lundi 21 janvier 2019

Éternelle Angélique



Sa vue incertaine devinait plus qu’elle ne voyait, les quelques souvenirs qu’elle avait retranscrits à la plume. Plusieurs manuscrits de mémoires qu’elle avait rédigé elle-même et qui racontaient toutes les aventures de sa jeunesse folle, et sa vie amoureuse…

Ses yeux brillaient quand ils survolaient un passage de bravoure, un moment d’émotion ou encore un épisode qui lui rappelait son vaillant époux. Des années de cavalcades, de complots déjoués, de trahisons ou de retrouvailles mais aussi de nuits d’amour, de franches rigolades ou de vie de famille paisible au coin du feu.

Sa mémoire flanchait un peu par instant mais l’essentiel était là, dans sa tête. Ses doigts suivaient pourtant le fil de ses aventures, sa belle éducation, son caractère indomptable, ses enfants, son mari…Son lorgnon sur le nez, lui au moins, se souviendrait.

Elle leva alors la tête, comme regardant vers le ciel où il se reposait, comme étant parti devant pour repérer l’endroit du paradis où elle le rejoindrait. Ses mains la caressaient pour toujours et son esprit aimait à rejouer leurs galipettes pour partager ce grand amour, éternellement. Elle le revoyait à côté d’elle, un sourire fendu comme sa balafre, et répétant son nom plusieurs fois, comme un sésame de bonheur.

"Joffrey !"

Elle referma alors le manuscrit et le doigt replié sur sa bouche ridée, elle secoua la tête doucement, de ce seul et si grand malheur qu’il lui avait fait…


Jack le Pirate
Pour mon amie Orfeenix ♥


 Image du Haut : Femme qui lit - Rembrandt.
Image du Bas : Michèle Mercier et Robert Hossein, dans "Angélique, Marquise des Anges".

Angélique, d'Anne Golon, c'est 14 romans, 6 films et 1 pièce de Théâtre !


mercredi 16 janvier 2019

Une Belle Chieuse


  Sa main est là, sur le cœur, ou alors sur le corps. Ne cachant rien, sinon s’appliquant à mettre son bras où il faut. Car le peintre est précis, exigeant, inspiré et ne concède rien à son art qu’il veut personnel et unique…


« Un vrai casse-couille, oui ! » Elle est là qui vocifère, enrage, marmonne, fulmine, exulte et fustige. Elle cherche sa position mais se fout de ce vieux bouc aux chemises de bucheron économe. Elle écarte les jambes pour qu’il mate mais son œil pointe l’outrage et elle se referme, comme une huître sans perle.

La plume crisse sur le vélin, un peu usé du temps passé dans la remise à attendre le retour du maître.  C’est bon de retrouver le bruit du travail, l’odeur de l’habitude, le goût des choses qui se font, de la magie de la main sculptant sans y enser. La maîtrise est là, ou pas loin. L’encre ne tache plus, l’eau ne mouille plus, c’est l’heure du café bouillant qu’on aspire en soufflant…

Elle aime qu’il l’observe même s’il fait semblant du contraire, semblant de choisir une toile assez grande, de la punaiser sur le cadre, de poser le tout sur le grand chevalet, juste à l’équilibre, en face de sa croupe en sommeil, attendant l’œil aiguisé du maître.
Il a déjà connu ça, il y a longtemps. L’extase de la création, du corps parfait, du temps arrêté sur l’image.

L’idée est là, nette, insidieuse, emballante. Évidente.

« T’es une Belle Chieuse, toi ! » 

Jack
*
Sorti en 1991, Jacques Rivette a réalisé un long métrage intitulé « La Belle Noiseuse ». 4 heures racontant la création artistique à travers une peinture interrompue dix ans auparavant. Univers habité par les interprètes Michel Piccoli, le peintre, et Emmanuelle Béart, le modèle, s’opposant dans un ballet d’ego et de non-dits. Ça sent bon l’essence de térébenthine et la peinture, mais aussi les cigales et l’été, comme le temps d’un renouveau et de l’inspiration revenue. On parle aussi d’argent, car c’est le monde de l’Art et des collectionneurs. Un film à suspense véritable car le talent de l’Artiste est toujours un vrai mystère…

jeudi 10 janvier 2019

Une Nuit sur les toits avec Spider Woman


Elle s’était arrêtée net devant moi et je n’eus pas le temps de freiner, même si le terme était peu propice à l’endroit, fait de pentes, de tuiles, de ciment et de verre…La température était douce et j’étais embarqué cette fois dans d’autres aventures, moins maritimes et plus aériennes, donnant un petit coup de main à une amie héroïne de BD.

- Je t’ai à l’œil, Jack, dit-elle en souriant et hochant devant moi vers l’objet du délit qui avait amorti mon appendice nasal et mon tricorne réunis. Spider Woman, puisque c’était elle, était plutôt ronchon de nature malgré son bon cœur, son courage, et des pare-chocs de rêves qui dépassaient l’imagination.

C’était surtout bon de changer un peu d’air, celui des fonds de cales de poker enfumées et des tavernes avinées. Là, je retrouvais l’ambiance des maisons de la Veuve Sanders et ses filles, où j’avais connu Katia et son coup de pédale endiablé. Dopé de cette essence de pulpe féminine, mon esprit s’envolait alors vers ces touchants souvenirs de jeunesse qui me titillaient aussi fort que jadis. Je me transformais alors en Superman ou Spiderman, mais je sentais que Spider Woman préférait cet homme de fer bleu et rouge à la vision translucide ou laser. Surtout translucide en fait, car elle était troublée et gênée à la fois…

Un nouveau freinage brutal de mon amie me fit me retrouver les quatre fers en l’air, me demandant au fond si elle ne le faisait pas un peu exprès.

- Alors Capitaine, on ne sait pas garder le cap ? Ou c’est moi qui étais visée ?

Comprenant alors ce qui m’arrivait, je me calais derrière ma super-héroïne comme partageant une selle sur un vélo, et lui glissant deux mots doux à l’oreille, je me laissais conduire tel un trésor par cette Spider woman qui m’amenait vers son île…


Jack le super Pirate ♥


Images : Manara ( Spider Woman) et Halle Berry (Cat woman).

mardi 1 janvier 2019

Embrasse-moi



Elle l’a regardé un peu trop fort, les yeux dans les siens et les siens sur ses seins. Il s’approcha d’elle 
naturellement, en caressant ses doux cheveux longs et noirs. Elle bascula sa tête de côté et offrit ses lèvres qu’il accueillit dans les siennes. Leurs mains palpèrent leurs nuques et leurs joues, et un ballet de baisers sembla arriver du fin fond de l’univers pour les noyer d’amour en un instant.

Leurs langues se multiplièrent et ils conversèrent sans se soucier du temps, ni des gens. Ils ne se souvenaient plus s’ils étaient seuls, comment étaient-ils arrivés là, ou si le monde continuerait d’exister autour d’eux, cela n’avait à ce moment et pour toujours, plus aucune importance…

Sa langue alla toucher la sienne et il fit des cercles à l’infini, elle faisant de même mais dans l’autre sens. Un lien particulier s’instaura aussitôt entre eux, comme si des codes de conduite buccaux s’étaient établis et qu’eux seuls connaissaient. Ils parcoururent leurs gencives mutuelles, remarquant ça et là quelques cavités curieuses mais les bénissant de ces pénétrations inattendues et délicieuses. Des flots de salives s’ensuivirent au fil des rotations linguales, permettant des baisers multiples et magnifiques, jusqu’à la griserie intense de ne plus savoir à qui était cette langue ou celle-là.

Leurs gorges en fusion charnelle se gavaient d’exhalation et de jouissance, se pénétrant,  se léchant ou semblant se manger, tels des cannibales. Un amour fou !

Puis se reculant pour mieux se voir et se rappelant soudain le reste de leur corps, ils enlevèrent un à un leurs vêtements pour mieux toiser leur festin à venir et en saliver d’avance.

Et s’en repaître avec maintes lenteurs et moulte gourmandise.

Mais ça, ce sont d’autres histoires…^^


Jack


*
S’il est bien un art difficile, c’est celui de la pornographie. Car quelques réalisateurs s’y sont essayés comme du cinéma tous publics tels Catherine Breillat (Romance) Virginie Despentes (Baise-moi) ou Gaspard Noë (Love, image titre). Mais difficile d’avoir la créativité de l’un et la force de  l’autre. Finalement, quelques auteurs malins comme Beinex ou Annaud, ont pu glisser de ci de là, quelques scènes de cul non simulées dans 37°2 le Matin ou Le Nom de la Rose…Et aussi dans L’affaire Thomas Crown de Norman Jewison, où Faye et steve s’en donnèrent à cœur-joie ! (Image ci-dessous)