dimanche 28 novembre 2010

Au Bois dormant


 Il était une fois…

Je faisais un peu de rangement dans la cuisine de Bosco  et je retombais sur ce vieux livre de mes premières traversées, celles qui m’avaient amené jusqu’à cette île du Crâne.

« Cook and Sorcelery », un titre clinquant au milieu d’une belle couverture en cuir cousu et bien usé… L’expression francisée avait évincé à jamais le terme anglais véritable de « Sorcery » mais on comprenait bien le contenu du manuscrit.

Cela me faisait penser à ma sirène Sara, confinée depuis quelques aventures au sombre de la cale. Je décidais d’aller la voir et lui rendre sa liberté. Seuls resteraient en souvenir d’elle, un auriculaire amputé et une boucle de cheveu enroulé à mon doigt pour toujours…

Le plouf  sans équivoque m’indiqua un  adieu net sans larmes ni regrets, quand affalé sur la rambarde du Poséidon en regardant le fond de l’eau si c’était possible, je crus voir un coffre rempli de pièces d’or ! Je me frottais les yeux et ôtant tricorne, manteau et tout le reste, je plongeais dans les eaux froides de la crique pour en avoir le cœur. Je ne sus si c’était l’appât du gain ou l’envie d’aventure qui me décida, mais c’était récurrent dans ma vie de partir au quart de tout, à l’inspiration du moment.

Une fois stabilisé dans les eaux basses du lagon, je commençais une brasse régulière et me dirigeais vers le coffre que j’avais aperçu…Quelle ne fut pas mon étonnement quand je vis une sirène à la chevelure mordorée près de mon trésor !

Elle me souriait et semblait peu farouche, moins dévoreuse et ronchon que mon autre sirène, fraîchement débarquée. Une conversation s’instaura spontanément et par télépathie, terme sans doute « fratronyme » de la sympathie…

Belle et causante, elle me raconte sa vie, arrière-arrière-arrière-et-touti-quanti-petite-fille d’un Roi de Cornouailles, Gradlon. Mais L’histoire* est longue et en résumé, cette descendante de l’Océan bleu de son ancêtre Dahut arrive jusqu’à moi par l’entremise d’un sortilège rencontré sur une plage de Douarnenez !

Nos cheveux se mêlent alors et sans le vouloir je romps le charme en l’embrassant sur les lèvres. Ma sirène reprend pied rapidement et ensemble, nous rejoignons la première plage venue pour retrouver nos esprits et sécher nos coiffures. YsaBelle, puisque c’est son nom, reprend le cours de son histoire :

-          Oui, ce n’est que le début de mon histoire Monsieur Jack, dit-elle en me regardant tout bas. J’étais alors prisonnière d’un châtelain démoniaque qui m’avait dépossédé de mon royaume et tous mes biens. Je venais juste de m’échapper, quand sur cette plage…
-          C’est pas de chance, ma Belle. Comment aviez-vous fait ?
-          J’étais passé par les jardins, une entente avec un  vieux cuisinier, une histoire de tarte aux fraises, je ne sais si vous pouvez comprendre…
-          J’ai une petite idée de la question, mon cuisinier de bord a les mêmes us.
-          Et nulle âme qui vive une fois dehors, c’était un Bois dormant…
-          Dormant ?
-          Oui !
-          Alors ? Répondis-je.
-          Et bien voilà…


(A suivre…)

Jack Rackham.

*Vous trouverez avec force détails, tout sur l’histoire d’Ys, Gradlon et Dahut dans cet article dont le lien est ici :  http://elisabelleauboisdormant.over-blog.com/article-ys-61387516.html

jeudi 25 novembre 2010

Le Dernier Amour

Le vent fouette le visage buriné du marin, le col de son manteau ne cachant que ses joues hirsutes. Il scrute l’horizon en se crevant les yeux vers des voiles lointaines. Le ponton n’a plus assez de madriers pour s’approcher du cœur de la mer en furie et un sourire s’esquisse dans sa barbe, laissant voir quelques dents et beaucoup d’espoir…

Elle descend par la passerelle jetée comme une obole et s’accroche à son bras qui tient tête aux éléments. Le souffle du Capitaine réchauffe son  corps transi et penchés comme des roseaux, ils rejoignent  une tanière secrète pour vivre leur amour.

Ils se sourient comme la première fois et une bûche crépite de leur joie dans la cheminée. Leurs rides racontent à leur place leurs vies remplies, leurs bonheurs et  leurs chagrins.  Ils partagent un peu de champagne pour sceller un pacte imaginaire de sincérité et de plaisir, leurs mains se croisent pendant que leurs lèvres se goûtent, mêlant la saveur du breuvage et leurs désirs…

Leurs langues se mélangent dans une bouche puis l’autre ; ils aiment  la texture de leurs muqueuses pendant que la peau de leurs bras se frôle, les invitant  à continuer plus loin. Ils retirent leurs vêtements comme un soulagement et se caressent lentement, s’étonnant de leur osmose de ne faire qu’un.

Leurs papilles s’ouvrent au plaisir d’être ensemble et ils se positionnent pour s’aimer  et s’accoupler naturellement. Ses doigts la parcourent et la pénètrent pendant que sa bouche déguste et titille l’amour de son amant qui grandit pour elle à chaque instant.

Ses mains semblent ouvrirent une fenêtre vers son cœur qu’elle lui donne  pendant que son mouvement de cavalière enfourne tout entier son Capitaine.

Leurs corps sont maintenant épuisés et assoiffés, s’attablant dans leur nudité. Ils partagent des raisins et des pommes, comme leur rappelant leurs pêchés…Quelques cheveux blancs perdus dans sa blondeur disent bonjour à la barbe grisonnante, et ils se sourient.

Ils se quittent dans un baiser qui dure longtemps, mais ils n’ont que faire du temps. Il la raccompagne au port, attendant un dernier bateau pour la ramener sur son île. Ils ont les mains dans les poches mais se saluent encore, et s’embrassent, et semblent encore ensemble. Mais patience, ils vont se retrouver, ils s’aiment trop.


Leur dernier Amour…

vendredi 19 novembre 2010

Denzel, la gueule du Héros

On le voit arriver d’un pas nonchalant mais assuré, regard de lunettes noires énigmatiques et crane rasé. Son blouson noir pur cuir fait hésiter sur son appartenance flic ou voyou, mais on devine une chose : Il a choisi son camp et faut pas l’emmerder…

Denzel Washington a commencé (en 1977) sa carrière cinématographique en incarnant des icônes black telles Steve Biko ou Malcom X- Le Cri de la Liberté (Attenborough)et Malcolm X( Spike Lee)- puis des seconds rôles de prestige auprès de stars confirmées, comme dans L’Affaire Pélican ( Julia Roberts), Philadelphia ( Tom Hanks), Beaucoup de Bruit pour rien ( Emma Thompson, Branagh), USS Alabama (Gene Hackman).

C’est avec des rôles musclés de policiers ou gangsters qu’il sera consacré, et au Box Office, et aux Oscars. Le Témoin du Mal, The Bone Collector, Hurricane Carter (Jewison), Out of Time, Inside Man(Lee), American Gangster (Ridley Scott) confirment son talent mais je préfère mettre l’accent sur 3 films indispensables à sa carrière, à mon avis :

TRAINING DAY (2002) d’Antoine Fuqua
Un jeune policier (Ethan Hawke) est mis à l’épreuve par son coéquipier, une gloire de la Police (Denzel) pendant 24 heures dans le but de le tester et le former. Mais le premier commence à douter  des mœurs et méthodes du héros…Denzel eut l’Oscar pour ce rôle.

MAN ON FIRE (2004) de Tony Scott
Un garde du corps alcoolique, ancien agent de CIA, voit sa jeune protégée enlevée par des bandits mexicains. Il fait tout pour retrouver la petite, utilisant les méthodes les plus dures pour glaner des renseignements et allant jusqu’à combattre la plus grande confrérie mafieuse locale…Remake du film éponyme de Chouraqui (1987).

DÉJÀ VU (2006) de Tony Scott
Un agent du bureau de douanes (Denzel) enquête sur l’explosion d’un Ferry lors de la fête du Mardi-Gras, à la Nouvelle-Orléans. Lors des recherches, on met à sa disposition, une machine ayant « radiographié » comme un scanner toute la vie de la ville, avec un décalage de plusieurs heures. Ce logiciel aide notre enquêteur jusqu’à trouver des indices inimaginables, où il est lui-même impliqué…Mélange de film SF, policier, d’aventure et sentimental, un grand moment de cinéma !

Cet acteur au regard périphérique et au charme glamour, ne cesse de tourner dans des productions hollywoodiennes et on peut le comparer à présent aux John Wayne, Gary Cooper ou Charlton Heston de notre temps. Sans oublier Sydney Poitier qui était son modèle, allez savoir pourquoi…^^

Ses derniers films en 2010 sont Le Livre d’Eli (des frères Hugues), et Unstoppable, encore un Tony Scott !

Denzel WASHINGTON, un héros qui a de la gueule... 

Jack Rackham. 


mercredi 17 novembre 2010

La Femme du Magicien

Eléonore avait un habit rouge pour les grands soirs. Tel un chaperon lâché sur une scène de music-hall, elle avait remplacé sa Mère-grand par un Magicien…

L’homme jetait les couteaux de manière régulière, et ils se plantaient dans un bruit sec autour du corps de la belle, appuyée sur un décor aux allures de carnaval. Un sourire énigmatique masquait ses réels sentiments. Quid de la peur et des appréhensions, nul ne pouvait le deviner.

J’étais assis au troisième rang et j’observais la scène avec attention. Mon ami le Magicien s’appliquait du mieux qu’il pouvait pour ne pas blesser Eléonore. Et sa dextérité assurait sans risque les jetés des lames. Je me souvenais de leur rencontre dans un bar de Porto-Rico, mais rien à avoir avec Ester sa conquête de Cancun.  Ils ne restèrent pas longtemps mariés quand la fille apprit que mon ami n’était pas l’unique héritier  d’un Sultan richissime, révélant son amour véritable pour les pierres précieuses et la vie de luxe. Dépité une fois de plus, le Magicien reprit la course de sa vie et les tournées de spectacle interminables,  pour oublier. Jusqu’au jour où il rencontra Eléonore…

Ce fut un coup de foudre véritable et tout Porto-Rico fut comme enveloppé d’une aura magique pendant une semaine. Roger -c’était le prénom du Magicien- avait des pouvoirs prodigieux quand il le voulait et il fit profiter de son bonheur à toute l’île. Les fontaines donnaient du vin et les rouleaux de papier toilettes se transformèrent en billets de banque. Pendant ce temps, Eléonore n’avait d’yeux que pour mon ami et son amour sincère faisait plaisir à voir. Pourtant…

Eléonore avait un secret : Elle ne pouvait pas avoir d’enfant. Roger n’en fut pas effrayé et lui assura que son amour était sans condition et qu’il la prenait telle qu’elle était.

Roger était néanmoins persuadé que fort de ses talents de magicien, il réussirait à résoudre ce problème.  Ce qu’il fit. Pourtant, malgré une grossesse sans problème et un accouchement sans douleur, Eléonore mit au monde 7 enfants – des septuplés- de petite taille. Ce qui ne gâcha pas le bonheur des nouveaux parents. « Ce n’est pas la taille qui compte, et puis, ce sont des bébés. Ils vont bien grandir… » aimait à se répéter notre Magicien.
Depuis, Eléonore et Roger vivent heureux en famille, malgré les désidératas, commérages et jalousie d’une vieille voisine châtelaine de son état, parlant avec son miroir, parait-il.

Je regarde la fin du spectacle de mon ami et il fait un dernier tour, après celui des lancers de couteaux. Ses doigts projettent  en l’air une poudre magique et comme par enchantement, Eléonore apparait dans des bottes gigantesques, effilant de ses ongles ses moustaches et regardant vers le public de ses yeux bleus félins…

Faisant basculer sa longue queue, elle se baisse pour ramasser quelques petits cailloux blancs, qui la mènent  vers le rideau des coulisses où se cachent ses 7 enfants, qui lui sautent dans les bras.

Les lumières des projecteurs éclairent son bonheur et elle le renvoie vers son époux, ravi de son succès. Elle est belle et heureuse, et le public l’applaudit, debout. Elle vit un vrai conte de fée, c’est elle…


…la femme du Magicien.

samedi 13 novembre 2010

Peter Pan et les Mondes Imaginaires

Je feuilletais l’ouvrage d’un certain James Matthew Barrie, levant le nez de mon hamac de temps en temps pour voir si Tim ou Katia ne viendrait pas dire bonjour à leur vieux Capitaine. Je n’étais pas si vieux d’ailleurs, mais peut-être que la lecture de ce livre m’avait un peu attristé et je voyais les nuages plus noirs qu’ils n’étaient tout à coup…

J’imaginais qu’en visitant l’univers particulier d’un des mythes de l’aventure imaginaire, j’allais y découvrir tous les secrets du bonheur et partager la joie de vivre et la bonne humeur de PETER PAN !

Non point. L’idée qu’on se fait du personnage est celle du prisme qu’à bien voulu donner Walt DISNEY et son dessin animé. La vérité du livre est bien glauque, presque désabusée. Le contraire qu’on pourrait attendre…

Pourtant, le balancé de mon hamac me grise et je rêve que j’enfile l’habit vert et le collant du garçon qui ne voulait pas grandir.  Je sens sa coiffure pointue et emplumée poindre sur ma tête, et le pont de mon navire devient celui du Capitaine Crochet !

Méchant sempiternel, je le vois avancer vers moi en tirant sur son cigare. Tel qu’en lui-même, il me toise et calant son crochet sous le menton, me demande :

-          Que viens-tu faire par là, mon garçon ? Tu sais bien qu’il n’y a place pour l’imaginaire par ici, tout au mieux quelques plans aux Trésors. Alors ?
-          Je me sens l’âme d’un Capitaine aujourd’hui, et  je m’imaginais que vous aviez une jambe de bois, trace d’un combat avec un crocodile féroce !
-          Hein ? Quoi ? Où ça ? Dit-il en sautant partout, moustache défrisée et plume hérissée.
-          Je plaisantais, Capitaine…Attention, derrière vous !!
-          Quoiiii ??? Que…

Je me rendais compte que j’aimais m’amuser avec la phobie de Crochet pour les crocodiles. D’un bond, je me propulsais dans les airs, et c’était agréable…Je poussais vers un nuage accueillant pour une petite halte, et je contemplais les environs de la crique où était ancré le bateau. Le ciel était bleu, les oiseaux chantaient s’ils avaient su, et mes poumons se remplissaient de grandes  bouffées d’air pur. Je commençais à oublier tout le reste, près à rester Peter pour de bon…Quand un cri me rappela l’existence de Crochet et sa méchanceté.

Je le vis sur le pont malmenant Wendy, mon amie de toujours. Wendy…Je fonçais vers la scène pour faire face au Capitaine, sortant mon épée de bois !

-          Lâche-la,  misérable !
-          Tiens, une visite ! Dit-il en ricanant de ses dents incertaines.
-          Tu l’auras voulu…

Je tricotais dans l’air une passe de mon secret, qui emportait le Capitaine éberlué en une tornade de vengeance qui fonça dans une  immensité d’oubli. On ne le revit jamais…

La petite fée Clochette se posa sur mon épaule, comme pour me remercier. Je regardais Wendy, enfin libérée du courroux du Capitaine. Nos yeux se croisaient, unissant nos amitiés. Je l’embrassais…

Quelque chose interrompit le sortilège et je me retrouvais sur le pont du Poséidon, dans mes guêtres de Rackham . Dans mes bras, Maia avait pris la place de Wendy et me regardait avec un air béat que je comprenais.  Interchangeant tricorne ébouriffé et  frimousse mutine, nous scellions notre amitié par le mélange de nos parts de tartes aux fraises, offertes gracieusement par Bosco.

Mieux que la féerie des Mondes Imaginaires, ce petit sourire qui s’affiche quelquefois sur les visages pour ouvrir nos cœurs tout simplement…


Besos

Jack

Peter Pan est un personnage fictif créé par l'auteur écossais J. M. Barrie, apparu pour la première fois dans le roman The Little White Bird (Le Petit Oiseau Blanc) 1902, puis dans la pièce éponyme 1904 et enfin dans le roman Peter and Wendy, plus connu sous le titre Peter Pan. (1911)

Nota : En 1906, la partie de The Little White Bird concernant Peter Pan est publiée seule : Peter Pan in Kensington Gardens, illustrée par Arthur Rackham !

En 1991, dans Hook ou la Revanche du Capitaine Crochet, Steven Spielberg mit en scène un Peter Pan devenu adulte (Robin Williams) qui est ramené au Pays imaginaire par la fée Clochette (Julia Roberts) pour un ultime combat contre le Capitaine Crochet. (Joué par Dustin Hoffman).

Publiée à partir de 1990, la série de bandes dessinées Peter Pan, créée par Régis Loisel, est une adaptation plus sombre et destinée à un public plus adulte. La série a été achevée en 2004.

En 2004, Marc Forster réalise le film Neverland (Finding Neverland) où Johnny Depp incarne J. M. Barrie, le créateur de Peter Pan avec, entre autres, Dustin Hoffman, Kate Winslet. ( Toutes ces infos, Wikipédia). 

samedi 6 novembre 2010

Jack Rackham et la Pieuvre Géante

J’avais promis à mon amie Katia une balade en bateau, depuis le temps que je la délaissais pour d’autres jouvencelles. Bien qu’elle ne fut plus de première jeunesse, je la voyais toujours avec les yeux de l’amour,  étant bien obligé de reconnaitre la force de mon sabre qui donnait du nerf à son approche et même à plusieurs centaines de mètres. L’évocation même de son prénom me faisait de l’effet, sans que j’y puisse quelque chose. Katia, Katia, Katia, Katia, Katia, Katia, Katia, Katia…

Je louais une embarcation  légère munie d’une voile de confort, mais nos yeux simultanés de Chimène voyaient la goélette de notre jeunesse, ce temps où nous roulions à bicyclette vers  cette « Ile au Trésor »…* (Voir le texte du même nom, libellé Katia)

Le temps était clément  au début de notre odyssée mais il se gâta rapidement. Les vagues prirent de la hauteur et le roulis dans la salle principale nous rapprocha inéluctablement, Katia et moi. Le moindre contact entre nous sollicitant déjà nos papilles et nos sens, nos corps se choquant sous la tempête firent de nous deux bêtes animales, se reniflant et se tâtant comme des morts de faim…

Nous nous arrachâmes  mutuellement nos vêtements et nous allions nous posséder  goulûment quand un hublot se brisa, nous alertant d’un danger imminent. Bondissant tels quels sur le pont envahis par les vagues et la mer, nous sursautâmes devant le spectacle ahurissant : Une pieuvre géante aux tentacules violacées venait de se saisir du bateau et jouait avec comme un hochet…

Fouettés par les eaux en furie, nous tentions de nous accrocher à quelques cordes pour éviter de finir à la mer. Mais nous nous accrochions surtout l’un à l’autre, accentuant nos envies réciproques et tentés de succomber à la chair avant la tempête. La tête géante nous regardait de son œil, jaloux de nos intentions et nos envies. Je lui tirais la langue…

Furieux d’une telle insolence, la bête se mit à secouer le bateau de plus belle et nous fûmes projetés vers l’arrière du pont. Les quatre fers en l’air, Katia s’engouffrait dans une descente d’escalier menant aux cabines et j’en profitais pour me rincer l’œil, admirant son système pileux époustouflant. Mon sang ne fit qu’un tour et je décidais d’aller assouvir nos instincts sur le champ. Le bateau semblait bouger comme sur des montagnes russes mais j’étais bien décidé à rejoindre ma belle pour une partie de jambe en l’air monumentale !

Je m’approchais de la porte d’accès quand je reçus un coup sec derrière le crâne, au point que je crus avoir rencontré une montagne ou un éléphant. Tout fut noir. Puis je me réveillais doucement, la tête en mille morceaux et Katia était au bas du lit, me regardant ébahie :

-          Oh Jack! Oh, mon Jack…

J’essayais de me relever mais sans succès. Je ressentais tout de même une drôle d’émotion car la vue de Katia m’avait émoustillé, mais c’était habituel. La tempête avait du se calmer car plus rien ne bougeait. Sauf…

Les yeux exorbités et avides de mon amie m’indiquaient bien ce qu’ils regardaient. Point d’aventure, point d’animal géant soulevant les eaux et les navires, je sentais venant du fond de mon être et de mes rêves une force ondulatoire et puissante qui représentait tout mon amour pour Katia…


Votre Jack Rackham.

Illustration : Anagram Bookshop.

mardi 2 novembre 2010

Mary

Mon hamac balance d’un rythme régulier et coulant. Les bras derrière la tête, je souris dans ma barbe coiffée de frais qui me donne un air de jouvenceau. J’ai mis un habit neuf, une fleur à la boutonnière, et mon tricorne affiche l’aura de mes meilleurs années, celles de mes abordages sentimentaux qui ne finissaient qu’à l’aurore, gorge sèche et mouilles rabattues…

Depuis, retraité sur cette île du Crâne aux allures de purgatoire, il ne me reste que mon imagination pour voguer à la recherche de conquêtes émoustillantes, et je me complais à inventer telle courtisane ou telle puritaine de rencontre. Les yeux fermés, je compose ma greluche, et je me laisse aller à mon inspiration, tel un peintre qui jette des couleurs. Celle-ci, comment s’appelle-t-elle déjà ?

Mary…

Je sens sa peau de pêche aux premières évocations de son prénom et c’est comme si je la touchais déjà. Mary a de grands yeux qui aiment bien regarder, et je n’ai pas envie de la décevoir. Ses cheveux attachés en queue de cheval me font de l’effet que je lui rends bien. Sa bouche pulpeuse d’un pourpre foncé et brillant donne envie de la visiter. De mon hamac, j’imagine tout et telle une marionnette, je lui fais faire ce que je veux...

Son tour de cou et sa robe de velours noir sont reliés d’un filet qui donne encore plus envie de la caresser, de tout lui enlever…Me tournant le dos, elle me sourit en attendant que j’arrive, imaginant à son tour ce qu’elle a envie de moi. Mon hamac balance devant Mary, assise dans son fauteuil à bascule et qui balance aussi.

Jack…

Je regarde ce Capitaine pas très beau mais si sympathique. Il dégage une allure virile qui donne envie de jouer avec lui. Je regarde avec curiosité cette bosse qui dépasse de son pantalon comme s’il avait gardé sur lui les clefs de son bateau…L’homme est tentant et j’ai l’impression qu’il répondra à mes attentes. Il frétille déjà dans son filet, comme un poisson pris au piège et qui aime ça.

J’ai remarqué le petit sourire de Mary qui me regarde fixement. J’imagine encore quelques stratagèmes et vices que je rajoute à son profil, pendant que mon sabre prend du volume, comme voulant jouer avec mes clefs.

Le Capitaine est bien échauffé, mûr à point. Mais je sens que son esprit part vers d’autres îles, d’autres donzelles dont je devine qu’il imagine les formes et les jeux qu’il fera avec.

C’est qui cette Maia ?


Besos à Victoria, Ysa, Ava, Ania, Fairouz, Zahiya, Nanou, Tifenn, Virginie, Marie, Christine, Sco, Céphée, Paola, Karine (2), Noèse, Colombine, Bérénice, Leila et Josépha.

Jack Rackham.