16 août. On a beau être pirate, on n’a pas toujours une boussole dans la tête. Avais-je raté un alizé ou un vent m’avait-il lâché subitement entre deux îles des mers du sud, j’étais bel et bien perdu…
Nous avions improvisé une réunion au sommet avec Tim et Bosco, dans la cale car nous ne voulions pas affoler les hommes par nos conversations. Un peu de panique nous avait pris l’un et l’autre, et on avait beau chercher, nulle trace de nos courants et de l’île du Crâne…Pourtant, nous avions seulement fait un petit tour des environs, pour ne pas perdre la main, ou plutôt le pied marin. Les hommes ont besoin de temps en temps de faire leur métier, comme un oiseau a besoin de voler et un charretier de jurer.
J’avais bien aperçu une sorte d’éclair, sans doute un orage qui avait éclaté pas loin et m’avait ébloui quelques instants, et je n’avais plus retrouvé ensuite le cap de ma route. Je tournais la carte dans tous les sens et je voyais bien Tim qui s’affolait, même si les femmes n’ont jamais su lire une carte des routes et les siècles à venir n’allaient pas arranger ce petit défaut d’orientation féminine.
« On ne va pas rester là, à attendre un messie ou un radeau-pilote ? » criait-elle. J’en étais médusé…
Je décidais de partir à l’aventure, vers la première île venue, pour poser campement et dégourdir l’équipage. Et nous trouvâmes rapidement ce petit havre de paix, baptisé sur le champ « Robinson », une idée comme ça.
« Capitaine, je ne veux pas avoir mauvais esprit, mais en prenant au sextant latitude et longitude et en positionnant l’emplacement sur la carte, nous sommes exactement…en Californie, dans le bureau du gouverneur de Los Angeles ! » Affirma Bosco, avec sa décontraction habituelle mais une pointe d’ironie. Je décrétais l’installation immédiate d’un campement, à proximité de la plage et à l’orée d’un sous-bois de palmiers et fougères.
Hormis les ronflements de Bosco et quelques hommes qui permirent de maintenir à distance bêtes fauves et insectes venimeux, la nuit se passa très bien et j’autorisais même Mildred à se joindre à nous, Tim étant un peu chafouine.
17 août. Le lendemain matin, je me levais le premier, normal en tant que Capitaine. Les voiles étaient hautes et le plancher craquait quand même sous mes pieds méticuleux. Je me frottais les yeux et me frappais le front, ne comprenant plus rien. Je n’apercevais au loin nulle île, ni campement et baillant à s’en décrocher la mâchoire, bosco me dit : « Alors Capitaine, on rentre à la maison ? Le petit tour était sympa mais j’ai une partie de cartes ce soir au bistrot du village… »
J’allais dans ma cabine et j’ouvrais mon livre de bord. Je me frottais le menton et pris ma plume. En tirant la langue, j’écrivais méticuleusement :
« 16 août. Ballade en mer avec l’équipage...Petit tour des environs…»
A bientôt. Peut-être.
Jack.
PS : Vivre une journée encore et encore, ça me rappelle un film de Harold Ramis « Un Jour sans fin » ou Le Jour de la Marmotte (Groundhog Day ). Notre envoyée spéciale de l’île du Crâne Laurence Peloille nous fait dessus un petit topo :
« Un jour sans fin »
Une comédie américaine d’Harold Ramis datant de 1992.
Ce film met en scène un présentateur météo, Phil Connors, sur une chaîne de télévision régionale de Pittsburgh, prétentieux, aigri et imbu de lui-même. Le 2 février, il part en reportage à l'occasion du jour de la Marmotte, « GROUNDHOG Day », festivité traditionnelle célébrée en Amérique du Nord le jour de la Chandeleur. Lassé de ce devoir annuel et de la bourgade, Phil enregistre à contrecœur son reportage sur le festival et tente de revenir à Pittsburgh quand une tempête de neige, que ses prévisions avaient localisée dans une autre région, bloque les routes principales. Ce blizzard le force à passer la nuit sur place. A chaque fois que son réveil sonne, victime d’un sortilège, il se voit condamner à revivre sans cesse la même journée. Phil semble bloqué dans le temps jusqu'à ce que de jour en jour des épreuves répétitives l’améliorent et enfin lui donnent un sens à sa vie. Le sortilège prend fin et on découvre un nouveau Phil Connors.
Le jour de la marmotte (Groundhog Day en anglais) est un événement célébré en Amérique du Nord le jour de la Chandeleur, soit le 2 février. Selon la tradition, ce jour-là, on doit observer l'entrée du terrier d'une marmotte. Si elle émerge et ne voit pas son ombre parce que le temps est nuageux, l'hiver finira bientôt. Par contre, si elle voit son ombre parce que le temps est lumineux et clair, elle sera effrayée et se réfugiera de nouveau dans son trou, et l'hiver continuera pendant six semaines supplémentaires.
Ce film a connu un succès relatif lors de sa sortie aux États-Unis, avant de lentement s'imposer comme référence culturelle. En 2000, l'American Film Institute a classé Groundhog Day comme 34e meilleure comédie du XXe siècle, et comme 8e film fantastique.
Le film a été inscrit au National Film Registry en 2006.
Ce film, basé sur un postulat simple, ouvre la réflexion à plusieurs niveaux.
Tout d'abord l'épanouissement personnel, montrant qu'un homme cynique et imbu de sa personne peut devenir un héros local si les circonstances le lui permettent. Ensuite une réflexion philosophique sur le quotidien, car la routine et la répétitivité sont à plusieurs reprises suggérés dans le film. Enfin, le héros est amené à progresser humainement tout au long du film en découvrant que chaque personne, même la plus anonyme, a son identité, son histoire et sa raison d'être, ce qui l'amène à considérer l'autre, et à l'apprécier pour ce qu'il est, différemment de son premier regard. Le film ouvre ainsi une réflexion profonde sur la considération des « autres », la tolérance, l'égoïsme et les préjugés. Le tout situé dans un contexte irréel truffé de drôleries et d'allusions. C'est un film à considérer au second degré si l'on souhaite en percevoir la pleine portée.
En tant que tel, le film est devenu un favori des bouddhistes, parce qu'ils voient ces thèmes d'altruisme et de renaissance comme un reflet de leurs propres messages spirituels.
Aux États-Unis et, dans une moindre mesure, dans d'autres pays anglophones, l'expression "Groundhog Day" est entrée dans l'usage commun comme une référence à une situation désagréable qui se répète sans cesse.
Phils Connors est interprété par Bill Murray. Acteur, auteur, comédien et producteur américain, il est notamment connu pour son interprétation dans 'SOS Fantômes' qui le consacre star de l'année. Puis c'est le redouté passage à vide. Autant sa générosité, son talent d'improvisateur et son imagination sont appréciés, autant ses excès de colère et son perfectionnisme tatillon ne sont que trop connus.
Bill Murray reprend de l'ampleur lorsqu’ il signe de très belles performances dans 'Mad Dog and Glory' et 'Un jour sans fin' d'Harold Ramis.
En 2003, il s'illustre à merveille dans 'Lost in Translation', une comédie douce-amère signée Sofia Coppola et revient sur le devant de la scène. Courtisé par le cinéma indépendant américain, il campe le premier rôle du film de Jim Jarmusch 'Broken Flowers' - présenté à Cannes en 2005 - et le décapant commandant Zissou dans 'Une vie aquatique' de Wes Anderson. Malgré une carrière en dents de scie, Bill Murray reste une figure incontournable de la comédie américaine, autant que d'un cinéma exigeant.
L’une de ces citations favorites est : « «Si Dieu avait voulu qu’on soit courageux, pourquoi nous a-t-il donné des jambes ?»
Laurence Peloille.
JR : Sans oublier la sublime Andie Mac Dowell, bien sûr...^^
JR : Sans oublier la sublime Andie Mac Dowell, bien sûr...^^
Belle morale. Elle secoue les stratégies pour séduire pour un message plus sain : Lis, sois curieux, intéresse-toi aux autres, ouvre-toi et la personne aimée te verra sous un nouveau jour, sous un jour sans fin.
RépondreSupprimerJ'adore ce film !
Besos Jack
Cortisone
Oui, c'est un film plein de préceptes à assimiler, celui d'apprécier les autres comme ils sont et d'être soi-même sans prendre de la hauteur...On a tous connu des jours sans fin, et ce furent de belles occasions de progresser, se remettre en question, et évoluer, pour être enfin remarqué par la personne aimée.
RépondreSupprimerTrès grand film assurément, Cortisone, ton goût du Cinéma n'est plus à prouver !
Besos
Jack