Anna rit de tout son cœur à la blague que Tino son metteur
en scène vient de lui raconter. C’est une habitude de rire pour elle, elle est
habituée. Rire aux blagues est devenu son second métier après celui d’actrice,
sa vocation première.
Elle rit aux blagues de Tino depuis la première fois, son
premier film, sa première scène. Tino aime raconter des blagues et aime qu’elles
fassent rire son auditoire. « Faire rire une femme, c’est déjà à moitié
gagné, dit-il souvent. ». Gagné quoi ? ^^
Elle céda rapidement à ses premières avances, c’était
facile. Il était riche, il lui proposait beaucoup d’argent pour un travail
relativement sédentaire, avec des avantages en nature et des gratifications
telles que des compliments sur sa beauté ou son talent. La vie de rêve, quoi.
Sans compter l’impression d’être importante. Au point qu’on
lui demandait son avis sur ses goûts, la politique, et même sur le cinéma. Un
comble. Elle aimait la cuisine italienne, ne votait pas et n’allait jamais au
cinéma sauf pour les avant-premières de ses films, où la seule chose qu’elle
craignait était de s’endormir…
Tino était un amant exigeant. Il ne disait jamais qu’il en
voulait pour son argent mais fallait pas lui en raconter. Il savait jouer avec les
phéromones d’Anna, même dans le noir et avec son gros ventre. Parfois, surtout
après une soirée arrosée, il exigeait la « pleine loumière » sur leurs
relations. « Quand on dit Loumière, c’est Loumière, on est au Cinéma,
merde ! » et c’était parti pour une « Nouit de Loumière »
qu’elle prenait en pleine gueule. Et même plus.
Debout à coté de lui, elle riait de sa dernière blague mais
son cœur était ailleurs. La main sur la hanche et en porte-jarretelles, personne
n’aurait imaginé ce à quoi elle pensait. Un petit machino dont elle était tombé
amoureuse, et qui était là de l’autre côté du plateau. Elle ne voulait pas
imaginer ce qu’il pensait et continuait d’agiter le cigare qu’elle tenait entre
ses doigts, comme une allégorie un peu déplacée.
Tino la trouvait belle, de plus en plus. Bien sûr, il ne
saurait lui faire oublier encore longtemps leurs vingt cinq ans d’écart mais lâcher
un petit peu de lest avec ce petit machino par exemple, lui ferait gagner un
peu de temps…
Un peu plus loin dans l’ombre, Charlie le machiniste regardait
Anna et son mentor, imaginant ou presque leurs nuits d’amour aux allures pathétiques.
Là, il se voyait avec elle en étalon magnifique, l’honorant maintes fois comme le
méritait son corps de déesse, et cela l’apaisait un peu. Il avait le temps après
tout, il voulait vraiment travailler dans le cinéma et c’était une vraie opportunité d’être
devenu l’amant de cette actrice.
A lui bientôt les feux des projecteurs, pour le nouveau
Tarantino et son égérie.
Il n’était pas pressé…
Jack Rackham
Photo : Anna Galiena et Tinto Brass.
Quelle belle photo et quelle belle histoire, quel jeu de miroirs et d'illusion du vrai! J'aime quand tu fais rêver!
RépondreSupprimerC'est la photo qui m'a raconté cette histoire, pour te la raconter...♥
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