lundi 13 juin 2011

Celui qui vient

« J’ai bien fait de prendre une petite laine, la nuit commence à tétaniser tout mon corps et la lune rousse surveille les environs, à la recherche d’un loup sauvage ou d’un lutin. Ce matin, je buvais encore un café à la terrasse du Conquistador et je me souviens de cette conversation avec Inès sur l’amour et l’homme de sa vie…Laura, me dit-elle, il saura te reconnaitre. Tu parles, là où je suis et perdue au fin fond d’un ravin dont nul ne connait le nom, je le vois celui-là venir me demander mon téléphone pour un rendez-vous galant. Le prince charmant c’est dans les têtes et les romans. Très peu pour moi ce soir, je sens mon bras qui s’engourdit de tenir cette branche, et je ne sais combien de temps je tiendrais…

Mon cœur s’est émoustillé dès que j’ai su son nom et vu son minois. Un homme reconnait ces signes avant même les premiers mots d’approche. Oui, j’ai remarqué aussi son intelligence et son acuité des choses, avant même d’avoir vu son corps de rêve et son sourire enjôleur. Elle a décidé de faire une balade cet après-midi pour dénicher quelques pierres anciennes, vestiges de mondes imaginaires d’un Incal commandeur de royaumes. Elle a l’air si fragile avec son petit sac à dos. Je vais la suivre…

Je crois que j’aurais du faire mon testament ce matin. Je maudis cette idée de trouver ces pierres. C’est mon cœur que j’aurais du écouter et rester dans mon salon à dodeliner sur des chansons de variétés. Inès et ses idées d’homme qui vous attend ou qui est là le jour où. J’ai l’impression que j’aurais plus de chance avec mon inspecteur des dîmes et des taxes. Ces vacances sur l’île du Crâne vont mal tourner et je crois que je vais écouter Inès et prier cet homme providentiel pour qu’il vienne !

Elle est bien cette petite. Je crois que j’ai le ticket ! Et cette idée de balade seule en forêt, je crois bien que je vais annuler mes vacances à Tunis et la rattraper sur le chemin. C’est bon cet air des Caraïbes, les mouettes vont guider mes pas vers cette demoiselle qui envoûte mon cœur…

Pendue à cette branche depuis des heures, je ne sens plus mes forces et mon bras. Je vais bientôt lâcher et il faut que garde mon cerveau en alerte. Je crois bien que personne ne viendra, Inès et ses idées… »Tu sais, le jour où tu es dans la merde, que tu es à l’agonie, que seule au monde tu as perdu espoir. Et bien, pense à celui qui peut venir te sauver. Qui t’a peut-être observée, comprise et qui en écoutant à la radio ou les cliquetis des vagues, sait que tu as besoin de lui… » Tu parles, ma famille est dispersée aux quatre coins du monde, et hormis les Don Juan coureurs de jupons que j’ai croisé au cours de ma courte vie, qui peut penser à moi maintenant ? 

C’est ma semaine de garde et grâce au ciel, les vacances de Laura aux Caraïbes vont prolonger mon plaisir d’être avec la petite. C’est bien sa faute après tout. Ces femmes qui savent tout sauf rester à leur place, et qui veulent en plus qu’on leur fasse la conversation…Tiens, si elle ne revenait pas, qui se soucierait d’elle après tout ?

Ce sont mes derniers instants. Seule au monde je suis, et les images de ma vie me reviennent. Mes anniversaires, les fêtes de Noël en famille, mais aussi des nuits d’amour…Ces nuits de sueur, de mots doux, d’orgasmes et de sexe brut aussi. Je revois mes amants aux corps plein de désir, et mon envie aussi. Ma vie devant mes yeux, je vais lâcher, tomber dans cette abîme sans fond…Tiens, un bruit de feuille au dessus de ma tête. Je vois une main…Comme dans ce film. Comment s’appelle t-il déjà…

Donnez-moi la main, me dit une voix que je crois connaitre, un peu nasillarde, ni trop virile, ni enfantine.
Je m’exécute. Tâtant l’obscurité au hasard, n’en croyant pas mes oreilles. Je crois rêver…Je sens cette main, qui me tire. Et je monte vers ma survie, ma vie…

Je le vois. Je suis sauvée à présent. Un sourire se dessine dans une barbe de trois jours que je connais. « Jack ! » crie mon cœur ! Mon pirate…bien sûr, quelle idiote !

Oui, c’est moi, répond-il. Je m’inquiétais…J’ai bien fait de venir, je crois.

Je…Je vous attendais, m’entends-je dire.
Je reviens de mes rêves, je suis à la terrasse d’un café. J’ai du m’absenter en pensée quelques minutes et je vois Inès qui parle à un homme, et rit à gorge déployée. Il y a beaucoup d’hommes mais je ne vois que lui. Il a un drôle de tricorne et ressemble à un pirate. Comment s’appelle t-il déjà ? »


A toutes les Laura du monde…
Jack Rackham.

10 commentaires:

  1. Où s'arrête le rêve, où commence la réalité, il m'arrive de ne plus savoir ;-)

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  2. Ça veut dire que tu vis tes rêves, Rosée...^^
    Besos ♥

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  3. Message aux petites Laura, le prince charmant existe, vous l' avez rencontré! Toujours là pour tendre une main secourable et fidèle à sa parole, encore plus noble que les héros de ses histoires!

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  4. Roôôooooooooooooooooooooooo Isabelle !
    T'es trop toi ! Tu sais que je t'adore ?
    1000 Besos, poétesse des légendes maritimes ♥

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  5. Un rêve...Que de te lire, te relire, se plonger dans tes personnages aux rêves impromptus... à la recherche du baiser volé, de l'amour envolé, d'un trésor de tendresse enfoui.
    Et si parfois, les rêves étaient mieux que la réalité ??
    Maïa

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  6. Ah Maia de mes rêves, descend un peu jusqu'à mon bateau. Rien n'est grave ou inéluctable ; moi je prends tout, réve et réalité, cela fera plus de bonheur sous mon tricorne ! Tiens, essaye-le un peu...^^ Besos tite sorcière ♥

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  7. Les rêves sont beaucoup mieux que la réalité.......
    No comment ^^
    Besos Pirate ♥

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  8. Tiens une voix sortant des océans de mots, me dit préférer les rêves...Je dois être un rêveur sans doute ^^ Besos vous ♥

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  9. Je me suis imposé un silence sidéral pour ne plus ajouter ma voix aux bruits tonitruants de la réalité, alors, quand un rêve et quel rêve, se met, non à se confendre avec la réalité, mais à lui piquer un petit moment priviligié sur une terrasse, je m'y engouffre aussitôt pour goûter à la joie éphémère de l'amour qu'on voit qu'en rêve!

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