jeudi 31 mars 2011

Une visite chez Jack Rackham - par La Rosée du Matin

"Ce soir, nous allons rendre visite à notre ami le Capitaine Jack Rackham.
Mon pirate a mis ses plus beaux atours, qu’il est beau ainsi vêtu. Il est éclairé par un rayon de soleil qui fait ressortir son teint hâlé et ses magnifiques yeux bleus. La vigie crie « Poséidon » en vue, dommage, j’aurai bien pris une petite entrée…

Notre hôte et ses autres invités étaient installés confortablement dans des hamacs racontant des histoires de pirates.
Jack se tourna vers nous et nous demanda de son regard malicieux, si nous n’avions pas une de ces histoires dont il raffole.

C’était un soir d’octobre, sur les remparts de Saint-Malo, ville des corsaires. Dans le port était amarré , un magnifique trois mats. Je sorti mon appareille photo, afin d’immortalisé ce dernier. Et voilà que dans l’objectif, une paire de bottes noires fit son apparition. Curieuse comme je le suis, j’ai voulu savoir a qui elles appartenaient. Après le pantalon noir, un marcel blanc, qui mettait en valeur les bras musclés de cet homme. Pratique ce petit bijou, avec lequel je pouvais admiré discrètement ce bel apollon brun.

J’allais rejoindre la navette qui devait me ramener au parking où j’avais laissé ma voiture, tout en rêvant d’aventures maritimes. Lorsqu’un un individu me bouscula et que je me suis retrouvée les quatre fers en l’air. Prête à traiter cet imbécile de tous les noms d’oiseaux, j’allais me relever, mais à cet instant, une voix chaleureuse à l’accent du Sud- Ouest me demanda gentiment, si tout allait bien, et me pria de l’excuser, qu’il y avait si longtemps qu’il était en mer, qu’il en avait oublié l’affluence des trottoirs des villes. Tout en parlant, l’homme me tendit une main pour m’aider à me relever et je me suis retrouvée face à face avec le héro de mes rêves. Pour se faire pardonné, il m’invita à dîner a bord du Belém, son magnifique trois mats.

Au cours du repas, mon hôte me raconta ses aventures. Mon regard ne pouvant se décrocher du sien couleur azur, il comprit vite, qu’il avait à faire à une petite curieuse qui n’espérait qu’une chose aller visiter, le restant du navire. C’est fou comme une cabine de bateau c’est petit, il se retrouva tout contre moi, ce contact me fit tomber à la renverse dans le hamac. Bien entendu je m’étais cramponné à mon guide. Ce dernier profita de la situation pour m’embrasser tendrement et commença une toute autre visite. Allant à la découverte de nos deux corps, je remarqua qu’il y avait besoin d’un bon dépoussiérage …

Et voilà que je sens ce regard intense que j’aime tant, le pont c’était vidé notre hôte était partit faire visiter son navire…"

La rosée du matin 

Lien blog de Rosée du Matin :  http://gouteletteof78.blogspot.com/

dimanche 27 mars 2011

La Fiancée du Pirate - par France

Trois ans qu'elle ne l'avait revu. Trois longues années. 
 Elle n'avait plus rien de la jeune fille naïve qu il avait connu. Il lui avait pris ce qu'elle avait de plus précieux...son innocence...son coeur. 

A présent, il était là devant elle et il n 'avait pas changé. Bien malgré elle, le souvenir de leur première nuit se fit encore plus vivace...Son baiser ne ressemblait à rien de ce qu elle avait pu connaitre, même en rêve. Ces lèvres brûlantes, brûlantes et pourtant douces, incroyablement persuasives, épousaient parfaitement les siennes...

Cette bouche merveilleuse qui la baillonnait tendrement lui faisait totalement oublier la barbe noire qui lui chatouillait le menton....Sa bouche l'attirait comme un aimant, lui volait jusqu'à l ' air qu elle respirait, jusqu'à son âme, sa volonté. Et le plus étrange, c'est qu'elle s'en moquait. Elle les lui abandonnait volontiers. 

Une châleur étrange l'envahissait, gagnant chaque parcelle de son corps à une vitesse stupéfiante. Ces lèvres brûlantes, ces dents qui la mordillaient délicatement, cette langue inquisitrice eurent bientôt raison d'elle. Ses seins se gonflaient contre le corsage de sa robe bleue. Son ventre, sous les fronces de son jupon, se creusait presque, tant il etait tendu.  
A dix neuf ans , elle était naïve et passionnée. Lui, avait de l'expérience et un charme irrésistible. Elle se savait totalement vulnérable face a cet homme déterminé et rompu aux jeux de l'amour. 

Il enfouit son visage dans son corsage dégrafé. Les flammes qui léchaient son corps se changèrent en brasier ardent. Elle étreignit la tête brune du pirate et l 'attira contre elle. Sa main glissa vers le bas de la robe et ses doigts se refermèrent sur le tissu bleu, qu'il retroussa lentement. Elle ne fit pas un geste pour l'arrêter. 
Pas plus qu'elle ne protesta lorsqu'il lui écarta doucement les genoux....De baisers brûlants en mots d amour tendrement murmurés, il la fit sienne. Elle s'endormit ...heureuse. 

Lorsqu elle s'éveilla, il n'était plus là...il avait fait d'elle une femme...sa fiancée...

...la fiancée du pirate.


France

Après Brigitte il y a quelques temps, France aujourd'hui, je vous invite à venir raconter ici si vous voulez, une histoire d'amour et de pirate. A vos plumes...JR.

vendredi 25 mars 2011

La Femme du Pirate

Elle fait les cent pas devant mes yeux et de temps en temps s’arrête pour prendre la pose. Les mains sur les hanches, elle me sourit et fait sauter les frous frous de ses jupons pour me rappeler tous mes devoirs.
Je goûte déjà sa bouche et le luisant de ses épaules excite mon imagination. Je parcours sa peau jusqu’à la commissure d’entre ses seins et je descends dans son intimité, imitant une langue ou des doigts qui s’invitent au meilleur des festins.

Elle a les yeux de Katia, dévorant mes pensées profondes et suçant ma cervelle de jeune homme, avalant mon innocence. Elle a la voix de Madeleine, susurrant des mots doux et palpant mes illusions. Elle a la croupe de Rita, me traçant le chemin vers le monde, à l’intersection des mappemondes, introduisant un toi vers sa volupté…

Son tricorne a un air de Tim, balançant mon hamac vers des îles de luxure, partageant avec elle des parts de tarte aux fraises et des chantres de l’épicerie. Quelquefois égaré aux plaisirs de sirènes et princesses aux goûts sucrés de l’amour fou, je me livre aux délices de belles moussaillonnes !

Je rêve entre mes cordes de cette belle Capitaine, attachée de près et commandant mes désirs que mon sabre fébrile glisse sous sa pelisse. Je lève les yeux au ciel, interrogeant un beau phœnix ou une lune rouquine, et je vois déjà visage et  plaisir répondre à mon cœur de pirate…

Jack

lundi 21 mars 2011

Dîme Dame D'homme

Vous vous souvenez de Patricia ? C’était une jeune femme dont j’avais raconté les aventures depuis son mariage mouvementé où elle avait vécu de terribles épisodes et tissé des amitiés avec les gorilles Macumbas des montagnes. Pablo, son beau Pablo, était un sacré taquineur et le souvenir d’une après-midi au Comptoir des Indes était encore dans les esprits des personnes présentes ce jour-là au magasin.

Le vent, avec la complicité des mouettes les plus vicieuses, me soufflait cette fable faisant suite aux péripéties toujours bien senties de notre héroïne…

« Patricia se souvenait encore de sa honte suite à l’épisode des pelotes de laine et avait cherché à se rattraper auprès de madame Longburry. Elle avait pris contact avec quelques marchands de ses correspondances Laines et Tricots des Caraïbes, et avait concocté pour elle quelques mises en relations qui auraient avantageusement privilégié sa cagnotte pour des produits de haute qualité.

Devant aller chercher les commandes, Patricia se proposa de faire l’aller-retour à sa place mais Madame Longburry refusa net. « Ce que j’achète pour mon stock, je veux le tâter moi-même de visu, question de respect de ma clientèle. » Mais elle lui proposa de l’accompagner, ayant été l’instigatrice de ces affaires, ce que notre amie accepta.

Une petite escouade était partie de bon matin pour rejoindre par bateau la crique du Traquenard où ils continueraient à pied vers la Grotte du Serpent. Le rendez-vous était juste après une forêt, dans une clairière facile à repérer. Grimpant vers le lieu dit, ils furent arrêtés par une bande de sauvages qui essayèrent de racketter notre commerçante.
 - Vous devez payer notre dîme, Dame. C’est ainsi dans nos régions.
- Comme vous voulez si ce n’est pas exorbitant, sinon le commerce est foutu en ces régions. Répondit sèchement Miss Longburry.
- Ce sera le tiers de votre cargaison sur le retour, ou alors…
- Ou alors ?
- …Ou alors en échange, toi faire plaisir à tous nos hommes. C’est ainsi dans nos régions.

Patricia essaya bien de s’interposer, prévalant de son expérience pré-maritale sexuelle très copieuse, mais notre Dame refusa net. « J’ai été mariée plusieurs fois et ce que j’achète pour mon stock… ». Bref.

La petite affaire faite aux quinze sauvages, notre équipe put continuer son chemin. Mais quelques centaines de  mètres plus loin, un groupe d’indiens Wichitas qui passaient par là arrêtèrent la colonne du comptoir des Indes pour demander la dîme. La matronne eut beau expliquer qu’elle venait de s’en acquitter, rien n’y fit et elle dut gâter le chef et tous ses hommes, malgré les cris de Patricia qui tenait absolument à aider son amie. Mais fière, madame Longburry parla encore du respect de sa clientèle et tous se turent devant tant de détermination.

Arrivés au rendez-vous, l’affaire fut rapidement bouclée au sujet des pelotes de mohair, et pour des tarifs défiant toute concurrence,  la petite cohorte repartit chargée de dizaines de caisses. Patricia était contente mais Dame Longburry  serrait encore les dents d’avoir du céder aux exigences des sauvages et indiens.
Prenant un autre chemin pour le retour, tout le monde se félicitait de la bonne idée quand un guet-apens imprévu arrêta à nouveau notre équipage. Des pirates sanguinaires et masqués avaient bloqué la route et réclamaient leur du ! Sauvant une fois de plus par le sacrifice de son corps le chargement, se donnant et satisfaisant à tous les vices de ces hommes, Madame Longburry piqua tout à coup une grosse colère qui tétanisa tous les pirates. Leur chef, confus, ota son masque et s’agenouilla pour s’excuser.

« Pablo ! » Cria Patricia. En effet, Pablo et ses hommes avaient joué une fois de plus, une petite blague à Patricia, et on vit arriver sauvages et indiens du voyage aller, qui enlevant grimages et déguisements se mirent à rire…
- Sacré Pablo ! dit Patricia, se tapant sur les cuisses. Tu es vraiment un petit plaisantin, toi !
- Houmm ! Que bella ! Lui répondit-il en lui pinçant les joues. Tou sais que toun amie est oune bonne affaire ? Ha ha ! 

Vexée, Miss Longburry prit le commandement des porteurs et laissa là nos amoureux. Elle fut rapidement de retour à son Comptoir des Indes et plus jamais elle n’adressa la parole à Patricia.

On dit qu’il y a dans son magasin des pelotes en mohair qu’elle vend à prix d’or. 

Elle n’a jamais dit à quiconque la provenance de cette laine qui a tant de valeur.

Pourtant, elle a le respect de sa clientèle et de temps en temps, elle fait une promotion ou une tombola.

Car on peut dire ce qu’on veut, mais cette madame Longburry, c’est vraiment une dame du monde… »


Jack Rackham.

vendredi 18 mars 2011

La Veuve au Port


Elle vient là tous les matins, au même endroit du ponton qui l’attend.

Les mouettes tournent autour de sa coiffe attachée pour résister à tous les vents et son œil commence à scruter l’horizon, cherchant une vague qui flirterait avec une vigie oubliée.

Son manteau usé à a compté pour elle les jours de son départ, et ses cheveux filasse ne pensent plus à séduire que son miroir brisé posé sur la cheminée. Le printemps l’a sauvé de la froidure promise car elle n’a plus de bois. La Dame Willouby attend son mari pour couper ces prochains tronçons de chaleur, qu’il la serre dans ses bras. Elle a confiance, il reviendra…

C’était il y a presque longtemps, tant les jours s’égrènent et la narguent chaque matin. Elle coche sur un carnet son attente et les pages se tournent comme pour cacher le début de sa tourmente et de sa peur. La chasse à la baleine n’est pas si dangereuse mais elle a lu un livre où un capitaine périssait avec son navire pour défier une grande et blanche. Ici aux Caraïbes, elles sont petites  et bleues et son Jimmy saurait bien convaincre son commandant de rebrousser chemin en cas de mauvais sort.

Les gens la saluent encore mais elle se cale contre une pile de bois se protégeant de la pitié et du désespoir. Le fil du temps lui a ôté l’appétit, la soif mais pas la patience. Tous les soirs elle rentre chez elle mais le matin se levant, elle est là qui revient l’attendre. Pour tenir compagnie aux vents et aux marées…

Des idées la traverse à présent, portant du noir, entourée de pleurs et de mains appuyées sur son dos. Madame Veuve Willouby...Brrr, elle n’y pense même pas…Elle avale sa salive et chaque jour se donne un jour de plus, prête à se donner une semaine, un mois, un trimestre de plus. Les mouettes ne la voient presque plus, une a faillé l’éborgner l’autre jour et un galant est venu lui proposer son aide et sa main… 

Mais non, ça ne se passera pas comme ça ! Elle se fait violence pour tenir encore et encore et ne se résout à prendre le deuil, à baisser les bras, à ne plus l’attendre. Elle a presque oublié son odeur et son rire mais ses mains la caressent encore, et c’est bon. Elle tombe alors à genoux…

Un rayon de soleil traverse les nuages et vient frapper son front. Elle ôte son chapeau et plisse les yeux, croisant ses mains. Elle n’est jamais allée à l’église, ne croit même pas en dieu, mais elle croit en son Jimmy, il lui a promis…

Des hurlements horribles déchirent les cieux dont le bleu ne comprend pas ce tonnerre. On dirait une bête qui meurt, s’accrochant à ce cri pour rester encore en vie.

Les gens tournent la tête et regardent vers le ponton. La veuve est encore là. 

Tiens, elle s’est relevée et s’approche de la plage.

Elle agite son bras, comme saluant l’horizon.

Ils baissent la tête et reprennent le cours de leurs vies.

Dame Willouby relève le menton et sourit. S’arrangeant les cheveux.

Jimmy est revenu…

lundi 14 mars 2011

Un Ara sur l'épaule

Tout est parti d’une visite inattendue le mois dernier, la belle Jessica ayant grimpé la passerelle du Poséidon pour y passer vacances et accessoirement décrocher le passeport pour partager ripaille et aventures, celui de moussaillonne. Les épreuves n’étaient pas compliquées mais je soupçonnais Bosco et Mildred d’influencer un peu notre candidate en se livrant à des agissements secrets en échange de points pour le précieux sésame.

Je surveillais la journée ma visiteuse grimper aux cordages et préparer la tambouille, puis au fil de la semaine d’autres candidates vinrent s’essayer au challenge et je n’eus plus assez d’yeux bientôt pour surveiller tout le monde. Aussi belles et rompues aux choses de la marine comme des vieux briscards, mes belles se donnaient à fond, me compliquant la vie pour choisir la gagnante…

Pourtant je remarquais  une nouvelle mode sur la goélette et une recrudescence de perroquets multicolores que chacun s’amusait à mettre sur son épaule, donnant une ambiance joyeuse et colorée au navire que je n’avais jamais connue. La visite de Jessica me renseigna vite sur l’ingéniosité de mon équipage et je souriais à l’écoute de leur stratagème…

- Bonsoir Capitaine. Il fait chaud ce soir, je venais vous visiter, voir si vous n’aviez besoin de rien. Regardez mon beau perroquet, il est vorace et il a bien envie de vous manger !

Je regardais plutôt la bouche de Jessica et imaginais des choses bien naturelles. Je refoulais ces idées lubriques et me replongeais dans mon journal. « J’ai mon perroquet, Capitaine. On m’a mis au courant de vos us sur ce navire, mais ce ara est bien mieux qu’une tarte au fraises, n’est-ce pas ? »

Je commençais à comprendre ce qu’avait combiné Bosco et les hommes de l’équipage. Plutôt que de déranger sans cesse les filles pour des galipettes ou des gâteries au fraises, ils avaient instauré le port du perroquet et chacun et chacune, selon ses dispositions ou migraines, pouvait inviter un des occupants du bateau à mouiller l’ancre, ou jeter un filin par le hublot, sans prêter attention.

Je ne tenais pas à rompre le charme de ces codes pratiques et poétiques finalement, et ma belle amie préféra s’occuper de mon sabre, ce qui lui valut la note maximale à cet agrès !

Pourtant le concours fut rude et bien que Lady Ania, mon attachée de presse qui avait voulu tenter sa chance, dépassa le nombre de points maximum, je décidais de garder ce petit monde sous le coude en alternance.  Préférant garder aussi une certaine émulation dans mon équipage et l’assurance de leur motivation toujours revigorée…

Je décidais aussi de porter à l’occasion un ara sur l’épaule selon mon humeur, et me souvenais d’un que j’avais vu sur un flux internet. Ce qui me fit sourire. 

Mais ça c’est une autre histoire…

Jack Rackham. ^^

jeudi 10 mars 2011

Le Corps de Maria

Quelquefois, perdu dans mes rêveries, un petit sourire me monte aux lèvres et mon esprit s’évade vers quelques amours oubliés, retrouvés entre deux mensonges de ma jeunesse…

Ayant longtemps menti pour donner le change à de faux amis ou de vrais imbéciles, j’ai bien du mal à me souvenir de mon premier amour, du vrai premier qui a fait battre mon cœur. Je passerais sur ceux que j’ai  vécus tout seul car ceux-là n’ont laissé que l’amertume des soirées finissant en poignées d’amour. Mais quand on est un pirate affalé entre ses cordes, habitué aux récits amoureux entre souvenirs de jeunesse et turpitudes de marin aguerri, il est facile de le voir cet amour premier, émoustillant mon cœur et mon âme pour l’éternité…

Je venais de fêter mes quinze ans et j’avais mis mon plus beau costume. Je bombais le torse pour paraitre plus vieux et j’allais au bistrot du village, pour promener mon anniversaire et trouver compagnie. Je montais les escaliers derrière le bar jusqu’à la porte d’une amie peut-être consentante, quand de l’autre côté du palier, j’entendis un rire comme le gazouillis d’un oiseau qui m’appelait.

Je passais la tête regardant à l’intérieur de l’appartement, et la fille m’interpella :

- C’est vraiment un très bel appartement, il me plait ! Oui vraiment, il me plait…Dit-elle d’une voix éraillée mais terriblement séduisante.

Je l’observais et c’était une belle brune aux cheveux frisés. Sa poitrine arrondie laissait imaginer des atours appétissants et elle s’était habillée en tenue de jeune fille, sans doute pour paraitre plus jeune. Mais elle devait bien avoir vingt ans !
-Je crois que je vais le prendre, dit-elle. Vous habitez ici, jeune homme, nous serons voisins alors…
Son rire me plu tout de suite et je pris le parti de ne rien dire et de sourire sans arrêt, en airs entendus et hochements de tête.

Elle tournoyait dans l’appartement et jouait comme une enfant. D’un coup, elle se déshabilla de la tête au pied et continua sa danse de fille, faisant des sauts et plongeant de temps en temps sur un vieux matelas percé. Elle roulait boulait pour me montrer son corps et vit que je rougissais. Elle reprenait alors sa folle course puis recommençait son jeu en me fixant un peu plus à chaque fois.

Venez-là, me dit-elle. Et je l’écoutais, fasciné par ce petit cabri sans pudeur qui montrait ouvertement sa féminité. Allongé à côté d’elle, elle me raconta sa vie en me caressant, ce qui me faisait rougir encore plus. Sa main douce tournait autour de mon désir sans le toucher, ce qui était un exploit tant il commençait à occuper les pans de mon pantalon…

Nous nous retrouvâmes plusieurs après-midi d’affilée sur ce matelas de fortune, avec quelques petites escales à la taverne d’en bas où j’étais fier de la sortir et de la voir tirer sur la paille de sa limonade. Puis nous reprenions nos jeux de mains, réservés à jamais à ma mémoire de puceau intimidé.

Je revois encore les seins de Maria, sa peau, ses cuisses rondes et son pubis mystérieux qui me frôlait pour tester mon émotivité avec succès. On s’embrassait alors des heures, partageant nos salives tant qu’on avait cru s’étreindre sous la pluie…Mais nous n’allions pas plus loin que nos langues dans nos investigations, comme un pacte pour préserver un peu d’innocence, ou juste pour en profiter encore un peu.

Le dernier après-midi, j’arrivais devant un escalier bondé de monde, et la nouvelle me fit hurler ! Alors, je partis en courant. On venait de découvrir la fille, égorgée par un tueur sanguinaire et la police locale cherchait des témoins pour décrire des suspects, surtout un jeune homme qu’on avait vu les jours précédents grimper ses escaliers…

Je courrais à perdre haleine, fuyant l’horreur de cet amour déjà perdu, et j’imaginais tous ces policiers et médecins légistes, tous ces étrangers qui de leurs yeux impurs parcouraient le corps sans vie de Maria…


À Maria Schneider.

Jack Rackham.

Actrice française, née le 27 mars 1952, et décédée le 3 février 2011. Hormis « Le Dernier Tango à Paris » de Bertolucci en 1972, elle a tourné aussi dans L’Arbre de Noël (1969), Madly (1970), La Vieille fille (1972), Profession Reporter (1975), La Baby Sitter (1975), Violanta (1977), La Dérobade (1979), Mama Dracula (1980), Merry-Go-Round (1982), Bunker Palace Hôtel (1989), Les Nuits Fauves (1992), Jane Eyre (1996), Les Acteurs (2000), et Cliente (2009) son dernier film.

Ptit clin d’œil à Leila, Zette et leurs amis, lançant un thème du premier amour. Voilà, à ma manière…

lundi 7 mars 2011

Al Pacino est Bobby Deerfield

Je venais d'envoyer une bouteille à la mer à destination de mon envoyée spéciale, Laurence Peloille, et la réponse revenait sans tarder : Un bel article sur Bobby Deerfield, un film du grand acteur Al Pacino. J'y reviendrais tout à la fin, pour un petit topo de carrière, mais chut ! Place à Laurence et son analyse de "Bobby Deerfield"...JR.

 "Bobby Deerfield, de Sydney Pollack. Film américain en couleur, 1977, de 2 heures.

Bobby Deerfield, un célèbre champion de Formule1 américain sur le circuit européen, rend visite à son coéquipier, hospitalisé après un accident dans une clinique spa dans les Alpes.C'est un homme blasé et déçu malgré son succès.

Dans cette clinique, il fait la connaissance, par hasard d'une jeune fille, interprétée par Marthe Keller, Lillian Morelli, une jeune femme énigmatique,  respirant la joie de vivre et à l'esprit libre en apparence et un charme peu conventionnel, malgré le mal incurable qui la ronge : une leucémie en phase terminale.

Bobby (Al Pacino) tombe amoureux fou de Lilian et à ses côtés, il  reprend goût à la vie mais très vite, doit se préparer au pire...Grâce à elle, Bobby se rend compte que la vie est belle et l'aide à vivre au mieux ses derniers jours...

 Parce que ce film est une étude de caractère dont le dialogue ne peut  induire en erreur mais éclairer, son succès essentiel est de révéler beaucoup de nuances. Les images sont fortes, et la musique contient un nombre considérable de compositions originales.

 Les deux principaux personnages, Bobby et Lillian, sont substantiellement différents de leurs paroles et leurs actions l'indiquent. Il semble fatigué, méthodique, et sans beaucoup de sentiment. Elle agit comme un lutin espiègle.
 Grâce à la musique, surtout le thème principal, nous voyons le noir Bobby comme une personne de grande sensibilité et de réflexion. Lillian joue d'une  manière ludique et  se révèle comme un dispositif de masquage d'un seul et implacable secret tragique.

 Mais ce n'est pas seulement un film sur le développement du caractère. 
Les circuits européens et le milieu de la Formule 1 sont une importante partie vitale du film et sa  raison d'être.
Deux des œuvres musicales originales de Dave Grusin pour "Bobby Deerfield" prennent leur élan de cette facette du film, évoquant les lieux et les situations dans une charmante et originale composition.

Ironie du sort, Dave Grusin choisi une samba pour accompagner le voyage de route à travers les Alpes suisses. Un truc qui vient néanmoins parfaitement réussi, donnant un sens indubitable d'un cadre européen. Ce faisant, non seulement il donne de l'humeur et locale instantanément, mais amplifie aussi le sentiment d'un pilote américain de New-york jamais vraiment dans son élément sur le continent, surtout avec cette femme italienne non conventionnelle.

Lorsque Bobby et Lillian arrive à Côme, le succulent "Bellagio Vista» souligne le très beau cadre.  Il s'agit d'une pièce tendre et évocatrice, qui est également utilisée pour suggérer la  romance.Des morceaux de cette musique sont empruntés sept ans plus tard dans le thème poignant de " The Girl Little Drummer ".

Et le thème principal ("Bobby Deerfield"), traverse les moments les plus forts en émotion du le film.
 Surtout quand il est joué en solo au bugle (par Chuck Findley), la pièce donne toute sa dimension à la fois aux personnages et les scènes qui, à première vue, semblent d'une simplicité trompeuse. La musique d'Haunting est triste, le thème expose le monde  des protagonistes.

"Bobby Deerfield" contient également un joyau de musique incroyable, faisant le liant entre les scènes :  "Quiet Soirées rangs "avec Dave Grusin.

 "Bobby Deerfield" est vraiment une tragédie, non seulement sur la mort d'une jeune femme "In Love", mais aussi sur la réaction d'un homme qui malgré sa puissance et qui ne peut pas être lui-même avec n'importe qui, ne  joue pas le larmoyant.  Et l'utilisation pertinente de la musique empêche qu'il le devienne.

Nota : La bande originale propose également une version du thème titre avec les paroles de Allan et Marilyn Bergman, en plus d'une pièce intitulée "Formula One", qui illustre bien l'excitation et le danger du circuit automobile.

Laurence Peloille."


 Bio-filmo Al Pacino : Né en 1940, il débute au cinéma en 1969 avec "Me Natalie" de Fred Coe. Sa côte grimpe avec Le Parrain (Coppola 1972), Serpico (Lumet 1973), et Un Après-midi de Chien (Lumet 1974), jusqu'à Scarface (De Palma 1983). Il obtient l'Oscar du meilleur acteur en 1992 pour Le Temps d'un Week-end, et on se souvient aussi de Franckie et Johnny (Marshall 1991), Heat (M.Mann 1995), Donnie Brasco (Newell 1997), L'Associé du Diable (Hackford 1997), L'enfer du Dimanche (O.Stone 1999), Insomnia (Nolan 2002) et tant d'autres.

jeudi 3 mars 2011

Pépère le Costaud

Si j’ai souvent l’habitude de raconter ici des aventures de demoiselles, aimant l’air du temps ou les allures de mon tricorne, il y a aussi quelques hommes qui gardent une place au fond de mon cœur. 

Le vent me décoiffe pour renifler les relents de ma jeunesse, ceux qui me mènent au souvenir de ma Mommy. 
Mommy, c’était ma mère adoptive, un être unique et j’ai déjà conté entre mes cordes  son aventure, celle de son destin d’élever votre serviteur, me donnant tout son amour jusqu’à la fin de sa vie. (Voir Oh, Mommy !)

 Son gabarit à poigne, et sa poitrine dure comme une armure, ne l’empêchait de lier amitié avec des galants, du moins c’est ce qu’elle racontait. Mais je ne lui ai connu qu’un ami de mes longues années de vie avec elle, un qui portait tricorne aussi. Etait-ce prémonitoire, je ne sais pas, mais je me souviens de son nom : Gabriel. 

Même si Mommy l’appelait Pépère, comme ça entre eux. Comme un grand-père.

Il était plutôt sédentaire pour un marin, et je me souviens qu’il passait au bureau des postes pour toucher une sorte de retraite. Et comme il venait trois fois par semaine voir Mommy, je l’accompagnais quelquefois à son affaire. Clopin-clopant, il faut dire que la béquille qu’il calait sous son bras remplaçait la jambe qu’il avait perdue au cours d’un combat. Car plus que marin, il était pirate et il en était fier…

Je me souviens de son sourire quand il me racontait des histoires et son œil brillait comme si l’image défilait devant ses yeux. Pourtant, le Cinéma n’existait pas à l’époque mais il avait une sacrée imagination !

Entre deux histoires et repas aux chandelles avec Mommy, j’allais avec lui à la taverne, car il aimait jouer aux cartes avec ses amis. Assis sur ses genoux, j’aimais ces longues parties où calé entre ses bras, il remportait les mises comme s’il venait de gagner le monde entier. Ses gros doigts tenaient de petites cartes et quelquefois il me laissait jouer à sa place. Son index montrait celle qu’il fallait que je prenne et je faisais le reste.

Un jour, la partie tourna mal, et d’un coup de tête il assomma un qui avait triché. J’entends encore le coup sec qui fracassa le front de son ancien ami. On n’en parla plus jamais mais il me fit jurer de ne point le dire à quiconque, surtout à Mommy, et je tins promesse jusqu’à aujourd’hui.

Pépère m’apprit plein de choses, et surtout de ne jamais se vanter. «Car ensuite, tu seras coincé et tu ne surprendras plus personne. » « Et surtout pas, quand tu seras grand, de dire aux filles que tu es bon au lit. Dis toujours que tu ne vaux pas un clou. Car si tu ne fais pas l’affaire, tu pourras leur dire que tu les avais prévenues. Sinon, ce sera une bonne surprise… ». La main dans mes cheveux, il lançait un grand rire et même si je ne comprenais pas encore les choses qu’on faisait au lit, je n’ai jamais oublié…

Un jour, il m’amena sur un vrai bateau, une goélette et il me permit de tenir le gouvernail sous son aile protectrice, comme si rien ne pouvait m’arriver.

Il m’arrive de temps en temps de penser à lui, et je crois que ma vocation de marin et de pirate, c’est de lui que je la tiens.

Je ne l’oublierais jamais.


A Pépère, et à tous les grand-pères du monde !
Jack Rackham