Le costume de Rick m’allait comme un gant même si j’avais du
abandonner mon tricorne, Ilsa Lund avait pris les traits de Rita, et Bosco allait
nous entonner une sérénade endiablée à la Dooley Wilson intitulée « Trinidad »...
Le bar de la goélette calée dans le port foisonnait de
clientèle étrangère et je m’affairais à quelques courriers diplomatiques sur l’insistance
du Capitaine de la police locale Peugeot. Le képi et la moustache lui allait
bien, ce qui ajoutait à son côté dandy, et en faisait un compagnon de comptoir
fort apprécié. La ville étant occupée depuis la 2ème guerre des Caraïbes,
il y avait besoin d’une milice pour y faire régner un semblant ordre,
espionnage et marché noir oblige. J’entendis alors Bosco qui reprenait cette
chanson me rappelant…Mon sang ne fit qu’un tour et je me précipitais vers la
salle commune, jurant de lui donner un bon coup de semonce.
J’arrivais sur lui tel l’ouragan et lui demandait quel
mouche l’avait piqué pour chanter « Trinidad ». Son signe de tête m’invita
à prolonger mon regard vers la table voisine et je fus saisi par la vision d’une
personne que je pensais ne jamais revoir : Rita.
Un tourbillon de souvenirs m’envahit et je fus comme drogué
de la revoir. Son sourire, ses yeux, son charme naturel, tout me rappelait Trinidad et notre aventure. Le moment fut court
car au même moment arrivèrent le Capitaine Peugeot et le mari de Rita, un
certain Roberto Alcazar. Il répondit
simultanément à mon bonjour alors que je ne pouvais quitter des yeux Rita. On
discutait de choses et d’autre mais ce ne fut qu’un brouhaha qui me montait aux
oreilles. Les images de notre romance revenaient comme des litanies et j’avais
oublié ma rancœur et ma colère après son départ que j’avais pris pour une
trahison…
Je gardais ma contenance mais mes doigts se remémoraient à
nouveau le corps de Rita, sa peau, et son regard me disait la même chose.
Pourtant je regardais cet Alcazar et fronçais à nouveau, tel un écolier.
Les trois se levèrent et on se dit au revoir. Rita était là
me regardant de ses yeux habituels et sa bouche me prodiguant quelques mots
agréables de retrouvailles, elle me frôla comme au temps ancien de nos amours.
Son mari derrière lui ne semblait rien voir de nos connivences ou alors il
connaissait trop bien sa femme.
Rita me prodigua un dernier sourire puis fila devant moi,
suivit des deux hommes et d’une trace de son parfum. Quelque chose me disait
que j’allais la revoir bientôt. Je m’assis, comme ayant retrouvé plus que des
souvenirs et commandais un double whisky.
« Mais vous ne buvez plus, patron ! » M'interpella
Bosco.
« Je sais bien Bosco, je sais bien… » Répondis-je,
un petit sourire aux lèvres…
*
CASABLANCA est un film américain de 1942, réalisé par
Michaël Curtiz. Avec Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid, Claude
Rains, Peter Lorre…La chanson As Time Goes By est de Herman Hupfeld,
interprétée par Dooley Wilson.
It's till the same old story...
RépondreSupprimer...and i am a long long way from you ! (Poor cow-boy :( )
SupprimerRien de mieux qu'un double whisky, pour retrouver son punch, après des retrouvailles qui semblent éphémères! Mais sait-on jamais?
RépondreSupprimerOui, sait-on jamais Bizak... :)
SupprimerAh! Merveille que cet instant...
RépondreSupprimerCasablanca en recèle plein, c'est un des plus grands du mooonde :)))
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