lundi 22 juin 2020

Groucho, un Homme hors du Commun



Son œil est rasant comme sa peau glabre, tout autour de sa moustache bien nette, passant au dessus des arbres dominant ces grands espaces sauvages, derniers vestiges de la nature ancestrale et poursuivant sa visite jusqu’aux océans. Il se remémore quelques aventures en douce avec des gallinettes des environs, sa glotte va et vient selon les souvenirs. Ca ne fait pas si mal mais la souffrance est réelle et bien là…

Il serre dans sa main droite repliée, la pipe que lui avait offert Serena, la petite malicieuse lui retournant le cœur de ce souvenir déçu. Puis il se lève lentement, s’appuyant sur sa canne et se dirige vers son bungalow. Son air triste a fait taire toutes les bouches même si certains ne peuvent s’empêcher de chipoter.

« N’empêche, il a un drôle d’air, une drôle de moustache et une drôle de démarche, quand même ». Comme pour les tartes aux fraises, Bosco avait la main leste et l’avis bien tranché.

Il me rappelle un de mes amis, un Magicien. Toujours entre deux vins, comme deux humours ou deux chagrins d’amour…

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Groucho Marx faisait partie de ces fameux Marx Brothers, avec notamment Harpo et Chico, qui ont fait une longue carrière au cinéma mais aussi du théâtre et de la télévision.

Leurs principaux films sont Monnaie de singe (1931), La Soupe au Canard (1933),  Une Nuit à l’Opéra (1935), Panique à l’Hôtel (1938), Une Nuit à Casablanca (1946) sans oublier La Pêche au Trésor (1949) où apparaissait Marilyn Monroë 

                                      

Groucho, de son vrai prénom Julius Henry, était le leader naturel du groupe bien qu’il soit le benjamin de la fratrie new-yorkaise. Sa moustache (et sourcils) dessinée au bouchon brûle ajoutait à ses lunettes rondes et son gros cigare, comme une marque de fabrique. Son humour était composé de trouvailles visuelles (cf. le miroir) et de calembours, souvent décalés. Un peu à la manière aujourd’hui des films de Thomas Ngijol et Fabrice Eboué  ^^

Prenant le pouls d’un homme inanimé, le docteur dit : 
"Ou cet homme est mort, ou ma montre s’est arrêtée". Groucho Marx.

Jack Rackham

 Vidéo : le Miroir (La soupe au Canard) illus du bas : Une Nuit à l'Opéra.

vendredi 5 juin 2020

Un Doigt, puis un Autre



Ely est dans son grand bureau, à ressasser ses tourments et ses plans sur la comète. Elle a ouvert les fenêtres pour aérer un peu. Ce monde fou n’est pas fait pour elle mais elle compte bien le refaire, pierre par pierre ou feuillet par feuillet…

La pièce est jonchée de tous ses projets, tous en cours, indispensables à son bien-être, comme des enfants chéris qu’on promène au parc en attendant qu’ils grandissent à tour de rôle. Son esprit est toujours tourné ailleurs, là où son œil ne regarde pas, la clope au bec ou le doigt jauni, comme pointant un mot nouveau ou l’excellence d’une idée nouvelle.

Son cerveau vagabonde vers des mondes secrets dont elle ne parle jamais.  Ou alors avec des gens imaginaires, tels des grands écrivains ou bien des beaux gosses, grands, forts, faits pour cet amour dont on lui parle tant et qui n’existe pas.

La nuit, fronçant encore de ses sourcils de jour, elle rêve de saillies profondes, retournée dans tous les sens, si uniques que giratoires qu’elle se croit au manège et le cul encore tourné essaye d’attraper un ballon au dessus de sa tête. « L’Amour n’existe pas ! » crie-t-elle encore, comme un désespoir ou une provocation pour faire arriver ce qu’on n'espère plus…

Elle tire sur sa cigarette, mimant un geste équivoque et s’étale sur la chaise longue, écartant les jambes en déplaisir, juste pour narguer le sort et imaginer le goût d’un lit d’écrevisses sur la langue d’un éhonté, humant son dessert frivole.

Hum, l’heure est passée. Elle attend quelqu’un…Un vieil ami qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Ni grand, ni beau, qu’elle n’imagine même pas dans ses rêves, le fils d’un vieux Capitaine de marine avec qui elle a entretenu une abondante correspondance pendant un moment, puis plus rien. Elle avait bien cru pourtant…

Elle avait ouvert et Sam Le Rouge était là, tricorne à la main, un petit sourire aux lèvres et un bouquet de l’autre côté.

Assis sur un canapé, ils faisaient la conversation comme de vieux amis qui ne s’étaient jamais quittés. Lui parlant de quelque maladie dont il était sorti, elle évoquant les escroqueries d’un imprimeur véreux, ils reprenaient le cours de leur vie commune comme si de rien n’était, se regardant sans l’air d’y toucher telles deux pâtisseries goûteuses qu’on entame peu à peu avec un doigt,  puis un autre…

Jack Rackham

PS : J’aime les histoires qui ont un faux air d’Orgueil et Préjugés^^
Photos : Nicole Kidman dans The Hours (Daldry 2002)