Ils sont là presque pliés en deux, priant pour la prospérité de leur semence, pour la protection de leur récolte à venir contre le gel et tous les éléments qui pourraient contrarier leur dessein. Celui du Bon Dieu aussi, à travers ses serviteurs. Ils savent pourtant que l’entreprise est périlleuse, que chaque année et saison demande bonne chance et hasard du temps. Les oiseaux aussi, les voleurs de récolte, les passants, tout peut réduire à néant ce tavail de Titan.
Ils se sont rencontrés par hasard, unissant un jour leur regard
et leurs efforts. Ils se croyaient seuls au monde à vivre leur vie et leurs
soucis. L’Amour était là pourtant, prêt à surgir de la terre et de leur sang.
Cela rappelle une belle histoire, une de celles qu’il y a dans les films. Ceux
aux images incertaines qui datent de la nuit des temps…
« Il était une fois un petit village, un de ceux dont on
aurait pu oublier le nom. La vie s’y était réduite à sa plus simple expression,
ne laissant entre ses ruines que trois spécimens de l’humanité : Un vieux
forgeron, une mamée veuve et un chasseur.
Le forgeron, déjà à la retraite, devait bien se résoudre à
rejoindre la maison de son fils et sa belle-fille, n’étant plus capable de
rester seul et de s’occuper de lui-même. Le chasseur l’aide à porter sa
dernière charrue, mais la mamée se met en colère, et va dans la plaine se
mettre en quête d’une femme pour le chasseur, encore jeune et gaillard. Elle s’imagine
que si le chasseur prend une femme, le village pourra repartir et renaitre de
ses cendres…
Un peu plus loin dans la campagne environnante, un rémouleur itinérant discute avec un garde-champêtre au sujet d’une fille de troupe de théâtre,
abandonnée par son amoureux et patron, et livrée par son chagrin à une bande de
charbonniers sans scrupule. Imaginant le pire, le rémouleur la prend en charge,
faisant d’elle néanmoins son larbin jusqu’à rejoindre les abords du petit
village, guidés un peu par la magie de la vieille mamée, opiniâtre. Le chasseur est là qui se baigne...Les deux commencent
à se plaire et la fille décide de fausser compagnie au rémouleur manipulateur.
Cachée chez le chasseur, la fille rêve alors d’une autre vie
où elle retrouverait du respect, pendant que le nouvel amoureux s’en va
emprunter du grain et une charrue, pour essayer de cultiver la terre de son
village. Il ramène aussi deux grosses miches de bon pain à sa nouvelle bien-aimée,
lui arrachant des larmes et symbolisant aussi par le pain, l’idée d’une
protection divine.
Mais l’eau fraîche et le pain ne font pas tout et après avoir
produit les premiers sacs de grains vendus bon prix au grand marché du coin, et
éjecté de leur vie le rémouleur cupide et stupide, les deux amoureux reprennent
ensemble le cours de leur nouvelle vie dans ce village renaissant, se préparant
même à accueillir un nouveau venu. C’est la vie qui continue… "
♥
Jack Rackham.
*
Illustrant parfaitement l’utilité de la vie paysanne, et
donnant écho aux manifestations actuelles contestant les taxes et obligations
de normes empêchant la prospérité de la vie agricole française, REGAIN (Pagnol
d’après Giono, 1937) est un des plus beaux films du Cinéma français sur le
sujet.
Ah oui quelle merveille de film! Et bien sûr le roman de Giono! Bel article, en effet, là se trouve la véritable écologie: le travail de la terre qui nous nourrit. Tu nous livres un texte engagé avec douceur illustré par ce film tout en tendresse qui montre un paysan empreint de poésie loin de l'image du rustre qu'en donne Maupassant. C'est joli!
RépondreSupprimerMerci belle Orfeenix, suis touché ^^ L'actu m'a donné envie de parler de ce sujet, vive les travaux de la ferme et des champs ♥
SupprimerC'est Orfeenix.
RépondreSupprimervoui ♥
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