vendredi 28 août 2009

Retrouvailles


J’en reviens pas ! Je viens de recevoir une missive de Catherine…
Catherine, c’était une camarade quand j’étais aux beaux-arts. Je me souviens qu’elle était blonde et bien plantée. J’ai toujours aimé les filles bien tanquées, avec des épaules. Elle avait en plus des lunettes, ce qui n’était pas mauvais à ce qu’on dit…

J’étais là dans mes cordes, tenant la lettre, la lisant et la relisant. Je souriais béatement, comme un Jack Rackham content, mais se demandant pourquoi elle m’avait bien écrit.

« …Les années ont passé et j’ai appris que tu te trouvais à l’île du Crâne. Justement , je dois m’y rendre dans le courant du mois. Nous pourrions évidemment nous revoir et… »

Catherine ! Je me souviens…Une sacrée garce. Elle sortait avec un jeune étudiant en droit pendant qu’elle suivait les même cours que moi à l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Cancun, mais ne manquait point de montrer son intérêt pour ma personne dès qu’une occasion se présentait. Elle était comme ça Catherine, mystérieuse et courtisane…

« Chère Catherine, oui bien sûr, je serais ravi de te revoir ! Vingt ans ont passé, mais je suis sûr que ta beauté n’a pas changé depuis cette année où nous avons partagé les bancs de… »

Nous allions de temps en temps au spectacle et quelquefois à défaut de partager un avis, nous nous disputions allègrement. La mise en scène, les comédiens, les lumières, le texte et les cornets de pop-corn à l’entracte, tout était sujet à se chamailler. Pourtant, je rêvais souvent de Catherine. J’avais même deviné que c’était une gourmande, et de nombreuses nuits je la laissais vaquer à son dessert favori, pour lui faire plaisir…dans mes rêves.

« …Tu penses bien que ma vie à changé. Je voyage certes, mais mon mari et mes trois enfants sont mes principales préoccupations. De plus… »

Un jour pourtant, elle confirma mes soupçons sur son esprit pervers et vicieux quand elle me convia pour la première fois à passer chez elle. Je montais les escaliers avec un espoir secret. Elle allait sortir de sa douche à mon arrivée, pour ouvrir la porte et son peignoir glissant, nous nous serions jeté l’un sur l’autre pour goûter à nos corps et partager la luxure. Enfin…

« …Ce serait l’occasion de déjeûner ensemble, Catherine. J’aimerais tant te revoir, te dire ces mots que je n’ai jamais osé te dire, nous pourrions… »

Ce jour-là, Catherine m’ouvrit la porte normalement. Pas de douche ou de peignoir, pas d’effusion sexuelle sur le pas de la porte. Juste « Rentre John. Je t’attendais… ». L’endroit était douillet bien que frustre et juste quelques toiles posées derrière un fauteuil montrait qu’elle peignait et étudiait aux Beaux-Arts. Je m’asseyais, attendant un mot cordial qui me mette à l’aise.

« …Ecoute, Jack. Je veux bien te revoir mais ne te fais pas d’illusion. J’ai changé, ma vie est faite et ce voyage à l’île du Crâne est d’ordre professionnel. J’achète des liqueurs locales et… »

Elle me regarda droit dans les yeux et me dit d’une traite : « Voilà. Mon copain rentre de son cours dans exactement 18 minutes. C’est le temps que tu as pour me sauter dessus et faire de moi ce que tu veux. Décide-toi, c’est le moment….

« Catherine. Justement, je connais bien le marchand qui produit ces bouteilles et si tu veux, je pourrais… »

Je n’ai pas sauté sur Catherine ce jour-là et elle m’offrit un soda en attendant l’arrivée de son copain. On se vit moins souvent à l’école jusqu’à ne plus se voir du tout. Le temps a passé…

Jusqu’à ces échanges de lettres et télégrammes. J’ai bien cru que le destin s’en mêlerait enfin, mais elle ne répondit pas à ma dernière missive et ne sus même pas si elle vint à l’île du Crâne.

Mais je n’ai pas d’illusion sur elle et l’avenir nos relations. Le peu de temps qu’elle m’a consacré ces vingt dernières années, sa vie qu’elle n’a pas partagé avec moi, les enfants qu’elle ne m’a pas donné et toutes les nuits où elle ne m’a pas fait l’amour et offert son corps, me dit qu’elle ne va pas me consacrer plus de temps que ça ces prochaines années.

Faut être lucide.

Merde !

lundi 24 août 2009

Seffana de la Nuit


Seffana a la peau blanche. Son teint diaphane étonne et intrigue, et il tend à donner envie de poser ses doigts, à la toucher. Elle aime ces frôlements et sa peau frissonne de ces hardiesses. Son regard doux et malin nous invite à recommencer et nous nous laissons prendre. Son corps semble dire oui quand sa bouche dit encore. Ses lèvres sont rouges de son désir et de notre sang, et sa langue s’enroule autour de notre volonté, tirant vers elle tout notre suc…

Seffana est modèle. Elle parcourt les océans, sur son fidèle voilier, le « Gothic » et a posé pour les plus grands peintres de ce monde. Les Rois se l’arrachent pour distraire leurs plus belles soirées et elle a refusé les plus grands harems. Ses garde-robes se composent de bustiers, de guêtres, de bas et de foulards, et elle aime composer des univers particuliers, faits de tentures, de fauteuils pourpres et de planchers craquants.

Son foulard à pois est attaché dans ses cheveux en arrosoir, et son sourire mutin engage à la conversation. Ses cuisses sont gainées de bas qui invitent à remonter plus haut, mais son cœur n’est pas très loin. Il bat pour des causes perdues, des coups de cœurs, ses amis ou même pour des amants…

Seffana est pirate et vient d’arriver à l’île du Crâne. Elle a rendez-vous avec Jack Rackham…

- J’ai garé ma goëlette pas trop loin de la votre. Je ne vous ai pas rayé au moins ?
- Pas de souci, ma petite dame. Mon Poséïdon sait poser son assise et ses rames délimitent son territoire. Un peu de vin rouge, il est goûteux et met en bouche. C’est pour cela que je l’ai choisi…
- Vous éveillez ma curiosité, Jack. Si le blanc de poulet est dans la lignée, je n’ose goûter aux raisins ou aux figues, je veux garder de l’appétit et du mystère…

Jack a envoyé Tim à l’institut Cartographe des Mers et Océans, histoire d’être un peu tranquille. Elle avait des vues sur le coursier de l’épicerie, mais la course étant trop rapide, il a changé de destination pour prolonger la nuit avec Seffana.

- Vous aimez la nuit, demoiselle ? On ne vous voit jamais sur le pont avant la tombée du jour ? 
- J’ai les rétines fragiles et les obligations nocturnes nombreuses. C’est bon de vivre en décalé. L’île du Crâne prête à la farniente…
- Justement, vous voulez bien que je vous fasse visiter mon bateau. Les pièces sont nombreuses et j’ai quelques belles cartes à vous montrer…
- Vous faites aussi les thèmes astraux, j’ai mon heure de naissance !

Un « oui » lassif et consenti sortit de la bouche de Jack. Il était conquis par la jeune femme. Il vit sa quadruple conjonction Uranus-Lune-Mars-Jupiter à l’Ascendant en Scorpion, et aussi sa Vénus au Milieu-du-ciel. Son Soleil en Vierge ne l’offusqua point, sauf quand sa Lune Noire en Capricorne s’exprima au détour d’un couloir…

Le sabre du flibustier fut lippé par la gorge de la corsaire, le tout finissant en un enchevêtrement de membres et de fourreaux. Les deux s’entendant bien, ils croisèrent régulièrement les coquetèles dînatoires. Tim partit souvent à l’institut océanographe de la région, quand le second du Gothic vira sa cutie, et vint même rendre visite à Bosco. A qui une glace à cornet, à qui une barre de céréales au miel…

( Lien Seffana : http://www.seffana.jepose.net/ )

vendredi 21 août 2009

Dana La Femme de Papier


Dana avait un tempérament un peu brut. Elle avait une manière bien à elle de prendre congé de ses visiteurs. Je ne sais si je préférais la descente d’arbre en projeté, ou la fermeture d’âme en guise d’au-revoir. On a beau avoir sillonné toutes les mers et combattu nombre de coquins, on se rend compte que le pire n’est pas celui qu’on croit…

Je tapais compulsivement sur mon portable pour me détendre, et accessoirement je cherchais le site des Aventures et Conquêtes des Mondes Cachés ou Engloutis. J’avais promis à Dana une collaboration littéraire et je comptais bien l’assouvir jusqu’à la lie. Un support de publication assermenterait notre travail, même si je n’avais encore aucune idée de la méthode à employer entre nous.

Entre deux pages, mon esprit s’évadait vers des pensées diffuses et des fantasmes…Dana occupait mon esprit. Je devais tenir promesse, la belle était de toutes façons butée comme une enclume, mais mon esprit était à moi et nul ne pouvait me le brider. Je m’adossais à mes cordes et je calais mes bras sous ma tête, souriant et partant au pays de merveilles…

Nous étions dans ma cabine et Dana était en fanfreluche sur mon lit. Elle semblait ravie mais impatiente…Je préparais les peintures qui allaient recouvrir son corps, et mes notes me serviraient de modèles, devant faire attention car je n’avais pas droit à l’erreur, la peinture n’autorisant pas à gommage ou seconde chance. Je tirais la langue et me lançais…

J’étais contre Dana et je commençais par les côtes pour retranscrire mes lettres. De l’autre main, pour m’appuyer, je touchais une cuisse, un sein. Elle me regardais dans les yeux et ne lisais ni malice ni sentiment. Le travail était plaisant et je me demandais bien comment j’avais réussi à la convaincre de se laisser peindre…Elle écartait un bras, se poussait selon le besoin, je faisais mon ouvrage, en profitant pour sentir son odeur, renifler les senteurs de sa peau, regardant ses aspérités, ses grains de beauté, que j’effleurais parfois sans faire exprès…

Elle se décalait un peu, moi tenant mes papiers et mon pinceau de chaque main, déplaçant ses longs cheveux et se découvrant à moi, s’ouvrant comme un livre et me dévoilant chacune de ses pages. Le lit l’accueillait comme un berceau, j’étais face à elle frôlant ses cuisses et me régalant du regard de la peau de son ventre…Je faisais mine d’ignorer son pubis jusqu’à ce que mon écriture en approche le secteur. Mon petit doigt gauche, du moins ce qu'il en restait, s’appuyait délicatement sur un endroit vierge près de sa toison pendant que je peignais les signes de mon récit…

J’envahissais ses cuisses de mes gribouilles, faisant mine de ne point voir et mettant mon nez à un millimètre de son intimité. Je retenais ma langue fidèle à ma promesse et lui faisait signe d’ouvrir plus grand ses cuisses pour lever ses jambes et la basculer en arrière, pour avoir accès à d’autres parties de son corps. Le tableau offert à mes yeux était ahurissant et je me régalais de cette Dana sauvage que je lisais comme un livre…

Un raclement de gorge me fit sursauter et je me retrouvais au milieu de mes cordes, surpris en plein rêve par Dana qui me toisait en souriant.
- En plein travail, Capitaine ? Lança t-elle.
- Je réfléchissais…Répondis-je, confus.

J’arrangeais mon pantalon, car les songes de mon sommeil m’avait émoustillé. Elle s’en rendit compte mais ne semblait m’en tenir rigueur.
- Tenez, je vous amène quelques feuillets de ma composition, vous me direz ce que vous en pensez. Vous avez réfléchi à notre projet ?
- Oui, une histoire de mondes engloutis et retrouvés…Ca vous dit ?
- C’est parfait ! 

Elle m’aida à me relever de mes cordes d’une main ferme. Ca me faisait drôle de la voir habillée. Décidément, on faisait tout à l’envers…

( A Suivre…)

mardi 18 août 2009

Charlton ou le conquérant des terres inconnues




Suite de notre tour d’horizon de quelques icônes du Cinéma, l’été est propice aux rétrospectives : Charlton HESTON…

Contrairement aux ambitions artistiques de Marlon Brando, Charlton est de la trempe des acteurs populaires à la filmographie de films d’aventures, surfant sur tous les genres et surtout les records d’entrées pour beaucoup de ses interprétations.

SOUS LE PLUS GRAND CHAPITEAU DU MONDE le fait accéder à la célébrité et aux films à grands spectacles qui ne le quittera plus. Son jeu de scène très sobre, est posé par un physique de géant ( 1m93) et un faciès austère et taillé dans le bronze. Son image de marque de héros de l’humanité sera pérennisé par le rôle de BUFFALO BILL, outre atlantique. Et malgré une tentative de Cinéma d’auteur avec Orson Welles dans LA SOIF DU MAL, ce sont ses rôles de MOïSE et BEN-HUR qui l’immortaliseront… 

Marchant par trilogie, les années soixante le sacreront par trois interprétations d’aventuriers dans les 55 JOURS DE PEKIN, MAJOR DUNDEE et KHARTHOUM. Pourtant ses plus belles conquêtes ne seront pas féminines et c’est la science-fiction qui installera définitivement Charlton au panthéon des plus grands acteurs, rejoignant outre Marlon, Clark GABLE, Gary COOPER, et John WAYNE, auquel on peut rapprocher sa carrière.

3 films d’anticipation à voir avec Charlton HESTON :

1968 LA PLANETE DES SINGES
3 astronautes atterrissent sur une planète inconnue. Ils découvrent qu’ils ont en fait voyagé dans le temps et sont revenus sur leur bonne vieille terre. Mais les choses ont changé, ce ne sont plus les humains qui dirigent la planète, mais les singes…Charlton est Taylor, dernier astronaute survivant qui découvre la vérité. Scènes fortes, belles images, inégalé même par le Burton de 2001 où Heston fait une apparition.

1971 LE SURVIVANT
D’après « je suis une légende » de Matheson, Charlton interprète un survivant d’après la bombe nucléaire qui a ratissé la planète. Une sorte de prolongement de la « Planète des singes ». Il est immunisé contre les retombées car médecin militaire, il s’est injecté un vaccin expérimental. Mais d’autres survivants malformés et mutants rôdent dans les rues, dans l’attente de le faire tomber de son piédestal…Heureusement, d’autres humains sains arrivent, donnant espoir à cette humanité mal en point…Sujet fort, Charlton a de la gueule et les méchants aussi !

1973 SOLEIL VERT
Une fin du monde biologique sauvée momentanément par la production d’une potion à base de plancton. Du moins c’est ce qu’on dit…Charlton est un policier chargé de découvrir le meurtrier d’un des dirigeants, et de fil en aiguille trouve d’autres secrets de fabriques de ce monde aseptisé et bienheureux. Ambiance et musique, horreur pour annihiler une surpopulation annoncée. La suite morale du Survivant…

Voilà la belle carrière de Charlton Heston, acteur à la gueule d’empereur romain et conquérant des mondes à venir…Il interpréta par ailleurs une « Ile au Trésor » ce qui nous rapproche un peu du monde des pirates !

Besos, JACK RACKHAM.

PS: Comment oublier que Charlton Heston joua aussi dans l"Appel de la Forêt", d'après le roman de Jack London, l'histoire du chien-loup Buck...

vendredi 14 août 2009

Le Dernier tango de Marlon


L'été ne se meurt pas encore mais affalé dans mes cordes sur le pont du Poséïdon, je regarde au loin, au delà de l'île du Crâne où Tim est partie, encore, faire le plein de provisions à l'épicerie locale...Je me balance et me prend des airs de star en costume. De celle qui ont parsemé le 7ème art dans des films noirs et blancs ou technicolor, représentant nos rêves ou à défaut nos illusions.

J'ai découvert ce film, « Les Révoltés du Bounty » qui raconte l'aventure d'une mutinerie. Marlon Brando joue Fletcher Christian qui prend le commandement du navire au Capitaine Bligh, borné et impitoyable...Moi aussi, je pris jadis les rênes du Neptune au Capitaine Vane, lâche devant l'éternel, et devint par cet acte le pirate Rackham Le Rouge. Je n'avais pas prévu qu'un célèbre dessinateur de Bandes Dessinées me rendrait bien des siècles plus tard, la gloire perdue de mon nom...

Cet acteur Marlon Brando commence sa carrière au Théâtre et suit la formation de l'Actor's Studio. Un Tramway nommé Désir, L'équipée Sauvage et Sur les Quais le consacrent comme un des plus grands de sa génération. Plus tard, il connait son apogée professionnelle et artistique pour son rôle dans le « Parrain ». Pourtant deux rôles, hormis celui du Lieutenant Fletcher, donnèrent à sa carrière une autre couleur...

LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES
Terrible face à face de deux bandits de grands chemins, dont l'un devient Shériff après avoir trahi l'autre. Marlon interprète ce martyr et réalise lui-même le film. Sorte d'auto flagellation comme dans une scène où il se fait casser la main à coup de crosse par son ancien ami. Le temps passe avant qu'il ne se venge, dans une sorte de purgatoire où il redevient ange au milieu de renégats auxquels il s'associe avant de frapper. Une sorte de film noir du Western où il peut mettre en valeur lui-même son côté glamour.

LE DERNIER TANGO A PARIS
Bien longtemps avant La Route de Madison, autre grand film d'amour, quelques jours hors-le temps entre un quadragénaire désabusé et une jeune fille n'ayant pas froid aux yeux. Allégorie moderne filmée par Bertolucci, on est dans le contemporain, on court dans Paris, Jean-Pierre Léaud joue à Truffaut et on observe comme deux lions en cage les deux amants. Puis le charme se rompt, Marlon perd son soulier et sa crinière redevient carrosse...Son amour-haine vient de mourir et cette jeune fille ést une nouvelle chance pour lui. Scènes de bal, danseurs aux coup de tête argentins, ivresse et décadence....Marlon est magnifique dans ce film, le charme d'un américain à Paris !

...Le Lieutenant Christian tient en joue le Capitaine Bligh. Les deux hommes se toisent mais le pouvoir a changé de main. Les hommes attendent les ordres de leur nouveau capitaine. Le sort en est jeté, les hommes du Bounty sont devenus des mutins...

Je bascule dans mon rêve et je deviens Fletcher. Bligh est arrogant et Bosco veut lui faire son affaire. Ca me rappelle une scène de Pulp Fiction. Je plains le Capitaine, bosco est un costaud...

La scène où Ving Rhames est attaché sur la selle ?
Oui...
Oulala, pauvre Capitaine Bligh...

Peu importe. Certains films recèlent bien des valeurs que nous ne pouvont réaliser dans la vraie vie. Marlon est de ces héros des temps modernes s'immortalisant en libérateur, au temps des marins ou des cow-boys. Charlton Heston interpréta lui des empereurs romains ou des esclaves-rois, mais ça c'est une autre histoire...

Jack Rackham.

mercredi 12 août 2009

Oh Mommy !


C’est vrai que je dis souvent que je suis orphelin, mais que je serais un bon fils si la chance m’avait donné des parents. La vérité est plus douce, un Jack Rackham a bien eu une maman, une adoptive, une nourrice à qui il a tété le sein, la première…

Mon tricorne goutte quand j’en parle. Mommy a toujours été son seul patronyme et je serais bien en peine de lui connaître un autre nom, un petit, qui ressemble à Jeanne ou Aziza. Tout le monde devant moi l’a toujours appelé ainsi : Mommy.

Aussi loin que je remonte, je me souviens de son tablier et ses formes rondes. Elle avait l’air immense sous ses pois géants. La peau de son cou et ses bras avait plutôt l’air d’une carapace bronzée et si j’avais tété ses seins, nulle idée ne m’en prit de les mordre, ils avaient l’air indestructibles…Pourtant ses gestes étaient doux et j’avais l’impression d’être une chose précieuse qu’elle tenait comme de la porcelaine…

Un jour, je brisais un miroir par mégarde et je la vis prise de furie contre les bouts de verres fumés qui partirent à la poubelle dans une rage innommable. En répétant et me secouant en disant : « Tu n’as rien au moins ? ». A l’école, c’était pareil, nombre de camarades en furent quitte pour une regard noir ou un coup de pied au derrière, pour une brimade ou une mauvaise parole à mon encontre. Quand je la voyais arriver, les mains sur les hanches avec son rouleau à pâtisserie, je souriais de mes dents blanches, comme un mot de passe qui voulait dire : « Vas-y !"C’était ma Mommy…

Moi aussi, j’ai pris soin d’elle plus tard. Je lui avais trouvé une petite maison près de l’école maritime du Capitaine Longfellows. Et j’allais la voir très souvent. Enfin quand Katia n’était pas libre et ne me conviait pas à ces longues chevauchées à vélo vers une île au Trésor…

Avec le temps, sa santé périclita au point qu’elle ne pouvait plus faire ses courses. Alors je m’occupais d’elle et allais au marché pour lui remplir sa maison de fruits, légumes et lard. Parfois, je lui faisais de la soupe et passais ma soirée à lui faire aussi la lecture. Elle souriait en secouant la tête, puis s’endormait dans le fauteuil à bascule. Avec peine, j’allais ensuite la coucher dans son lit. Ca faisait drôle de la déshabiller comme une enfant, comme elle avait fait avec moi …

Préoccupé par l’école et Katia, je chargeais parfois Madame Long, la voisine, de s’en occuper. Je passais de temps en temps pour la voir. Elle était là dans son fauteuil, m’attendant ou rêvant de sa vie passée. Je jetais toujours un œil voir si sa coiffure était propre, son tablier mis…

Le temps qui passe nous rappelle la vie. On oublie parfois de s’arrêter, même pour ceux qui nous ont chéri, dorloté, gâté…Mommy est là, ma jeunesse m’entraîne vers d’autres horizons, je jette un œil de temps en temps voir si sa coiffure est propre…

Elle est droite dans son fauteuil, ses cheveux ont raidi et il me semble que Madame Long n’est pas passée depuis longtemps. La poussière a fait son office et des toiles d’araignées se sont faites entre le mur et le dos du fauteuil. 

Ses orbites évidées me font un peu peur. Je n’ose mettre fin à mes visites, elle n’a que moi. C’est ma Mommy…

vendredi 7 août 2009

La Tribu de Dana - par B


"Quel est le nom de cet homme déjà ? Ah oui: Jack Rakham. A la manière qu'il a eu de vouloir m'étreindre il doit avoir l'habitude qu'aucune femme ne lui résiste. ... J'espère ne pas y être allée trop fort en le propulsant dehors comme je l'ai fait, le pauvre. Je suis une vraie brute, parfois."

Dana repensait à cette rencontre inattendue alors qu'elle était à la cueillette et culpabilisait un peu de sa rudesse envers son visiteur. La végétation était luxuriante et, c'est vrai, elle ne manquait de rien. Elle agrémentait parfois les repas qu'elle préparait à ses enfants avec des poissons et des coquillages qu'elle ramenait du rivage. C'est d'ailleurs en y allant qu'elle l'avait vu. Elle avait préféré se dévoiler et se présenter plutôt que de jouer à une partie de cache-cache. Surtout, elle ne voulait pas que cet homme et ses compagnons envahissent son territoire et viennent mettre en danger la vie qu'elle avait choisi de mener là, loin de tous ces sauvages qui se disaient civilisés mais qui ne respectaient pas grand chose en réalité. En tout cas pas la confiance qu'elle avait cru pouvoir accorder à quelques-uns.
Son regard se voila au souvenir de sa vie passée et de ce qui l'avait amenée à partir vivre le plus à l'écart possible des hommes. Mais elle se reprit bien vite en se disant que ces choses-là avaient déjà une place: le passé. Elle comptait bien les y laisser.
Depuis qu'elle vivait là, et la vie n'était pas toujours facile en haut d'un arbre, même douillettement installée, elle était heureuse. Elle était aussi heureuse d'offrir une vie de cette qualité à ceux qu'elle aimait le plus au monde: ses enfants. A eux trois ils formaient une famille sereine qui n'avait pas à s'embarrasser des contraintes sociales. Ils vivaient au rythme de la nature, et cela leur allait bien.

Elle regarda la position du soleil. Bientôt dix heures. Elle décida de rentrer avec ce qu'elle avait déjà cueilli, de quoi tenir facilement trois jours.
En s'approchant de la maison elle entendit des éclats de voix. Intriguée, elle grimpa discrètement jusqu'en haut de l'arbre et entendit son fils dire de sa voix toute colorée: "Ah non, ma maman ne sera pas d'accord ! Il faut vite que vous partiez, sinon elle va se fâcher." Elle entra dans la maison et fut rassurée de voir que sa grande fille veillait sur son petit garçon. Elle prit celui-ci dans ses bras et lui demanda en frottant son nez contre le sien : "Et je ne serai pas d'accord pour quoi, petit bonhomme ?"
Le petit garçon tourna la tête et répondit "Le monsieur veut te parler."

Elle ne fut pas vraiment surprise de voir Jack:
"- Ah c'est toi ? Qu'est-ce qui t'amène par ici ?
- Toi, répondit-il simplement.
- Moi ? Comment, moi ?"
Jack eut un moment d'hésitation. Il semblait chercher une réponse. Puis une idée de génie sembla germer dans son esprit à en juger par l'éclat qui naissait dans son regard. Il sourit :
"- Tu m'as bien dit que tu écrivais. Il se trouve que j'ai aussi cette occupation solitaire, lorsque je ne suis pas occupé à ... Faire autre chose ... Avec des personnes.
- Et donc ? demanda Dana en réprimant un rire.
- Et donc, si cela t'intéresse, nous pourrions collaborer. Littérairement bien sûr ! S'empressa-til d'ajouter.
- Bien sûr ... répéta-t-elle en plissant ses yeux."
Elle sentit son regard sur elle portant son enfant dans les bras et elle eut l'impression qu'il la découvrait. Il réalisait que cette femme était une mère qui, telle une lionne, s'attaquerait sans pitié à quiconque s'en prendrait à ses petits. C'était dans ses yeux, dans ses expressions, et d'une manière générale, dans son attitude toute entière. Il comprit dès cet instant qu'elle se refuserait à lui mais pas seulement. Il comprit qu'elle ne laisserait plus aucun homme l'approcher, elle, ni entrer dans sa vie.

Elle posa son petit garçon sur le plancher.
"Je veux bien, dit-elle. L'idée d'un travail ensemble est intéressante. J'aime écrire. J'accepte ta proposition à la seule condition que notre collaboration ne dépassera pas le cadre de l'écriture et que tu respecteras la vie que j'ai ici avec mes enfants."

Il accepta le marché et elle sut qu'il tiendrait parole. Pour la première fois depuis longtemps elle se risquait à refaire confiance à un homme.
Pour lui faire comprendre qu'ils s'étaient tout dit elle lui montra seulement du regard l'entrée de sa maison. Elle n'eut pas besoin de l'éjecter pour qu'il parte.
B.

( A SUIVRE...)
B signe un blog appelé "Whispers" dont le lien est à côté...

mardi 4 août 2009

Psy cause toujours, Pirate !


Je ne sais si c’était l’arrivée à l’Ile du Crâne, mon amitié sincère avec Eloïse l’épicière du village, ou un différend passager avec Tim, mais je me retrouvais à nouveau sur le divan du carré des officiers, matant un tableau . Ce n’était plus le faciès borgne du Capitaine Willouby qui me faisait face, mais une scène champêtre de jeunes filles courant vers un sous-bois, qui n’étaient point unijambistes, ce qui l’améliorait déjà du tableau précédent.

Tout allait bien avec Lilly, mon infirmière, on avait recommencé quelques lancers de bouteilles à la mer et je l’avais même embauchée sur le Poséïdon. Exit le Carlito. Le Docteur Santiago avait pris son stylo et attendait que je commenças…

- Je crois que j’ai croisé un peu trop de Princesses ces derniers temps. Dis-je. Je dois faire une indigestion. Au début, il y eu cette princesse galloise, Karine…
- Elle vous déplaisait ?
- Non point. Mais j’ai passé quelques après-midi à garder ses nombreux enfants, pendant qu’elle faisait les courses. C’est terrible les gamins, cruels, j’ai même failli perdre au poker, c’est dire…
- Ensuite ?
- Il y eut cette Bérénice…Une belle blonde.
- Ah bon ? Et qui était-elle cette Bérénice ? Relança Santiago, pensif, et appuyant sa phrase d’un « Moui » approbateur mais ironique.
- Une princesse occitane, rencontré à une soirée guimbarde et viole, organisée par Bosco. Nous avons bu un dernier verre tardif où nous avons échangé nos sangs comme des vampires. Je suis sous son emprise depuis et je hurle chaque soir de pleine lune et me transforme en loup garou en reniflant partout…
- Vous éxagérez là ?
- Oui, un petit peu...
- Bon…vous m’aviez parlé aussi d’une reine de la pluie, une normande ?
- Oui, Yaëlle…Elle avait presque accepté de devenir mon second et remplacer Tim, quand elle se mit à clamer partout qu’elle était deux ! Vous vous rendez compte ?
- Oui, un dédoublement de personnalité sans doute…
- Ensuite ce fut un défilé de princesses…Une écossaise notamment, atteinte d’une frénésie d’écriture, écrivant partout, même dans les grottes alentour, on les retrouvera plus tard et on fera des études et des livres dessus ! 
- Moui…
- Sans compter les sorcières de l’amour…Gicerilla la courtisane, Maïa Luna la reine du balai , Colombine et son tarot magique…
- Ben dites donc, vous ne vous ennuyez pas, monsieur Rackham !
- Remarquez je n’ai que ça à faire…Et regarder le soleil, la mer, le ciel bleu, les palmiers et les mouettes.
- Pourtant, je sens chez vous une ombre. Un secret…Moui ?
- Mhhh….
- Allons allons, vous ne me dites pas tout. Vous me cachez quelque chose. Une autre princesse, peut-être…Une princesse bretonne peut-être ?

Je levais les yeux vers le tableau, cherchant mais ne trouvant point Dana, que j’attendais…

- Moui…Répondis-je.