vendredi 30 octobre 2009

Le Magicien


Il passe de bateau en bateau, faire quelques tours de magie, tours de cartes et autres apparitions de lapins…Justement, il est sur le Poséïdon, je relève la tête de mon portable, il me sourit. Ses dents blanches inquiètent un peu mais son habit de lumière en impose, c’est un Magicien…

Il a le don de vous faire voir ce qu’il veut, ses mains voltigent et ses cartes en perdent leurs couleurs, le pique se tient à carreau et son cœur se pique. On ne peut pas dire qu’il plaît aux femmes, elles se voient comme il les voit, le temps d’un instant ou d’un été.

Il ne regarde pas la condition humaine, peut importe qu’elle soit Comtesse ou Femme de chambre, il les aime comme des femmes. Justement celle-là lui plaît, elle est cuisinière et a bonne figure. Il l’a repérée après le spectacle de la veille. Tim est vexée car elle a tout fait pour attirer son attention, mais il ne regarde que l’autre.

C’est vrai qu’elle est belle, et il lui conte fleurette comme pas deux. Son sourire est enjôleur et sa magie opère. Il raconte ses voyages, ses buts, ses projets, confie ses tours de cartes, ses secrets, ses misères…La fille l’écoute comme une oreille, le Magicien fait tomber son masque, ils sont en harmonie, ils sont heureux…

Les soirées succèdent aux spectacles, lui joue de son art, elle cuisine, ils se retrouvent après et refont le monde, projetant leurs rêves. Faire un projet commun, trouver quelque chose pour se rapprocher, pour ne plus se quitter. Ce sera fait, promis, leurs yeux brillent de mille feux. On ne sait ce que c’est, pas besoin de tout se dire, la chose n’est pas commune et ils se comprennent…

Quelque chose à changé, elle est moins présente. Hier, elle a manqué un spectacle. Ce n’est pas bien grave, il y en a tous les soirs…Il se recule un peu pour la laisser respirer, elle ses projets qui grossissent, elle se sent le courage, tout le monde va bien voir ce qu’il va voir !

Sa cuisine prend de l’ampleur, elle l’oublie un peu mais de temps en temps, il vient la voir. Ses tours de magie ont l’air dérisoires à présent, ses recettes à elles dégoulinent d’ambition, elle est belle et fait plaisir de tant d’entrain. Il la regarde, elle a oublié un peu leurs projets, ce n’est pas grave, il est content pour elle…

Le Magicien est sur le pont, elle n’est pas venue, comme hier soir, avant-hier et les autres soirs. Le Magicien a compris et il va partir. Sa tournée va l’emmener loin, au delà de l’île du Crâne, et il ne la reverra peut-être jamais.

Sa magie a opéré. Comme deux miroirs, il a transmis son reflet sur l’autre, elle croit connaître tout de lui. Son mystère a disparu et elle trouve qu’il est assez banal. Elle, par contre, a la vie devant elle, des beaux projets, et justement elle pense à quelqu’un qu’elle a connu jadis, un homme de son pays, elle rêve de celui-là.

Il tourne le bout du quai et va vers une prochaine rencontre, un prochain amour peut-être. Il est habitué à ces vases communicants entre les gens, à se faire dépouiller par ces personnes de son habit de lumière. Il est habitué mais il continuera à parcourir le monde et il va recommencer, encore et encore.

C’est un Magicien…


Jack Rackham.

Une drôle de semaine, une drôle de période, de drôles de personnes. Mais je ne suis pas magicien, je suis pirate…

dimanche 25 octobre 2009

La Voix de Fairouz


A force de traîner dans des cordes souvent humides, on peut attraper froid. Votre Jack Rackham a pris place dans son grand lit, une bouillotte sur la tête, les mains et les dents grelottantes…Une théière bouillante est posée sur la table de nuit et le grand flou se fait autour de moi. J’imagine mon amie Fairouz, assise dans le fauteuil en face, se découpant sur les enluminures d’une tapisserie ramenée de mes voyages, qui lui donnent un air de peinture murale. Je remonte les draps et me laisse aller à sa lecture…

Fairouz a choisi les Mille et unes Nuits, ces récits imaginaires au pays des tapis volants et des Djinns. Elle racle une dernière fois sa gorge avant de commencer et les yeux grands ouverts vers mon amie, j’attends l’entrée en scène de Sinbad et autres Aladin.

Fairouz est concentrée sur sa page, elle lit lentement et le timbre de sa voix me fait l’effet d’un gâteau de riz, où on apprécie ce mélange du caramel, de la cannelle et du lait. Les sons qui sortent de sa bouche me font penser à des murmures, ses lèvres gouttent une à une les syllabes et j’imagine y poser un baiser au moment de sa respiration.

Entre deux passages, elle lève les yeux vers moi pour une approbation ou une inquiétude, je cligne des miens pour la rassurer et l’inviter à reprendre. Sinbad combat des vizirs jaloux et des magiciens habillés de noir, je brandis un sabre imaginaire pour les pourfendre. Fairouz semble vivre le moment, c’est elle ma Shéhérazade, elle me sourit…

Sa voix grave et douce reprend sa promenade et je succombe aux sons gutturaux de ces noms arabes qu’elle prononce comme des estafilades ! Je regarde une dernière fois Fairouz, elle est belle et j’imagine ses formes entre mes rêves, ses seins lourds et ses hanches m’invitant à la danse…

Je suis parti au pays des songes. Je branche la radio et j’écoute une voix sur les ondes…Elle raconte les nouvelles du temps et des hommes, elle est belle et vous prend…

…la voix de Fairouz.


A mon amie…
Jack Rackham.

jeudi 15 octobre 2009

Les Belles Choses


Sarah a de beaux cheveux blonds. Elle rit à gorge déployée quand Jacques fait le fou ou raconte des blagues sottes. Il fait le clown pour la faire rire et elle rigole…

Sarah s’est déshabillée et va à la salle de bain. Il la regarde dodeliner son cul, elle est belle. Elle revient le tube de dentifrice à la main et s’assoie sur le lit. Il la caresse et elle rit.
« Tu veux manger du dentifrice ? » Dit-il.

Sarah est étendue, offerte, et ne répond pas. Son petit sourire invite Jacques à un tour de manège. Ses cheveux blonds sont étalés sur l’édredon et il goûte sa peau un peu partout. Il se relève et voit Sarah regarder le plafond. Elle est ailleurs…

Jacques est beau. J’aime le voir nu qui m’attend. Il me fait rire…Je fais exprès d’aller et venir, son regard ne quitte pas ma chatte, il est comme hypnotisé. Je vois que je lui fais de l’effet ! Je vais l’enduire de dentifrice, hi ! hi ! Il me fait des chatouilles, je suis bien…

Sarah a commandé du saumon. Elle a de la mayonnaise sur sa main. Elle regarde sa fourchette et sourit. Je lui raconte une blague pour détendre l’atmosphère, elle rit de ses dents blanches et ses cheveux volent comme des oiseaux…Je suis bien.

Sarah est bizarre depuis quelque temps. J’en ai parlé autour de moi mais on me dit que j’imagine. Elle est arrivé en retard à notre rendez-vous, elle devait voir un docteur, elle m’a dit. J’espère qu’elle ne me cache rien. Je suis soucieux…

Jacques est gourmand. Il dévore son escalope comme un ogre. Il doit jouer au temps des rois, il est drôle et j’adore ses blagues. Je lèche sur ma main la mayonnaise, je suis distraite ! Il est captivé par ma langue, j’en rajoute un peu, il me fait rire !

Jacques a oublié d’éteindre le four et le canard est foutu. Un de ses amis m’a téléphoné, je comprends rien à ce qu’il me dit. J’ai vu un docteur…Il a répondu à toutes mes questions, j’ai peur de ce qu’il me dit. Comment est-ce possible ?

Sarah est en face de moi. Le docteur lui parle et elle semble ailleurs. Je suis inquiet…Il écrit quelque chose et je me lève. Je veux des explications. Elle pleure en se tenant le visage, je la console.

Jacques est calme. Le docteur parle à voix basse, mais assez pour que j’entende. Je n’y crois pas…

Sarah est drôle depuis quelques temps…Elle ne rit plus à mes blagues et on ne fait plus l’amour…

Jacques est malade…Sa mémoire est défaillante, il ne retient que des brides de la journée…

Sarah parle toute seule …Elle joue avec cet objet qui coupe. Je n’ai pas faim d’abord…

Jacques s’est encore perdu aujourd’hui. Ca se dégrade…

Sarah est ailleurs. Elle me sourit…


Jack Rackham.

Regardez donc ce très beau film de Zabou Breitman, avec Isabelle Carré et Bernard Campan :
« Se Souvenir des Belles Choses ".

samedi 10 octobre 2009

La Pelote


Six mois que ce blog est ouvert. « RACKHAM LE ROUGE », le nom est venu tout de suite, souvenir de mes années Minitel ! L’hommage a Tintin était tentant, et le nom avait de la gueule, alors…
L’envie d’écrire était trop forte et j’avais suivi à la trace une bloggueuse au nom de BD, celle de Jean-Claude Forest, si vous voyez !

Cet aprèm’, je fais un petit cocktail sur mon bateau. Tim, Bosco, et tout l’équipage est là…J’ai invité toutes mes principales bloggueuses, car curieusement je n’ai qu’un garçon qui participe à nos échanges : CHARLES. Il écrit comme dans les romans d’espionnage, et curieusement il a donné le démon à DAME SCO, une belle brune mystérieuse au coup de pistolet facile !
KARINE est là qui sirote une Guiness, souvenir de voyages, pendant que BERENICE discute cordage avec Mildred, qui veut aller lui faire visiter le bateau…

VIRGINIE, VICTORIA, et YSA se racontent leurs dernières aventures au Proche-Orient, pendant que les Québécoises ISA et CLAUDE se jettent sur le sirop d’érable. EMILIE me fait la conversation, veut tout savoir sur la taille du mât central, ce que je fais avec plaisir. L’ambiance est bonne, CORTISONE refait le monde avec MARIE et YAëLLE, fraîchement maman, et j’ai prévu pour mon petit monde un tour en mer agrémenté d’une partie de Pelote sur le pont, ce qui fera digérer les organismes après les boissons et digestifs ingurgités.

BRIGITTE s’est mise à l’avant du bateau et refait Titanic les bras en croix, sous l’œil narquois de MAIA qui veut que la partie commence tout de suite, car elle ne sent pas bien…Le vin rosé sans doute. Elle envoie la balle à FLORA qui contrôle jongle, et passe à COLOMBINE, très tonique ( en jean ! ). SOLVEIG et LOEVE la plaquent comme un seul homme ( ! ) et transmettent à ELOISE qui a monté un petit stand de sex toys, issus de son arrière-boutique. GICERILLA s’approche, curieuse. La partie bat son plein, c’est plus du sport, c’est une bagarre générale…

CAT fait un drop final au dessus du bastingage, et fait marquer son équipe. DO exulte, MULTI-SOURIRES sourit, et JADE goûte au chocolat chaud arrosé ! Je montre mon portable à LEILA, la grande brune, qui veut un thé vert à la menthe et regarder ses mails, au cas où…

La partie de Pelote est finie, il n’y a pas de blessées...Sauf NANOU, le coeur brisé comme son nouveau numérique...Six mois d’échanges ici, plus de 50 articles publiés, que des histoires d’amour ou presque, des centaines de comms, toujours la crainte du premier commentaire, quelques pétards mouillés de rabat-joie, mais beaucoup de bonheur surtout et de bons moments…Certaines sont parties pour toujours mais d’autres deviendront des amies, j’en suis sûr !

Besos à toutes, et à Charles bien sûr !
Jack !

Racontez-moi, ceux qui veulent, une anecdote qui vous a marqué à mon propos ou celui du blog Rackham… 
* Pourquoi "La Pelote" ? Ben, parce que ce blog et ceux des autres forment comme une pelote de laine, avec ces fils qui s'entrecroisent et dont on connait ni le début ni la fin...

mardi 6 octobre 2009

Et si c'était vrai ?


Quelquefois, le balancé de mon hamac m’envoie dans d’autres dimensions, d’autres univers. Je ne suis plus le Jack que vous connaissez, une bascule de l’espace-temps s’est non seulement produite mais je perçois aussi d’autres effets, conséquences de ces dérèglements. Alors, je tape sur mon clavier avec fougue, pour ne rien rater, pas une ligne. Voici ma dernière capture…

…Robert était au volant de sa voiture et regardait sans cesse au rétroviseur. Sa nervosité s’était décuplée en arrivant au dernier carrefour. Il savait que le véhicule de Francesca allait tourner vers un autre chemin, celui de son sacrifice et que lui prendrait celui de sa vie d’avant. La gorge nouée, il essaya d’arranger cette chaîne pendue au rétroviseur. Francesca verrait une dernière fois sa main et c’était comme s’il la touchait encore…

Recroquevillée contre ses genoux, elle essayait de ne pas montrer à Richard ses émois, son chagrin, sa peine immense. Elle ne reverrait jamais Robert, elle le sentait…Richard la questionna encore une fois « Ca va ? Qu’est-ce qu’il y a , Francesca ? » mais rien ne sortait de sa bouche. Son esprit était embrouillé au point de ne plus savoir où elle était. Sa vie semblait s’arrêter à cet instant et son cœur partait sur l’autre route avec Robert…

Soudain, elle tendit son bras contre la poitrine de son mari, qui freina brusquement, croyant à un danger. Regardant devant elle, comme hypnotisée, elle fit jouer le loquet de la portière, et sauta hors de la voiture, sous les yeux de Richard, éberlué. Francesca courrait sans sentir la pluie, vers son destin…

Sa foulée ne faiblissait pas et rapidement, elle aperçu la fourgonnette de Robert. Celui-ci ne réalisa pas tout de suite que la furie trempée qui s’avançait vers lui était Francesca…Elle contourna le véhicule et monta à côté de lui. Elle lui cria plusieurs fois de démarrer, il ne réalisait pas. Jusqu’au moment où il réalisa…

Il écrasa la pédale d’accélérateur, et fonça droit devant lui. Ils se touchaient, ils souriaient, leur excitation était telle que leurs cœurs semblaient prêts à exploser. Puis au fil des kilomètres, ils s’apaisèrent, réalisèrent, fumèrent, se détendirent et au bout de plusieurs centaines de kilomètres, ils s’arrêtèrent pour faire l’amour…Ce fut encore meilleur que durant ces quatre jours. Ils s’aimèrent tant, que tout pris son sens, et surtout ce départ vers leur destin commun. Une nouvelle vie s’offrait à eux, il ne fallait pas tout gâcher en se posant de mauvaises questions…Mais ils n’y pensèrent même pas !

Un peu plus tard, Francesca appela richard, et après bien des palabres, tout s’arrangea. Un divorce s’arrangea à l’amiable, elle put revoir ses enfants Caroline et Michaël, et elle récupéra même des affaires, ses préférées, des souvenirs de famille auxquels elle tenait tant…

Les années passèrent, de bonnes années, où Francesca s’épanouit auprès de Robert. Ils voyagèrent dans le monde entier et elle vit des pays qu’elle n’avait jamais songé visiter. Ses enfants la rejoignirent à la mort de Richard, et elle entreprit même une carrière d’écrivain qui lui amena de beaux succès.

Son roman le plus prisé est « Quatre jours », celui où elle raconte sa rencontre et son coup de foudre avec Robert Kincaid, le grand photographe, qui illustre d’ailleurs le livre. On y voit ce pont couvert baptisé « Roseman »…

* * *
Je referme mon portable. J’ai bien travaillé…Je suis content que Robert et Francesca aient trouvé le bonheur. Ils auraient pu passer à côté, on connaît la force des préjugés, la difficulté de rompre avec un passé lourd et convenu, où l’amour a disparu depuis longtemps…

C’est pour ça que je fais gaffe avec Tim, ça peut arriver à tout le monde !
Jack Rackham.
A Clint Eastwood et Meryl Streep pour ce merveilleux film "Sur la route de Madison" (The Bridges of Madison County).
A mes amies bloggueuses, un petit conte pour méditer sur leurs rêves ! Osez...

vendredi 2 octobre 2009

L'écrivain


Il relève sa plume délicatement pour éviter de tâcher sa feuille, et pose son coude sur la table en bois. Une pile de livres prolonge son épaule, il lève les yeux au plafond et met sa main sous son menton, tenant encore son porte-plume. Il réfléchit...

La lampe a vacillé, il tourne la tête vers le hublot puis se repenche vers son grimoire. Il y a des jours comme ça, l'inspiration est capricieuse et il plisse les paupières pour se plonger dans sa vie, et essayer de finir son ouvrage. Un roman d'amour...

Il fouille dans le placard voir si traîne une lampée de rhum ou une pinte de bière. Ce vieux whisky irlandais fera l'affaire et il contemple son élixir miracle en le faisant tourner dans la bouteille. Et d'une ! Son esprit s'éveille et il trempe sa plume dans l'encrier. Elle semble écrire toute seule, les idées affluent et il a peine à suivre le flot des aventures. Il tire la langue, comme un écolier sage s'appliquant à ses copies, et il vogue sur ses amours rêvées.

Plus de rhum, son cerveau égoutte ses dernières idées et il tourne comme un lion en cage. Il grimpe les escaliers vers le pont et croise Berangère, une des blanchisseuses. Il la pousse vers son antre en lui glissant quelques mots dans le creux de l'oreille. Ils rigolent et s'embrassent puis s'enferment...

Il a retroussé les jupons de la fille et s'affaire sur sa croupe qui dodeline. De ses deux mains, il s'agrippe aux deux fesses et donne son plaisir. De temps en temps, ses mains caressent un sein, une épaule ou son ventre, son pouce s'égare entre ses fesses. Elle se retourne et attend la promesse, qui arrive d'un coup sec...Elle crie, il a touché son cœur en pénétrant son cul ! ( Oups ! )

La nuit a comblé les deux amants, tous leurs désirs sont assouvis, et ils se donnent un dernier baiser. Elle s'assoupit et il retourne à son écritoire...La plume craque sur le papier, elle virevolte de page en page et au bout de la nuit, il finit son roman, l'écrivain...


  * * *

Je suis toujours entre mes cordes, je ferme mon portable. J'ai eu de bonnes idées aujourd'hui. Jamais de souci avec l'inspiration, elle me sert à respirer. Je baille en me relevant et j'arpente le pont sous les étoiles. Je rejoins Tim qui dort déjà. Je me mets sous les draps, content de ma journée et je m'endors.

Je m'appelle Jack Rackham et je rêve d'être écrivain...