mercredi 29 juin 2011

Le Parfum de Rita


L’été fait valser les mouettes au dessus de ma tête et mon tricorne se souvient…

C’était il y a longtemps, entre ma prime jeunesse et la force d’un âge pas encore mûr. Le temps des apprentissages incertains et des peurs irréelles. Le temps où on s’invente des amours et des haines pour mieux sentir sa vie, ou croire qu’on existe pour quelqu’un.

Elle était douce et belle. J’aimais ses cheveux longs et leur noirceur était à opposé de son esprit innocent et doux. Nos rires avaient fait connaissance et s’étaient plus. Pas tout de suite, il faut du temps pour les jeunes marins à remarquer les ports qui les attendent. Quelques baisers puis une nuit sans lune. Puis le jour où je connus son corps…

Ses rondeurs et rousseurs avaient conquis mon désir, l’allumant et ne l’éteignant jamais. Le goût de sa peau et de son pigment. Sa pilosité discrète par endroits et explosant par d’autres. Sa bouche comme une amie aux mille sens, ses hanches fines que je pouvais tenir (presque) en faisant toucher mes pouces, sa croupe à double culpe, deux territoires conquis sous mes mains bienheureuses de tenir là le monde…Aisselles au goût salé comme du caviar pour ma langue, carrefour et morceau de choix où je goûtais l’humeur de tes festins, sueurs que je buvais comme des breuvages de rois, ces fumets entiers faits rien que pour moi, c’était toi.

Je lève le nez au ciel et je pince mon cœur. Les visages sont partis et les corps s’estompent de nos mémoires. Le démon est passé et les rires se sont tus. Plus de souvenirs et plus de connivence. De tous ces moments passés, de ces amours sentis, de ces mains posées, de ces paroles échangées, des coïts enfoncés, de nos doigts qui caressaient, de nos langues mouillées, de nos mots susurrés, de nos esprits alertés, de tous ces souvenirs de toi qui tapissaient mon cœur…

…il ne reste plus que ton parfum. 


vendredi 24 juin 2011

La Fille des Bois

Tim, de retour de pérégrinations affectives, avait décidé de prendre les choses du navire en main et de faire quelques économies sur le budget « cantine » de l’équipage. Finies les fraises coûteuses pour les desserts de Bosco mais aussi économie sur les produits naturels. Chacun avait mission de faire cueillette de tel fruit ou tel légume, et pour ma part, j’étais chargé du ramassage savant et parfois mortel des champignons !

L’île du Crâne avait l’avantage de posséder un arrière-pays foisonnant de ces plantes comestibles à chapeaux et je m’engageais avec un grand panier en osier pour ramener d’ici le soir ce qu’il fallait pour nourrir mon équipage…Un chemin de terre plus feuillu que d’autres m’attira, et je l’arpentais à tâtons comme on invite une jeune mariée à son bal de mariage. Un œil à droite pour le mari, et un œil à g…

Que voyais-je là, en bord de sentier à moitié nue et coiffée de fougères sauvages ? Cette jeune femme semblait attendre un amoureux et cueillait quelques fleurs pour passer le temps. Je m’approchais de cette apparition champêtre et forestière à la fois, regardant sous son sein un buisson qui aurait fait le bonheur de plusieurs pour bien des noces et ses festins. Je raclais ma gorge pour me faire connaitre, mais c’est à peine si elle tourna les yeux.

J’enlevais mon tricorne et enfin elle me capta. Son œil sauvage à fleur d’orbite me contemplait de haut en bas comme une gourmandise.  J’étais flatté et sans un mot, elle s’approchait près de moi à me frôler. Elle me faisait penser à Madeleine, un de mes amours de jeunesse, avec ses seins lourds et aux mamelons larges et rosés. Je goûtais à ces deux sources de jouvence puis elle me fit basculer sur ses genoux comme un jouet. Sa main dirigea la manœuvre et elle guidait mon désir comme on aurait fait avec un bateau. J’aimais le chemin qu’on empruntait et la douceur des vents me prit comme dans sa bouche en un tourbillon de saveurs sauvages. 

La douceur de sa peau enveloppait mes sens et mon nez fouilla à son tour les feuilles de sa pudeur. Elle aima les délices de Capitaine de mon cru, tant qu’elle se tourna pour m’offrir des trésors de sa forêt que j’acceptais sur le champ. 

La suite sera gardée à jamais dans la mémoire de la forêt mais elle résonne encore sous mon tricorne et les tréfonds de mon âme. Je ramassais tant que je pus des champignons avant de reprendre le chemin du Poséidon  mais je jetais un œil furtif vers le sous-bois avant de partir. 

 Je vis alors une belle biche qui me fit un clin d’œil, qui me fit rougir.

De retour, je posais mon panier de champignons sur la grand’table quand Bosco rentra comme une furie avec ses tomes et ses fromages. « Il se passe de drôles de choses dans cette île. Je ne puis tout vous raconter mais les chèvres et les vaches de par ici, ont une drôle de mentalité, je vous le dis ! »

samedi 18 juin 2011

La Dernière Femme

Robert Van der Plout avait un fameux penchant pour la gente féminine et quelquefois son penchant le faisait basculer dans la quatrième dimension de son vice. Oubliant tabous et galanterie, il laissait aller ses pulsions les plus animales, et choisissant une pauvre femme au hasard des dédales de rues de Mexico, il accomplissait une vilenie sans nom… 

Justement ce soir-là, notre amie Patricia avait rendez-vous avec son mari Pablo. Vous vous souvenez ? J’avais raconté les circonstances de leur mariage dans un texte un peu cru mais empreint de romantisme intitulé « La Putain du Rio Grande », le titre parlant de lui-même…Patricia avait accéléré le pas car elle avait compris qu’un homme la suivait. Robert effectivement, venait de choisir sa proie et la voyant s’engouffrer dans une ruelle sombre adéquate, il bondit sur elle et la prit violemment à plusieurs reprises. Sa sauvagerie et sa cruauté animale rappelait à Patricia son aventure avec les singes Macumbas des montagnes, mais au moins les singes ne lui avaient pas crié à l’oreille des insultes nauséabondes telles « Tu es une chienne », « Tu la sens » ou même « Dis-moi que je suis beau, salope ! ». Sa besogne faite, Robert la laissa à même le sol épuisée et presque nue, ses vêtements étant presque entièrement déchirés, râlant et appelant au secours…

Heureusement, un agent de repos qui passait par là, la secourra et appela vite ses collègues de service. Le quartier fut quadrillé rapidement et cinq suspects furent arrêtés pour être soumis à interrogatoire et confrontation avec la plaignante. Notre ami Robert fut embarqué avec  quatre autres, et il essaya de faire mine de rien car c’était sa première arrestation. Aligné cinquième de rang, il vit Patricia encore fébrile qui fut contrainte de passer devant eux en personne, le commissariat n’ayant pas de glace sans tain. Elle se souvenait encore du sexe gonflé de son agresseur, de ses doigts qui l’avaient  pétassé de partout, de ces ignobles choses qu’elle avait du subir, et ses orifices brûlaient encore de ses forfaitures et sa violence. 

Patricia s’arrêtant devant lui, et lui ne sachant que faire en telle circonstance, Robert la pointe alors du doigt et dit tout haut :

« C’est elle ! ».

jeudi 16 juin 2011

Conversation mondaine autour d'un échiquier

Une petite visite familière m’avait détendu d’un quotidien pesant, coincé entre le travail d’entretien d’un bateau de commerce en vacances, et quelques états d’âme de votre serviteur, perdu que j’étais entre les mouvements de hamac subits et les rêves inassouvis. La petite Sandra, amatrice de bronzing sauvage, avait posé une fois de plus sa serviette sur mon ponton et pour pimenter nos conversations, nous avions entamé une sorte de Strip Chess. 

Je gagnais pour le moment…

- Ah, tu as un coup d’avance Capitaine. Mais je compte bien te prendre ton tricorne, pirate…

- Si seulement c’était vrai, la dernière gueuse qui m’a snobé m’a fait douter de mon charme !   

- Ma reine prend ton fou, bien fait, assène Sandra.

- La vie est cruelle, dis-je. Les grands auteurs dramatiques qui viendront plus tard, auront raconté les grands dilemmes de la vie amoureuse du monde. Aimer quelqu’un qui ne vous aime pas pendant qu’une autre vous bade et que vous ne regardez pas. C’est la vie…

- Moi aussi, j’ai eu un chagrin d’amour. Il était grand, beau, et…Ah c’est sûr, il ne savait pas jouer aux échecs, lui. On a fait l’amour comme des bêtes pendant des jours puis plus rien. Pas un mot. Il est reparti en se balançant de liane en liane, comme il était venu…

- Heuuu ?

- Je rigole, Capitaine !

-Mais il n’y a pas que le physique. Quelquefois, je ne me sens pas appréciée pour moi, pour mes qualités intérieures, mon intelligence, tout. Suis déçue des hommes, moi…

- Mais non Sandra, certains hommes peuvent t’apprécier, j’en suis sûr. D’ailleurs…

- Teu teu ! C’est mon cul qu’on regarde. Je le sais ! Mon joli petit cul, et c’est tout !

- Mais non Sandra, il y a aussi…

- Oui, mes seins, j’avais oublié ! Ah ben ceux-là, ils sont comme la pendule de la sécu, on ne peut pas les voler !

- Pour ça, tu as raison mais tu as d’autres qualités. Tu es intelligente, joyeuse, cultivée et ta présence est agréable aussi pour ta conversation ! Hé…

- Tu es chou, pirate. Peu d’hommes m’ont parlé comme toi, j’apprécie cette courtoisie…Ah, je prends ton cheval ! Echec au roi et…Ton tricorne est à moi, yesssss !!!

- Tiens…Tu sais, on s’entend pas mal tous les deux, Sandra. Tu vois, si tous les deux on…

- Ah non, c’est pas possible ! Je t’arrête, là ! 

- Ben, pourquoi ?

- Non mais, t’as vu ta tronche...? !!!

lundi 13 juin 2011

Celui qui vient

« J’ai bien fait de prendre une petite laine, la nuit commence à tétaniser tout mon corps et la lune rousse surveille les environs, à la recherche d’un loup sauvage ou d’un lutin. Ce matin, je buvais encore un café à la terrasse du Conquistador et je me souviens de cette conversation avec Inès sur l’amour et l’homme de sa vie…Laura, me dit-elle, il saura te reconnaitre. Tu parles, là où je suis et perdue au fin fond d’un ravin dont nul ne connait le nom, je le vois celui-là venir me demander mon téléphone pour un rendez-vous galant. Le prince charmant c’est dans les têtes et les romans. Très peu pour moi ce soir, je sens mon bras qui s’engourdit de tenir cette branche, et je ne sais combien de temps je tiendrais…

Mon cœur s’est émoustillé dès que j’ai su son nom et vu son minois. Un homme reconnait ces signes avant même les premiers mots d’approche. Oui, j’ai remarqué aussi son intelligence et son acuité des choses, avant même d’avoir vu son corps de rêve et son sourire enjôleur. Elle a décidé de faire une balade cet après-midi pour dénicher quelques pierres anciennes, vestiges de mondes imaginaires d’un Incal commandeur de royaumes. Elle a l’air si fragile avec son petit sac à dos. Je vais la suivre…

Je crois que j’aurais du faire mon testament ce matin. Je maudis cette idée de trouver ces pierres. C’est mon cœur que j’aurais du écouter et rester dans mon salon à dodeliner sur des chansons de variétés. Inès et ses idées d’homme qui vous attend ou qui est là le jour où. J’ai l’impression que j’aurais plus de chance avec mon inspecteur des dîmes et des taxes. Ces vacances sur l’île du Crâne vont mal tourner et je crois que je vais écouter Inès et prier cet homme providentiel pour qu’il vienne !

Elle est bien cette petite. Je crois que j’ai le ticket ! Et cette idée de balade seule en forêt, je crois bien que je vais annuler mes vacances à Tunis et la rattraper sur le chemin. C’est bon cet air des Caraïbes, les mouettes vont guider mes pas vers cette demoiselle qui envoûte mon cœur…

Pendue à cette branche depuis des heures, je ne sens plus mes forces et mon bras. Je vais bientôt lâcher et il faut que garde mon cerveau en alerte. Je crois bien que personne ne viendra, Inès et ses idées… »Tu sais, le jour où tu es dans la merde, que tu es à l’agonie, que seule au monde tu as perdu espoir. Et bien, pense à celui qui peut venir te sauver. Qui t’a peut-être observée, comprise et qui en écoutant à la radio ou les cliquetis des vagues, sait que tu as besoin de lui… » Tu parles, ma famille est dispersée aux quatre coins du monde, et hormis les Don Juan coureurs de jupons que j’ai croisé au cours de ma courte vie, qui peut penser à moi maintenant ? 

C’est ma semaine de garde et grâce au ciel, les vacances de Laura aux Caraïbes vont prolonger mon plaisir d’être avec la petite. C’est bien sa faute après tout. Ces femmes qui savent tout sauf rester à leur place, et qui veulent en plus qu’on leur fasse la conversation…Tiens, si elle ne revenait pas, qui se soucierait d’elle après tout ?

Ce sont mes derniers instants. Seule au monde je suis, et les images de ma vie me reviennent. Mes anniversaires, les fêtes de Noël en famille, mais aussi des nuits d’amour…Ces nuits de sueur, de mots doux, d’orgasmes et de sexe brut aussi. Je revois mes amants aux corps plein de désir, et mon envie aussi. Ma vie devant mes yeux, je vais lâcher, tomber dans cette abîme sans fond…Tiens, un bruit de feuille au dessus de ma tête. Je vois une main…Comme dans ce film. Comment s’appelle t-il déjà…

Donnez-moi la main, me dit une voix que je crois connaitre, un peu nasillarde, ni trop virile, ni enfantine.
Je m’exécute. Tâtant l’obscurité au hasard, n’en croyant pas mes oreilles. Je crois rêver…Je sens cette main, qui me tire. Et je monte vers ma survie, ma vie…

Je le vois. Je suis sauvée à présent. Un sourire se dessine dans une barbe de trois jours que je connais. « Jack ! » crie mon cœur ! Mon pirate…bien sûr, quelle idiote !

Oui, c’est moi, répond-il. Je m’inquiétais…J’ai bien fait de venir, je crois.

Je…Je vous attendais, m’entends-je dire.
Je reviens de mes rêves, je suis à la terrasse d’un café. J’ai du m’absenter en pensée quelques minutes et je vois Inès qui parle à un homme, et rit à gorge déployée. Il y a beaucoup d’hommes mais je ne vois que lui. Il a un drôle de tricorne et ressemble à un pirate. Comment s’appelle t-il déjà ? »


A toutes les Laura du monde…
Jack Rackham.

mercredi 8 juin 2011

L'Ame de Josey Wales

L’homme avait atterri sur le pont de mon navire comme par enchantement et c’est l’indien qui l’accompagnait l’appelant « Josey » qui fit les présentations. Sa démarche un peu raide lui donnait l’air d’une tenture avec son pancho, mais on ne se trompait guère sur la détermination du gars et nul n’avait envie de lui chercher noise. Ses revolvers et son fouet prêts à dégainer dépassaient sur les côtés, comme des avertissements.

Sa figure profonde cachait mal une tristesse et il ne m’aurait pas étonné qu’un grand malheur ait bouleversé sa vie. Un bel oiseau sur son épaule, un aigle impérial,  semblait lui raconter des histoires secrètes et seuls des crachats dus à sa chique semblaient interrompre ses récits. Son regard circulaire et glacial décrypta rapidement hommes et situation, et je relevais mon tricorne poliment en fruste salutation.

Oliver, un matelot sembla deviner les intentions du pistolero et passa dans mon dos pour éviter son regard et son courroux. Un sifflement rasa mon épaule pour claquer contre le malheureux et le fouet l’enserra comme un tentacule. Le soleil dans son visage l’avait ébloui et La lanière le ramena devant l’homme qui semblait parler à ce bel oiseau,  vociférant jugement et sentences. J’imaginais la scène comme le châtiment inéluctable pour un affront à une belle princesse…

Je revoyais alors le visage de mon amie Bella que je j’avais rencontré au cours d’un voyage au Kurdistan, à Bahâr. Son sourire suave et son regard perçant me revenaient, et aussi la douceur de sa peau et de ses longs doigts…Sa voix particulière envoutait encore mon esprit et il ne s’était passé nulle journée sans y repenser, malgré une vie remplie d’amours et de combats, telle une virgule dépassant de mon cœur.

Je revenais sur le pont de mon navire où le matelot semblant remplacer une serpillère, frottait avec force de son visage le plancher du navire, la botte de l’homme poussant sur son crâne comme pour le forcer à demander pardon. La punition finie, il le repoussa d’un coup de pied tel un chien de saloon, mais le marin avait disparu comme par magie et ne restait là qu’une serpillère trempée et salie de sa besogne...

Bosco passa et l’enleva d’une main sèche. « Allez, faut pas laisser trainer les saletés… »

L’oiseau s’envola alors de l’épaule de l’homme au chapeau, qui lui fit signe comme un adieu.

Il cracha une dernière fois par-dessus la rambarde et on ne le revit jamais…


Jack Rackham

Clint Eastwood a réalisé un film intitulé « Josey Wales, Hors-la-loi » sorti en 1976, racontant l’histoire d’un homme à qui on a tué sous ses yeux, toute sa famille. On suit alors le chemin de sa vengeance à travers la fin de la guerre de Sécession.


Eastwood a réalisé de nombreux films à succès ou originaux tels L’Homme des Hautes Plaines (1974), Bronco Billy (1980), Pale Rider (1985), Bird (1986), Impitoyable (1992), Sur la Route de Madison (1995), Space Cow-boys (2000), Mystic River (2003), Million Dollar Baby (2004), Gran Torino (2009) et tant d’autres…

Il fut d’abord connu pour ses rôles d’acteurs comme dans les films de Sergio Leone ou Don Siegel, ou pour son rôle de l’Inspecteur Harry qu’il incarna à 5 reprises de 1971 à 1988. Une carrière pleine et exceptionnelle !

jeudi 2 juin 2011

Katia et la Crapouille de Broadway

Elle était là, allongée sur le lit, attendant que j’aie fini de parler et les volutes de fumée lui conféraient un air mystérieux et évanescent. Elle aimait tirer longuement sur son long fume-cigarette de star et regardait l’effet que ça produisait sur moi. Son œil brillait alors et toutes nos années de liaison rejaillissaient devant nous et nous rigolions comme des enfants…

Katia n’avait pas d’âge et même si je l’avais su, sa féminité, l’effet qu’elle produisait, sa science de la sexualité,  son charme fou et les sentiments que j’avais pour elle effaçait la moindre ride de son corps. Je voyais alors une belle femme à la croupe accueillante faisant du vélo dans mon esprit jusqu’à la fin des temps !

- Je te surveille Jack, et je suis bien patiente de voir toutes ces donzelles te tourner autour depuis ton arrivée sur l’île du Crâne,  commença t-elle. Ces Cameron, Zahiya, toutes ces princesses bretonnes et ces sirènes pour lesquelles tu écris et tu te pâmes…Mais je suis patiente. Tu es plus jeune que moi et tu as bien le droit de t’amuser un peu. J’aurais bientôt besoin de toi pour tenir ce Cabaret qui a pris toute mon attention et mon énergie. Son inauguration approche, tiens toi prêt…

- Tu sais bien que je suis là, Katia. Répliquais-je un sourire entre les dents et le tricorne relevé.

- C’est ça, rigole le pirate, reprit-elle.  J’ai bien vu ces épicières lubriques et surtout cette attachée de presse qui te suit de près. Tim a de la patience…Et je ne parle même pas de cette sorcière rouquine qui a tes préférences. Tss tss, ne réponds pas, tu vas encore mentir. Remarque, elle est mimi et sait tenir le manche de son balai. On dirait moi plus jeune, du temps où on s’envoyait en l’air au rythme du Tabouret Javanais…Mais elle, vu son genre, ce serait plutôt du style la Crapouille de Broadway, ouais ! 

- La Crapouille de Broadway ? Répétais-je, faussement interrogatif.

- Oui, ce serait bien le genre. C’est ce qui t’a  plu chez elle d’ailleurs. Les hommes, surtout les pirates, ça sent ces choses. Regarde, ton tricorne est déjà tout moite et ton nez s’allonge…

- Moi ? Rougissais-je.

- Allez, je suis belle joueuse. J’ai eu mon temps et ta reconnaissance aujourd’hui me flatte. Là, je dois aller vers le cœur de l’île chercher quelques champignons pour une omelette, tu viens avec moi ?

- Avec plaisir Katia, tu sais que j’ai toujours aimé faire du vélo avec toi…

- Ah non. Mes vieilles jambes ne sauraient plus pédaler autant et il y a des montées dignes des plus beaux ânes. C’est toi qui conduiras. C’est bien un peu à mon tour de reluquer tes fesses, tu ne crois pas ?


( Photo : Liza Minelli, dans CABARET )