jeudi 10 novembre 2011

Une Bouteille à la Mer...- Par Solveig

 Bien cher Jack

 Une bouteille venue de l’eau m’annonce que, déjà, tu as deux cents ans. Voilà qui réjouirait les moins sages d’entre nous, de savoir qu’à si bel âge le tricorne et le sabre vont toujours de pair et de joie.
 Mon île lointaine suit toujours les rumeurs du monde, s’en effraie parfois. La solitude sied bien à mon caractère sombrement sauvage, moi qui ai su profiter des tumultes vivants, ceux qui balaient les carènes les plus apprêtées, les digues les plus hautes, les forts les plus épais.
Néanmoins, te souviens-tu des temps où, plus jeunes de quelques siècles, nous avons bivouaqué ensemble sur l’île du diable ?

Nul doute que les rochers ont gardé trace de nos histoires, celles que nous échangeâmes au coin d’un feu courtois, intense pourtant. C’est à cette occasion que tu m’appris quelques techniques efficaces pour parvenir en haut des mâts les plus hauts, sans déchoir jamais, plongeant sans hésiter dans les eaux claires de nos mers favorites. J’ai en mémoire la fameuse goélette qui osa mouiller non loin de moi, me permettant d’appliquer ton art, brassant les eaux salées de baisers sans fin, trempant les désert les plus secs d’une sève toujours plus fraîche, comme une orgie d’écume blanche incandescente.
 Bien sûr, aucun navire ne pouvait plus résister à mes assauts…C’est ainsi que je m’en lassais une nuit, me retirant comme une marée d’équinoxe, bien loin, découvrant le sable le plus blanc, le plus pur, si éblouissant qu’on ne peux plus approcher de ma peau sans se brûler les ailes.
Seule, la nuit polaire sait calmer mes ardeurs, l’aurore boréale éclipsant sans peine la lumière solaire qui me rend aveugle à toute raison.

J’ai disparu, décidant de laisser les hommes à leurs ébats, étant tellement déçue par eux, pauvres mortels.
Tu restes l’amiral des mers que je préfère, capable de serrer au près sans perdre de vue la côte, ton cap.
Je te souhaite de vivre les mille prochaines années satisfait des rencontres qui te nourrissent, homme de bel appétit.
 Ne m’en veux pas de ne pas dévoiler ma position, je souhaite encore garder le silence quelques temps, mais accepte ce présent, l’ami qui manquait à ton vaisseau pilote, ce perroquet splendide auquel j’ai appris quelques jolis mots de tes favoris. Il a le don de reconnaître la femme qui ment de celle qui est sincère, crois-moi cela peut t’être utile, à notre époque il devient difficile de démêler la vraie de la fausse.
Il s’appelle Miquel Angelo, oui, c’est son plumage baroque excessif qui m’a inspiré ce nom.
Si tu l’appelles Mickey, je le saurais, et je ne te le pardonnerai pas.
 Bien à toi mon ami,
Solveig qui t’embrasse comme tu sais que je sais le faire.


 La Canicule a retenu longtemps entre des rochers cette bouteille de Solveig, libérée par les premiers frimas de l'Automne...Je vous la livre aujourd'hui, intacte. Grand merci à la moussaillonne...J.R.

11 commentaires:

  1. Jolie plume cette solveig, en revanche un perroquet qui lit dans le coeur des femmes,c' est un cadeau empoisonné, leurs mensonges sont si agréables à écouter, tu devrais le laisser s' envoler!

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  2. Coucou Orfée des Mers du Sud !
    Oui, cette idée de perroquet est particulière mais laissons à Solveig son imagination...et sa vérité !
    Besos ♥

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  3. Il va falloir que je méfie de ce perroquet surtout s'il vient se promener sur mon blog ;-)
    Une pointe de nostalgie en pensant à ces instants passés près de vous capitaine...
    Tout compte fait, j'aimerai avoir le même perroquet mais pour tester la gente masculine ;-)
    Muxu

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  4. Ah Rosée, les souvenirs de mer sont gravés à jamais dans les étoiles...Besos mousaillonne et des muxus ♥

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  5. Elle doit être bien charmante, la Solveig de t'offrir un perroquet comme présent qui sait reconnaitre le bon grain de l'ivraie! Mais a-telle pensé qu'il pourrait aussi te dévoiler sa position, elle( la Solveig) qui voudrait ne pas être située ni dans l'espace ni le temps!

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  6. Oui, elle est bien charmante et maligne cette Solveig, je laisse son perroquet avouer ses véritables desseins, inch allah ! :)
    Besos Bizak ;-)

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  7. Que cette prose est bien écrite Solveig. Cela valait la peine de laisser voguer cette bouteille au gré des courants. Elle nous livre aujourd'hui un beau trésor. Bises Domi

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  8. Merci pour Solveig, Domi. Je l'invite d'ailleurs à répondre à ces comms...dès qu'elle sera à nouveau connectée sur les flux ! Besos ♥

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  9. les flux et reflux des marées livrent parfois des choses que l'on croyait perdues ou égarées.

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  10. Bonjour tout le monde
    Exilée je suis pour de vrai, je ne peux répondre qu'en passant comme le vent d'une plume, et je vous dis merci de m'avoir lue et merci Jack de ne pas m'avoir oubliée même si...
    A bientôt du haut d'un bateau peut-être...
    Solveig

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