les passants, tout peut réduire à néant ce tavail de Titan.

Ils se sont rencontrés par hasard, unissant un jour leur regard et leurs efforts. Ils se croyaient seuls au monde à vivre leur vie et leurs soucis. L’Amour était là pourtant, prêt à surgir de la terre et de leur sang. Cela rappelle une belle histoire, une de celles qu’il y a dans les films. Ceux aux images incertaines qui datent de la nuit des temps…

« Il était une fois un petit village, un de ceux dont on aurait pu oublier le nom. La vie s’y était réduite à sa plus simple expression, ne laissant entre ses ruines que trois spécimens de l’humanité : Un vieux forgeron, une mamée veuve et un chasseur.

Le forgeron, déjà à la retraite, devait bien se résoudre à rejoindre la maison de son fils et sa belle-fille, n’étant plus capable de rester seul et de s’occuper de lui-même. Le chasseur l’aide à porter sa dernière charrue, mais la mamée se met en colère, et va dans la plaine se mettre en quête d’une femme pour le chasseur, encore jeune et gaillard. Elle s’imagine que si le chasseur prend une femme, le village pourra repartir et renaitre de ses cendres…

Un peu plus loin dans la campagne environnante, un rémouleur itinérant discute avec un garde-champêtre au sujet d’une fille de troupe de théâtre, abandonnée par son amoureux et patron, et livrée par son chagrin à une bande de charbonniers sans scrupule. Imaginant le pire, le rémouleur la prend en charge, faisant d’elle néanmoins son larbin jusqu’à rejoindre les abords du petit village, guidés un peu par la magie de la vieille mamée, opiniâtre. Le chasseur est là qui se baigne...Les deux commencent à se plaire et la fille décide de fausser compagnie au rémouleur manipulateur.

Cachée chez le chasseur, la fille rêve alors d’une autre vie où elle retrouverait du respect, pendant que le nouvel amoureux s’en va emprunter du grain et une charrue, pour essayer de cultiver la terre de son village. Il ramène aussi deux grosses miches de bon pain à sa nouvelle bien-aimée, lui arrachant des larmes et symbolisant aussi par le pain, l’idée d’une protection divine.

Mais l’eau fraîche et le pain ne font pas tout et après avoir produit les premiers sacs de grains vendus bon prix au grand marché du coin, et éjecté de leur vie le rémouleur cupide et stupide, les deux amoureux reprennent ensemble le cours de leur nouvelle vie dans ce village renaissant, se préparant même à accueillir un nouveau venu. C’est la vie qui continue… "

 ♥

Jack Rackham.

*

Illustrant parfaitement l’utilité de la vie paysanne, et donnant écho aux manifestations actuelles contestant les taxes et obligations de normes empêchant la prospérité de la vie agricole française, REGAIN (Pagnol d’après Giono, 1937) est un des plus beaux films du Cinéma français sur le sujet.

Couv : L’Angelus, de J.F. Millet.


Vidéo : Regain (1937 Pagnol) fin du film, sans les dialogues.

samedi 20 janvier 2024

Le Sourire de Julia Simon

 


Perché tout en haut du grand mât de ma goélette, j’œillette de ma lorgnette au plus loin vers des monts enneigés où se pratiquent des sports inattendus, tels que le ski de fond ou le curling, voire même le lancer du camembert à la fourchette vers de grandes patinoires interminables. Il existe aussi d’autres sports tout aussi surprenants pratiqués par des champions ou des championnes, dont l’un est une spécialité olympique française : Le Biathlon.

Presque balayé de mon perchoir par un grand vent glacial, je réajustais mon tricorne et mon œilleton pour assister alors de visu à l’avènement d’une moussaillonne plantée sur skis et tirant sur cible faisant mouche, remportant le plus beau des trophées possibles pour les pratiquants des plaines et collines glacées, intitulé « gros Globe de Cristal du biathlon! ». Authentique !

La sacripande avait surfé toute l’année sportive avec sa carabine pour marquer le plus de points possibles pour emporter la mise et le titre, rejoignant au palmarès les plus grandes moussaillonnes de la spécialité.

Etant encore vivantes, les Magdalena Forsberg, Neuner, Mäkäräinen, Tora Berger, Dorothéa Wierer ou Marte Olsbu Roeiseland ne s’étaient pas retournées dans leurs tombes mais pas loin.

La petite Julia Simon, puisque c’est son nom, ouvrait grands ses yeux clairs ne les croyants même pas, mais le beau trophée était planté là devant elle, clignant aux crépitements des flashes des photographes. Sa peau avait l’air douce et son sourire suave, et sa voix chaleureuse donnait envie de l’inviter sur le pont du navire pour partager le verre de l’amitié.

« Et même plus ! » avait lancé Bosco sous le coup de l’émotion.

« Je parlais d’une partie de cartes, rajouta-t-il, ou d’une promenade sur le pont. Pas de partager une tarte aux fraises, sauf si bien sûr... »

Jack Rackham ^^

*



La française Julia Simon a été sacrée meilleure biathlète mondiale 2023, pour avoir remporté le gros Globe de Cristal de la discipline, remportant aussi les petits globes de la Poursuite et de la Mass-start. Née en 1996, sa progression est régulière et qui sait si elle ne va pas en engranger plein d’autres, bien entourée de ses copines Justine, Lou, Sophie, Gilonne et Jeanne…