mercredi 27 avril 2016

La Passionata



Ils tournaient et viraient, ne lâchant pas leurs mains serrées comme deux étaux pour la vie. Leurs têtes droites faisaient des angles comme auraient fait des oies ou des canards, regardant vers un coin sombre cachant un mystère ou un danger. C’est la tradition du tango argentin de faire comme s’ils se cachaient et regardaient vers la porte, mais pas de milice ou de police, seulement la beauté de leurs corps musclés et transpirant. La musique s’arrête, crouii.

L’homme et la femme soufflent. Ils ont tout donné, et se sourient pour se remercier. Sans se quitter du regard, ils enlèvent leurs vêtements trempés qu’ils balancent au-delà du lit. Ils ont envie l’un de l’autre, et c’est peu dire. Ils respirent forts et se caressent longuement. L’envie grandit et leurs cœurs semblent exploser du désir qu’ils ont eu de danser ensemble. Leurs poils semblent érectiles et ils se lèchent goulument. Sluuurp.

- J’aime ton goût.
- Moi aussi.

Ses gestes et ses doigts sont habiles. Elle s’offre en fermant les yeux pour mieux imaginer et sentir son ami en elle. Elle se souvient de la première fois et de la première danse, il la connait si peu et elle se demande comment il fait et à qui sont tous ses doigts et toutes ses langues.

- J’ai toujours aimé Blanche-Neige et les Sept nains.
- Je suis Blanche-Neige ! 

Elle croit hurler mais aucun son ne sort de sa gorge. Elle a l’impression qu’il est partout en elle mais ce n’est pas une impression. Elle va exploser c’est sûr, on ne retrouvera pas tous les morceaux après…

Il fume tranquillement remonté en haut du lit et la regarde ouvrir les yeux. Les bras croisés, il lui envoie des volutes en petits cœurs avec une flèche dedans. Elle sourit. Elle veut lui poser des questions mais il doit lire dans sa tête car il répond déjà.

- Je m’appelle Roger et je suis Magicien. On m’a appelé George aussi, mais ça c’est mon nom de famille.

Chilina est abasourdie et comprend tout. Elle comprend quoi déjà ? Il lui raconte son histoire, celle de son errance par là les mers, ses amours perdues, tout ce qu’elle sait c’est qu’elle ne va pas le lâcher. (Surtout qu’il est très copain avec un certain Jack le Pirate…)

Il a une rose entre les dents et lui propose une autre danse. Il a mis un masque, quel phénomène celui-là !

« Hon y ‘a ? ‘uste une ‘etite… »

Et c’est parti…♫♪♪

Jack Rackham


PS : Lien du premier texte « Le Magicien », mais cliquez donc en dessous sur le libellé Le Magicien et vous aurez tous les textes s’y rapportant. ^^

samedi 23 avril 2016

Le Dernier Jour du Monde (sur Terre)

Et si un jour, on savait précisément l’heure de sa mort ? Si l’annonce d’une météorite fatale, une attaque nucléaire imminente, un retour de l’ère glaciaire ou des dinosaures sur la planète, bref si un jour on avait à se préparer pour la fin du monde, que ferions-nous ?

Ce n’est pas exactement à ça que je pensais lorsque j’avais lancé une invitation à un coquetèle dansant sur le Poseidon mais l’occasion était belle de revoir une dernière fois certaines des moussaillones qui avait émoustillé mon tricorne avant de briser mon cœur d’artichaut. Je zieutais avec ma lorgnette les petits culs dodelinant avec entrain, leurs cœurs enivrés encore d’espoir, de projets, d’avenir…

Bosco avait prévu un chargement de bretzels et cacahuètes avant les amuse-gueules du dîner puis les plats de résistance fourrés de tout. Des ballottes variées aux papillotes composées, on allait s’enivrer de saveurs du terroir environnant, sous la surveillance bienveillante de Liza, la patronne du bar-restaurant de « l’île du Trésor ». Son sourire toujours suave me charmait tant mais je découvrais mieux ses formes et son déhanché que j’approfondissais avec détail de ma lorgnette de course réglée au millimètre. Mes pensées vagabondaient vers des perversités sans nom, mais je me disais qu’un jour de fin du monde tout était possible.^^

De l’autre côté du buffet, une petite sorcière rousse charmait son auditoire de grands éclats de rire et de tapes dans le dos, s’enfilant entre autres des rasades d’un nectar jaune de sa préférence. Son décolleté laissait frémir des pointes d’envie que la flanelle rendait bien…Plus loin, une grande poétesse bien connue des habitués du lieu était plantée sur ses belles jambes galbées et musclées, comme une invitation à la danse ou d’autres jeux pratiqués dans les salons mondains ou même plus modestes. Son œil clair clignotait vers moi pour que je m’approche et je faisais signe d’un rapprochement imminent et prometteur. ;)

Près du gouvernail demandant moult explications à l’homme de quart, une petite blonde au corsage abondant avait les yeux brillants de tous ces détails et demandait même à conduire elle-même le bateau quelques miles marins, juste pour voir. Un peu en retrait regardant tout ce monde, une belle brune orientale aux yeux profonds et sages grignotait quelques amuse-gueules. C’était une amie secrète que nul n’avait vue encore et dont j’aimais le front haut regardant vers le ciel le destin de nos passions communes. Je m’approchais d’elle, sans parler, pour une fois...

L’annonce à la radio d’un trou noir proche d’absorber la terre-je fais ce que je veux dans mes histoires de pirates, j’ai même un portable et une connexion internet non mais-les cloua sur place, se prenant la tête et tout à coup pensant à leur compagnon si loin ou à leur mère, ou surtout un enfant qu’elle ne reverrait plus …Puis se rendant à l’évidence de leur isolement lié à leur présence sur ce navire en pleine mer, elles se détendaient alors en pensant à distance à ces êtres chers, le portable ne passant pas dans ces régions caribéennes. C’était aussi le moment de faire le point sur leur vie puis de profiter une toute dernière fois du bonheur de vivre, en toute humanité.

La bière et le rhum coulèrent à flot à nouveau, pour le plus grand plaisir de l’équipage, garçons et filles retrouvant là cet instinct de vie et de survie propre à leur espèce. Un grand boum résonna jusqu’au fin fond de l’espace puis le Poséidon se retrouva telle une arche stellaire filant dans le noir infini…

Je posais mes binocles sur le grand livre des Aventures du Monde puis un brouhaha se fit sur le pont car chacun voulait donner son avis sur la manière de vivre ses dernières heures sur Terre.

Et vous ?

Jack Rackham


PS : Une dernière bière, un dernier amour, cela serait très romantique quand même ma fin du monde, ce ne serait pas si sexuel que ça finalement…sauf si la fille veut bien, évidemment !


Image du bas : San Andréas, film.



lundi 18 avril 2016

Les Visiteuses du Mercredi




On avait pris nos habitudes depuis notre arrivée au nord-ouest de Basse-Terre, dans une charmante localité attenante au reste de l’île. Rebaptisée « L’île du Trésor » pour garder discrétion sur son emplacement actuel mais aussi en souvenir de Katia et d’autres moussaillonnes qui m’avaient donné ce sobriquet affectueux…

Le temps doux et caressant pouvait parfois nous faire oublier certaines obligations, aussi j’essayais de trouver des activités pour mon équipage, afin qu’il ne soit pas trop rouillé si nous devions subitement reprendre la mer et le large. Le bateau étant spacieux, j’en avais profité pour le rendre accessible, gratuitement, aux rombières du village. Et le mot était un peu exagéré vu l’âge moyen des donzelles inscrites au Club.

Pour commencer, il faut bien un jour et là ce fut le mercredi. Les hommes, curieux, avaient décidé de participer un peu aux activités pratiquées et leur présence fut joyeusement acceptée par l’ensemble de la troupe féminine trop heureuse de cette testostérone à portée de main. On ne commença pas tout de suite par le sacro-saint atelier d’écriture mais par un scrabble et confitures, alliance de jeu de mémoire et de pratique culinaire.

Bosco fut dans son élément, tel un monceau de figues trempant dans un rhum fortifiant. Il faisait équipe avec Miss Brodie, une femme mature élégante et de bonne éducation, ravie de faire un couple imaginaire avec une montagne de délicatesse et de muscles. Puis trouvèrent fortune dans mon équipage les Molly, Maggie, Agathe, Arabelle, Bérénice, Aziza et autres Calixte, toutes des membres féminins hormis un certain George représentant le sexe masculin de l’île, mais un petit malin aux yeux de tous. 

Nous partions au petit matin dans le silence des vagues, puis nous nous arrêtions en pleine mer pour mieux se concentrer sur les activités du jour. Accoudé au bastingage, je surveillais le petit monde et les mouettes tournant autour du bateau arrêté, un accident était vite arrivé…

- Je tire au sort mes 7 lettres, vous voyez bien que je ne regarde pas. Quel beau temps, on se croirait au Paradis, si je croyais en Dieu ce qui n’est pas le cas.

- Causez toujours Arabelle, je ne quitte jamais le plateau des yeux. Tout le monde est servi je crois. On peut commencer, à vous Bérénice…

Et ainsi de suite, les mots s’enchaînent, donnant par associations de belles idées à développer. Romans, nouvelles, pourquoi pas de la poésie ? C’est qu’elles sont guillerettes et pleines d’ambition les moussaillonnes du Club ! 

Aziza, c’est la plus artiste. Aziza, ça veut dire « Le parfum de la Terre », comme l’éclairant d’une évidence. D’ailleurs, elle pointe le nez en l’air comme si elle allait dire quelque chose.

- Ah, le fond de la casserole a du accrocher. C’est délicat la confiture, surtout de melon. 

Évidemment. Le melon…

Je regarde tout ce monde du haut de ma vigie où je me suis perché. Je plisse les yeux à cause du soleil et les mouettes me frôlent comme pour me saluer. Quelques rires montent jusqu’à moi et j’entends Bosco qui raconte sa recette de tartes aux fraises, petit malin qui veut séduire Miss Brodie ou alors lui soutirer un secret pour une confiture. 

Je commence à réaliser la beauté de ce coin qui m’enchante et de ce nouveau port qui se marie bien avec mon tricorne. Et même si plus bas je rate des épisodes de la culture humaine dans sa vanité la plus répandue, je suis content de ma nouvelle vie.

- Capitaine, vous descendez avec nous ? Chantal a eu l’idée de faire des cocktails avec des fruits et sans alcool. Mais en y rajoutant un peu de rhum, ça a vraiment du goût…

Jack Rackham  

lundi 11 avril 2016

Rackham Le Rouge, 7 ans déjà !



7 ans…Tout a commencé par un « bonjour » laconique, d’un texte assez court mais parlant. Que je reproduis ici :

« Bonjour
C'est la première fois que je tiens ce type de blog. Entre un tonneau de rhum et un paquet de cordes d'amarrage, je tape sur mon portable...
Mon second Tim Mangouste houspille les hommes et fait hisser la grand'voile. On part vers l'inconnu, du moins c'est ce qu'ils croient tous. Même Tim. Je suis pas sûr d'arriver à bon port, mais on verra bien...J'essaye de bien me caler pour raconter ce qui me vient. Hgnn, ça tangue ! Et bien voilà...
Il était une fois...
A la prochaine, les amis ! ( Je dis ça, même si je sais que je suis tout seul, hé hé.. ) »

Voilà, c’était parti…Ce 11 avril 2009 marquerait à jamais ma mémoire même si c’est surtout les 333 billets suivants qui demandèrent un  peu de transpiration, et d’inspiration aussi. 

Le plaisir d‘écrire toujours associé au souci du contenu, ainsi que du rythme des mots ou leur sonorité. Rimes intérieures ou finales, sujets brûlants au curseur différent pour l’érotisme, peu de gros mots en fait, mais toujours de l’émotion et du cœur. Même pour l’écriture de ces textes autour du cinéma, ces films et ces acteurs au panthéon de mes archives pour l’éternité.

Tout est en état, et dans l’ordre. Même les commentaires. Un vrai trésor d’humanité et de relationnel. Des noms me font chaud au cœur, d’autres…

Voilà, je vais mettre quelques liens pour des textes que j’aime, même si tous ont été durs à pondre et que j’ai toujours envie d’y amener quelques retouches, une virgule par ci, un adjectif par là. Vous êtes dans l’univers de Rackham Le Rouge, le pirate des mers qui raconte, entre autres, ses Amours Imaginaires !

L’Ile au Trésor
Retour à la Terre
Camille
L’Amour Fou
Les Belles Choses
Le Magicien
Karin ou les Rôles de sa Vie
Le Balai de Maia
La Grande Brune
La Gloire de mon Père
La Femme Invisible
Le Corps de Maria
…et tant d’autres que vous serez bien à même de découvrir par vous-même.

Ah, oui : Si le record des pages vues appartient à Karin ou les Rôles de sa Vie avec  6221 vues, celui des auteurs invités appartient à Chaudron et Tricorne, écrit par Maia Luna alias Frédérique Pinson. Avec 2351 vues !

Bonnes lectures et à bientôt,

Besos
Jack Rackham

Photo du Film Cyrano de Bergerac, de Rappeneau.

mardi 5 avril 2016

Frida



Tu es belle comme un soleil lui dit une petite voix secrète qui n’appartient qu’à elle, ouvrant ses yeux bleus sur le monde. 

Elle l’a imaginé rebelle et qu’elle l’aime pareil, en habit de lumière chevauchant un cheval blanc et l’emportant loin au-delà des mers.

Jusqu’à une maison ouverte aux quatre vents, où ils vivront dedans disait la chanson…

Son œil bleu prie très fort qu’il vienne à sa rencontre tel un chevalier errant. Il a bien tué un chat mais sans faire exprès, et c’était il y a longtemps. Ah ça, il ne sentait pas bon alors, pouah ! 

Sa mèche court sur son front, son regard panoramique toisant toute sa famille en enfilade. Son frère ainé, puis le rouquin qui a épousé l’autre greluche. Il y a aussi la mère, ils sont nombreux comme des poils dans la main par ici. Sans compter le père qui s’est fait encadrer par la grand-mère, qui est pétée de thunes comme un flibustier qui serait parti avec le trésor…

On entend aussi un bruit. En fond. Comme quand le chien mange sa soupe, avec sa langue de dix mètres de long, ça fait de grands…

Il est là avec son cheval blanc, il a un air coquin, un air de pirate. Il l’emporte loin au-delà des collines, la mer c’est trop loin. Et personne ne bronche, même pas la grand-mère avec ses mains calleuses, elle la laisse avec ses vauriens, tiens.

C’était bien la peine…

Il se retourne et la regarde. Elle est belle comme un soleil. 

« Tu m’aimes ? » dit le chevalier.

« Pareil ! » répond la fille…


Faudrait en faire une chanson^^

Jack Rackham

Photo du haut : Annie Leibovitz