lundi 31 octobre 2011

Un Conte d’Halloween

Un sourire de circonstance zébrant ma barbe de Capitaine, je toisais les 40 moutards que m’avait laissés Tim. Dispersés en cercle dans ma cabine, ils étaient le fruit d’une absence subite d’une enseignante de ses amies, même si mon expérience m’avait appris que la vérité pouvait s’appeler gueule de bois ou escapade amoureuse plutôt que mal de dents ou sinusite.

Fouillant au fin fond de mon imaginaire, je poussais un grand soupir pour que s’opère dans mon cerveau comme par magie et comme d’habitude, l’improvisation d’une histoire. Et comme à chaque fois, le miracle s’accomplit.

« Il était une fois… » Commençais-je, sous une ovation de « Haaa » ou de « Hooo ». C’était gagné…

« …une vieille sorcière nommée Oween. Ce n’était pas une gentille sorcière rigolote et tout comme Maia-Luna, non, mais elle avait une solide plantation de potirons sur les hauteurs de Cancun. Les Caraïbes n’étaient pas encore un des centres de circuits maritimes du monde et les sorcières devaient faire preuve d’imagination pour survivre. Celle-ci avait eu un coup de cœur pour la soupe au potiron et elle en planta des hectares tout autour de sa demeure, perchée sur  les hauteurs de la ville. Pourtant et malgré un prix tout à fait abordable, elle se retrouva avec des tonnes de ces citrouilles oranges sur les bras. Novembre arrivait à grand pas et quelques garnements lui donnèrent une idée, même sans le vouloir… »

« Et c’était quoi ? » lança un des minots, la mèche hirsute et déjà au bord des larmes.

« Voulant se moquer de cette sorcière patibulaire, ils avaient pris un des potirons oubliés sur sa véranda et creusèrent l’intérieur pour ensuite lui faire des yeux et une bouche horribles, y mettant une bougie pour donner une impression d’esprit maléfique et faire peur aux passants. Mais leur tour n’eut pas l’effet repoussant qu’ils escomptaient. Un riche américain d’origine irlandaise vit cette tête illuminée et s’arrêta pour acheter les droits et tout son stock de citrouilles à la sorcière ravie. Il ramena par navires en Irlande ce qui devint une tradition au moment de la Toussaint dans toutes les îles Britanniques. Ainsi est l’origine de ce 31 octobre et tous ces déguisements et farces…

Quelques rires fusèrent dans la cabine et j’étais content de mon petit effet. Pourtant un des gamins les plus éveillés prit la parole en levant le doigt et fit mine de prolonger mon histoire.

« Moi j’ai un oncle fleuriste qui a un stock de chrysanthèmes et j’ai bien peur qu’il lui reste sur les bras. Z’avez pas une petite idée pour lui mon Capitaine ? » 


Les histoires se mélangent au fil du temps et quelques fois, on a du mal à s’y retrouver. Pourtant, le cœur d’un Capitaine suffit parfois à retrouver le souffle des légendes et à le transmettre à tous les enfants, petits et grands…

Besos
Jack Rackham.

jeudi 27 octobre 2011

Un Amour Eternel

Ils sont l’un contre l’autre.

Leurs bouchent s’effleurent à peine mais se goûtent, se délectant.

Leurs corps se connaissent tant mais ils ne préfèrent que l’autre…

Le jasmin enrobe leurs pigments, l’air marin masque leurs souffles et l’été magnifie leur étreinte d’instants de velours suaves. Leurs sueurs coulent en torrents miniatures de fièvres orientales et leurs orgasmes se muent en pétales de roses qui écrivent leurs noms…

Ils se souviennent de leur amour premier, de leurs émois primaux, et mesurent le chemin jusqu’à cette île blanche qui cercla leur destin. Leurs mains se croisent encore et leurs yeux gardent en eux encore les peaux douces quand ils sentent les rides enfantées par le temps.

« Je ne sais quel ce sortilège qui a arrêté ton temps quand le mien se disperse. J’ai beau passer pommade mais je sens mon teint qui se drape en linceul vers ma fin… »

« Tu es mon aimée et rien ne saura éteindre mon étreinte et mon sang. Je ne sais si ce magicien jadis n’a usé d’un charme pour me plaire. Je ne te connaissais point et je l’ai oublié pour succomber au tien. Le temps est passé si vite, le bonheur fut si grand que j’aperçois ce malheur qui point… »


Brrr... Je me réveille dans mon hamac et essaye d’oublier ce mauvais rêve. La goélette a du passer une tempête ou une barrière de corail et j’ai tout mélangé, après cette soirée arrosée de rhum blanc et de discussions sur l’amour éternel. J’t’en foutrais moi ! Je remets mon tricorne et grimpe sur la passerelle jusqu’au pont de commandement. Je vois Tim qui s’avance, mais…

« Qu’est-ce que tu as, Tim ? Tu as l’air d’une enfant… »

« J’ai bien vu ton regard posé hier sur cette midinette adolescente qui servait les repas, Jack. J’ai pris les devants et un sorcier de mes connaissances m’a concocté un filtre de rajeunissement afin d’éviter les mauvaises surprises dues à l’âge, comme les dénigrements ou répudiations de tous genres. J’ai maintenant quinze ans partout  et suis prête à affronter les tourments de la vie de couple, en y mettant quelques atouts de mon côté. 

Alors, qu’est-ce que tu en dis…Papa ?



Photo de Catherine Ashmore : "Phèdre" de Ted Hugues, avec Helen Mirren et Dominic Cooper.

mercredi 12 octobre 2011

La Terre Promise

Je fais quelquefois un drôle de rêve. Je suis au milieu des eaux mouvantes et je me débats pour arriver à la surface…Mes cheveux masquent partiellement les yeux mais je vois bien que je suis au milieu de l’océan et je cherche machinalement une terre vers laquelle nager.

La voilà…Les flots sont puissants et ses courants empêchent une nage souple et rapide. Je fais de mon mieux pour dépasser point après point les balises imaginaires que je me suis fixé. Mes muscles fins se glissent entre les eaux et j’essaie de ne pas penser au-delà de la vague que je franchis…

J’ai du parcourir ce qu’il fallait pour atteindre des eaux calmes et j’aperçois quelques palmiers sous le ciel bleu de ma survie. Je nage comme un dauphin tant je souris dans ma barbe de deux jours et le soleil semble fêter mon arrivée sur cette plage déserte mais salvatrice. J’ai l’impression d’être au cœur de l’Océan et le seul être vivant au monde. Et c’est bon !

Je me sèche au soleil, épuisé mais heureux, et mentalement je fais un état des lieux : J’ai un pagne et un couteau et je ne sais où je suis. Mais je suis vivant…

J’ai trouvé refuge entre quelques pierres formant un toit de fortune et je mange quelques fruits rouges juteux. La nuit, je dors à moitié et je rêve parfois à d’étranges créatures inconnues qui  me veulent du bien. Je vois aussi de drôles de choses avec des armes et des canons, et je sens sur ma tête un drôle de chapeau à trois coins !

Aujourd’hui, j’ai tué une mouette grâce à une pierre pointue que j’ai lancé sans réfléchir. Je la dévore sans même la cuire et je me souviens d’un breuvage enivrant que je connais et qui accompagne bien un repas. Mon corps se rappelle des désirs et je me surprends à courir derrière des mammifères à cornes qui font de drôles de bruits avec leurs langues. Béééééé….

Soudain, ébloui à moitié par le soleil, je vois une créature de mes rêves arriver sur la plage, comme par enchantement, à moitié nue et aux cheveux mouillés qui pendent sur son corps. Elle s’approche de moi et me sourit. Sa peau est douce et de drôles d’envies me passent en tête. Elle a compris mes pensées et m’invite sur le sable à partager des jeux que je comprends vite. Nous nous endormons fatigués et contents, j’ai l’impression d’être heureux…

D’autres créatures arrivent le lendemain, et nous jouons beaucoup, encore et encore. Je commence à être fatigué et je veux me reposer, mais la plage se remplit peu à peu d’autres créatures et je prends mes jambes à mon cou…

Katia me gifle violemment et  me dit : « Jack ! Tu fais un cauchemar, réveille-toi… ».
Je regarde où je suis et reconnais une chambre de chez la Veuve Sanders. Katia est toujours belle et je sais à quoi nous avons joué cet après-midi….

Tu as fait de drôles de rêves, et tu as parlé, me dit-elle. Qui sont ces Orfée, Victoria, Maia, Rosée, Aurélie et toutes ces créatures dont tu semblais être épris, avec qui tu jouais et refaisais le monde ?

Tu es toujours ma Katia que j’adore, lui répondis-je. Je serais toujours ton petit Trésor ! Lançant vers le grand lustre mon tricorne, m’imaginant en Capitaine et partant à la recherche de cette île du bonheur, sans penser que je la trouverais un jour…

Besos à toutes !
Jack

samedi 8 octobre 2011

A pied par la Chine

 Je m’étais octroyé quelques semaines de repos bien méritées après la saison estivale marquée par la grève des colis postaux. L’île du Crâne était devenue une annexe de la Poste de Cancun et un peu de dépaysement s’imposait dans une arrière-saison que j’avais décidé de consacrer au farniente… 

 Déposant Tim et quelques autres souhaitant un havre sédentaire sous les palmiers des Caraïbes, le Poséidon filait vers d’autres cieux à l’autre bout du monde. Bosco, Mildred et quelques volontaires  m’accompagnaient, ayant suggéré une petite halte pour le retour sur l’île des Tikus, où nous avions déjà vécu quelques aventures.

 Les cartes étalées sur la grand table de mon bureau, je grattais mon menton comme les vrais Capitaines de roman, et c’était bon… 

 Après un long périple, nous faisions halte dans un petit port de la Mer Jaune, Tianjin. L’air du coin sentait bon les vacances et sous l’insistance d’un petit taxi à bras chinois nous prenions la route d’un chemin de terre surmonté de murailles aux fenestrons étranges et à la longueur interminable. Sur le chemin entrecoupé de tours à guet, nous rencontrions quelques courtisanes du cru qui nous montraient les spécialités locales.
Bosco, peu curieux, en restait à ses tartes aux fraises, pendant que je dégustais les spécialités locales, bananes à l’orientale, gâteaux de riz aux délices de Pékin, tourbillons des sens rappelant les découvertes des jeunes années et des moins jeunes…

 Ada la berbère à la langue légère et résidente de Pékin m’initia aux soubresauts de miel  m’enrobant de sa langue mutine pour laper mon étoile de Capitaine jusqu’au bout de toutes les nuits que je passais dans son bastion de ses orgies. 

 Mouna la tunisienne me gouta comme un gâteau de riz, me poudrant de sa cannelle et citronnant mon désir de ses doigts pénétrant mon ignorance. Mon tricorne lui rendit en reconnaissance de ces vacances lubriques qui a défaut de me reposer me redonnaient de l’espérance…

 Un peu plus loin je devenais captif d’une sorcière, rouquine  et avec un grain de perversité comme Maia. Attaché à son lit, elle m’enduisait chaque nuit de tous les miels de Chine et me livrait à ses chats et chattes, léchant jusqu’à la dernière goutte dégoulinant sur mon corps. Quelquefois, n’y tenant plus, elle venait elle-même fini r le travail et mon corps hérissé de plaisir accueillait les succions et les caresses comme des offrandes des dieux et des déesses…

 Les vacances prirent fin avec l’irruption de bosco un soir de ripaille et orgies. En échange de plusieurs années de plaisirs, il me prit sur son épaule et me ramena au Poséidon et Tianjin pour reprendre la mer et le chemin du retour.


 Noël battait son plein et les Tikus étaient déguisées en Mères fouettardes quand nous revînmes vers  l’île du Crâne.

 J’avais tout fait et pratiqué sur ces murailles de plaisir. 

 Un beau voyage que la Chine…

 Surtout à pied !


Jack Le Pirate.