Ils avaient fait connaissance dans des circonstances
« rocambolesques » et ne s’étaient plus quittés depuis. Il était tombé amoureux d’elle depuis cette
affaire d’escroquerie au sujet de son talent de medium mais la culpabilité
d’Howard, son ex-plus vieil ami, avait enrubanné en paquet cadeau leur bonheur.
Il lui avait trouvé un air « magique au clair de
lune » et la badait depuis. Elle, était aussi tombée amoureuse de son
intelligence et de son charme, mais le premier surtout, ce grand illusionniste élucidant
avec brio le mystère de sa médiumnité simulée. Sa clairvoyance pour débusquer
la supercherie l’avait vraiment épatée, mais plusieurs années s’étaient
écoulées depuis ce prodige intellectuel, digne des plus grands policiers, et
elle aurait aimé à présent plus de passion, plus d’animalité, plus de sexe,
rêvant de relations plus viriles que poétiques. Qui sait pour imager, on aurait
pu dire : plus pour son côté « chien » que policier ?
Toujours est-il que Stanley n’avait pas saisi le tournant de
cette mutation sentimentale et au cours de leurs nombreux voyages, Sophie avait
commencé à regarder d’autres hommes, l’air de rien mais pensant à tout. Ce
n’est pas tromper, pensait-elle, c’est juste pour prolonger encore cette
« magie au clair de lune » qu’il avait tant aimé...
Elle lui avait donc suggéré de faire une dernière tournée de
spiritisme et table tournante, comme des adieux à la scène, mais voyant-là surtout
des opportunités de faire des rencontres amicales, juste pour assouvir ses
pulsions primales et sans remettre en question son amour pour Stanley à qui
elle réservait la primeur de ses sentiments.
Comme à chaque séance, elle était là au centre des
attentions, tenant la main de deux de ses plus proches voisins qu’elle avait
choisi au préalable, jetant un œil et un sourire de temps à autre à son
« magicien » de mari, puis évoquant l’esprit d’un mort lié à
quelqu’un de l’assistance. La pièce
était sombre, ambiance tamisée, et une odeur de vieilles tentures parcourait
les narines des participants, endormant sans doute la vigilance de Stanley, assis
au premier rang et toujours béat de sa bien-aimée comme au premier jour.
Immuablement, Sophie
levait le nez au plafond en se cambrant comme une femme en transe,
tapant du poing sur la table, pour les esprits sourds, et envoyant un signe à un
voisin de table en lui pressant la paume, sentant déjà tout son émoi. Ouvrant
alors ses jambes sous la table discrète, elle se laissait peloter dans la
pénombre, magie d’une main caressante entre ses cuisses et qui se prolongerait jusqu’à
un plaisir de palpation de ses fesses, consentantes. Elle se régalait de tels
attouchements à deux chaises de son amour derrière elle, mais qui somnolait, le
pauvre. Ces moments là resteraient enfouis pour toujours dans son jardin secret,
pas de souci !
Soudain, elle se
ressaisit et pense à tous ces moments perdus où son amour dort à côté d’elle,
et qu’elle ne peut pas assouvir avec lui, ces instincts bien naturels chez une
femme.
Faudra qu’elle y pense.
Ce n’est pas tromper, après tout.
Son air magique au clair de lune... ♥
Jack Rackham
PS : Sophie et Stanley sont les deux principaux
personnages du film de Woody Allen « Magic in the Moonlight » sorti
en 2014. Interprétés par Emma Watson et Colin Firth.
Photo du haut.
Que de sensualité! Mais moi je suis bien trop trouillarde pour discuter avec les morts et me faire tripoter par les esprits,ce qui se passe sur les tables avec les vivants me semble beaucoup plus intéressant!Et d'ailleurs, à table !
RépondreSupprimerLes situations les plus étranges attisent ma sensualité, c'est plus fort que moi ;) Et ce film "Magic in the Moonlight" est d'un romantique...
RépondreSupprimerIl est comme toi, semblant invisible, mais venant du ciel et se posant telle une ombelle sur mon billet (doux) ♥