Ely est dans son grand bureau, à ressasser ses tourments et
ses plans sur la comète. Elle a ouvert les fenêtres pour aérer un peu. Ce monde
fou n’est pas fait pour elle mais elle compte bien le refaire, pierre par
pierre ou feuillet par feuillet…
La pièce est jonchée de tous ses projets, tous en cours, indispensables
à son bien-être, comme des enfants chéris qu’on promène au parc en attendant qu’ils
grandissent à tour de rôle. Son esprit est toujours tourné ailleurs, là où son œil
ne regarde pas, la clope au bec ou le doigt jauni, comme pointant un mot
nouveau ou l’excellence d’une idée nouvelle.
Son cerveau vagabonde vers des mondes secrets dont elle ne
parle jamais. Ou alors avec des gens
imaginaires, tels des grands écrivains ou bien des beaux gosses, grands, forts,
faits pour cet amour dont on lui parle tant et qui n’existe pas.
La nuit, fronçant encore de ses sourcils de jour, elle rêve
de saillies profondes, retournée dans tous les sens, si uniques que giratoires
qu’elle se croit au manège et le cul encore tourné essaye d’attraper un ballon
au dessus de sa tête. « L’Amour n’existe pas ! » crie-t-elle
encore, comme un désespoir ou une provocation pour faire arriver ce qu’on n'espère
plus…
Elle tire sur sa cigarette, mimant un geste équivoque et s’étale
sur la chaise longue, écartant les jambes en déplaisir, juste pour narguer le
sort et imaginer le goût d’un lit d’écrevisses sur la langue d’un éhonté,
humant son dessert frivole.
Hum, l’heure est passée. Elle attend quelqu’un…Un vieil ami
qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Ni grand, ni beau, qu’elle n’imagine même
pas dans ses rêves, le fils d’un vieux Capitaine de marine avec qui elle a
entretenu une abondante correspondance pendant un moment, puis plus rien. Elle
avait bien cru pourtant…
Elle avait ouvert et Sam Le Rouge était là, tricorne à la
main, un petit sourire aux lèvres et un bouquet de l’autre côté.
Assis sur un canapé, ils faisaient la conversation comme de
vieux amis qui ne s’étaient jamais quittés. Lui parlant de quelque maladie dont
il était sorti, elle évoquant les escroqueries d’un imprimeur véreux, ils
reprenaient le cours de leur vie commune comme si de rien n’était, se regardant
sans l’air d’y toucher telles deux pâtisseries goûteuses qu’on entame peu à peu
avec un doigt, puis un autre…
Jack Rackham
PS : J’aime les histoires qui ont un faux air d’Orgueil
et Préjugés^^
Photos : Nicole Kidman dans The Hours (Daldry 2002)
« L’Amour n’existe pas ! » dit Ely mais elle aspire à le vivre le plus intensément possible .Il est possible qu'elle attende un Jack le pirate ou un Sam le Rouge , elle y songe, elle y songe...
RépondreSupprimerHa ha ! La psychologie de la provoc', pourquoi pas... ♥
Supprimer