jeudi 30 juin 2016

La Crique de laTête de Mort



Enfin ! On a réussi à trouver un petit coin tranquille pour garer le Poséidon. Juste à deux pas à vol de mouette du bar-restaurant de Liza qui continue de faire nos repas du midi. Le soir est réservé aux jeux de cartes, au rhum coulant à flot, aux visites des moussaillonnes ou des moussaillons.

L’endroit est discret, prolongement d’un bras de mer furtif, car nous ne pouvions pas continuer à le laisser à quai au vu et su de toute la contrée. Les réserves à bord ne risquant plus rien, nous pouvons engranger tonneaux et victuailles à volonté. Les hommes ont même installé des hamacs un peu partout sur le pont pendant l’été, sans risquer des attentats à la pudeur dénoncés par des puritains ou des jaloux.

Liza vient même de temps en en temps nous rendre visite en voisine. Elle donne des idées à Bosco pour la décoration, qui profite de ses conseils goulûment, même si je crois qu’il en est un peu amoureux. Il lui offre souvent des tartes aux fraises qu’elle mange avec plaisir devant lui en léchant copieusement ses doigts, genre à réveiller un mort abstinent depuis la saint glin-glin. C'est pour lui faire plaisir ! J’attends un peu pour le mettre au parfum de notre relation secrète car c’est un gros sensible, non mais…

Quelques matelots ont d’ailleurs taillé les roches environnantes sous ses ordres  pour donner un air de pirate à l’endroit. C’est beau et ça y fait tout à fait penser :

« La Crique de la Tête de Mort ».

C’est un nom qui a de la gueule, vous ne trouvez-pas ?

Jack Rackham

PS : L’été, c’est le moment où même les mouettes se reposent. Et même votre serviteur…

vendredi 24 juin 2016

Les étés de Porcelaine




Deux petits bonhommes sur un ponton, balançant leurs pieds au dessus des flots, se tenant par le cou et se faisant des serments pour toujours.

- Quand je serais grande, je me marierais avec toi !
- Moi aussi… 

Elle pose sa tête sur son épaule et il vient de grandir de vingt mètres de haut. Il sent aussi son tricorne pousser, car il deviendra Capitaine et sillonnera les mers jusqu’au Caraïbes…

*

J’aime l’été quand la moiteur atteint le point juste au dessus de la canicule, que la perle sur le nez est signe d’insouciance comme ultime avant-coureur du bonheur accompli. C’est cette atmosphère qui règne dans le bar de Liza qui sans rien demander amène les boissons glacées au fur et à mesure de l’après-midi. 

Le Cinéma, art moderne que le monde découvrira plus tard, a su écrire des histoires et générer ces films cultes qui racontent des amours de vacances où les générations se croisent, se mélangeant parfois mais chacun vivant des situations inattendues dues à la chaleur de l’été et aux sentiments exacerbés. 

Tels A Nous les Petites Anglaises, Les Bronzés, Camping, Descente aux Enfers, Faustine et le Bel été, Pauline à la Plage, Les Randonneurs, l’Année des Méduses, Un Moment d’égarement, Les Vacances de Mr Hulot entre autres, et le légendaire L’Hôtel de la Plage et ses chansons inoubliables…^^

Jack Rackham

Photo du haut : Ne le dis à Personne, film.

dimanche 19 juin 2016

Les Sucettes de Maia




Quelques gouttes de pluie avait jeté un peu de tristesse sur ses vacances mais le petit Rackham rêvait d’autres images au goût du défendu, comme de la vision atomique du décolleté de la maîtresse ou d’un tour en tricycle à l’arrière de Maia dont il pourrait serrer la taille comme à la télé, et sentir sa bonne odeur de fraise Tagada.

Les deux amis allaient bon train sous le ciel incertain mais peu importait le temps du moment qu’il le passait ensemble. Son coup de pédale endiablé la faisait beaucoup transpirer mais Jack aimait ce partage, cette immersion dans son intimité qui lui rappelait la pêche aux oursins l’été avec son grand-père Louis. Son nez embaumé et ses mains occupées, il était aux anges avec Maia dont il sentait les formes en action, qui préfigurait les longues chevauchées avec Katia vers son Île au Trésor. Sur l’instant, il ne pensait qu’à ne pas tomber (et ne pas perdre son chapeau Spirou) et aussi à la promesse de son amie faite sous serment dans l’après-midi : Une sucette.

Il l’imaginait de tous les parfums, de réglisse à abricot, même si le côté canaille de la petite rouquine pouvait basculer rapidement vers un moutarde-salsifi ou crème de cafard-amandes inattendu.

Alors les yeux déjà émoustillés de sa future récompense, il regardait devant lui ne voyant pas le sourire en coin de Maia qui se régalait d’avance du bon tour qu’elle allait jouer à son ami, mais qui lui en serait reconnaissant toute sa vie… 


Jack Rackham

PS : Le petit Jack pensait aussi furieusement à cette génoise aux pêches promise par son amie Orfénique, un nom de code peut-être, mais ça ce sera une autre histoire…^^ 

lundi 13 juin 2016

Scène de Cinéma



Comme dans toutes les bonnes sagas télévisées d’aujourd’hui rentrait en scène un certain Sagamore Rackham, descendant de votre serviteur de son état. Petite mallette à la main et gueule de barbe de trois jours, il faisait honneur à son ancêtre même si je ne me souvenais pas d’avoir donné le biberon un jour, sauf pour des jeux avec mes moussaillonnes…^^

Le nez au ciel, il faisait semblant de s’intéresser aux bibelots des lieux mais un autre œil se tournait en fait vers la maîtresse de la maison qui voulait avoir des renseignements sur des encyclopédies complètes sur le Cinéma. Une tasse de thé, un décolleté ravageur, Sagamore se demandait si il n’y avait pas une autre raison de ce rendez-vous un samedi-après-midi.

- Asseyez-vous là, près de moi. Voilààà…

Le divan était confortable et la dame chaleureuse. Elle ne cessait de toucher son opulente crinière brune et penchait curieusement la tête vers son interlocuteur avec un sourire non équivoque. C’était à dire qu’elle savait vraiment ce qu’elle voulait…Croisant et décroisant ses jambes gainées de bas, Sagamore était fasciné par son décolleté qu’il ne pouvait quitter des yeux.

- J’adore le Cinéma vous savez. Vous me faites penser à un acteur, comment s’appelle t-il déjà ? Prenant un accent perché, propre aux personnes condescendantes.

Mon descendant lui, essayait d’avoir l’air détaché pour réfléchir à un nom connu.

- George Clooney ?
 -Non, plus jeune. Allons, je l’ai sur le bout de la langue…

Elle semblait réfléchir à quelque chose mais non, elle lui caressait surtout l’avant-bras, sentant la douceur de ses poils virils, avant-goût prometteur de son torse qu’elle avait lorgné dès l’ouverture de la porte d’entrée. Passant ensuite sa main longuement entre ses jambes de pantalon, elle poussa un peu plus loin son jeu de séduction.

-Vous faites quelque chose cet après-midi, j’ai une envie folle que vous me suciez les seins !

Le reste fut une longue suite de chevauchements et autres galipettes car la dame avait vraiment décidé de s’intéresser de près au Cinéma. Elle commanda dans la foulée la collection complète en 16 volumes qu’il livra en personne volume après volume, pouvant vérifier par lui-même de ses progrès en culture cinématographique…

 *
 Si l’épisode du tournage de certaines scènes de « Bienvenue chez les Rozes » (2003-Palluau) fut raconté avec humour par Jean Dujardin « Quand même, Carole Bouquet qui vous touche les couilles, c’est quelque chose… », cela n’égalera jamais la célèbre anecdote de Boulevard du Rhum (1971-Enrico) racontée par Guy Marchand, débutant d’alors venant de la chanson :


« Alors voilà, on me dit : Tu veux faire du cinéma ? C’est bien payé puis on me met Brigitte Bardot sur les genoux et on me dit de lui mettre une pelle ! Tu parles que j’aime le cinéma… »

 
Jack Rackham

mercredi 8 juin 2016

Le Journal intime de Catherine



Ce furent des retrouvailles en forme de feu d’artifice. Les deux amis n’auraient pas osé imaginer une telle rencontre. Si naturelle et spontanée, comme une bénédiction divine suite à une abstinence d’une quarantaine d’année. Qu’ils n’auraient pas pu connaître aux Beaux-arts évidemment, la jeunesse, l’époque, tout étant si différent…

Catherine s’étirait de son long ayant repassé une nuisette pudique. Fallait pas que le Capitaine se croit privilégié pour reluquer encore, après la messe, la femelle assouvie même si la tentation de le séduire encore lui venait. Elle l’avait rassasié de son corps et le sien l’avait tout autant comblée. Pleine de souvenirs de sa présence, qu’elle se remémorait avec délice. Chaque moment si particulier qu’elle aurait pu le dessiner, avec force détails des enchevêtrements et emboitements. Ils avaient maintes fois risqué la foulure ou l’accident mais la chance des débutants, de la première fois entre eux, tout avait l’air écrit comme au cinéma, avec les cascades et tout. 

Elle aurait le temps de raconter tout ça à son journal, les détails ne manquaient pas même les plus osés et croustillants, tout ça restant secret évidemment. Sa longue vie de femme mariée l’avait quand même comblée d’expérience et de savoir-faire même si se mesurer avec un bretteur des sept mers l’avait rassurée sur sa belle nature et son sens du vice. Elle savait jouer avec son corps et le visuel qu’elle en donnait. La discrétion féminine avait su éliminer de sa mémoire les aventures ponctuelles tout en y engrangeant quelques détails pratiques pour son expérience.

Jack avait du faire de même de son côté car elle n’avait eu onc’ reproche à lui faire sur ses capacités de gentilhomme accompli jusqu’au bout de la nuit. Elle avait su récompenser ses qualités d’amant émérite et il avait de même honoré ô combien sa féminité. 

Prenant une collation bien méritée, ils croquaient chacun à pleine dents dans ces retrouvailles, n’ayant rien à commenter car tout semblait avoir été dit. Entre deux bouchées, ils s’embrassaient comme pour se manger car même leurs baisers leur donnaient plus encore d’appétit.

Ils se dirent au-revoir mais sans le penser. Elle le regarda partir de la fenêtre et se pencha goulûment.

- Au  fait, il manque une attachée de presse sur le Poséidon. Si ça te dit…

Elle n’ouvrit pas la bouche mais jusqu’à Trinidad, on put entendre :

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ♥



 Jack Rackham


Photo du haut et du bas : Julia Ormond.