Enfin ! On a réussi à trouver un petit coin tranquille
pour garer le Poséidon. Juste à deux pas à vol de mouette du bar-restaurant de
Liza qui continue de faire nos repas du midi. Le soir est réservé aux jeux de
cartes, au rhum coulant à flot, aux visites des moussaillonnes ou des
moussaillons.
L’endroit est discret, prolongement d’un bras de mer furtif,
car nous ne pouvions pas continuer à le laisser à quai au vu et su de toute la
contrée. Les réserves à bord ne risquant plus rien, nous pouvons engranger
tonneaux et victuailles à volonté. Les hommes ont même installé des hamacs un
peu partout sur le pont pendant l’été, sans risquer des attentats à la pudeur
dénoncés par des puritains ou des jaloux.
Liza vient même de temps en en temps nous rendre visite en
voisine. Elle donne des idées à Bosco pour la décoration, qui profite de ses
conseils goulûment, même si je crois qu’il en est un peu amoureux. Il lui offre
souvent des tartes aux fraises qu’elle mange avec plaisir devant lui en léchant
copieusement ses doigts, genre à réveiller un mort abstinent depuis la saint glin-glin. C'est pour lui faire plaisir ! J’attends
un peu pour le mettre au parfum de notre relation secrète car c’est un gros sensible,
non mais…
Quelques matelots ont d’ailleurs taillé les roches
environnantes sous ses ordres pour
donner un air de pirate à l’endroit. C’est beau et ça y fait tout à fait penser :
« La Crique de la Tête de Mort ».
C’est un nom qui a de la gueule, vous ne trouvez-pas ?
Jack Rackham
PS : L’été, c’est le moment où même les mouettes se
reposent. Et même votre serviteur…