dimanche 26 septembre 2010

Ladycologue

J’ai parcouru des milliers de miles, par delà les mers et même les terres. Les vents ont tant frotté mon visage que je l’entends encore souffler, même quand ma porte est close et que la mer est d’huile. Mon tricorne se repose aujourd’hui de tant de va-et-vient que toiser un palmier armé de bananes mûres lui paraîtrait un combat trop fatiguant. Je n’ai pourtant point usé à ce point mes désirs et mes rêves que j’ai encore envie de voyager, de conquérir.  D’autres territoires me font encore vibrer et mon sabre n’attend qu’un signe pour se dresser  tel un phare rasant la mer pour appeler des sirènes…

A présent, mes voyages se font de mon hamac, dans mes rêves, ou dans ma cabine de Capitaine, par le biais d’une carte ou d’un globe tournoyant sur lui-même et s’arrêtant au hasard d’un pays. J’aime dérouler ces chemins de hasard, que je cale avec de vieux livres ou ma lorgnette.

Je laisse glisser mon doigt sur une carte, parcourant ces contrées où j’avais un flirt, un amour, une maitresse, caressant l’espoir de les revoir à nouveau…Qui sait si elles se souviennent de ces moments d’amour aux salives gourmandes, se régalant de nos atours comme des chiens aux gueules haletantes.

J’imagine ces parcours de ma vie où je gambadais sur ces rondeurs granulées et salines. J’hume encore ces fesses et ces toisons, fermant les yeux pour mieux ressentir leurs fumets et leurs formes. Mes doigts sentent encore leurs contours, si bien que je pourrais les dessiner…

Je prends mon crayon et mes plumes puis je trace la carte de mon cœur comme sur une femme accroupie. Où je marque les grands crus de ma vie, comme des capitales de souvenirs, des points d’orgues d’émotion. Je me remémore mes Ladies, de Madeleine à Katia, de Sara à Rita, en passant par  Clochette et Dana, jusqu’à Cameron et Josépha…

Quelquefois, j’oublie que je suis pirate et je contemple mon pays imaginaire…



Jack Rackham, ladycologue.

mercredi 22 septembre 2010

Un mot d'Elles

Quand le vent vient frapper les voiles de ma goélette, que le gouvernail  baigne dans les eaux fraîches du lagon de l’île du Crâne et que l’ancre s’accroche bien au fond,  aidée par les algues et les coraux, je me cale dans mes cordes pour faire le tour de mes bloggeuses et ma souris chauffe sous des cliquetis de bonheur pour tourner les pages de leurs écrits.

Oui, je ne sais pourquoi, mes visiteurs ne sont que des visiteuses, mes écrivains des écrivaines…Même si je sais au fond que c’était inéluctable, les femmes étant moins orgueilleuses, plus artistes et créatrices, curieuses et aimant voyager sur ces flux internet, cherchant à nourrir leur imaginaire ou trouver des âmes sœurs, qui sait ?

 Bien sûr, on me trouvera toujours des ronchonnes, des sauvages, des antipathiques, des misandres, voire des misanthropes ou carrément des associables, mais celles-ci ont passé leur chemin, ou moi-même j’ai levé le nez au ciel pour voir ailleurs si j’y étais. On récolte toujours ce qu’on sème ou ceux qu’on s’aime…

J’ai mis une longue liste de blogs dans ma blog-liste et j’attends que l’un d’entre eux vienne se mettre en tête pour annoncer une nouveauté. Un nouveau texte ou un nouvel article, c’est toujours une joie, un plaisir de la découverte, un cadeau. Le plaisir qu’un de mes commentaires viendra peut-être ponctuer après la lecture, comme une évidence ou un retour à l’ascenseur. Quelquefois, on ne sait quoi dire, ou on est déçu, ou on n’a pas d’avis…Alors on passe son chemin, car déjà un nouveau texte à lire sonne à notre œil en haut de la liste !

Moi j’aime les textes de fiction, ces histoires dont on ne cerne la limite entre l’invention et le réel, où l’écrivaine surfe entre les méandres de son imaginaire et les turpitudes de sa vie. Le sens des mots fera la différence et quelquefois, j’ai vraiment senti quelque chose, comme un talent fou…

De mon côté, je publie de temps en temps, et j’ai plein de textes en souffrance, que je terminerais peut-être un jour. Quand l’un d’eux vient à maturité, je le poste, choisissant images ou illustration. Et j’attends, à mon tour…

…un mot d’elles !


A vous toutes, merci !

Besos,
Jack Rackham.

dimanche 19 septembre 2010

Le Maître du Temps

Au pays des Contes et des Rêves, je suis un autre Capitaine. J’ai changé mon tricorne contre une paire de grandes oreilles, j’ai l’œil et le museau rose et je passe mon temps à courir muni d’une montre à gousset en or.

Bosco fait à peine attention à moi quand je déboule les escaliers vers mon bureau. Ce qui m’arrange car j’ai trouvé le moyen de rattraper mon temps perdu : Le ralentir !

Je sors le grand pendule à réactions que j’ai caché dans mon armoire et fait les incantations magiques appropriées, bien aidé par le dernier numéro de « Time and Sorcery » sur le temps, ses rouages et sa machinerie. Je prépare aussi du thé, car il est bientôt Cinq heures.

Clés en main, je prépare ma pendule du temps et transforme les heures en minutes, les minutes en secondes et les secondes en dixièmes… Mon horloge biologique est prête, je vais pouvoir vivre à mon rythme et sans prendre mon temps, ne plus le perdre !

Clic ! Voilà…

Ma vie a changé. Je ne suis plus en retard et j’ai le temps de tout faire. Chaque heure est bien remplie et j’ai même du temps libre à la fin de ma journée. Bien sûr, je ne vois plus Tim, ni Katia, ni personne. J’ai l’impression qu’ils sont au ralenti et je leur passe sous le nez comme un super-héros des Comics.

On ne vit plus en même temps…

Alors, je décide de transformer ma machine du temps, et je remets les secondes, les minutes, les heures de mon temps d’origine. Fou de joie, je monte sur le pont et revois Bosco, Tim, et tous les autres. Mais ils ont mauvaises mines et lèvent le nez vers le ciel, grondant.

Je croise même Alice qui court vers son destin.

«  Quel mauvais temps. » dit-elle.

Jamais contents !


Jack " White Rabbit" Rackham. 


* * * 

Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (Alice's Adventures in Wonderland), fréquemment abrégé en Alice au pays des merveilles, est une œuvre de littérature enfantine écrite par Charles Lutwidge Dodgson, sous le pseudonyme de Lewis Carroll. Le livre foisonne d'allusions satiriques aux amis de l'écrivain et aux leçons que les écoliers britanniques devaient mémoriser à l'époque. Le pays des merveilles, tel qu'il est décrit dans le conte, joue sans cesse avec la logique.


Le livre a connu une suite intitulée De l'autre côté du miroir. Les adaptations cinématographiques combinent souvent des éléments des deux livres. ( Wikipédia )


Walt Disney a produit un dessin animé du même nom en 1951. Et Tim Burton un film en 2009.

mercredi 15 septembre 2010

Pulp and Fiction

Par la magie de mon hamac spatio-temporel, je me retrouvais une fois de plus projeté dans le XXème siècle où les seules mouettes que nous pouvions apercevoir, se trouvaient dans des endroits clos pleins de lumières blanches ou noires. Des musiques lancinantes empreignaient les indigènes locaux de sensations animales qu’ils extériorisaient en se trémoussant sur des scènes de spectacle. Tout le monde pouvait ainsi profiter de leurs déhanchements, et je ne m’en privais pas non plus…

J’avais rangé tricorne et bottes de pirate, pour laisser place à un habit plus moderne, sorte de complet noir en tissus synthétique avec  une petite cravate de cuir qui donnait à l’ensemble un chic fou.

Je n’avais pas remarqué la fille tout de suite mais sa coupe carrée noire m’avait plu au second abord. Elle avait franchement une bonne taille pour une fille, et ses hanches galbées par son futal en cuir tendu, lui donnait un air attirant, validé par mon sabre émoustillé que j’avais du mal à cacher sous ma veste.

Quelqu’un nous donna le signal de départ et nous nous jetâmes sur la piste comme des morts de faim. Elle bougeait son cul avec grâce et je lui rendais bien en me trémoussant du mieux que je pus pour lui donner des idées de mon swing à pistons. Fascinés l’un par l’autre, nous ne nous quittions pas des yeux, suivant l’air du morceau et se zyeutant de haut en bas comme pour regarder le menu de nos corps, que nous commencions à avoir envie de goûter.

Nos mains zébraient parfois nos visages, nos pointes de pieds rythmaient nos pas de chats, et nous nous frôlions pour mieux se reculer puis se rapprocher encore. Le jeu de cette danse nous plaisait et nous partagions des sourires comme des promesses de halètements et de coïts.

 Je ne pensais plus qu’à cette grande brune qui se démenait devant moi et j’aimais cet air arrogant qu’elle prenait en voltigeant, mimant l’absence d’effort et ignorant parfaitement le public béat  et excité. Le désir montait aussi en moi comme un serpent qui avait avalé un balai et je commençais à regarder son cou, ayant comme une envie terrible de toucher sa peau chaude et granulée.

Quelques pas de danse et nous pouvions nous observer à distance. Nous faisions un beau couple et j’imaginais notre accouplement dans la chaleur de la nuit, sa croupe dans mes deux mains et ses cheveux dans son dos, quelques cris de panthère pour donner le signal de départ, lui caressant la nuque et le visage pendant qu’elle essayait de manger mes doigts…

Je me collais à elle vers la fin de la danse, et on sentait bien nos affinités profondes grimper à travers nos pantalons, nos mains se palpant et nos joues se sniffant. On décidait alors d’aller au comptoir pour faire mieux connaissance et perchée sur un haut tabouret, elle commençait à siroter un coca.  Et en tirant sur une paille multicolore, de ses lèvres pulpeuses, elle croisait ses jambes avec application...

De mon côté, je prenais une coupe de glace pistache-melon-banane pour y fourrer une langue de pirate dont j’avais le secret. Elle me regardait, incrédule.

-          - Je dois rentrer, tu m’accompagnes. Me dit-elle, en écarquillant les yeux.
-          - Si tu veux, je comptais partir de toute façon. Répondis-je.

La nuit était tranquille et nous marchions bras-dessus bras dessous sur le bitume de l’avenue qui menait à son appart. Nous nous regardions dans les yeux de temps en temps pour tester notre envie qui augmentait de seconde en seconde. Les lampadaires nous éblouissaient sur notre passage et soudain…

Les yeux exorbités, je reconnus le « Croui croui » de mon hamac et compris que ce foutu espace-temps imaginaire venait de foirer.

La lune était haute et pleine au dessus du Poséïdon, et un « Putain ! » magistral se fit entendre au milieu de la majesté de la nuit…


Jack Rackham. Snirfl… :(

PS : Il devait être sur une autre planète depuis 16 ans celui qui ne connait « Pulp fiction », ce film de Quentin Tarantino, avec Bruce Willis, John Travolta, Samuel L. Jackson et Uma Thurman, sorti en 1994. Il fut même Palme d’Or au Festival de Cannes la même année. Non mais…

mercredi 8 septembre 2010

La Femme invisible


Elle est là depuis un moment et elle sirote un cocktail aux fruits. Sa bouche aspire par petites succions le breuvage frais et ses yeux parcourent le plafond en tournant comme des billes. Rien ne l’a arrêté particulièrement et son regard redescend vers le comptoir où des hommes rient à se tordre la mâchoire.

Ses jambes croisées sous sa jupe semblent sages comme des images, et le parfum qu’elle dégage lui confère une stature d’ange posé sur un trône à accoudoirs. Elle repose son verre à moitié vide lui promettant un retour rapide, et elle se rehausse les cheveux permanentés en faisant la moue.

Les hommes ivres se mêlent aux filles faciles et leurs mains les tripotent comme des fruits sur l’étal. La femme regarde ce tableau de ripaille et un sourire esquisse comme une approbation. Elle soupire du temps qui passe et voit arriver d’autres matous, d’autres mâles qui cherchent des proies à consommer. Leurs regards passent au dessus d’elle comme des phares de prison. Elle échappe aux attentions comme aux bonsoirs et elle s’impatiente de rencontrer quelqu’un qui s’intéresse à elle. Pourtant elle est jolie et porte bien la robe. Sa démarche est plaisante et ses atours féminins. Mais non…

Elle imagine un homme qui l’aborde et lui propose un verre. Il lui ferait la conversation avant de rire ensemble. Ils sortiraient pour prendre l’air et ils se laisseraient aller. Elle ne serait pas très farouche et sa bouche apprécierait ses baisers fougueux. Elle consentirait aussi aux bouchées goulues et aux succions défendues. Pour finir, elle sentirait une main sur sa tête en prisonnière consentante et elle s’abreuverait d’élixir magique et velouté.

Son esprit redescend dans l’étuve. Elle tourne la tête à droite et à gauche, comme si elle attendait quelqu’un mais personne ne vient à sa rencontre. Pourtant elle est jolie et porte bien la robe. Sa démarche est plaisante et ses atours féminins. Mais non…

 Même le garçon ne l’entend plus commander un autre jus de fruit, alors elle se lève et slalome entre les clients éméchés jusqu’à la porte.

Un besoin pressant l’invite à prendre l’autre porte, celle où des ivrognes vident à tour de rôle leurs vessies débordantes. Une cabine pour dames est libre, elle s’avance. Mais un bras poilu semble lui barrer le passage.  

-          -Alors ma petite dame, un peu de compagnie ?

Elle regarde le pauvre homme, ivre et fatigué. Il tient à peine debout et sa menace ferait rire tout autre qu’elle. Son odeur est puante et sa barbe hirsute. Elle aimerait pourtant qu’il ferme la porte derrière eux, lui arrache sa robe et la prenne comme une chienne en lui fouettant les fesses.

Elle le sentirait haletant derrière elle, allant et venant, sentant ses gros doigts lui tâtant les seins. Elle ferme les yeux et elle imagine tout et même le pire. Et c’est bon…

Mais un bruit la réveille. L’homme est par terre et un autre se tient devant lui, le poing écorché et l’œil fronceur. Un pirate...

-          -Ne craignez rien, Madame. Cet homme est hors de nuire.

Le pirate la salue et tourne les talons. Elle est incrédule, à croire qu’on lui a jeté un sort...

Elle rentre chez elle, seule et déçue. Ce soir comme tous les soirs, elle ne fera pas l’amour. Pourtant elle est jolie et porte bien la robe. Sa démarche est plaisante et ses atours féminins. Mais non…



Jack Rackham.

vendredi 3 septembre 2010

Jack fait son Cinéma

J’avais du mal à m’habituer à ce visage lunaire et cette coiffure loufoque de personnage de dessin animé. Mon magicien Roberto m’avait refilé sa carapace pendant qu’il filait doux avec mon corps de vieillard priapique. Sa fiancée aurait une drôle de surprise quand même…

Je faisais la conversation à mes deux compagnons de cellule, et nous jouions même aux cartes. Nous profitâmes dans la foulée d’un mouvement de panique carcéral pour mettre les voiles. Pour arriver dans une forêt aux carrefours incertains où d’étranges personnages aux bures jaunes semblaient sortis d’un conte pour enfants...

Leurs regards étranges nous fixaient comme des extra-terrestres et je remarquais particulièrement une petite rouquine qui était aveugle. Elle avait tendance à tâter tout ce qui tombait sous sa main et j’arrivais à peine à contenir mon émoi viril. Je proposais de lui servir de guide à travers la forêt et dès lors, elle ne me lâcha point. Je disais adieu à mes deux autres compagnons, Zack et Jack, partant avec ma nouvelle amie vers son village.

On me mit rapidement au parfum de drôles de monstres qui venaient parfois la nuit semer la terreur, pleins de griffes géantes, cagoulés et habillés de rouge, la couleur dont il ne fallait pas parler.

Je me souviens de cette nuit sans lune où nous étions attaqués par ces bêtes étranges, où Ivy mon amie aveugle les toisait avec son cœur, tendant une main devant elle comme pour toucher le mystère et l’inconnu. Saisissant à la volée cette main perdue, je ne la lâchais plus…Cela me rappelait ma rencontre avec Madeleine et cela me fit penser à ma jeunesse, ma vie maritime, et dans la foulée à ma goélette, à l’île du Crâne, à Tim, à ma vie d’avant…

Dès le lendemain, je décidais de partir et rentrer chez moi, malgré la peine d’Ivy . Je dus me tromper de chemin car je pris une route de briques rouges, la mauvaise couleur. Quelques compagnons de route plus tard, un homme de paille, un homme de fer, un drôle de lion froussard et une jeune fille nunuche suivie d’un chien, et j’arrivais devant le Poséïdon, comme par enchantement.

-«  Enchantement, tu parles ! » entendis-je au dessus de ma tête. C’était Maia la sorcière qui zigzaguait en faisant des nuages de fumée.
-          -Sont naïfs ces hommes, ils croient faire des milliers de kilomètres sur une route de briques qui n’existe même pas. Faut vraiment changer de boussole, Capitaine…Dit-elle colère.
-          -Oui, c’est vrai, je n’avais pas réalisé. Dis-je penaud.
-          -Et Jack, tu n’as pas réalisé aussi que quelqu’un t’a piqué ta barbe rousse et ton sabre, et que tu ressembles encore à ce Roberto de la Lune, pendant que ce vieux moine au bâton de feu  fait des roucoulettes à Tim, qui ne s’est aperçu de rien !
-          -Ca ne va pas durer, je vais trouver quelque chose, Jack s’en sort toujours…
-         -  Justement, je te propose un marché : Je te rends ta peau de pirate et ses attributs, et en échange, tu me donnes 7 jours de ton temps où je ferais de toi ce que je veux. !
-          -C’est pas un marché ça, tite rouquine, tu n’avais qu’à me demander et…
-          -Tu parles : Avec tout le ménage en retard qu’il y a dans mon manoir, j’imagine bien que tu aurais proposé tes services toi-même pour le balai et la serpillère, hein ?
-          -Ben, ça change tout…Mais tope-la, j’ai envie de retrouver mon sourire énigmatique et mon corps buriné d’athlète !
-          -Remarque, il y a bien un petit corridor chez moi qui attend ta visite…
-          -Chic !
-          -Attend, je vais vite te rendre ta peau de Capitaine, j’ai toujours aimé ton petit coup de pinceau…

Les mondes imaginaires et les grands films de Cinéma ont beau nous donner frissons et émotion, on apprécie encore plus les plaisirs de la vraie vie…

Mais ça, c’est une autre histoire !

Jack Rackham.