Mattéo avait oublié depuis longtemps l’aventure avec Virginie,
cette belle pharmacienne qui avait rempli sa vie de nombreux mois, vivant
ensemble une belle passion qui avait fini par s’arrêter brusquement. Non pas
que le feu qui brûlait entre eux se soit éteint mais un beau jour, un grand
camion de déménagement emporta tout très loin sans autre explication. Virginie
avait vendu ses parts dans la pharmacie et pris la fuite, comme si cet amour l’avait
effrayé. Mattéo en fut navré et ne put que constater le vide ainsi laissé.
Bien plus tard, car il continua à venir se servir dans cette pharmacie
de son quartier, une autre pharmacienne arriva pour la remplacer telle Mary
Poppins avec son parapluie volant, comme si la nature avait horreur du vide et
des amours perdus.
Elle ne ressemblait pas du tout à la précédente et c’était
même son contraire. Blonde avec des yeux clairs et une froideur certaine, signe
de ces personnes qu’on appelle communément : maîtresses-femmes. Mattéo ne
fut d’ailleurs pas conquis d’emblée par cette Irina plutôt réservée, même si
son expérience précédente avait laissé comme une porte entr’ouverte de la
pharmacie…
Il revint un peu plus souvent qu’il n’avait besoin pour faire
mieux connaissance de la fille, comme si un nouveau mystère s’offrait à lui, telle
une providence renouvelée. A nouveau il fut titillé d’une curiosité évidente et
comme la magie de Noël revenant à la même date, son cœur fut de nouveau capturé.
Sans qu’il s’y attende un jour, elle afficha un sourire à
tomber, puis reprit son masque habituel.
Un petit jeu qui éveilla la libido endormie de Mattéo, qui commença à être plus
attentif à cette nouvelle pharmacienne. La fois suivante, il scruta alors le regard
d’Irina, plongeant dans ses pensées secrètes et fut envoûte par sa voix
mécanique aux accents slaves. Il fut plus attentif à ses formes et fut presque
excité à sa bouche bien dessinée et ses membres bien plantés qu’il devinait
sous sa blouse.
Comme reprenant le cours de cet amour perdu, avec les
sourires, les cafés et les frôlements, il attaqua directement par un baiser qu’elle
ne repoussa pas, lui rendant même une langue inquisitrice et une main pleine de
poigne.
Comme ils avaient fait ainsi connaissance, vint le temps des
étreintes pleines de fougue. Il sentait qu’Irina était une femme forte,
demandant de la virilité et du sang froid. Il devinait bien sa sensualité sous
la glace apparente et cela l’excitait même. Sa beauté lui parut de plus en plus
évidente, et il aima goûter sa féminité comme un jardin de gourmandise, aux
herbes de son pays.
Retournant ce nouvel amour, il dévora le festin de sa croupe
et autres gourmandises aux alentours. De son côté, elle tâtait le terrain pour
mieux faire connaissance et remplit avec ferveur ses gorges de plaisir. Droit
dans les yeux, derrière son comptoir, elle le voyait plus tard pour une
ordonnance ou de l’aspirine.
Collés l’un contre l’autre, elle lui glissait à l’oreille :
« Je vous serre quelque chose ? »
Une femme à poigne, cette pharmacienne…
(A suivre)
Photos : Robin Wright dans House of Cards.