jeudi 12 août 2010

Un air de Cyrano

Quelquefois las de mes littératures grivoises, je referme mon portable entre mes cordes et je prends la peau d’un autre pour respirer quelques embruns dans un port imaginaire. Je regarde alors vers un nouveau destin dont je me régale déjà et  je fais claquer le bois sous mes bottes vers cette aventure, ce jour-là dans le corps d’un sire au panache certain...

« Mon couvre-chef plumoyant toise les alentours et je ne reconnais point tavernes et péquins. Habité par mon nouvel esprit, je réalise le moment tragique de mon intrusion. L’homme est aux derniers instants de sa vie et attend le tocsin…

 Au crépuscule du temps qui m’est imparti, Je titube de mon grand âge. Mon cœur tressaille au moindre bruit mais je peux goûter encore aux souvenirs de mes amours perdues. La main sur le poitrail, je ressens la douleur d’une dernière estafilade attrapée dans un duel, mais j’effleure surtout toutes ces cicatrices de mes amours inachevées, fugitives ou intenses, consommées ou imaginées…

Mon œil se perd dans les feuilles des arbres, et je me souviens…Les émois les plus fous qui m’animèrent jadis se retrouvent en mon vieux cœur qui reprend une vigueur soudaine. De mon premier amour aux seins de Blanche-Neige, celle qui m’a dit je t’aime la première, qui a nourrit mon amour propre et le sien, je vois encore son visage d’ange...Et nombre d’années après au détour de retrouvailles, ressentir que rien n’avait altéré nos épousailles n’a fait que rassurer mon bon goût et ma chance !

Et je vois défiler mon amour de toujours, ses cheveux longs et bruns m’entourant de désir pour mieux saisir sa croupe ! Les relents de ses parfums embaument toujours mon cœur…Je vois passer  en enfilade les blondeurs et les âmes qui me brisèrent en mille mascarades. Le goût de leurs attentes, les mots doux, les partages n’ont jamais quitté ma bouche et il suffirait d’un signe pour retrouver l’ivresse de l’osmose, de la passion, de cœurs en âme sœur…

Ma vue se voile, et j’aperçois au loin une goélette…Point de cousine immaculée d’amant aux mots hirsutes, mes comédies sont celles de la vie et ma poésie faites de tonneaux de rhum, de batailles et de filles troussées sur tous les ponts du monde ! Pas de libre-penseur mais une liberté de penser, et de noms imaginaires, je n’ai que le mien pour illustrer ces contes…Je vois la mort qui rôde autour de mon panache et je file par le toit du ciel où se meurt un Bergerac.

Je rejoins mes mouettes, mes matelots, mes filles, mon île et ma vie de pirate, ne laissant derrière moi, par mégarde que mon tricorne… »


Jack Rackham

PS : Je n’ai pas en moi, la mélancolie nécessaire pour laisser couler ma nostalgie, tel Cyrano.  Peut-être un jour, même si mes amours perdues ou rêvées ne m’ont pas enlevé toutes illusions sur mon bonheur, bien au contraire…^^
Lisez donc «  Cyrano de Bergerac » d’Edmond Rostand ou regardez le film du même nom de Rappeneau.

1 commentaire:

  1. http://www.youtube.com/watch?v=0ZdpSuEDNgQ&feature=related

    Voici la scène de la Mort de Cyrano, dans le film de J.Paul Rappeneau. Emouvant...
    Qui sait si à la fin de ma vie, j'en éprouverais autant et avec une telle verve...

    Besos,
    Votre Jack Rackham.

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