Quelques
jeunes qui posent sur une photo tout juste assez grande pour leur laisser la
place de respirer. Les garçons se poussent, se pincent, et les filles ouvrent
des grands yeux en se tripotant les
cils, chacun faisant comme si l’instant était crucial pour le reste de sa
vie, immortalisant à jamais cette part intime d’eux-mêmes.
Le nouvel an
approchant vient d’ouvrir une porte secrète dans mon cœur. Celle de mes jeunes
années d’étudiant, parachuté dans la
nature à l’autre bout du monde par des parents inconscients et ignorants de la
valeur réelle des études. J’avais quand même choisi quelque chose dans mes
cordes, les beaux-arts s’approchant le plus de « Bande dessinée », et
m’étais retrouvé propulsé dans l’aventure avec quelques autres camarades de
lycée. Et il faut croire que loin de chez soi, on est si content de reconnaitre
quelqu’un qu’on fait tout pour ne pas le lâcher et qu’il devient presque votre
meilleur ami. ^^
Là, on
s’était regroupé en bande et on avait pris de nouvelles habitudes, comme dans
une communauté hippie située en cité universitaire, et on avait une
excuse : 1980 n’avait pas encore pointé son nez, et Jimi Hendrix et Janis
Joplin venaient à peine de mourir. On écoutait les Beatles et les Stones mais
aussi la musique planante des groupes Génésis, Yès, Caravan, Pink Floyd ou rock
comme Deep Purple, ACDC, Téléphone, et même les Clash ! Moments de
sérénité aussi avec Léonard Cohen, Kate Bush ou Graeme Alwright. Sans oublier Brel,
Lavilliers, Renaud, Patti Smith…On avait un peu zappé le Disco mais bon, on
n’écoutait pas n’importe quoi !
Il y avait
une bonne ambiance et on avait des coutumes, comme une petite famille, ayant
l’habitude de manger ensemble le soir ou prévenant les autres en cas d’absence.
Le thé à la mûre ou les saucisses au chou auront toujours un souvenir
particulier pour moi...
La politique
n’avait pas beaucoup de place dans nos relations, malgré une tendance générale
très gauchiste. Souvenir d’une manif perché sur les épaules du plus costaud,
contraint de soutenir Mandela…Mais qui c’est ce type ? ^^

Puis la
participation au tournoi de sixte de football d’un village local où on avait
confectionné nous même des tee-shirts avec un titre cinglant : Les JOYEUX
GLANDS !!! Et le speaker du stade ayant du mal à le lire, répétant
plusieurs fois dans la sono : Les Joyeux…OranGinas ! On fut battu de justesse
au deuxième tour, mais ce fut notre moment de gloire dont il reste quelques
photos mais que je ne montrerais à personne, pour rien au monde...

Le temps a
passé et a fait son œuvre. Je n’en ai revu que quelques uns de ces « Joyeux glands », d’autres ont disparu de la circulation, et certains pour
toujours…C’était une autre époque, sans portable et sans ordi, on était jeunes,
presque beaux, on était immortels et on emmerdait le monde!
Un jour,
longtemps après, je faisais un long voyage en train vers l'Est pour aller dans un festival de
BD car j’avais réussi à en faire mon métier. Il y avait avec moi un autre
dessinateur, avec qui je discutais durant tout le trajet comme avec un vieux
copain. Je l’avais même saoulé de tant de paroles qu’il me demandait un petit
break avant d’arriver, histoire de se reposer un peu les neurones.
C’était
Michel Crespin, de Métal hurlant…
Jack Rackham
A Didier,
Frédéric, Jean-Marie, Valérie, Evelyne, Sylvain, Pascal, Guy...
S’il y a un
groupe qui nous symbolisait, ce fut bien Téléphone, que nous avions tous vu
en concert en 1980. Je me souviens d’une chanson dont nous avions changé les
paroles en « Putain, ma roue ! » mais je n’ai jamais retrouvé
laquelle…^^