jeudi 28 octobre 2010

Femme de Lettres

Elle jette un coup d’œil furtif autour d’elle, rien à l’horizon, elle est tranquille.

Elle relit les quelques lignes de son texte commencé hier, elle lève le nez au ciel et elle se lance. Son destin de femme au foyer l’a contraint à voler des moments à sa vie quotidienne, inventer des courses à faire pour les garçons, des rideaux à recoudre pour les filles.

Son esprit vagabonde au pays de ses rêves, pendant que ses doigts glissent pour retranscrire ce qu’elle invente. Elle se régale à surfer dans son imaginaire, un plaisir fou…

Sa tête se tord sous les idées, et elle rit en elle-même, satisfaite. On la prendrait pour folle si quelqu’un la voyait, mais juste quelques mouettes se risquent à planer sur le pont puis repartent en coup de vent vers les cieux de coton blanc.

Le bonheur est immense de produire ces récits, elle en fera un livre, ou même plus, une collection ! Son ambition est intacte depuis toutes ces années. Une vie un peu trop animée pour se poser à raconter des choses. Mais c’est fini à présent, elle vit en paix en bordure de cette île et quand le bateau est vide, c’est Byzance ! Elle, en seule à seule avec sa magie littéraire, ces mots qui virevoltent dans sa tête et qu’il faut absolument poser avant qu’ils ne s’envolent !

Elle ralentit le tic tac sur son  clavier, car elle a entendu un bruit étranger à son univers.  Sa mine réjouie redevient inquiète, des bruits de bottes qui lui rappellent le seul être de son foyer de femme : Un Capitaine !

-          Tu es là, Tim ? J’ai un truc pour toi ! Dit le Pirate.
-          Mouais, c’est quoi ? Réponds-je.
-          Un panneau à repeindre pour la fête du Village ce soir. Bosco a le bras foulé et moi…
-          Oui, Jack ?
-          Je ne suis pas doué pour la peinture, tu sais bien !
-          Moi, je suis douée pour la lessive, le ménage, l’amour…
-          Oui, mais Bosco fait bien la cuisine, non ?
-          Alors, ton truc pour douée, c’est quoi ?
-          Peindre « LOTO » en gros sur cette planche. 4 grosses lettres, bien noires et alignées.
-          Allez passe, qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi…
-          Je me suis dit : « Tim, les lettres, c’est son dada… Non ? »

Les mouettes semblent rire au dessus du bateau de Jack le pirate, mais le vent calme vite les rancœurs. Et déjà le va-et-vient des hommes se préparant pour la soirée enrubanne la goélette et l’île d’une ambiance légère, jusqu’aux premiers tirages de numéros…

Mais ça, c’est une autre histoire !


Tim Mangouste.

dimanche 24 octobre 2010

L'Etrange Secret de Juliette Lewis

« Les premières notes de « Hardly Wait » entonnées, libèrent Juliette qui commence à onduler. Ses bras balancent en des gestes simiesques, la salle sombre murmure en un râle et attend que la chanteuse démarre…

Un homme aux yeux clairs regarde une disquette puis la range dans une poche de son long manteau. Ses bottes ont l’air plantées dans le sol et lui confèrent une taille de géant. Il fixe Juliette qui minaude les premiers mots de sa chanson, annonçant une fureur prochaine.

Les mains dans le dos, elle balance sa croupe et le public se rince l’œil. Puis tenant son micro comme une femme amoureuse et décidée, elle le porte à sa bouche boudeuse et gourmande. Ses mots sont  lancés puis hurlés à  la foule qui lui répond…

Sa peau transpire d’un désir inavoué, ses hanches vont d’un côté à l’autre, dodelinant sa féminité en vagues provocatrices. Elle joue avec la musique et la guitare l’accompagne dans sa frénésie…Ses cheveux rouges balancent contre ses joues et son front, tels des cordes de glue, pendant que ses jambes galbées semblent scander la mesure de la folie ambiante. Ses talons hauts la grandissent, et on a envie de monter sur scène avec elle, pour l’accompagner. Ses cuisses ont l’air accueillantes et sa tenue transparente en filet à poisson donne envie de se laisser prendre, telle une proie que sa grogne montante va s’enfiler. Elle sourit comme une enfant, puis elle se remet à hurler...

L’homme au manteau la regarde longuement, comme s’il savait son secret. »

Juliette n’est pas née en 1973 mais en 1995, avec ce film « Strange Days ». L’interprétation de cette chanteuse lui a donné le goût de la scène, du rock, de la chanson. Son rapport tonique avec le public va de pair avec son abord facile et sa gentillesse. Ses concerts lui permettent de retrouver cette animalité qu’elle adore exhiber, car c’est bien ce plaisir qui est primordial quand elle chante.

Bouger son cul, encore et encore, et allumer ce public qui la regarde et l’écoute, tous ces gens près à sauter sur scène pour se faire dévorer par la lionne Juliette qui les attend…


Besos, Miss Juliette Lewis!
Jack Rackham.


Hormis Strange Days (Bigelow, sc. J. Cameron ) Juliette a joué principalement dans : Les Nerfs à vif      ( Scorcèse),  Maris et Femmes (W.Allen), Gilbert Grape, Tueurs Nés ( O.Stone), Une Nuit en Enfer,  Plus Jamais, Blueberry…Sans délaisser complètement le Cinéma, elle consacre depuis 2003 toute son énergie à son groupe rock «  Juliette and The Licks. Puis en suivant, un autre groupe : The New Romantique. 1er album 2009 : Terra Incognita.

mercredi 20 octobre 2010

Celle qu'on aime

Sa nuisette entr’ouverte sur sa peau est comme la carte d’un menu érotique dont elle commence à composer les plats dans sa tête. Son derme est tanné de ces mains amoureuses qui l’ont tant caressée qu’elle en éprouve encore les bienfaits. Sa bouche retient quelques gouttes de salive qui annoncent son trouble et son envie pendant qu’elle pose un pied contre la table…

Elle imagine des yeux qui parcourent un désir imaginaire entre ses cuisses et elle regarde un à un ses ongles en faisant mine de rien. Sa toison florissante rend doux des frôlements, elle est prête à se donner, à s’amuser, à jouir.

Quel homme va-t-elle aimer, elle ne sait encore. Son carnet posé près du téléphone n’a pas encore donné son choix, elle se sent indécise, coquine, rebelle...

Un pied coincé entre mes cordes, je tape la dernière scène de mon histoire d’amour où je glisse quelques détails qui m’émoustillent. Mon tricorne est en flammes et mon sabre cherche à sortir par le bas de mon pantalon…Je l’attends qui vient pour assouvir mes fantasmes racontés dans mes aventures.

Je souris déjà de nos ébats. J’aime ses cheveux dans son dos et sa taille fine que je prends et caresse comme un tonneau, pendant que mon corps bascule. Sa peau est si douce…

Je suis devant sa porte  et j’arrange une dernière fois les pinces de mes bas. Je joue avec mes lèvres pour bien marquer le rouge, et penser déjà à des choses délicieuses.

Un amour ce Capitaine…


Quel est son nom, déjà ?

Pour Elle…
Jack Rackham.

vendredi 15 octobre 2010

POIROT et l'Age du Capitaine

Le petit bonhomme faisait les cents pas autour du globe posé au centre de la pièce. Le doigt posé sur sa lèvre inférieure, son cerveau semblait fulminer et tordant son autre bras dans son dos, il prenait des airs de Napoléon, jouant sur une manœuvre la bataille.

«  Maître Bosco, demanda t-il, à quel moment le Capitaine Rackham a-t-il disparu ? »

Bosco aimait la manière dont cet homme lui parlait. « Maître » ! Il fit mine de réfléchir puis répondit qu’il n’avait plus vu Jack Rackham depuis la sieste de l’après-midi.

La moustache de Poirot frétillait et l’œil du grand homme allait et venait dans tous les coins de la pièce, cherchant un indice, un oubli, une trace, un petit détail. Interrogeant les personnes proches du Capitaine, il réunit ce qu’il put pour retrouver le pirate, ou avoir au moins une piste :

-          Je lui ai trouvé un drôle d’air. Il n’a même pas repris de la tarte aux fraises,  pourtant je lui avais fait un abonnement mensuel intéressant. Ca vous intéresse, monsieur Poirot ?
-          Je suis son attaché de presse, enfin de sa compagnie de navigation, Ania Chester, enchanté. Un homme qui vous aborde avec charme, mais soucieux de sa vie privée. Il avait rendez-vous cet après-midi…
-          Je suis son lieutenant en mer, mais depuis que nous avons jeté l’ancre sur l’île du Crâne, plutôt sa femme de ménage. Il va, il vient, et je le laisse compter fleurette à ces Dana ou Cameron…Il fait l’avion des fois dans son hamac, une sorte de truc spatio-temporel. Du moins, c’est ce qu’il raconte…Ces moustaches, elles sont vraies, dites-moi ?
-          Prof d’anglais, oui. Je lui ai donné des cours longtemps, un bon élève ! Je l'avais rencontré à l'épicerie, on ne s'est plus quitté depuis...
-          Jack est un ami ! Il m’a présenté ma future femme avant qu’elle ne s’aperçoive de…Hum, quelques ascendances orientales ne font pas le Calife ! Un petit tour ? Quelques fleurs, un lapin, lààà…
-          Jack est un amouuuuur ! Il ne peut s’agir que d’une escapade de convenance, j’ai trouvé qu’il mangeait un peu trop de tartes aux fruits. C’est un être adorable, qui ne pourrait décevoir sa princesse Zahiya…Je peux prendre votre bras ? Il y a tant de ressac qu’on le ressent encore plus quand on prend ces passerelles, cher Hercule !
-          Ouais, suis matelot ici depuis un moment. Je connais Jack depuis l’école…Il nous a fait peur avec sa Sara, une sirène qui vit dans la cale, ou Patricia, une nymphomane de son invention. Il passe des heures à écrire des histoires entre ses cordes, un peu de hamac ici ou sur la plage, entre des palmiers…Je l’ai vu y courir cet aprèm, un rendez-vous, c’est sûr !
-          Un homme étonnant, une belle santé ! Toutes ces femmes qui lui tournent autour, c’est vraiment étonnant. Un patient d’une grande imagination en plus, il vient me voir de temps en temps, j’ai un cabinet au village…il aime la peinture. Dans mon cabinet, il aime un tableau particulier, celui d’un Capitaine. Willouby…
-          Jaaaaaaaaack !!! C’est un amour ! J’aime faire un tour en balai avec lui, il est si attachant…Et quelle souplesse, le roi du retourné acrobatique ! En hamac ou même dans un lit, roôôooo…Oui, j’écris un peu mes aventures, le premier tome vient de sortir. Je vous en dédicace un, monsieur Poirot ??
-          Il  ne va pas tarder à revenir. Je connais Jack depuis longtemps, et puis personne ne lui veut du mal, il est si gentil ou alors ces personnes sont mortes depuis longtemps. J’aime mon Jack, comme il m’aime, un vrai p’tit trésor…

Poirot se tenait le menton en grommelant, et tournait quelques feuillets des aventures du Capitaine et pirate. Soudain, s’arrêtant, il pousse un cri en se tapant dans la main et s’exclame :
«  Bon sang ! J’ai trouvé !!! »

Et vous ? Non, l ne s’agit pas de deviner l’âge du Capitaine, mais de nous dire où est passé Jack et avec qui. Allons, si vous connaissez un peu le loustic…Ou alors, lisez tous ces indices ci-dessus, fouillez un peu ses billets sur ce blog, et trouvez, comme Hercule Poirot !

Bonsoir !

lundi 11 octobre 2010

Une fin de Loup

«  Mère-grand et Chaperon-rouge s’en allaient à travers la forêt porter des confitures à leur amie Maia qui était alitée depuis une chute de balai de plusieurs mètres. Heureusement, les mesures de sorcières n’ont rien à voir avec celles des humains et trois mètres sont l’équivalent d’un perron voire d’une fenêtre basse pour nous.

Le vent était doux et un léger fouetté de feuilles contre les jambes laissait paraître un début d’automne, ce qui leur donnait envie d’accélérer le pas pour arriver avant la nuit.  Ce chemin du Bois feuillu avait connu jadis des aventures dont les villages parlaient encore mais nulle trace de Loup pour l’instant…

Au fur et à mesure du trajet, nous pouvions humer toutes sortes de senteurs forestières qui semblaient sortir des pas de nos amies, ou du passage des animaux sauvages gambadant ça et là, entre les arbres et fourrés. Des cliquetis rompaient la surface polie des flaques d ‘eaux de pluie.

Chaque élément de la nature avait donné rendez-vous à notre histoire, jusqu’à ce que  Mère-grand et Chaperon-rouge rejoignent  la cahute de Maia.

-          Toc-toc, fit la porte de bois de chêne sous le poing molletonné de la grand-mère.
-          Qui est-là ? Teheu-teu, fit la voix éraillée de la ‘tite sorcière.
-          C’est nous Maia. Mais c’est bien curieux d’être enroué pour une simple chute ! Rajouta Chaperon-rouge.
-          Ce sont des symptômes de sorcières, vous ne pouvez pas comprendre, dit le L…Maia.
-          Comment ouvre t-on cette porte ? Cette senteur de confiture de groseille ne te donne t-elle pas envie de nous recevoir ?
-          Je suis dans mon lit. Je vais vous donner les instructions d’usage pour sésame de cette porte. Tire la bobinette et …»

Une odeur bien connue embaumant d’un coup le ponton avant du Poséïdon, les matelots assis en rang hilares se bouchent le nez  avant de partir dans un grand rire. Une voix de Capitaine, hurlant, coupe court à la drôlerie.

-          Bosco ! Dit-il en articulant. «  Et la chevillette cherra ! ChE-rra !! »
-          Pardon Capitaine ! J’ai pas fait exprès ! Je croyais que…


Quelquefois sur tous les bateaux du monde, un Capitaine joue Guignol en un petit théâtre improvisé sur le ponton de son navire. Un peu de mise en scène apporte du réalisme à ces histoires grotesques et drôles. Quelques bruitages, quelques senteurs donnent du détail à l’histoire malgré quelques maladresses bien pardonnables finalement. Tout est bon aux humains pour retrouver leurs âmes d’enfants,  qui s’envolent  en un rire sous le soleil couchant…

Jack Rackham.



Regardez donc "La Compagnie des loups" (The Company of Wolves) film britannique de Neil Jordan sorti en 1984.Ce film s’inspire de différents contes : Le Petit Chaperon rouge de Charles Perrault ou des frères Grimm principalement, ainsi que Barbe bleue, La Belle et la Bête, Le Chat botté, etc.( Wikipédia )

dimanche 3 octobre 2010

Les Trésors de Rackham Le Rouge

Si j’ai quelquefois évoqué ici le Rackham Le Rouge d’Hergé ainsi que son Capitaine Haddock, il fallait que j’aborde une bonne fois pour toute ce sujet, ainsi que l’influence des aventures de Tintin sur votre serviteur et pirate.

L’incarnation hergéenne du personnage de Rackham n’est évidemment pas réaliste et historique, le vrai Rackham étant une sorte de dandy surnommé Calicot Jack. De la promiscuité de deux lieutenants féminins nommées Ann Bonny et Amy Read, que j’ai illustrées approximativement dans mes contes sous les sobriquets de Tim et de Katia…

Le personnage d’Hergé est plutôt une caricature de pirate d’opérette, créé en opposition à la cantatrice Bianca Castafiore, dont j’ai déjà raconté une aventure ici (voir « le Secret du Capitaine Haddock »). J’ai pris depuis tant d’aise avec ce Rackham, que je l’ai fait mien comme s’il avait toujours été ainsi.

Pourtant, au delà de l’emprunt du nom de ce personnage et sa vulgarisation par Hergé au travers de ses bandes dessinées, je dois avouer que j’ai depuis longtemps subi l’influence d’Hergé et de Tintin, qui ne sont finalement pas étrangers à ma vocation d’artiste, de dessinateur, de raconteur d’histoires…

Les premiers souvenirs que j’ai de ces BD sont ceux de la fusée d’ »On a Marché sur la Lune », en rêvant même la nuit, premiers rêves en couleurs, accroché dans l’espace aux barreaux de cette fusée aux carreaux rouges et blancs fonçant vers ma destinée…Puis Le Capitaine Haddock et son alcoolisme aux délires imagés perdu dans un Sahara aux Pinces d’Or…Les onomatopées du même sur un cargo perdu, délivrant des esclaves bornés et voulant retourner vers leurs tortionnaires…Des champignons explosifs aux accents de SF plantés sur de drôles de météorites perdues au milieu de l’océan…Des sous-sols aux monceaux de bibelots incroyables, face cachée de Moulinsart…Des aventures chez les Incas entrecoupées de « No se » et d’éclipses impromptues…Et pour finir un drôle de milliardaire avec un sparadrap qui fit le tour du monde !


Pas étonnant qu’au moment de choisir un sobriquet, un surnom évoquant couleurs et aventures, je me retourne vers mes livres d’enfants et ce « Rackham le Rouge » ! Un nom qui a de la gueule…

Et vous, celui qui vous a marqué, votre album de Tintin préféré ?