mercredi 18 décembre 2019

La femme du Tatoueur



Elle se tournait comme pour lui parler mais il ne la voyait pas.

Oh, mon amour ! » Criait-elle à l’Artiste.

Lui dessinait ses mots d’amour, tout à son Art, écrivant sur sa beauté plus que lui caressant son corps. Elle voyait pourtant ses doigts virevoltant sur ses notes, créant sur le papier la volupté de son désir.

Aveugle au désir de sa croupe, elle partit finalement avec le tatoueur…


C’est une bien triste histoire de Noël, Capitaine ?

Tu parles, tu aurais vu la gueule du tatoueur…Et sa femme fut si jalouse qu’elle le quitta illico pour l’Artiste et ses doigts de fée. Celui-ci retenant la leçon, ne négligea plus jamais sa nouvelle épouse jusqu’à user son corps de ses étreintes et aussi à son tour, ses oreilles de « Oh, mon  Amour ! »…

Jack Rackham


(Une bien belle histoire, finalement) Ci-dessous, la femme du tatoueur.

vendredi 29 novembre 2019

La nouvelle Pharmacienne




Mattéo avait oublié depuis longtemps l’aventure avec Virginie, cette belle pharmacienne qui avait rempli sa vie de nombreux mois, vivant ensemble une belle passion qui avait fini par s’arrêter brusquement. Non pas que le feu qui brûlait entre eux se soit éteint mais un beau jour, un grand camion de déménagement emporta tout très loin sans autre explication. Virginie avait vendu ses parts dans la pharmacie et pris la fuite, comme si cet amour l’avait effrayé. Mattéo en fut navré et ne put que constater le vide ainsi laissé.

Bien plus tard, car il continua à venir se servir dans cette pharmacie de son quartier, une autre pharmacienne arriva pour la remplacer telle Mary Poppins avec son parapluie volant, comme si la nature avait horreur du vide et des amours perdus.

Elle ne ressemblait pas du tout à la précédente et c’était même son contraire. Blonde avec des yeux clairs et une froideur certaine, signe de ces personnes qu’on appelle communément : maîtresses-femmes. Mattéo ne fut d’ailleurs pas conquis d’emblée par cette Irina plutôt réservée, même si son expérience précédente avait laissé comme une porte entr’ouverte de la pharmacie…

Il revint un peu plus souvent qu’il n’avait besoin pour faire mieux connaissance de la fille, comme si un nouveau mystère s’offrait à lui, telle une providence renouvelée. A nouveau il fut titillé d’une curiosité évidente et comme la magie de Noël revenant à la même date, son cœur fut de nouveau capturé.

Sans qu’il s’y attende un jour, elle afficha un sourire à tomber, puis  reprit son masque habituel. Un petit jeu qui éveilla la libido endormie de Mattéo, qui commença à être plus attentif à cette nouvelle pharmacienne. La fois suivante, il scruta alors le regard d’Irina, plongeant dans ses pensées secrètes et fut envoûte par sa voix mécanique aux accents slaves. Il fut plus attentif à ses formes et fut presque excité à sa bouche bien dessinée et ses membres bien plantés qu’il devinait sous sa blouse.

Comme reprenant le cours de cet amour perdu, avec les sourires, les cafés et les frôlements, il attaqua directement par un baiser qu’elle ne repoussa pas, lui rendant même une langue inquisitrice et une main pleine de poigne.

Comme ils avaient fait ainsi connaissance, vint le temps des étreintes pleines de fougue. Il sentait qu’Irina était une femme forte, demandant de la virilité et du sang froid. Il devinait bien sa sensualité sous la glace apparente et cela l’excitait même. Sa beauté lui parut de plus en plus évidente, et il aima goûter sa féminité comme un jardin de gourmandise, aux herbes de son pays.

Retournant ce nouvel amour, il dévora le festin de sa croupe et autres gourmandises aux alentours. De son côté, elle tâtait le terrain pour mieux faire connaissance et remplit avec ferveur ses gorges de plaisir. Droit dans les yeux, derrière son comptoir, elle le voyait plus tard pour une ordonnance ou de l’aspirine.

Collés l’un contre l’autre, elle lui glissait à l’oreille :

« Je vous serre quelque chose ? »


Une femme à poigne, cette pharmacienne…
(A suivre)

Jack Rackham

Photos : Robin Wright dans House of Cards.


mardi 19 novembre 2019

La Chatte voilée



Leïla marchait d’un pas décidé dans le désert, traînant derrière elle ce mari qui avait fait de sa vie un enfer. Elle se souvenait pourtant de leur première rencontre, un soir de printemps où il avait ébouriffé ses yeux comme un magicien et prise à de nombreuses reprises, entamant là un amour fou qu’elle pensait éternel.

Leurs galipettes étaient sans tabous, se livrant aux pratiques les plus interdites comme des écoliers découvrant toutes les jouissances possibles telle une succession de premières fois, à l’infini. Ils étaient tant épris l’un de l’autre qu’ils décidèrent de se marier. Pour la vie, ce n’était pas assez long pour eux mais ils verraient ça plus tard et Robert pris Leïla pour épouse, pour le meilleur et pour le pire.

Quelque chose changea alors, on ne sait pas pourquoi, mais Robert devint injuste, jaloux, casse-couilles, au point que Leïla ne l’aima plus. La religion avait-elle changé quelque chose pour son mari, elle qui ne croyait en rien sauf dans l’amour ?

Elle l’avait trainé alors au milieu du désert, avant qu’il ne pense à lui faire du mal et à ne plus lui faire du bien. Lui qui ne supportait plus qu’un autre la regarde, il allait voir combien elle était belle et désirable.

Entourée de nombreux hommes qu’elle avait rencontrés en chemin, elle ferma les yeux pour se livrer à eux et goûter à nouveau aux plaisirs qu’elle avait perdus. Sous l’œil de son mari…fou de rage !


Jack Rackham

- C’est bien vrai ça, Capitaine ? Ou c’est des conneries ?
- Tu sais Bosco, j’en connais quelques unes qu’il faudrait pas embêter longtemps…



mardi 29 octobre 2019

Les Dessous cachés de la Joconde


Les secrets de fabrication de histoire de l’Art foisonnent d’exemples similaires : la radiographie d’une toile célèbre révèle au grand jour les diverses étapes de sa réalisation, montrant par superposition les couches successives façonnées jusqu’à sa dernière figuration.

L’effet est souvent étonnant, les images successives aussi belles les unes que les autres, le plus souvent. Parfois, cela détonne un peu, violant plus l’intimité de la création que la bonifiant, surtout aux yeux des amateurs innocents et peu érudits, pas habitués à de tels outrages.

Ils préfèrent rester sur cette bonne impression initiale de leur ignorance, pensant après tout que le talent est rare, quelque chose d’unique auquel ils n’ont pas accès. Forcément.

« C’est un don ! ». Alors, comment regretter de ne pas avoir choisi la vocation artistique, picturale ou musicale, puisque seuls quelques élus étaient destinés à y prétendre ? Pas étonnant alors, d’avoir préféré la banque ou la maçonnerie, voire la fainéantise, car finalement beaucoup de choses demandent du talent…

La couture par exemple, et toutes sortes d’habiletés manuelles pour l’assemblage de tissus, donnant des vocations qualifiées de hautes, d’où ces grandes maisons de création aux noms célèbres et connues de par le monde.

Il y a aussi ce talent pas si universel, donnant accès aux choses de l’amour, alliant les capacités manuelles aux  manipulations mentales, regroupant en un les plus belles qualités humaines afin d’atteindre le sommet d’une chose souvent inaccessible : le bonheur.

Parait-il que le modèle initial qui servit à Léonard de Vinci pour son tableau La Joconde, était une sacrée friponne éveillée au libertinage, malgré un physique un peu ingrat et un léger strabisme.

« Mais elle avait un don ! » Dit-on.

Ah ?

Jack Rackham

lundi 14 octobre 2019

Ma Préférence




Elle lève les mains au ciel pour un mot oublié, une idée envolée, un terme inapproprié…Puis redescend ses paumes pour recoiffer sa chevelure sauvage, apaiser sa colère passagère puis reposer son âme et son stylo. Son inspiration trouble sa pensée, elle scrute son passé, cherchant au fond d’elle-même les réponses aux mystères.

L’Amour ? Il lui a semblé le connaître, il est venu de temps en temps en reconnaissance pour la visiter mais l’élan prometteur s’est vite effacé au fil de l’histoire, comme un processus inéluctable d’autodestruction programmée.

Depuis, elle n’attend plus rien, que son ambition et sa production créatrice, dévorant tout au passage. Elle aligne les pages de sa vie, imaginant des aventures, fomentant des stratégies, colorant des ambiances et construisant des univers entiers. Parfois même des Amours imaginés, en pleine fiction sans omniscience.

Elle aurait aimé jouer du piano, quelques mouvements au dessus du clavier, effleurant de sa main les notes d’une mélodie heureuse, tartinée de confitures et de fruits mûrs de la passion. Pas ces mélodies aux airs de libido ou de jeux de pouvoir, aux écœurements vomitifs des soumissions ou des dictatures. Pas de concurrence aux allures de chevaux de course, pariant sur plusieurs montures pour éviter de perdre.


Un tricorne est par là, rodant depuis toujours, observant sa bien-aimée, invisible et discret, il ne sait rien mais il pense tout. Elle lève la tête et l’aperçoit, un drôle d’air ce chenapan, il parait différent. Lui est patient et tenace, il va attendre un peu…

Sa préférence.


Jack Rackham

 Photos ; Sean Young dans Blade Runner ( R.Scott 1982)





mercredi 25 septembre 2019

Comme Daredevil



Les apparences sont parfois trompeuses, même quand on revêt son habit du dimanche de Capitaine. Celui d’un pirate de pacotille nommé Rackham Le Rouge…Calé entre les cordes et le bastingage, je raconte mes aventures imaginaires, perdues entre mes amours et les films de Cinéma qui m’ont fait rêver. Et aujourd’hui, j’ai envie de raconter ce héros pourpre aux petites cornes de diablotin, se balançant d’un  immeuble à l’autre avec sa canne amovible d’aveugle, écoutant les appels de la ville hurlante pour sauver les femmes, les orphelines et les veuves livrées aux malfaisants : Daredevil !

J’avais découvert ce casse-cou dans Strange, magazine français BD des éditions Marvel au milieu des années 70, époque où on pensait que le racisme, la misogynie, la pauvreté, les violences physiques ou morales seraient éradiquées un jour. Près de 50 ans après, j’ai l’impression que tout ça a à peine changé et que seules les sciences via la micro-informatique ont fait avancer le monde. Depuis, les abonnements à des chaines numériques ont juste concurrencé fortement le cinéma dans les salles, amenant pourtant via Netflix la version de Daredevil en série à épisodes. 39 épisodes diffusés de 2015 à 2018, d’une grande qualité graphique et scénaristique, Charlie Cox prenant les traits de Matt Murdock alias Daredevil. Deborah Ann Voll y incarne Karen Page la secrétaire-juriste et Elden Henson, « Foggy » le fidèle ami et associé. Le méchant est interprété par l’inoubliable et sanguinaire Vincent d’Onofrio, la ravissante chirurgienne qui panse les plaies du héros masqué est Rosario Dawson, et son mentor de jeunesse des arts martiaux joué par Scott Glenn…

Non, le monde n’a pas changé. Certains hommes continuent leurs harcèlements, allant très loin pour attraper leur proie, jusque dans les milieux du Cinéma.. Sans compter ce nouveau mot, pour compter un nombre de mortes, victimes de ces jaloux, impuissants, narcissiques et tueurs : « Féminicides ».

Mais qui sait, tapi sur un toit ou dans une ruelle sombre, écoutant les voix et son cœur, il est là qui est prêt à bondir et mettre une raclée à ces couilles molles qui terrorisent leur femme et leurs enfants.

Daredevil est là…


Jack Rackham



lundi 9 septembre 2019

La Nostalgie



Les doigts tendus quatre à quatre, tricorne au vent et chemise ouverte sur mon torse glabre, je contemplais l’horizon pour y chercher un peu d’inspiration. Mais pas besoin de se baisser longtemps vers les touches pour trouver le bonheur des mots qui coulent. L’été a déclenché la valse des popotins et ma lorgnette magique fait office de vision supra-sensorielle, et à défaut de transpercer les vêtements comme Superman, je pénétrais les âmes comme un pirate des cœurs…

Celle-là vit dans le souvenir de son fiancé parti à la guerre, une guerre d’Afrique aux contours de l’inutile et aux horreurs sanguinaires. Son corps rapatrié a brouillé sa vision de l’amour pour toujours et désormais, elle n’attend plus rien que le temps qui passe, avec juste un peu de rouge à lèvres comme une peinture de guerre…Pourtant, elle est encore jolie et sa croupe balancée innocemment trouble encore les célibataires environnants. Quelquefois, cédant à un bellâtre plus empressé que d’autres et beau parleur, elle le chevauche comme un souvenir perdu, mais ne lui laissant aucun espoir ni lendemain.

Une autre a laissé la vie l’emporter dans son tourbillon effréné des clichés qui s'enchaînent. Un beau couple qui va bien sur la photo de mariage et déjà les enfants qui s’empilent comme des tournées générales. La vie se gagne bien et rien ne manque sauf ce temps qui défile trop vite. On prend quelques photos et quelques films, histoire de laisser des traces qu’on pourra contempler plus tard entre amis, pendant quelques repas de retrouvailles.

Ce dernier a décidé de tout compter, de ne rien céder sur rien, de faire ce qu’il faut pour bâtir une forteresse de sa vie, accumulant les besoins de l’utile et aussi du superflu. Les idées rebelles sont éradiquées et la vanité a pris le dessus. Tout va bien…

Pourtant, comme ce vieux projectionniste de cinéma, tous collectionnent de vieux souvenirs qui agrémentent leur quotidien, ce jardin secret qui jamais ne les quitte, cette mélancolie qui les envahit au fur et à mesure du temps et dont ils ont besoin pour justifier leur vie et continuer leur chemin.

"Ce fiancé parti à la guerre n’était pas si proche et qui sait s’il aurait demandé sa main à la fille, s’il était revenu. Elle avait seulement besoin de retrouver sa solitude et sa tranquillité, et elle prit l’habitude de les préserver par cette bonne excuse…C’est vrai qu’ils se trouvaient beaux sur cette photo de mariage, et ils n’auraient jamais osé contredire les amis et la famille de leurs commentaires si flatteurs, eux qui n’auraient pas fait leur vie ensemble sans ce tourbillon d’enthousiasme inattendu…Et ce bâtisseur inflexible n’avait toujours rêvé qu’à une chose : Partir à la pêche, tout seul avec sa bourriche et sa canne offerte par son père pour son anniversaire !"

Ah, la nostalgie…

De mon côté, je repensais à cette femme au bandana coloré qui tenait ce bar-restaurant de l’autre côté du globe. Ce sourire entouré de quelques fossettes avait imprégné ma mémoire de bons souvenirs, surtout de cette démarche chaloupée évoquant la grâce et la féminité. Je me rendais bien compte qu’elle n’était pas tout près et qu’il faudrait un miracle pour qu’elle se souvienne de ce capitaine dont elle avait sauvé la vie (d’un coup sec entre les omoplates, suite à une arête de poisson mal située).

Je croyais néanmoins en ma bonne étoile mais envoyais par précaution, quelques mouettes en sa direction, on ne savait jamais…




Besos

Jack Rackham.


Photos: Cinema paradiso + Elizabeth Bourgine + Vidéo Cinema paradiso.

vendredi 26 juillet 2019

Les Jardins secrets de Nina Bouraoui















Ma vie de pirate est aventureuse, surtout quand je tape sur mon portable au gré des mots dans la cartouche de recherche GooGle. C’est bon de découvrir l’inconnu via les réseaux sociaux, surtout quand il s’agit d’UNE inconnue…Là, j’avais suivi une émission de télé, un talk-show bien connu avec des invités, des artistes ou des politiques. Pouf, le coup de bol, je sens que la rencontre va être belle ; je m’accoude à mon comptoir personnel (mon genou droit), je monte le son et même les mouettes se tiennent coites ; ambiance…

La voix est suave, légèrement aigüe, l’œil ponctue les silences et les phrases. Je sens que mon adhésion sera entière, que la sympathie est déjà réelle. Wikipédia fait le reste du travail pour moi : elle est née le 31 juillet 1967 à Rennes et s’appelle Nina Bouraoui.

Les  rencontres littéraires ou artistiques sont souvent comme ça sur ma goélette, démarrant en virtuel mais n’aboutissant à rien d’autre que la connaissance théorique de la personne ;  tout est sublimé par mon imagination de pirate, le feeling que je crois avoir et le désir d’agrandir une sorte de famille imaginaire. La vraie, en fait.

De père algérien et de mère bretonne, elle grandit à Alger durant les 14 premières année de sa vie, puis ses parents décident de ne plus revenir en Algérie. Double culture et double déchirement, elle va se construire dans ces dualités, développant en parallèle ses goûts pour le dessin et l’écriture, ainsi que sa nature homosexuelle. Le tout l’amènera jusqu’à son premier roman, « La Voyeuse Interdite » envoyé par la poste tout naturellement et sans recommandation, qui sera publié en 1991 avec succès, par les éditions Gallimard. 15 autres romans s’ensuivront dont le dernier, chez Jean-Claude-Lattès en 2018 : « Tous les Hommes désirent naturellement Savoir ».

Je vous invite à tout découvrir comme je l’ai fait sur Nina, y compris toutes ces interviews et documents, qui donnent envie d’en savoir plus sur elle, comme :

Elle est réservée, sauvage, sportive. Elle écrit avec son corps. Sa sensualité n’est pas séparée de son esprit. Elle est homosexuelle mais pas un porte-drapeau ou pour le mariage gay. Son intimité est dévoilée uniquement par le prisme déformant de l’écriture. Elle a alimenté elle-même son propre rejet due à son homosexualité… Et elle a eu le Prix Renaudot en 2005 pour son roman « Mes Mauvaises Pensées » chez Stock.

Je vous laisse avec Nina Bouraoui, pour apprécier son écriture, lire ses chroniques, écouter ses interviews...
Bon surf !

Jack Rackham




PS : Ah oui : Elle a écrit des chansons, entre autres, pour Céline Dion, Garou, Chimène Badi, et Sheila. ^^



mardi 16 juillet 2019

Miroir, dis-moi qui est la plus Belle ?



La fille se tournait et se retournait, cherchant un angle dans le miroir où elle pourrait se trouver belle…Elle manquait de tomber du lit par instant, mais empoignant plus ferment le dessus de lit, elle réhabilitait d’un coup son équilibre. Son œil détaillait avidement les plis et les poils de sa féminité, affichant une curiosité inattendue. Daniela semblait si perdue au milieu du grand lit, une souplesse féline s’insinuant entre innocence et crudité et dévoilant une ultime intimité…

Un éclair blanc zébra le plafond du salon puis quelque chose sembla différent, au point que la tapisserie esquissa un sourire, pourtant bienveillant.

L’homme se tourne encore et encore, n’en croyant pas ses yeux puis veut vérifier par lui-même la réalité de l’artifice ou du sortilège. Glissant deux doigts entre ses jambes, il sent l’attache du porte-jarretelles frôler le dos de sa main puis la fente gainée de sa toison mouillant comme au jeté de la plus belle ancre…Satanée Maia, qui a ensorcelé Jack Rackham, comme une fille de Circée et Polyphème réunis, initiant là le pirate aux joies de la féminité qu’il avait toujours placée bien haut au firmament du monde. Le moment de surprise passé, l’instant semble goûteux, le point de vue intéressant et les sensations pétillantes et magnifiques.

Miroir, Ô mon beau 
miroir...

mercredi 3 juillet 2019

La Mort




Quand l’été arrive, il s’accompagne de longs farnientes dans des hamacs dégoulinants où on se laisse aller à des balancements sans fin. Le moment est souvent propice aux rêveries érotiques, préfigurant les promiscuités de la saison à venir ou les réminiscences des émois d’antan…C’est bon de ressasser les promises passées à la casserole ou les croupes ratées, même de peu.

Telle est la loi des jeux de l’amour et des souvenirs, tout ça pour emporter dans ses siestes la rancœur de l’impardonnable ou la suffisance du gland assouvi. Pourtant, s’il est une pensée qui occupe tout autant le hamac du pirate, c’est l’idée du moment dernier, de l’instant suprême, du passage vers l’au-delà : La mort…

Elle n’est pas belle et même un peu effrayante. Sa représentation dans les œuvres picturales ou cinématographiques laisse peu de doute à sa fonction première de libérer la place pour d’autres ou d’accomplir une justice divine même aux desseins incompréhensibles. Ses yeux sont souvent introuvables et ses doigts squelettiques, ce qui est bien normal vu son état. C’est cette pensée qui donne du sens à tous les Dieux, même les moins connus, servant de Damoclès aux plus croyants ou aux plus craintifs.

Et elle casse un peu le tableau des Grands amours éternels sauf pour Dracula de Coppola, normal car avec Winona et Monica dans le même film, tout reste toujours très érotique, c’est comme ça. ^^

Pourtant, à chaque fois dans un moment de vague à-l’âme subit ou plus prolongé, on s’imagine des choses terribles avec vengeance, maladie incurable ou amputation, finissant par être enterré vivant sans faire exprès et essayant de gratter un cercueil indestructible. On finit par pardonner à la belle son ingratitude, en oubliant qu’elle a ingérée par mégarde de la mousse de saumon avariée, damned !

Alors, nous sommes là enfermés pour l’éternité dans un cercueil trop petit pour deux, impossible de se retourner, ni même de bouger une oreille.

- Mais oui mon amoouuur, je t’aime mais c’est IMPOSSIBLE de se mettre tête-bêche et de te prouver mon AMOUUUR…


L’été est là, je transpire, et mes pensées assaillent bien mon cerveau sous mon tricorne mais ça va, je n’aime pas la mousse de saumon.

Heureusement…

JR




Souvenirs d’un pirate, tome 1. Extraits.






Photos : Le sens de la Vie. (1983 Monty-Python)

lundi 24 juin 2019

Le Cri




J’ai sursauté une première fois machinalement car comme je ne m’attendais à rien, ce fut comme une visite à l’improviste où l’on se dit à soi-même :  « Ben elle aurait pu prévenir ! » même si tout compte fait, on n’aurait pas sursauté du coup.

Je ne sais pas ce qui m’a pris, c’est sorti tout seul et ça venait de loin, sûrement ; un trop plein d’énervement contre tout, surtout les trop-pleins de la vie qui racontent le manque de tout, surtout de ce dont on ne sait si on en a envie ; avec le contraire du reste, et l’acquiescement de tous les refus. Une vraie fille, quoi…

Je crois que j’avais repéré le coup, comme un pressentiment de l’inévitable car les amours de marin sont rarement éternels (surtout vers la fin). Je frissonnais encore de la surprise, calmant mon tricorne, c’est émotif ces machins-là.

Marre des hypocrites et des larbins, suis assez grande pour savoir qui est avec moi ou contre ; ou tout contre, même si j’ai terriblement envie de dire le contraire…

Je vais faire celui qui fait mine de rien, et même faire l’idiot ; ça marche à tous les coups, surtout quand on est sûr de rien. Tiens, je sens un cri en suspens dans l’air, je vais attendre un peu, juste pour voir. Là ?

Je crois que je l’ai coupé en deux là…La surprise a été nette, parfaite, ça lui apprendra à ne pas m’écouter, surtout quand je ne dis rien ou ne voulais rien dire. Un ange passe, ça lui apprendra à ne pas m’aimer quand j’ai envie, je me sens une vraie boule de misère humaine quand je veux ; ma mauvaise foi est sans limite et je suis prêt à désaimer quelqu’un en lui faisant croire qu’il n’a rien compris…Qu’est-ce que je voulais dire déjà ? Heu...

Je n’entends plus rien, je dois avoir encore une oreille bouchée…


JR

Photo : Claudia Tagbo ?

vendredi 7 juin 2019

Écrivaing


Depuis quelques temps, le vent m’amène d’étranges nouvelles bien ou mal intentionnées. Telle cette histoire d’écriture inclusive qui divise alors l’humanité dans ses confins les plus profonds, bouleversant les plus belles amitiés comme les plus grands amours…

J’ai donc remis du bois dans le feu, défait mon ouvrage, fait table rase de mes préjugés pour réfléchir à ce nouveau langage. Et la requête m’a paru légitime, révélant là quelques sentiments ancestraux de frustration et d’inégalité. Mon tricorne avait tranché vite en faveur des féministes, voyant bien    que :

- Oui, chaque métier pouvait comporter son pendant féminin sans que le masculin regroupe toutes les personnes.

- Oui, on pourrait dire « Humanité » au lieu du récapitulatif utilisé « Homme » englobant habituellement la Femme, avec perte et fracas. Fini le H majuscule !

- Oui, le pluriel des mots ne ferait plus l’emporter le masculin sur le féminin mais tout serait spécifié précisément, même par des raccourcis compréhensibles tels Cavalier-lières.

Bien sûr, il faudrait affiner et voir ce que cela donne sur une œuvre majeure déjà écrite et publiée, telle Les Misérables de Victor Hugo. Chiche ?

Ou alors éviter les féminisations impropres ou pas jolies telle : « Auteure » au lieu d’ « Autrice » (Beurk).

Ce langage inclusif/épicène, neutre et non sexiste a bien du charme et rend à la femme son importance irremplaçable, au côté de son alter-ego masculin. Il restera aussi d’autres domaines où ce n’est pas encore gagné comme l’égalité des salaires ou le partage des tâches ménagères, mais là ce sont encore d’autres histoires…

Ah oui, il peut aussi y avoir d’autres différences liées aux accents, question de goût ou d’imagination.

La jeune femme brune vient de finir son roman, ses intentions sont magnifiques, sa motivation inaltérable et ses buts sans concession. Mais son accent du midi va lui jouer un tour :

- Je serais écrivaing.

- Non : Ecrivaingue !

- Voilà...

Jack Le Pirate ♥

Photo : Géraldine Nakache.

jeudi 16 mai 2019

Hard Corps




Il y a de grosses cacahuètes, des noix de cajou et aussi des bretzels géants dans des coupelles qu’il a préparé en vitesse entre deux mots dont il ne se souviens plus. Elle a sonné il y a quelques secondes, timidement. Sa présence le trouble et sa peau douce l’effleure par moments, sans faire exprès. C’est bon parfois de se fréquenter entre voisins, on ne sait jamais en cas de besoin. Elle est assise sur le canapé et ils font de grands gestes, comme s’ils se racontaient le monde, leur monde. Les têtes se penchent, les sourires fusent, le destin s’est arrêté pour faire une pause de bonheur. Ils ont l’air heureux.

Les regards sont plus longs, sans besoin d’insister, ils se sont rapprochés sans le vouloir, l’atmosphère dégage un air inhabituel mais merveilleux. Les choses sans importance qu’ils se racontent les rapprochent encore, comme des aimants. Il n’est pourtant pas son genre, ni elle le sien mais c’est comme ça…Sa main est restée plus longtemeps sur son bras, elle a besoin de son attention et même beaucoup plus maintenant. Il est hypnotisé par elle tant il se sent si bien en sa présence. Elle se rapproche, car elle a envie…de lui.


Le premier baiser les fait lâcher prise. Ils ne savent plus où ils sont, ni plus qui. Leurs mains sont habiles à se déshabiller comme des magiciens, leurs doigts courent comme le vent au point qu’ils sont vite nus. Il aime sa peau noire claire comme du chocolat, lui avec son teint rosé et sa barbe naissante. Les baisers s’enchaînent comme au cinéma et même mieux. Elle bascule sa tête en arrière, il se glisse entre ses cuisses, c’est l’extase.

Le temps ne compte plus, les normes et les apparences non plus. Quelques baisers furtifs après les effusions de joie. Ils remettent leurs vêtements sans se presser, se prennent par la main. Quelque chose les a changé, les deux regardant un peu au dehors voir si c’est pareil qu’avant…

Jack Rackham

*
Cette histoire est une fiction écrite d’après ces 3 photos extraites du film « A l’Ombre de la haine » (Monster’s Ball). Sorti en 2001, il raconte l’histoire d’une jeune femme noire Leticia, qui vient de perdre son mari exécuté dans le couloir de la mort. Et justement, Hank travaille dans cette prison…Double peine car elle perd aussi son fils accidentellement, sous les yeux de Hank qui essaie de l’aider pour rejoindre l’hopital, sans succès. Mais Léticia ne sait pas que lui vient de perdre son fils, qui s’est suicidé. Ambiance raciste entendue du sud des Etats-Unis qui va rapprocher les deux personnages, elle trouvant une épaule protectrice, lui cette femme le révélant à lui-même et cherchant l’absolution de tous ses péchés passés…^^

Photos : Halle Berry et Billy Bob Thornton.

vendredi 26 avril 2019

Le Rendez-vous d'Uranus


Uranus est la 7ème planète du système solaire, située à près de 3 milliards de kms du soleil. C’est une planète géante et gazeuse, d’un diamètre de 51 000 kms, et dont la révolution autour de la Terre dure 84 ans. En astrologie, elle symbolise la modernité et l’imprévu, étant un des deux maîtres du Verseau (avec Saturne).

Ainsi donc, elle change de signe du zodiaque tous les 7 ans environ et fut découverte par un astronome anglais en 1781. Sans doute annonciateur de notre révolution à venir, en 1789…

Depuis l’an passé en 2018, Uranus est entré dans le signe du Taureau, entamant une étape de nouveaux changements collectifs dans le monde, mais effectuant un effet rétroactif habituel dans sa trajectoire jusqu’à cette période. Ce fut seulement début mars 2019 que fut définitive son entrée en Taureau. Signe qui représente la terre, la stabilité, les traditions, la famille,  l’argent et aussi l’épanouissement par les arts et la création.

Uranus symbolise en astrologie l’imprévisible, les impulsions, les forces créatrices, et va définir chez l’individu son originalité, son indépendance d’esprit, inventivité, anti conformisme,   désir de liberté…avec en contrepartie, la tension nerveuse et la brutalité. Il est visionnaire, savant et aime le modernisme et les hautes technologies. En transit, Uranus déclenche les évènements soudains qui vont changer la donne, invitant à changer de voie…

En positif ou négatif, son passage sera mémorable.  A vous de cerner le domaine où vous allez évoluer, professionnellement ou amoureusement, mentalement ou physiquement^^

Qui sait si durant cette période de 7 ans, selon les influences d’Uranus, votre vie va changer, vous allez rencontrer votre âme sœur ou alors devenir un accro aux applis en tous genres ?


Là, Per et Jacobé ont eu le coup de foudre l’un pour l’autre et rien ne pourra y faire jusqu’à la destruction totale de leur amour. « Un Homme Chanceux », c’est l’histoire d’un beau film avec un homme qui a le don de l’invention, rencontrant une femme riche qui lui ouvrira son cœur et les portes de ses relations familiales…Billie August a sorti ce film en 2019 sur Netflix, une belle œuvre uranienne, aux imprévus multiples mais avec une ambiance et une lenteur qui rappelle les univers de Jane Austen.


Car je ne vous l’ai pas dit. Uranus, c’est aussi la planète du…Cinéma !


Jack Rackham

Photo du bas : Esben Smed et Katrine Greis-Rosenthal dans "Un Homme chanceux".

jeudi 18 avril 2019

Procrastination


Procrastination. C’est sans doute le mot le plus important de ma vie, qu’elle soit maritime ou artistique…Le mot m’amuse en lui-même, il est joli et sonne bien. Procrastination, comme un symbole. Celui de remettre au lendemain, d’ajourner le présent à un futur proche plus urgent. Ce mot magique qui donne toutes les raisons de faire ce que l’on veut…

Aussi loin que je remonte, j’ai pratiqué cette procrastination pratique, du moins en théorie ou sur le moment. Pour ma naissance sans doute, retardant le passage vers la lumière ; pour le biberon, trop chaud celui-là ; pour le pipi au lit, trop bien là pour crier à l’aide ou se lever ; pour l’école et les examens, toujours partir au dernier moment, comme espérant un événement général qui bouleverse le monde, du moins mon monde…

Et plus tard : Ah les procrastinateurs du 11 septembre 2001 ou du 7 janvier 2015 (et j’en passe), survivants honteux de l’humanité inhumaine et sans vergogne. N’empêche, le procrastinateur regrette toujours mais ne peut s’en empêcher, incorrigible.

Car son mode de fonctionnement est inéluctable, l’œil jeté sur la pendule à calculer le temps qu’il reste, et entamant déjà la chose à faire pas indispensable mais tellement plus agréable ou facile à faire. Ce n’est pas de la paresse mais pas loin au fond.

Mais ce n’est pas simplement une question de plaisir ou pas, car tous les marins du monde ont sacrifié une donzelle chaude et à croquer à une partie de cartes endiablée et arrosée de rhum, elle attendant toujours quelque part ce pirate en retard.
Ah, procrastination, quand tu nous tiens…

Enfin voilà, ma vraie théorie sur le sujet (grrrmbll bon) :
Le procrastinateur est un maître du temps, il joue avec lui en pensée et croit le freiner au point qu’il le voit s’arrêter (ou presque). J’ai souvent eu le sentiment que le temps s’arrêtait, au point qu’il m’était facile de me sentir immortel ou invincible. Et j’ai longtemps eu l’air de faire moins que mon âge. Jusqu’à ce que, un coup de frein subit vers les 35 ans…oups…

Voilà. Pensez-bien que les as de la procrastination ne font pas exprès, c’est leur nature profonde , celle de vivre plusieurs vies en même temps. C’est tout.
Forcément, avec tout ce temps…^^


Jack Rackham

Vidéo ; Fernand Sardou, procrastinateur de renom. Photo, de dos : Monica Bellucci probablement.

mardi 9 avril 2019

La La Land ♫♪♪



La La Land ♫♪ comme un air de musique fredonné, sorti de l’imagination du réalisateur franco-américain Damien Chazelle et de l’auteur-compositeur Justin Hurwitz…

La la Land, comme le quartier d’Hollywood situé à Los Angeles (L.A.) et aussi le symbole d’une manière de vivre un peu décalée…

Mia et Sébastian (interprétés par Emma Stone et Ryan Gosling) se rencontrent par hasard en ville, elle travaillant pour une cafétéria de studios de Cinéma, lui jouant du piano dans des clubs pour gagner sa vie. Elle a pour rêve de devenir une grande actrice, lui de faire du jazz dans son propre cabaret. On suit le récit de leur progression et leur amitié amoureuse à travers des numéros musicaux, dignes des grandes comédies américaines ou françaises. Les numéros sont colorés et suivant le rythme de l’histoire, alternent les mélodies nostalgiques et les airs toniques.

Introduisant le film par une scène d’anthologie dans les embouteillages de L.A., Another Day of Sun donne toute sa force à cette histoire dont le corps suit les déclinaisons de City of Stars, une mélodie plus douce aux variations subtiles d’un morceau à l’autre. On suit les auditions improductives de Mia et la montée professionnelle de Sébastian à travers un groupe Rock. Entre deux, les amants se retrouvent mais bientôt séparés par leurs ambitions différentes. Le One-woman-Show étant plus difficile à imposer que la tournée en tant que pianiste du groupe de Sébastian ^^

Tout finira bien pour eux même si la vie et le succès les séparent, comme s’ils ne pouvaient pas réussir ensemble...Belle scène de flash-back imaginaire où ils se voient en couple avec un enfant dans de vieilles images jaunies d’un film d’une autre époque.

Entre deux scènes de danse aux claquements de doigts qui rythment la musique ou aux talons qui claquent sur le sol pour montrer que c’est vrai, on voit les endroits marquants de Los Angeles tel l’Observatoire de Griffith, mais aussi des vues de Paris qui rappellent la France et un certain Jacques Demy et ses Demoiselles de Rochefort…

Une comédie musicale incontournable, au même titre que Chantons sous la pluie ou Un Américain à Paris, à voir absolument ! Jack Rackham


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Sorti en 2016, La La Land a raflé 14 nominations aux Oscars, dont 6 statuettes, et 7 Golden Globes, avec Emma Stone faisant le doublé au titre de la meilleure actrice. Le charme de ses grands yeux et sa performance de danse donnant une haute réplique à Ryan Gosling, plus discret à la manière d’un James Stewart, le second rôle masculin idéal.