Allongée dans un grand lit de draps mauves surplombé de
baldaquins éparpillés aux motifs identiques néanmoins, je me prélassais les yeux fermés bercée
encore des belles histoires d’hommes et de Dieux racontées par mon bel ami
pirate, le sieur Jack Rackham. Le sacripant avait éveillé en moi des désirs
inconnus, voire inassouvis, provoquant des tremblements et des gestes
compulsifs dans tout mon corps.
Je fermais plus fort les yeux encore pour ressusciter en moi
cette histoire de géant extraordinaire, m’imaginant en sa présence et
m’autorisant les choses les plus folles…
Cette statue avait été érigée en hommage à Hélios, Dieu du Soleil, suite à un siège de Rhodes par les légions de Démétrius 1er, vers 305 avant JC. Plantée devant la ville d’une hauteur de plus de 30 mètres, elle symbolisait la résistance des Rhodiens incitant tout envahisseur à ne pas recommencer. Le bronze avait été coulé vers 292 avant JC, initié par Charles de Lindos, ingénieur bâtisseur.
Emoustillée par ce colosse impressionnant, il me prit l’envie
de lancer un sortilège pour agrémenter un peu la soirée de ma condition de sorcière
et femme mature célibataire.
J’avais la peau encore douce, les seins bien galbés et tout
ce qu’il fallait pour séduire un grand bellâtre planté là depuis longtemps et
désirant de la compagnie. Mes doigts glissèrent alors de mes pâtes d’oie pleines de charme aux feuilles magiques de mon grimoire. Un grand éclair blanc zébra le
ciel puis le sol sembla vibrer, comme animé d’un nouvel arrivant de plusieurs
tonnes…
Je sortis me rendre compte par moi-même du maléfice accompli
puis je vis la statue géante plantée au dessus de moi, dont le pagne ne recouvrait
pas vraiment les attributs.
Je dus lui faire de l’effet, car il me rappela soudain un
vieil ami pompier doté d’une belle lance à incendie. Ni une, ni deux, d’un
claquement de doigts je modifiais le sortilège pour rendre le loustic à mes
humaines proportions puis je me lançais à l’assaut de la sixième merveille du
monde, prêt à combler toute l’étendue et la profondeur de ma féminité…
Pour Jack Rackham, Claudia l’ensorceleuse ♥
Ci-joint, affiche du film de Sergio Léone (1961) Le Colosse de Rhodes.