samedi 23 avril 2016

Le Dernier Jour du Monde (sur Terre)

Et si un jour, on savait précisément l’heure de sa mort ? Si l’annonce d’une météorite fatale, une attaque nucléaire imminente, un retour de l’ère glaciaire ou des dinosaures sur la planète, bref si un jour on avait à se préparer pour la fin du monde, que ferions-nous ?

Ce n’est pas exactement à ça que je pensais lorsque j’avais lancé une invitation à un coquetèle dansant sur le Poseidon mais l’occasion était belle de revoir une dernière fois certaines des moussaillones qui avait émoustillé mon tricorne avant de briser mon cœur d’artichaut. Je zieutais avec ma lorgnette les petits culs dodelinant avec entrain, leurs cœurs enivrés encore d’espoir, de projets, d’avenir…

Bosco avait prévu un chargement de bretzels et cacahuètes avant les amuse-gueules du dîner puis les plats de résistance fourrés de tout. Des ballottes variées aux papillotes composées, on allait s’enivrer de saveurs du terroir environnant, sous la surveillance bienveillante de Liza, la patronne du bar-restaurant de « l’île du Trésor ». Son sourire toujours suave me charmait tant mais je découvrais mieux ses formes et son déhanché que j’approfondissais avec détail de ma lorgnette de course réglée au millimètre. Mes pensées vagabondaient vers des perversités sans nom, mais je me disais qu’un jour de fin du monde tout était possible.^^

De l’autre côté du buffet, une petite sorcière rousse charmait son auditoire de grands éclats de rire et de tapes dans le dos, s’enfilant entre autres des rasades d’un nectar jaune de sa préférence. Son décolleté laissait frémir des pointes d’envie que la flanelle rendait bien…Plus loin, une grande poétesse bien connue des habitués du lieu était plantée sur ses belles jambes galbées et musclées, comme une invitation à la danse ou d’autres jeux pratiqués dans les salons mondains ou même plus modestes. Son œil clair clignotait vers moi pour que je m’approche et je faisais signe d’un rapprochement imminent et prometteur. ;)

Près du gouvernail demandant moult explications à l’homme de quart, une petite blonde au corsage abondant avait les yeux brillants de tous ces détails et demandait même à conduire elle-même le bateau quelques miles marins, juste pour voir. Un peu en retrait regardant tout ce monde, une belle brune orientale aux yeux profonds et sages grignotait quelques amuse-gueules. C’était une amie secrète que nul n’avait vue encore et dont j’aimais le front haut regardant vers le ciel le destin de nos passions communes. Je m’approchais d’elle, sans parler, pour une fois...

L’annonce à la radio d’un trou noir proche d’absorber la terre-je fais ce que je veux dans mes histoires de pirates, j’ai même un portable et une connexion internet non mais-les cloua sur place, se prenant la tête et tout à coup pensant à leur compagnon si loin ou à leur mère, ou surtout un enfant qu’elle ne reverrait plus …Puis se rendant à l’évidence de leur isolement lié à leur présence sur ce navire en pleine mer, elles se détendaient alors en pensant à distance à ces êtres chers, le portable ne passant pas dans ces régions caribéennes. C’était aussi le moment de faire le point sur leur vie puis de profiter une toute dernière fois du bonheur de vivre, en toute humanité.

La bière et le rhum coulèrent à flot à nouveau, pour le plus grand plaisir de l’équipage, garçons et filles retrouvant là cet instinct de vie et de survie propre à leur espèce. Un grand boum résonna jusqu’au fin fond de l’espace puis le Poséidon se retrouva telle une arche stellaire filant dans le noir infini…

Je posais mes binocles sur le grand livre des Aventures du Monde puis un brouhaha se fit sur le pont car chacun voulait donner son avis sur la manière de vivre ses dernières heures sur Terre.

Et vous ?

Jack Rackham


PS : Une dernière bière, un dernier amour, cela serait très romantique quand même ma fin du monde, ce ne serait pas si sexuel que ça finalement…sauf si la fille veut bien, évidemment !


Image du bas : San Andréas, film.



5 commentaires:

  1. Ah le billet drôle et sensuel! Et c'est une vanité, en plus, une danse macabre.J'avoue que dans ces moments là je ne ferais pas la fière et aurais plus le coeur à prier que la tête à batifoler, c'est pourquoi il m'arrive parfois d'oublier que la fin de notre monde arrivera et d'effeuiller les jours un par un!

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    1. J'adore les films sur la fin du monde car, comme les films sur les guerres mondiales, il y a des ressorts naturels où apparaissent les caractères extrêmes. Les grandeurs d'âme comme les lâchetés les plus immondes...
      Ah la prière évidemment, on en aura besoin au moment du jugement dernier ♥ Besos ma belle

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  2. Vous avez l'air de les adorer ces moussaillonnes, Captain.
    Où est garé déjà ce Poséidon, j'y ferais bien un petit tour en cas de fin du monde. Joli texte !
    Ingrid

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    1. Merci pour le compliment Ingrid.
      Vous commencez à être une vraie moussaillonne, en cas de fin du monde je vous mettrez au parfum mais que cela reste entre nous... ^^
      Besos ♥
      Jack

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    2. "Mettrais" oula ! Pardon Ingrid, vous m'avez troublé ♥

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