Le tricorne à l’envers, posé sur un front plissé par de longues aventures sur toutes les mers du monde, le sieur Jack Rackham profitait du beau temps les bras derrière sa nuque, laissant seulement paraître un certain érotisme illustré par des aisselles aux pilosités étonnantes.
Une donzelle posée par là, se releva puis se cala sous un de
ses bras, admirant béatement les dits spécimens, n’écoutant plus alors que son
Capitaine qui se mit à clamer clair et fort le titre d’une revue spécialisée
empruntée à la bibliothèque du navire :
- Résilience(s) !
Son œil éclairait un pourquoi de son ignorance pendant que la
barbe qu’il gratouillait en réfléchissant laissait paraître la lumière de sa
compréhension imminente. Les arcanes de ce mot pendu à toutes les lèvres
venaient de se révéler à notre pirate
bien-aimé, déjà prêt à en restituer les mystères aux bonnes oreilles présentes
sur le Poséidon.
Le ciel était bien haut ce jour-là, les mouettes en étaient
pourtant absentes et le silence interrompu laissait deviner un grand moment de
culture seulement ponctué par les couinements répétés de la grande balançoire
du ponton principal. Le Capitaine commença à lire…
« On appelle « «Résilience » la capacité d’une personne à surmonter un traumatisme, puis à s’adapter et à se reconstruire après cet évènement. Cela peut être d’ordre affectif comme professionnel, unique ou multiple (voire à répétition pour les plus vulnérables). Si le cycle est immuable, la méthode est variée et même très personnelle à chaque individu.
Après avoir subi cette épreuve (ou ces épreuves), la personne
se sentira dans l’obligation d’évoluer pour survivre ou simplement se regarder
dans une glace, pour ne pas tomber encore plus bas et garder coûte que coûte
l’estime de soi. Réussir à vivre sera le premier objectif, ne serait-ce que
pour exister socialement.
Il existe bien entendu des individus qui n’envisageraient
jamais de se remettre en question après quelconque événement relationnel ou
personnel, étant même persuadé de leur bon droit quels qu’en soient les dégâts
psychologiques, envers l’autre surtout.
Les psychopathes ne sont pas pris en compte dans cette étude. Bref…
Ne pas réussir cette résilience peut amener au dégoût de soi
et à décider d’en finir. Selon les cas, s’auto-complaire dans la victimisation
ou la soumission en est une autre issue.
Au contraire, l’être résilient va réussir à vivre, à
survivre. Et ce, selon la violence du choc émotionnel ou physique (ou les
deux). Cela peut être :
Un accident routier ou domestique donnant une incapacité ou
une amputation, impliquant à son tour une limitation de vie normale. Un viol ou
un acte sexuel dégradant (incestueux, par exemple) provoquant une honte ou une
haine, une impuissance à effacer de sa mémoire la scène. Un échec professionnel
ou amoureux faisant perdre l’estime de soi et accentué par l’implication
d’autres personnes pouvant rappeler encore et encore son incompétence ou insuffisance.
Quelquefois, il s’agit d’une impuissance généralisée, subie à travers des
proches ou même des personnes vues à la télévision (voir les neurones miroir)
qu’on ne peut pas aider et ce stress s’accumulant au fil du temps, vous plonge
dans de telles affres que seules des drogues ou de l’alcool vous feront
supporter encore la vie. Un vrai calvaire !
Comment résister à tous ces chocs de la vie, à y faire face
et renaitre de ses cendres ?
L’acceptation de ce traumatisme sera la première étape du
processus de résilience, dont le but sera d’en faire table rase pour laisser
place à un moi nouveau. Le cerveau humain est d’ailleurs déjà programmé pour ça,
préparé à faire le deuil de ce traumatisme insupportable, prêt à se
reconstruire par la faculté d’effacement des mauvais souvenirs, et une facilité
à se pardonner soi-même dont des malfaisants usent aussi abondamment, n’est-ce
pas ? (voir les psychopathes, cités précédemment)
Il faudra donc aussi :
Réapprendre à voir le monde comme il est, rééduquer son
cerveau pour faire face à son déni initial et accepter la situation
irréversible, ne pas chercher de responsable immédiat mais des solutions,
s’autoriser l’erreur et l’échec momentané, et surtout essayer d’avancer), de s’aimer
un peu soi-même et de reprendre le contrôle de sa vie !
Il faudra alors se trouver un objectif majeur et apprécier
chaque petite victoire sur le chemin de cette résilience. Et sans perdre son
sens de l’humour, bien sûr ! (ou le retrouver) ^^
Voilà, nous avons prédigéré pour vous ces infos sur la
« résilience » mais nous avons aussi recherché des exemples de résilients
dans nos collections de films préférés, ceux-ci vous parlant mieux que des
exemples théoriques ou impersonnels.
Les voici :
RIO BRAVO (Hawks1959) Dans
un western, un Shérif alcoolique incarné par Dean Martin, commence à se trouver
une rédemption, poussant même la chansonnette et se rasant gratis, bien aidé
par ses amis John Wayne et Walter Brennan !
LA VENGEANCE AUX DEUX VISAGES (Brando1961) Marlon Brando est mon résilient préféré,
trahi une première fois par son ami Jack, qui remet le couvert en lui brisant
la main en le trahissant une deuxième fois. Oula ! Sa résilience va être
terrible…
FORREST GUMP (Zemeckis1993)
Surtout pour le « Lieutenant Dan » que joue Gary Sinise et qui,
en pleine guerre du Vietnam ne cesse de répéter : « Et Surtout, prenez
soin de vos pieds ! ». Après avoir été sauvé par Forrest (Tom Hanks)
puis amputé des deux jambes, c’est un bel exemple de reconstruction, physique
et morale !
CASABLANCA (Crtiz1942)
Alcool, chagrin d’amour et…Marseillaise ! Humphrey Bogart en patron
de bar pendant la guerre, qui retrouve son grand amour (Ingrid Bergman) et doit
malgré lui, sauver son…mari !
VERTIGO (Hitchcock1958)
Traumatisé depuis un accident qui coûte la vie à un collègue, James
Stewart est sujet au vertige. Ce qui donne une idée à un vieil ami…qui
l’entraine dans une spirale meurtrière, où il tombe amoureux deux fois de la
même femme (Kim Novak)…sans le savoir !
LA LECON DE PIANO (Campion1992) Holly Hunter, muette depuis l’enfance et
accompagnée de sa fille et son piano, se trouve un mari par correspondance et
le rejoint. Sans le vouloir, elle tombe amoureuse d’un voisin indigène (Harvey
Keitel), mais son mari n’est pas content et se venge…Sa mutilation lui change
la vie et elle trouve enfin le bonheur
^^
RETOUR VERS LE FUTUR (Zemeckis1985) Surtout pour le personnage de George MC Fly,
à la destinée d’écrivain SF ! Le destin des Mc Fly change complètement
suite à un voyage dans le temps du fils Marty (Michaël J. Fox), où on n’aime pas
trop se faire traiter de…mauviette !
LE MAGICIEN D’OZ (Fleming1939) Tous les personnages principaux sont des
résilients : L’homme de paille et son manque de tête, l’homme de fer et
son manque de cœur, le lion et son manque de courage, Dorothée, la petite fille
et son manque de maturité… Seule reste sur le carreau, la sorcière de l’Ouest. Mince !
SIGNES (Shyamalan2002) Un prêtre (Mel Gibson) ayant perdu sa femme et sa foi est confronté à l’extraordinaire qui vient tester son intelligence et son intégrité. Toute sa famille se met au diapason pour l’aider à sa rédemption, et même les Aliens !
UN JOUR SANS FIN (Ramis1993)
Un journaliste-météo (Bill Murray) antipathique et misanthrope est
contraint de vivre encore et encore la même journée jusqu’à ce qu’il retrouve
sa sincérité et trouve aussi l’amour de sa vie (Andie Mc Dowell) ! (la
résilience à l’envers)
A L’OMBRE DE LA HAINE (Forster2001) Un homme blanc, gardien de prison, et une
femme noire dont le mari va être exécuté dans le couloir de la mort, sont
réunis au hasard du deuil de leurs enfants respectifs. Dans une ambiance
pesante de mort et de racisme, ils se rapprochent pour s’apporter une raison de
vivre et de l’amour. Deux résiliences se sont croisées ^^ (sans compter une
belle scène d’amour torride consacrant la carrière d’Halle Berry !)
THE ARTIST (Hazanavicius 2011) Le temps du Cinéma où le muet va bientôt laisser sa place au parlant. George Valentin (Dujardin) et Peppy Miller(Bérénice Béjo) sont tombés amoureux mais leurs carrières s’entrecroisent. Elle pour le meilleur du parlant, et lui…Mais sur l’impulsion de Peppy, leur amour renaît de ses cendres et c’est le succès les réunissant dans un numéro de claquettes éblouissant !
Et tant d’autres exemples, à vous de trouver vos films de
résilients. Dans le prochain numéro de Résilience(s), vous trouverez… »
Avec un petit rire
mutin, le Capitaine posa le magazine soigneusement devant lui et regarda le
ciel cherchant quelques mouettes égarées. Il se tourna alors vers la belle
moussaillonne encore captivée par cette lecture puis se levant d’un coup en la
tenant par la main, l’invita à sa résilience…
On danse, chérie ?
Quel plaisir de retrouver Jack le flibustier pour de nouvelles aventures. Il a dû trouver sa propre résilience et il est prêt à partager avec nous ses expériences . La résilience est en effet un vaste sujet.
RépondreSupprimerJ'ai hâte de lire la suite.
Domi
C'est bien moi, avec mon tricorne et mon sabre ♥ Merci de la visite, j'attendais ce premier commentaire avec impatience ^^ Besos ma Domi!
SupprimerJe voulais ajouter mon grain de sel sur le sens de cette mystérieuse "résilience", ce mot étant entouré d'un flou artistique et d'une utilisation aléatoire... ;)
"Pop!" Champagne pour fêter ton retour! Toujours passionnant ,surtout dans le culturel...Je plébiscite ta playlist de films cultes, j'ai manqué "à l'ombre de la haine", je vais le rechercher.Ta moussaillonne reste fidèle aux écoutilles. Orfeenix bien sûr!
RépondreSupprimerC'est une joie et un honneur de te relire, ma belle Orfeenix ! J'ai gratté longtemps le fond de ma cale où j'étais enfermé puis la délivrance...J'ai pensé souvent à toi et à ce temps passé sur ma goélette avec mes moussaillonnes...Je t'embrasse fort, et oui !!! Je suis de retour ♥ ♥ ♥
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