mardi 29 octobre 2019

Les Dessous cachés de la Joconde


Les secrets de fabrication de histoire de l’Art foisonnent d’exemples similaires : la radiographie d’une toile célèbre révèle au grand jour les diverses étapes de sa réalisation, montrant par superposition les couches successives façonnées jusqu’à sa dernière figuration.

L’effet est souvent étonnant, les images successives aussi belles les unes que les autres, le plus souvent. Parfois, cela détonne un peu, violant plus l’intimité de la création que la bonifiant, surtout aux yeux des amateurs innocents et peu érudits, pas habitués à de tels outrages.

Ils préfèrent rester sur cette bonne impression initiale de leur ignorance, pensant après tout que le talent est rare, quelque chose d’unique auquel ils n’ont pas accès. Forcément.

« C’est un don ! ». Alors, comment regretter de ne pas avoir choisi la vocation artistique, picturale ou musicale, puisque seuls quelques élus étaient destinés à y prétendre ? Pas étonnant alors, d’avoir préféré la banque ou la maçonnerie, voire la fainéantise, car finalement beaucoup de choses demandent du talent…

La couture par exemple, et toutes sortes d’habiletés manuelles pour l’assemblage de tissus, donnant des vocations qualifiées de hautes, d’où ces grandes maisons de création aux noms célèbres et connues de par le monde.

Il y a aussi ce talent pas si universel, donnant accès aux choses de l’amour, alliant les capacités manuelles aux  manipulations mentales, regroupant en un les plus belles qualités humaines afin d’atteindre le sommet d’une chose souvent inaccessible : le bonheur.

Parait-il que le modèle initial qui servit à Léonard de Vinci pour son tableau La Joconde, était une sacrée friponne éveillée au libertinage, malgré un physique un peu ingrat et un léger strabisme.

« Mais elle avait un don ! » Dit-on.

Ah ?

Jack Rackham

lundi 14 octobre 2019

Ma Préférence




Elle lève les mains au ciel pour un mot oublié, une idée envolée, un terme inapproprié…Puis redescend ses paumes pour recoiffer sa chevelure sauvage, apaiser sa colère passagère puis reposer son âme et son stylo. Son inspiration trouble sa pensée, elle scrute son passé, cherchant au fond d’elle-même les réponses aux mystères.

L’Amour ? Il lui a semblé le connaître, il est venu de temps en temps en reconnaissance pour la visiter mais l’élan prometteur s’est vite effacé au fil de l’histoire, comme un processus inéluctable d’autodestruction programmée.

Depuis, elle n’attend plus rien, que son ambition et sa production créatrice, dévorant tout au passage. Elle aligne les pages de sa vie, imaginant des aventures, fomentant des stratégies, colorant des ambiances et construisant des univers entiers. Parfois même des Amours imaginés, en pleine fiction sans omniscience.

Elle aurait aimé jouer du piano, quelques mouvements au dessus du clavier, effleurant de sa main les notes d’une mélodie heureuse, tartinée de confitures et de fruits mûrs de la passion. Pas ces mélodies aux airs de libido ou de jeux de pouvoir, aux écœurements vomitifs des soumissions ou des dictatures. Pas de concurrence aux allures de chevaux de course, pariant sur plusieurs montures pour éviter de perdre.


Un tricorne est par là, rodant depuis toujours, observant sa bien-aimée, invisible et discret, il ne sait rien mais il pense tout. Elle lève la tête et l’aperçoit, un drôle d’air ce chenapan, il parait différent. Lui est patient et tenace, il va attendre un peu…

Sa préférence.


Jack Rackham

 Photos ; Sean Young dans Blade Runner ( R.Scott 1982)