samedi 30 juin 2012

La Voisine prend son pied


…la porte s’ouvrit lentement pour laisser voir un tableau digne des belles soirées du Marquis de Sade. Ma voisine était là, assise jambe écartée, se mirant le minois un fouet entre les cuisses, pendant qu’une soubrette était suppliciée contre un mur aux cavités qui la retenaient prisonnière pour une punition cruelle. Complètement nues toutes les deux, elles semblaient attendre quelque chose et mon petit doigt me disait que c’était moi…

Je repris mon sourire légendaire et m’approchais de ma belle, des idées plein les mirettes. Son miroir et une toge rouge s’échappèrent de ses  mains qui se retrouva telle Eve devant moi.

« Nous vous attendions Capitaine. Peu d’hommes passent par ici et je suis sûre que vous allez aimer nous accompagner dans nos jeux…. ».  J’acquiesçais du chef et mon sabre fut d’accord aussi, retenant l’attention de mon amie la voisine qui sembla hocher en vague de la tête pour mesurer l’engin ou son envie, je ne sais plus. L’autre sembla se défaire en un tour de passe-passe de son mur prisonnier et bientôt, je fus emmené sur le lit pour un jeu dont je ne savais pas les règles mais qui commençait à me plaire.

Bientôt je fus comme un canasson de cirque qui chevauché par-dessus comme un cow-boy, je broutais de ma gueule une paille au goût de miel. Les deux donzelles galopèrent longtemps vers une écurie imaginaire quand je ruais de tous mes fers pour retourner leur amour-propre et hennir de les enfourcher. Mes oreilles se froissèrent de leurs hurlements que je crus avoir traversé l’une après l’autre leurs cœurs et leurs corps.

Non point. Je respirais une dernière fois des aisselles embaumant mes naseaux d’une douce transpiration. Les cheveux longs de ma dulcinée s’étaient enroulés autour de mon bras en protection que sa langue me tétait en reconnaissance. Mes poils hérissés comme par bravade attisant ses yeux de mes bonbons, je devenais à moi tout seul une gourmandise. Pendant ce temps, l’autre gargoulette dansait en se tournant pour que je voie mieux ses jardins embroussaillés et je m’affûtais contre la cuisse bandée de ma belle voisine, comme un loup sauvage à son rocher…

(A suivre)

Dessin : Manara.

jeudi 21 juin 2012

La Voisine



J’avais loué cet été là pour quelques semaines de farniente, un bungalow proche de l’ile du Crâne. Le dépaysement n’est pas question de kilomètres mais d’environnement proche. Dans ce coin-là, mon tricorne ne dirait donc rien à quiconque et j’allais pouvoir m’adonner à mon plaisir favori : Ecrire. Et accessoirement lire mon quotidien sportif préféré, ce qui n’était pas sûr, vu la rareté des dépôts de presse dans ces régions.

En fait de bungalow, c’était une maison sur pilotis. L’endroit était clair et le frigo approvisionné. La vue sur l’océan était impressionnante même si j’essayais d’oublier le danger des tsunamis ou la tempête subite. De longues passerelles et chemins de bois reliaient les maisons les unes aux autres et mon voisin le plus proche était une voisine, m’avait averti le gars de l’agence, avec un air malicieux.

Fallait être en jambes pour aller saluer la belle ou emprunter du sucre, car plusieurs kilomètres de planches séparaient parfois les habitations. Un samedi de solitude me donna courage pour aller saluer ma voisine et durant tout le chemin, j’inventais divers prétextes pour expliquer ma venue.

Un brin essoufflé par la balade, je frappais à la porte, décidé à lui demander du rhum blanc pour l’inciter à venir partager un gâteau ou une coupe de glace.

TOC TOC ! Fis-je franchement, en mettant mes mains sur les hanches et toisant l’horizon en me retournant pour bien montrer mon détachement et l’aléatoire de ma visite.

La porte s’ouvrit lentement et laissa découvrir une créature à la beauté sans nom. Le souffle coupé, je la regardais comme un vendeur de voiture découvrant une Ferrari. Elle s’accouda sur le chambranle de la porte, passant sa main dans les cheveux et laissant entrouvrir son chemisier déjà bien entrebâillé.

«  Que puis-je pour vous ? » Osa t-elle. Tu parles, ce que tu pourrais je n’ose même pas l’écrire, mon blog serait censuré tout de suite. J’inventais une excuse ou deux et je finissais par un truc du genre «juste histoire de faire connaissance entre voisins ». Elle du comprendre autre chose car je repartais avec un superbe tire-bouchon en forme de sarment vernis et tout le chemin du retour, je cogitais à une autre visite dès le lendemain, en me jurant de rester un peu plus longtemps. 

Je rêvais toute la nuit à mon inconnue et exténué d’avoir fait l’amour avec elle plusieurs fois, je reportais mon voyage jusqu’à sa paillotte à l’après-midi. A peine arrivé devant sa porte, elle sortait une serviette sur l’épaule et me lança : « Je vais à la plage. Vous venez ? » de ces dents blanches avec un sourire à qui on ne peut rien refuser…

Quelques kilomètres de marche plus tard, je la voyais courir sur la plage telle une sirène (sauf pour les jambes, bien sûr !) et ses déhanchements me rappelaient des rêves secrets dans un autre temps fait de publicités audiovisuelles clamant les bienfaits de déodorants démoniaques. J’en profitais pour me reposer, jusqu’à ce qu’elle m’appelle d’une voix forte et langoureuse « Venez, elle est chaude ! On va faire les fous … ». Je m’exécutais sur le champ avec de tels arguments, remarquant avec étonnement le bon fonctionnement de mes vielles jambes de pirate !

Les eaux claires portaient nos corps comme des fétus de paille et les courants marins nous enlevèrent vite nos maillots, nous laissant  comme des crevettes à l’océan…Son corps ondulait comme celui d’un poisson et je la rejoignais dans sa vague. Elle m’embrassa par surprise et ses mains me gratifièrent d’une belle sympathie que je lui rendais bien. Ses cheveux longs m’agrippèrent un peu partout comme des tentacules et jusqu’à la fin du jour, nous jouâmes comme des enfants ou presque…

Je me retrouvais le lendemain dans mon lit comme par miracle, me souvenant quand même du retour jusqu’à sa cabane. Un « et merci pour la journée ! » claqua la porte des espoirs et seul avec ma déception, je pris le chemin de mon retour, marmonnant dans ma barbe et surmontant ma grande fatigue dans un effort surhumain. Je décidais de retourner la voir une dernière fois pour lui dire adieu et aussi ma déception. Au fur et à mesure que j’approchais, mes résolutions tombaient les unes après les autres, et harassé due la marche et vidé de toutes forces, j’étais bien décidé à lui demander de l’épouser ! Tim ne m’en voudrait pas et même serait contente de ne plus être de corvée de patates, de lessive, et même de tarte aux fraises !

Je frappais doucement à la porte, avec mes dernières forces, quand…

(A Suivre…)


C’est le feuilleton de l’été, au diable les incipit, vive la grande aventure…

mercredi 13 juin 2012

L’Homme idéal


La peau dure et l’œil tendre, il mâche un chewing-gum imaginaire en regardant loin au-delà des collines en tournant une cuillère dans un café brûlant. Son chapeau sur sa chaise raconte bien des histoires et son regard effleure la fille en s’excusant, esquissant un sourire comme un baiser profond.

Ses gestes sont discrets et ses mains amicales. Il semble se parler à lui-même quand sa pomme d’Adam lui répond en va-et-vient, et ses rides lui vont bien.

Il regarde une carte au mur et trace une route de son doigt qui zigzague vers son but. Il remonte son chapeau sur le front et semble décidé en fronçant les sourcils et en faisant la moue. La fille vient aux nouvelles et passe devant lui. « Regardez, par là c’est bien plus court. Vous devriez la prendre » lui dit-elle, mains sur les hanches et remuant ses cheveux qui le frôlent gentiment.

Il a senti l’offrande et rougit de son trouble. Ils rient comme des enfants et leurs yeux se nouent de connivences. Soudain, la porte claque et interrompt leurs jeux.

Trois hommes aux nez masqués semblent vouloir noises et butin. L’homme jette son chapeau en l’air et avant qu’il ne retombe, laisse siffler ses poings. Les malfaisants gisent à terre et il sifflote un air en secouant ses mains.

« Vous n’avez pas mal, au moins ? » questionne la fille, en malaxant  ses doigts, profitant de l’aubaine. Il semble apaisé et le profond de ses yeux clairs la réconfortent.

« Je partirais demain » lui répond-il en souriant...


*

Steve Mc Queen est un acteur de Cinéma né en 1930, qui fut lancé en 1958 par la série télé western « Au nom de la Loi », et en 1960 par le film « Les 7 Mercenaires ». Il a tourné ensuite de nombreux succès tels La Grande Evasion (1963), Le Kid de Cincinatti (1965), La Canonnière du Yang-Tsé (1966), L’Affaire Thomas Crown (1968), Bullitt (1968), Papillon (1973), et finit par Le Chasseur en 1980, l’année où il mourut .

mardi 5 juin 2012

Les Yeux dans les Seins


J’avais rendez-vous avec Zack et Iggy dans une taverne de Cancun, au doux nom de LE TABOURET CREOLE, au menu évocateur et donnant appétit. Ils étaient arrivés en premiers et mataient déjà la serveuse, Rita, qui les aguichait en remuant son popotin sous sa jupe arrondie de froufrous et tabliers.

« Alors les loustics, on vous serre juste la pince ou vous prenez quelque chose ?»

« Deux cafés. « lança Zack, en la zyeutant de la tête au pied pour lui faire honneur. 

Elle tourna les talons en imaginant dans son dos les yeux exorbités et les pensées fumeuses. Elle faisait de même avec les copines, quand passait un matou au petit cul rebondi et qu’elles se laissaient imaginer la longueur du barzingue coulissant. Elle amena les cafés rapidement, calculant un rythme de passage qui, si elle savait s’y prendre, les amènerait à laisser toutes leurs pièces d’or…Une main sur une hanche, elle balançait sa féminité en une croupe aguicheuse et facile qu’elle agrémentait d’un sourire ravageur. Au détour d’un va-et-vient aux cuisines, elle arrangeait son corsage en descendant au mieux le balconnet qui bientôt laisserait voir le plus profond de leurs espérances.

Je rejoignais mes deux amis et saluais la demoiselle. Des cigarettes écrasées et des tasses vides jonchaient déjà sur la nappe à carreau, traces de leur attente, et ils me saluèrent façon détachée comme si le seul spectacle qu’ils captaient de leurs antennes était cette Rita aux cheveux blonds qui allait et venait. J’étais moi-même sous son charme et je commandais dans la foulée quelques tournées de bière pour faire revenir la belle devant nos langues affamées.


Les coutures de la belle n’eurent plus de secrets pour nous au long d’une longue nuit blanche pendus aux allers et venues de Rita, et zigzaguant jusqu’à la porte au petit matin, nous lui dîmes au-revoir plongeant une dernière fois nos regards embrumés dans sa beauté et notre envie…


Photo du haut : Iggy Pop et Tom Waits, dans COFFEE AND CIGARETTES de Jim Jarmusch. (2003)