vendredi 18 juin 2010

La Vengeance de Patricia


Le tricorne au vent, j'étais calé dans mes cordes et souriais de la bonne histoire que je venais d'écrire sur mon portable anachronique. Mon monde de pirates s'accommodait bien de ces petits subterfuges et le récit que je venais de terminer avait la chance de ne pas être perdu pour l'humanité...

Nous avions quitté la dénommée Patricia dans un cimetière, celui des Mers du Sud où elle roucoulait avec son Pablo, une longue lune de miel pour l'éternité. Depuis longtemps, elle avait fini de ressasser la raison de leur présence ici, même si quelque fois la colère lui remontait pour atterrir dans mon imaginaire, qui lui servait d'exutoire...

Voilà toute l'histoire :

Pablo et Patricia coulaient des jours heureux dans leur hacienda et depuis leur mariage, nulle ombre n'était venu ternir le tableau. La belle avait toujours tout fait pour satisfaire les désirs intimes de son compagnon, et se souvenait encore de sa bonne blague les jours précédant leur mariage qui avait failli mal tourner. *
Sa bonne humeur, son caractère tolérant et son amour pour Pablo avaient tout aplani rapidement et ils purent repartir de zéro pour une vie de bonheur et de voluptés conjugales sans nom. Son mari avait pourtant quelque fois fait tanguer le navire de leur amour, telle une partie de poker où il l'avait mise en contrepartie de ses gains perdus. 10 000 pesos était une belle somme et il fallut en échange qu'elle passe une semaine en compagnie de ses créditeurs.

Elle n'avait pas rechigné à satisfaire du mieux qu'elle put les 5 hommes qui faisaient crédit à son mari. C'était une bonne épouse et elle se donna du mieux qu'elle put pour faire honneur à son Pablo, ne voulant pas qu'on dise qu'il avait épousé une pimbêche et une femme frigide. Il y a des réputations qui trainent longtemps dans les villages et Patricia voulait que son mari puisse rentrer la tête haute dans n'importe quelle taberna de la région. Non mais...

Pourtant un jour, il dépassa les bornes. De retour d'une expédition dans les montagnes, il ramena à l'hacienda une jeune et belle fille blonde, la fille d'un de ses amis mort subitement, à qui il avait promis sur son lit de mort de protéger son enfant. Pablo n'ayant qu'une parole, elle ne pouvait qu'accepter et ils vécurent heureux tous les trois pendant quelque temps.

Charlize, c'était son prénom, avait la passion des animaux et notamment des gorilles. Cela rappelait quelques souvenirs à Patricia, et même plus. Elle avait gardé quelques liens avec un gorille Macumba des montagnes, avec qui elle correspondait par tam-tam interposé, il n'y avait pas Internet dans ces contrées perdues !

Patricia avait néanmoins quelques soupçons sur leurs véritables relations mais son grand cœur pensa que la jeune femme avait des besoins bien naturels dus à son âge et qu'il ne fallait pas voir du mal partout. Tant que son Pablo était amoureux de sa femme, c'était bien le principal ! Jusqu'au jour où de retour des courses à l'improviste, l'épicerie étant fermée, elle les surprit dans le lit conjugal...

C'en était trop ! Patricia prit la décision de ramener Charlize chez elle dans les montagnes et de la confier à sa vieille connaissance simiesque pré-maritale. Le chemin fut long et âpre, fourmis rouge, crocodiles, crevasses et nids de guêpes sauvages au programme, mais elles arrivèrent à bon port au bout de quelques jours. Les retrouvailles avec le gorille Macumba furent même au delà des espérances de Patricia, qui revécut comme une nouvelle lune de miel avec son nouvel amant. Il accepta de prendre sous son aile, si on peut dire, la jeune fille et Patricia fut alors très heureuse. C'était sans compter sur Pablo qui les avait suivies, et qui les surprit au beau milieu d'un accouplement nocturne...

On ne sait ce qui prit le gorille, mécontent peut-être du coïtus interruptus avec sa bien-aimée et pourtant hétéro, mais il se jeta sauvagement sur Pablo et le prit pour femme. La nuit fut longue pour les deux amants dont les ébats s'arrêtèrent au petit matin. Dans un dernier accès de rage, le Macumba jeta Pablo et Patricia dans un ravin profond où ils s'écrasèrent l'un sur l'autre...

Morts sur le coup, ils arrivèrent au Paradis et firent la paix, car se faire la tête pour l'éternité, c'est pas cool ! Errants de temps en temps dans les travées du cimetière des Mers du Sud, Pablo a gardé une drôle de démarche de cette nuit qui n'est pas un si mauvais souvenir finalement.  

Malgré les cris moqueurs de Patricia qui transperce surtout son amour propre.  

« Ouh...Ouh... »



Jack Rackham.


PS : Charlize est restée avec le grand singe qui tint malgré tout promesse. Mais ça c'est une autre histoire...

* Voir : La Putain du Rio Grande. ( Libellé : Patricia.)

9 commentaires:

  1. Eh bien Rackham!! Qelle imagination!!!
    J'ai bien ri quand le gorille s'en est pris à Pablo!!! Quelle imagination!! Un fantasme?
    Merci pour cette histoire, qui prouve quand même que nous les femmes, quand on est amoureuse, nous nous donnons corps et âme....

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  2. Ah oui Annie ! Ce n'est pas un texte misogyne, au contraire ! Elle s'éclate bien Patricia, sans l'air d'y toucher ! ^^
    Tu es comme ça aussi, je le savais...

    Besos et bonne soirée !

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  3. Hi!Hi!
    Bisous et bonne soirée!

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  4. Le gorille est pacifique et tranquille, c'est un géant au grand coeur. A mon avis il a pas du apprécier d'être la vengeance de Patricia pour les jeter ainsi dans le ravin. Mais pas bête le grand singe, il en a bien profité avant !!!

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  5. Peut-être un accès de jalousie envers l'amour mutuel de Pablo et Patricia ?
    Qui sait, c'est pas si bête un gorille...

    Allez savoir ! ;)

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  6. J'adore lire tes histoires à haute voix, ta façon d'écrire, d'imaginer, de nous faire voyager, chapeau bas l'artiste, j'ai aimé ce bout de lecture
    Besos Amigo

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  7. Merci la rebelle toujours belle !
    Ton passage égaye ma goélette, Patricia est comme toi une femme décidée et pleine de rêves à réaliser...
    Besos Amiga !
    Jack

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  8. T'as une de ces imaginations toi !!! j'imaginais tout un tas de trucs sauf ça....

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  9. Mercii Ysa ! Ben oui, je cogite un peu sous mon tricorne, je suis plein de surprise encore...^^

    Besos et bonne soirée !

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