lundi 31 mai 2010

Dennis Hopper, un Biker au paradis

Le Cinéma vient de perdre un de ses acteurs et réalisateurs les plus rebelles de sa génération. Il me vient encore cette image de Dennis Hopper dans Géant, 1956, tout jeune acteur et si propre sur lui qu'on ne peut imaginer que 30 ans plus tard, il interprétera le gangster déjanté de Blue Velvet...

Entre les deux, la vie d'un homme qui a tout essayé, tout fumé et tout bu. Sa vie a basculé en 1969 avec Easy Rider qu'il réalise, et qui le consacre mondialement. Un biker est tombé le 29 mai 2010
Laurence Peloille, envoyée spéciale de l'Ile du Crâne, lui rend hommage, revient sur son oeuvre et sa carrière, et nous parle du "Road-Movie". Good bye, Pirate du Cinéma...J.R.



LE HEROS MYTHIQUE DE "EASY RIDER" EST MORT  A 74 ANS

La carrière de réalisateur de Dennis Hopper lui vaut d'être l'un des chefs de file de la contre-culture au cinéma. Il doit cette réussite à 'Easy Rider', road-movie avec Jack Nicholson et Peter Fonda, dont les allusions à la culture hippie présentent une nouvelle génération américaine, au même titre que, de façon détournée, le 'Bonnie and Clyde' d'Arthur Penn. Formé en Californie puis à l'Actors' Studio, Hopper se destine vers la comédie. Son aspect rebelle lui permet de s'associer à James Dean, autre emblème de l'époque, dans 'La Fureur de vivre'. Avant de réaliser son premier film, l'acteur témoigne d'une attitude difficile sur les plateaux, ce qui lui vaut d'apparaître dans des séries B pendant un temps. Il met à profit cette carrière en dents de scie pour se livrer à la photographie et à la peinture. Associé aucourant du Pop Art, ses dons pour l'art plastique prennent la forme de clichés de rue et deportraits d'artistes de son époque, tels Warhol ou Rauschenberg, dont il s'inspire dans son oeuvre picturale.
Il expose auprès de leur oeuvre à la Cinémathèque en 2008.
Sa carrière d'acteur prend un nouveau départ à la fin des années 1970, puisqu'il apparaît chez Wim Wenders dans 'L' Ami américain', puis dans 'Apocalypse Now', dans lequel il incarne un photographe.

Des rôles de plus en plus sombres lui valent d'intéresser les nouvelles générations, que ce soit dans le cinéma d'auteur avec 'Blue Velvet' de David Lynch ou le cinéma d'action avec 'Speed'.

Sa carrière de réalisateur n'atteint pas le culte voué à 'Easy Rider', même s'il réussit quelques coups d'éclat comme 'Colors' ou 'The Hot Spot';

Véritable touche-à-tout, titulaire d'une existence tumultueuse marquée par la drogue et la contestation, Dennis Hopper incarnait le mythe de l'artiste et de la modernité américaine.

'Easy Rider' (1968) de Dennis Hopper, est l'histoire du périple de trois hippies - interprétés par Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson - au milieu d'une Amérique archaïque, conservatrice et raciste. Montés sur leurs choppers débridés, ils roulent d'ouest en est (vers une "conquête de l'Est" ?), à la recherche d'un endroit où s'affirmer et d'une société plus évoluée où chacun pourrait "se nourrir, se vêtir, se loger et se déplacer également et sans efforts". Au lieu de cela, ils ne rencontrent sur leur chemin que la stupidité, la violence et l'incompréhension. Comme le dit le personnage interprété par Jack Nicholson : "Ce que tu représentes, c'est la liberté. Ca fait peur. C'est difficile d'être libre quand on est un produit acheté et vendu au marché." Porteurs de vie et d'espoir, ils mourront tous les trois, le road-movie ne laissant que peu de chance de survie aux personnages positifs.

De tous les genres cinématographiques, le road-movie est sans doute le plus délicat à définir. A l'image de ses récits, de 'Easy Rider' à 'Into the Wild', de ses étendues désertiques aux lignes de fuite infinies, de ses vagabonds, solitaires et mystérieux, le road-movie ne cesse de traverser le temps et les époques.


"Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage", écrivait le poète Joachim Du Bellay, se remémorant l'incroyable errance méditerranéenne du héros victorieux chantée par Homère dans son 'Odyssée'. Une intrigue basée sur le voyage, un récit découpé en étapes, des aventures et des rencontres imprévues. Ainsi la littérature antique portait-elle déjà en elle les prémisses de ce qui deviendrait bien plus tard le road-movie. Genre essentiellement américain, intimement lié aux souvenirs des pionniers, le "film de route" est d'abord un cinéma du voyage. Un voyage qui, de la conquête de l'Ouest aux grandes vagues d'immigration en provenance de l'Europe, constitue une des composantes fondamentales de la culture outre-Atlantique.


"La route, c'est la vie"

Selon le très libertaire Jack Kerouac, "La route est pure. La route rattache l'homme des villes aux grandes forces de la nature (…). Sur la route, dans les restaurants qui la bordent, les postes à essence, les faubourgs des villes qu'elle traverse, les amitiés et les amours de passages se nouent. La route, c'est la vie." Avec ses rencontres à la croisée des chemins, ses séparations et ses voies sans issue. On part pour rejoindre une famille, un(e) ami(e), un idéal. On quitte une ville, une personne, un mal-être. Fuite ou quête initiatique, le road-movie fait de la route un lieu d'expérimentation, de liberté et de révolte face à l'ordre établi. Une façon également d'opérer un retour sur soi, de se questionner sur les fondements de notre société moderne.



Le road-movie, manifeste du Nouvel Hollywood


C'est dans le contexte contestataire de la fin des années 1960, aux Etats-Unis, que le road-movie devient un genre cinématographique à part entière. Dans un pays aux abois, tout juste sorti de sa chasse aux sorcières, embourbé dans la guerre du Vietnam et les revendications raciales, un certain nombre de jeunes cinéastes (ceux qui incarnent le Nouvel Hollywood ), trouvent dans le récit de voyage une façon de représenter les travers de l'Amérique contemporaine. Fruit de la contre-culture et de la beat generation , le road-movie trouve une parfaite résonance à son propos dans cette révolte qui appelle à la recherche d'autres espaces, d'autres expériences, où s'effacerait l'image d'une Amérique repliée sur elle-même. Plus qu'une simple forme cinématographique, le road-movie dépeint cet esprit de liberté et ce désir de changement chez une jeunesse en mal de vivre.

En 1940 déjà, 'Les Raisins de la colère' de John Ford, adapté du roman de John Steinbeck, s'évertuait à démythifier l'idée de rêve américain en suivant le parcours d'une famille de paysans que la Dépression avait poussé à fuir vers une Californie largement idéalisée.

Road-movie avant l'heure, le film de Ford en avait néanmoins capté l'essence : une quête initiatique structurée en étapes et à l'issue le plus souvent malheureuse. Mais près de trente ans plus tard, deux films donneront véritablement corps à ce genre cinématographique. 'Bonnie and Clyde' (1967) d'Arthur Penn, une cavale tragique d'un couple de truands dans les années 1930, et, plus encore, ce 'Easy Rider' (1968) de Dennis Hopper...

Ainsi aux destins excessivement positifs proposés par le cinéma hollywoodien traditionnel, les Francis Ford Coppola, Martin Scorsese et autres Steven Spielberg préfèrent les existences autrement plus chaotiques de ces marginaux nés sous une mauvaise étoile, errant sur des chemins d'exil et de liberté, vers des espaces sans limites. Le voyage apparaît alors comme le meilleur moyen de quitter la société et ses règles...  


BONNE ROUTE VERS LES CIEUX, MONSIEUR HOPPER !


Laurence Peloille.


8 commentaires:

  1. C'est Laurence qui a tout fait, ou presque !
    Merci pour elle, Annie !
    Besos ^^

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  2. En effet quel hommage, merci d'avoir évoqué toutes ces choses que je ne savais pas et que grâce à vous deux j'ai appris, " Merci Laurence et toi Jack "
    Et paix à son âme !

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  3. Les écrits de Laurence sur le Cinéma m'époustouflent et c'est bien naturel de lui ouvrir fenêtre ici ! En attendant peut-être qu'elle ouvre son propre blog, sur le Cinéma bien sûr...^^

    Besos et merci à toi "l'emmerdeuse " !!

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  4. Easy rider, je suis certaine de l'avoir vu, mais il y a très longtemps.... ça me donne envie de le revoir tiens....
    En tout cas bravo pour ce texte si bien rédigé....

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  5. Oui c'est fait pour donner envie de les revoir ces films...
    Je transmets tes compliments à Laurence, Ysa ! ^^
    ( Elle est sur FB...)
    Besos et bonne soirée !

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  6. Bonjour à tous !

    Je vous remercie de vos compliments et je remercie "Rackam Le Rouge" de reporter mes articles sur son blog.
    effectivement, j'adore le cinéma, mais aussi la lecture, le thêatre, la gastronomie, et bien d'autres choses encore !
    J'ai déjà un hub sur VIADEO et une page à mon nom : Laurence PELOILLE également sur VIADEO, et je suis également présente sur FACEBOOK.

    Rackam, je n'ouvrirais pas un blog sur le cinéma. Si, le temps me le permet, plutôt un blog sur la culture et les arts, toutes les cultures et tous les arts, y compris la gastronomie que je considère comme un art à part entière, enfin la haute gastronomie !
    Bisous à tous !
    RV sur mes pages FACEBOOK et VIADEO !
    Merci à RACKHAM et à son blog sur le cinéma !

    Laurence

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  7. Voilà qui a rendu à César, alias Laurence...

    OK Laurence pour un blog sur la culture, tu mérites une fenêtre à part entière pour tes articles ! Enfin, tu es toujours la bienvenue ici...^^

    Et je suis sur Viadéo aussi ! Coïncidence...J'y ai un hub sur...le Cinéma ! ( Comme du Cinéma )
    Besos
    Jack

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