Jim Peabody en avait rêvé depuis
longtemps, comme la récompense d’une longue vie de travail et le fruit d’une mûre
réflexion : Se retrouver loin du monde afin de profiter d’une solitude
bien méritée, après cette cohue continuelle des bureaux enfumés et ces promiscuités
de collègues bien obligées. Surtout cette Camélia Duncan, sa supérieure
hiérarchique à la Compagnie des Indes-Comptoir des Caraïbes-où il avait fait
toute sa carrière.
- Je vous en prie, Jim, un mode de
rangement alphabétique conviendrait mieux à nos catalogues de fournitures, les
classements par la taille sont assez puérils , à mon avis.
Et Jim lui tordrait bien le cou à
cette mégère. Il avait même failli changer de spécialité dans le commerce, la
proposition du sieur Rackham lui ayant parue par trop incertaine pour certaines
promotions et avancement, notamment ce flou sur ces sortes de « Tartes aux
fraises » qui revenaient sans cesse dans leurs conversations de bord, une
sorte de code entre eux sans doute. Il était donc resté où il était et supporté
quelques temps encore cette peste de Miss Duncan.
Il choisirait donc la solitude pour
ses vieux jours et il s’en était fait une raison, ne se projetant que dans une
vie de lectures, de bricolages et d’art culinaire.
Et quand arriva l’orée de ses trente
ans de service, il prépara son départ pour une petite île qu’il avait repérée
sur la carte, et gardé secret son emplacement précis hormis pour se faire
livrer les vivres et le matériel dont il avait besoin pour y passer le reste de
sa vie. Une installation qu’il peaufinerait une fois sur place…
Sa vie prit alors une autre tournure, et
très rapidement il oublia les horaires de la Goélette annuelle qui servait de
navette aux environs de l’île-à deux jours de barque en allant vite- et se
concentra sur les couchers de soleil, le ramassage des fruits pour la confiture
et une petite cabane à bois pour la saison des pluies.
Bref, il ne s’ennuyait pas mais au
fil du temps, il commença à attendre la Goélette annuelle pour voir quelques
âmes parlantes et faire les courses de ce qu’il lui manquait. Quelques outils,
et un phonographe, pour faire de la musique. Et justement, c’est au retour d’un
de ces voyages en barque, qu’il se passa une chose inattendue…
La veille, un ouragan terrible avait
balayé la côte et même arraché quelques arbres, ce qui fit venir Jim de ce côté-là
avec une chariote pour les élaguer et transporter vers son hangar. Il entendit
alors un bruit, comme une voix qui l’appelait.
Au bord de la plage en contrebas, semblait être échoué un naufragé. Dans un entrelacs
de planches et d’algues, une main s’agitait appelant à l’aide, désespérément.
Jim accourra du plus vite qu’il le put et s’approchant du naufragé, balaya d’un
revers de main sa figure recouverte de ses cheveux mouillés et de sang, en le
relevant.
Camélia Duncan ! Cria-t-il
spontanément, aussi étonné que s’il était Christophe Colomb en train de
découvrir l’Amérique.
Mais là, c’était Camélia Duncan…
Il ne l’avait pas vue depuis
plusieurs années, il l‘avait presque oubliée, et elle était là, presque nue,
dans ses bras. La situation l’amusa mais c’est là que Camélia retomba dans les
pommes. Petite nature…
Il leva la tête et vit plus loin un
navire en train de couler. Pas d’autres naufragés à l’horizon venant vers lui,
alors il mit Camélia dans la chariote, par-dessus les troncs de palmiers arrachés, et rentra à la
maison.
Comme il fallait attendre près d’un
an avant de rejoindre la prochaine navette, Jim Peabody prit la résolution de
bien s’occuper de son invitée, la chouchoutant même jusqu’à son rétablissement
complet. Ce qui arriva assez rapidement. Il avait été surpris d’abord de sa
présence ici, puis troublé par sa nudité inattendue, la trouvant très belle.
Quel âge avait-elle déjà ?
Mais les souvenirs du temps de la
compagnie des Indes s’étaient estompés, et dès leurs premiers échanges, le
passé semblait oublié…
- Allons Jim, le chahutant, maintenant
que vous m’avez vue nue, nous pouvons bien aller nager à poil dans le lagon ?
Qu’est-ce que vous en dites, hein ?
Camélia prenait souvent un ton
hautain pour s’exprimer, mais c’était son genre. Une manière à elle de faire de
l’humour, qu’il n’avait pas compris alors pendant de longues années. Là, il
voyait une belle femme, pleine d’entrain et il pensait qu’il aurait tort d’en
rester là, que sa vie allait prendre un tournant qu’il n’avait pas prévu.
De son côté, Camélia toisait Jim en
levant le menton, et se disait qu’il était à son goût. Qu’elle aimerait le
goûter en tous cas…
Se dévorant mutuellement des yeux,
ils s’attrapèrent pour s’embrasser avec fougue et passion, se murmurant de
concert :
Et si on ratait la prochaine navette ?
J’ai idée qu’on a des choses à se dire et du temps à rattraper…Qu’est-ce que
vous en dites ? Leurs yeux et leurs mains répondaient pour eux, ils
étaient bien décidés à profiter de la vie.
Et côté taille, Camélia avait décidé de laisser Jim faire à son idée...
Jack Rackham ♥.
Premier titre, nouveau libellé : Histoires sans tain
Photo du milieu : Sharon Stone.
Je me tue à le dire, fi de la Chloroquine, de la nicotine, de l'eau de Javel: la tarte aux fraises, le meilleur remède!
RépondreSupprimerTu as bien saisi le sens de ce texte, Orfée. Justement, c'est l'heure du goûter, si j'osais je te proposerais bien une part de tarte, de belle taille...♥
Supprimer(Tu vois, je pense à mes amies moussaillonnes en publiant de belles images pieuses au sens subliminal ^^)