"Je caresse
un vieux livre d’images comme pour mieux m’en souvenir, et je revois Ulysse et
ses aventures, combattant Polyphème, hurlant en bravant le chant des sirènes, puis
revenant tel un mendiant dans sa maison où se vautrent les plus vils des
courtisans... L’encre sent bon l’enfance bénie, ses étoiles de poussières
magiques à travers les carreaux du grenier, les rêves d’une vie naissante aux
saveurs uniques de l’innocence. Ma décision est prise, je pars au loin
découvrir le monde, laissant derrière moi les chimères et les courroux. Je remplis
mon sac marin de trésors de guerre et regarde une dernière fois ma maison qui
me paraissait si grande il y a peu encore, comme les vestiges d’une vie qui ne
reviendra pas.
Je revois le
temps des arbres de Noël remplis de cadeaux attachés aux branches en boules
scintillantes, je respire les odeurs de beignets au miel et de dinde rôtie, j’entends les rires de la famille réunie, et toutes les choses que je
range devant mes yeux comme dans un album jauni que je pourrais ressortir plus
tard. Je fixe les portraits pour toujours, des frères et sœurs aux dents
blanches souriants de bonheur, du père à la voix grave caressant sa moustache,
de la mère omnipotente et apaisante…
Je traverse
le village, salue la boulangère puis croise quelques vieux à la peau burinée.
Je prends le petit sentier vers la colline puis au sommet me retourne.
Quelle était
verte ma vallée. A moi aussi…"
Jack Rackham
*
John FORD a
réalisé "Qu’elle était verte ma Vallée" (How green was my Valley) en 1941. Ce
film obtint un succès considérable et cinq Oscars dont ceux du meilleur film et
du meilleur réalisateur.
L’histoire
tirée d’un roman de Richard Llewellyn, raconte la vie d’une famille de mineurs
au Pays de Galles. Sous l’œil d’un petit garçon (Huw) qui en a une vision
magnifiée, interprété par Roddy Mc Dowall. Le reste de la distribution est tout
aussi prestigieux tel Maureen O’Hara (Angharad), Donald Crisp (Morgan Père),
Walter Pidgeon (Mr. Gruffydd), Sara Allgood (Mme Morgan, la mère), Anna Lee
(Bronwyn).
Livre
d’images animées et parlantes signé John Ford, on est dans le noir et blanc
d’époque et cela va bien avec le sujet. Les peaux sont noires, burinées et les mains
trahissent le travail dur et harassant. Les femmes assurent les corvées domestiques et les repas sont des examens de chaque jour où rien ne manque. Les
sourires ou les froncements donnent les accents de cette vie pourtant heureuse
où l'on sait les usages de l’amitié et de la fête. L’alcool comme dans tous les
films de Ford est un médicament ludique et on sent bien cette chaleur humaine
propre aux gens humbles et pauvres.
Chacun peut transposer
ce film en autant de séquences nous rappelant notre propre histoire, qu’on ne
peut toutes les énumérer. Je vous conseille juste de voir ce film…
Quelle belle histoire. Un de mes professeurs au collège nous avait fait étudier le roman.
RépondreSupprimerJe ne me souviens plus avoir vu le film. John Ford m'évoque plutôt les grands westerns épiques dans l'Ouest sauvage, avec John Wayne.
J'aime beaucoup ton premier paragraphe, plein d'émotion, de cette émotion de l'enfant devenu grand et qui doit quitter son enfance pour découvrir le monde.
Oui mais...heureux qui comme Rackham a fait un beau voyage...
Très beau billet, capitaine, mon capitaine. ^^
¸¸.•*¨*• ☆
Tu es un amour Célestine, j'ai particulièrement soigné ce billet et surtout ce premier paragraphe ;)
Supprimer(même si le second ne fut pas sans questionnements et modifications diverses, au point qu'il m'est arrivé d'en couper la moitié et de trouver ça bien finalement !)
Bref, regarde ce film à nouveau on trouve partout le DVD...Les westerns chez Ford me plaisent aussi, comme La Prisonnière du Désert ou L'Homme qui tua Liberty Valance ^^
Qui sait si je n'écrirais pas un jour sur un autre film, "Le Cercle des Pouëts disparus", ou un truc comme ça...
Besos de pirate ♥
Bonsoir le Rackham ! Du John Ford avec un bel explicatif de ce film majeur ! C'est un beau cadeau !
RépondreSupprimerAh mais, nul n'est trop beau pour mes amis moussaillons amateurs de grand cinéma ;)
SupprimerLe titre me dit quelque chose, je vois bien Eddy Mitchel le proposer lors d'une de ses "dernières séances".
RépondreSupprimerSûr qu'il est passé dans son émission fétiche ^^
SupprimerTu aurais pu le signer Paul celui là,tu es très beau aussi sans ton tricorne,j'attends le Cercle des poètes disparus,ce sont des films qui font verser de jolies larmes,et tu sais faire rire et faire pleurer, cela s'appelle le talent.
RépondreSupprimerChacun a une histoire qu'on a envie parfois de raconter, l'écriture est une manière de s'exprimer où ce qu'on raconte s'allie à ce qui n'est pas dit...Merci de tes louanges, je les prends comme une avance sur mes prochains textes en cours, faut que je progresse encore ;)
SupprimerTu auras ton "Cercle des Poètes..." ça me fait plaisir de te faire plaisir ma chère ♥
Chacun d'entre nous rêve de voyager, il part quelque part chercher le Graal ! telle une chrysalide une fois devenue papillon qui prend son envol et dit en lui-même: Qu'elle était verte ma vallée !
RépondreSupprimerBien dit, cher Bizak ;)
SupprimerJe ne vais jamais au cinéma, cela m'indispose...merci cependant de m'avoir donné une idée de ce film dont je ne connaissais que le titre !
RépondreSupprimerIl ne faut jamais perdre une occasion de s'instruire, disait Marcel Pagnol ;)
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